JO, égalité salariale... L'interview en intégralité de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

  • il y a 6 mois
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était en direct sur BFMTV ce vendredi.

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Transcript
00:00 Bonjour Sophie Binet.
00:02 Bonjour.
00:04 Merci beaucoup d'être avec nous secrétaire générale de la CGT.
00:06 Vous serez interviewée par ma pomme et par Gaëtan Mélin que je salue.
00:10 Bonjour Gaëtan, chaîne du service économie et social de BFM TV.
00:13 Sophie Binet, pourquoi cette menace ? Qu'est-ce que vous réclamez ?
00:16 Écoutez, moi je suis là ici aujourd'hui pour parler du 8 mars.
00:22 Je suis avec les salariés de Leroy Merlin qui sont en grève aujourd'hui à l'occasion du 8 mars
00:27 pour dénoncer le fait que des caissières puissent se faire agresser par des clients
00:32 sans qu'il y ait de sanctions de la part de l'entreprise.
00:34 Pour dénoncer le fait que 188 postes de comptables sont supprimés sans même de plan social
00:40 alors que Leroy Merlin appartient à une grande famille, la famille Mullier,
00:44 et a tout à fait les moyens de payer ses salariés.
00:49 Et je suis ici pour parler du 8 mars parce qu'aujourd'hui le slogan c'est
00:55 "ça n'est plus possible de se payer de mots en matière d'égalité femmes-hommes".
00:59 Ce que nous voulons c'est des actes.
01:01 C'est très important de faire rentrer l'IVG dans la Constitution.
01:04 C'était une grande bataille de la CGT et des féministes.
01:07 Mais on ne peut pas s'en tirer avec solde de tout compte.
01:10 Ce que nous demandons c'est que le gouvernement, le patronat,
01:14 mette enfin un terme aux inégalités en matière de salaire.
01:18 Les femmes sont toujours payées en moyenne 25% de moins que les hommes.
01:22 Ça fait en moyenne 20 euros par jour, donc en gros 400 euros par mois.
01:26 C'est énorme.
01:28 Pour mettre fin à ces inégalités de salaire, c'est très simple,
01:31 il suffirait de sanctionner les entreprises qui ne respectent pas la loi.
01:34 Pour ça il faut juste un peu de courage politique, c'est ce que nous demandons au gouvernement.
01:38 On va en parler précisément, notamment de ce qui se passe chez Leroy Merlin.
01:41 On voit les grévistes qui sont à côté de vous.
01:43 Mais je vous posais cette question concernant les Jeux Olympiques
01:45 parce que vous êtes aussi attendus là-dessus, évidemment.
01:48 Je le répète, pourquoi cette menace ?
01:50 Aujourd'hui c'est le 8 mars, moi je suis là pour parler du 8 mars.
01:53 Non, non, non, je suis là pour parler du 8 mars, c'est la question des Jeux Olympiques.
01:56 J'en ai parlé hier, lundi, etc.
01:58 Aujourd'hui c'est le 8 mars, si on peut enfin parler d'égalité femmes-hommes,
02:02 moi je suis là pour en parler.
02:04 Vous étiez parfaitement au courant qu'il y aurait aussi des questions sur les Jeux Olympiques, Sophie Bidet.
02:07 Vous étiez parfaitement au courant qu'il y aurait des questions là-dessus.
02:10 Et je vous pose cette question-là.
02:12 Pourquoi est-ce qu'il y a cette menace aux Légions avant qu'on en vienne au 8 mars ?
02:15 Sur les Jeux Olympiques, la réponse est très simple.
02:19 Je l'ai déjà dit hier sur France Info.
02:22 Ce que nous souhaitons, c'est que la situation des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs
02:26 à qui on demande de faire des heures supplémentaires, de supprimer leurs congés payés
02:30 et de travailler beaucoup cet été, soit réglée.
02:34 Nous demandons aussi à ce que la situation de tous les travailleuses et travailleurs
02:37 qui ne pourront pas travailler cet été comme d'habitude, soit réglée.
02:40 Avec un chômage partiel pris en charge à 100%,
02:43 aujourd'hui on n'a pas de réponse du gouvernement,
02:45 avec un télétravail qui ne puisse pas être imposé
02:48 et avec des conditions dignes pour les salariés.
02:51 On a des salariés par exemple du secteur de la sécurité
02:54 où les entreprises de la sécurité refusent même de mettre en place des primes
02:57 pour valoriser tout ce travail supplémentaire qui va être fait pendant l'été.
03:00 Ce n'est pas possible de mépriser à ce point les salariés.
03:04 Ça fait des mois qu'on demande au gouvernement de faire en sorte
03:07 qu'il y ait des négociations partout sur les Jeux Olympiques.
