Eric Woerth: «Cela fait vingt ans qu’on pleure sur les finances publiques, il faut changer de méthode»
  • il y a 2 ans
Jean-Luc Mélenchon est en campagne pour les législatives depuis plusieurs semaines, Marine Le Pen est de retour après quelques jours de vacances. Est-il temps de se lancer pour la majorité sortante ? « C’est le bon timing, reconnaît Eric Woerth. Les investitures sont données par les différentes formations politiques. La gauche s’est mise en ordre autour de son ‘sauveur’ et la majorité s’est organisée. Donc les législatives commencent à entrer dans le dur. » L’ex-ministre du budget, récemment rallié à Emmanuel Macron, craint-il l’avance prise par ses concurrents, notamment à gauche ? « Non car c’est un montage, raille Eric Woerth. Jean-Luc Mélenchon a lancé la Nupes comme il aurait pu lancer autre chose mais il l’a fait avec talent, en focalisant l’attention sur lui-même et cette union de la gauche au seul profit de sa formation. »

Parmi les investitures accordées par Emmanuel Macron, il y a seulement quatre candidats issus des Républicains, alors qu’on en annonçait vingt, voire trente. « Ce n’est peut-être pas terminé, rassure Eric Woerth. Toutes les investitures n’ont pas été données pour la majorité. Les personnes issues de LR doivent accepter de rentrer dans cette majorité si elles veulent être soutenues par cette dernière. Je pense qu’il y aura également des ralliement après les élections, car on s’aperçoit bien que la politique d’Emmanuel Macron est très proche, sur le plan économique, de celle que souhaitait mener Valérie Pécresse. Et rester dans l’opposition de façon assez stérile pendant cinq ans n’a pas toujours beaucoup d’intérêt. Les valeurs de la droite républicaine se défendent aussi dans l’action. »

L’inflation devrait grimper à 5,2 % en mai et 5,4 % en juin sous l’hypothèse d’une stabilité des prix du pétrole, a indiqué lundi l’Insee. Or on n’entend plus Emmanuel Macron parler de pouvoir d’achat. « Il y a une grande partie des mesures qui ont été annoncées avant, ou pendant la campagne présidentielle, pour lesquelles il faut des lois. Il faut donc attendre la nouvelle Assemblée nationale, balaye Eric Woerth. »

Pendant ce temps-là, le déficit commercial de la France atteint un nouveau record : 100 milliards d’euros en un an. Comment pouvons-nous redresser la barre ? « Il faut regarder quel volume de budget peut-être consacré, et quel niveau d’investissement peut-être mis en œuvre. Car sans investissement, pas de compétitivité. Pour résoudre les problèmes de dépense publique et de dette, il faut transformer notre modèle productif. Il faut utiliser les phases de transition énergétique, transformer l’idée qu’on veut léguer à nos enfants une planète plus propre, etc. Il faut beaucoup investir, le pays comme les entreprises. Et il faut aussi revoir notre modèle de consommation : rapatrier des productions, relocaliser en Europe, etc. »
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