PFAS : avant le vote à l'Assemblée, le groupe Seb, propriétaire de Tefal, envoie ses salariés au front
  • il y a 24 jours
Des casseroles et des poêles par centaines. C’est le concert un peu particulier qu’ont donné les salariés du groupe Seb ce mercredi 3 avril 2024, près de l’Assemblée nationale. Dans leur ligne de mire, la proposition de loi d’initiative écologique, qui vise à interdire les PFAS, ces polluants éternels contenus dans les ustensiles de cuisine de la marque.

S’il y a bien une manifestation où cela fait sens d’entendre autant de tintements de casseroles et de poêles, c’est bien celle du groupe Seb, propriétaire de Tefal. Ce mercredi 3 avril 2024, ils étaient plusieurs centaines de salariés à se rassembler près de l’Assemblée nationale. Leur but : faire pression sur les députés avant que la proposition de loi portée par l’écologiste Nicolas Thierry et interdisant les Pfas, aussi appelés polluants éternels, ne soit discutée le lendemain.

Ces substances couvrent une large catégorie de plus de 4000 composés chimiques qui permettent aux matériaux d’acquérir des propriétés résistantes aux fortes chaleurs, imperméabilisantes ou encore antiadhésives. Les ustensiles de cuisine du groupe Seb sont justement accusés d’en contenir. Ils étaient environ 450 employés à venir uniquement du site Tefal de la ville de Rumilly en Haute-Savoie, huit bus ayant été affrétés pour l’occasion. Ce qui pose la question du lobbying industriel présent derrière cette mobilisation.

«Derrière les poêles, nos emplois», «L’écologie oui, mais nos emplois aussi», le mot d’ordre est donné sur les pancartes brandies, alors qu’au loin se font sentir des odeurs de crêpes faites sur des appareils des marques du groupe. «Nous on est pas pour la pollution, là on est que pour la protection de nos emplois», affirme Raphael, vêtu d’un survêtement jaune réfléchissant de Force Ouvrière Tefal. Si les manifestantes et manifestants se targuent du fait de ne pas choisir de camp entre écologie et sauvegarde de l’emploi, le parti pris de Sophie Binet a le mérite de concilier les deux. Comme cela a pu être observé lors de son entretien avec Camille Etienne, où les deux femmes s’accordent sur l’interdiction des Pfas. La secrétaire générale de la CGT pointe notamment du doigt le fait que l’entreprise n’ait pas anticipé l’utilisation problématique de ces polluants et n’ait pas agi en conséquence pour protéger ses salariés.

Autre argument relevé, pourquoi la France devrait-elle être pionnière en la matière quand le sujet est déjà discuté à l’échelle européenne. «Il y a beaucoup d’études qui sont en cours au niveau de l’union européenne. Ces textes-là se font un peu rapidement et n’ont pas le recul nécessaire par rapport aux réglementations, qui en plus ne seraient applicables qu’en France», estime Amaury Bécue. On retrouve ce positionnement chez plusieurs députés de l’hémicycle. Si la proposition de loi est votée, les polluants éternels seraient interdits à compter du 1er janvier 2026.
Recommandée