03:09 Ça n'est pas fait.
03:11 J'ai adressé un courrier au Premier ministre pour lui demander d'organiser une table ronde
03:15 pour mettre sur la table tous les problèmes liés aux Jeux Olympiques.
03:18 Il faut qu'il réponde rapidement.
03:20 Le gouvernement va enfin recevoir les organisations de fonctionnaires.
03:24 Ça fait six mois que ça aurait dû être fait.
03:27 Les fonctionnaires se détermineront en fonction des réponses
03:30 qui vont être données mardi dans cette réunion très importante.
03:33 Ce n'est pas possible que les primes soient à géométrie variable
03:36 et qu'il n'y ait pas les mêmes primes pour les soignants que pour les policiers par exemple.
03:40 Donc j'allais dire que d'une certaine manière, Leroy Merlin, fonction publique,
03:43 pour les JO, même combat.
03:45 C'est d'abord une histoire de primes et une histoire de rémunération et d'argent.
03:49 C'est une histoire de droit très concret pour les travailleuses et les travailleurs.
03:54 Et oui, par exemple, Leroy Merlin, il y a un certain nombre de Leroy Merlin
03:57 qui sont dans des périmètres de sécurité des Jeux Olympiques
03:59 où les Leroy Merlin vont devoir fermer.
04:01 Aujourd'hui, les salariés de Leroy Merlin n'ont aucune réponse
04:04 sur la prise en charge de leur chômage partiel à 100%.
04:07 Ça veut dire que les salariés de Leroy Merlin qui sont déjà payés au lance-pierre
04:11 vont perdre du salaire cet été à cause des Jeux Olympiques.
04:14 Ce n'est pas possible. La moindre des choses, c'est de sécuriser la situation des salariés.
04:18 La CGT est partie prenante depuis de longs mois, depuis des années, dans la réussite des JO.
04:23 La CGT s'est battue pour qu'il y ait une charte sociale sur les Jeux Olympiques.
04:26 C'est grâce à cette charte sociale que nous avons divisé par 4
04:29 le nombre d'accidents du travail sur les chantiers de construction des JO.
04:33 Maintenant, il faut mettre en place et élargir le dialogue social
04:36 et faire en sorte que toutes les entreprises concernées, tous les secteurs concernés,
04:40 il y ait des négociations qui s'ouvrent d'urgence avec les organisations syndicales
04:43 pour sécuriser la situation des travailleuses et des travailleurs.
04:46 Maintenant, je souhaite parler du 8 mars parce que l'égalité entre les femmes et les hommes
04:51 n'est toujours pas réalisée aujourd'hui au travail
04:54 et que le gouvernement et le patronat doivent enfin prendre des mesures
04:58 pour mettre fin au temps partiel subi, par exemple, qui sont légion à Leroy Merlin et dans le commerce,
05:03 qui ne sont absolument pas choisis par les femmes et qui les enferment dans de la précarité du travail
05:08 le soir, la nuit et le week-end et qui les empêchent de pouvoir prendre en charge leurs enfants,
05:14 par exemple, en travaillant.
05:16 C'est ces sujets-là sur lesquels le gouvernement et le patronat doivent enfin avancer.
05:20 Sophie Binet, question de Gaëtan Bellin.
05:22 Oui, Sophie Binet, vous plaidez donc pour une sanction des entreprises
05:26 qui ne rémunèrent pas les femmes comme les hommes lorsque c'est un temps de travail
05:32 équivalent, mais comment fait-on clairement pour sanctionner ces entreprises ?
05:37 Pour sanctionner ces entreprises, c'est très simple, il faut réformer en profondeur l'index égalité salariale
05:45 qui a été fait pour masquer les inégalités.
05:47 Il faut faire en sorte qu'ils puissent rendre apparentes les inégalités entre les femmes et les hommes
05:52 et puis il faut augmenter le nombre d'inspecteurs et d'inspectrices du travail
05:55 pour que les contrôles puissent exister.
05:58 Calculer les écarts de salaire entre les femmes et les hommes, on sait faire, c'est très simple.
06:03 Maintenant, il faut imposer la transparence sur les écarts de salaire en réformant l'index égalité salariale
06:09 et puis il faut multiplier les contrôles de l'inspection du travail
06:12 pour que les entreprises qui ne pratiquent pas l'égalité salariale soient sanctionnées.
06:16 C'est à la fois une mesure de justice et c'est aussi une mesure qui, économiquement, serait très importante.
06:21 Parce que si on faisait enfin l'égalité salariale en France,
06:24 il n'y aurait plus de déficit de notre régime de retraite
06:28 et il n'y aurait pas eu besoin de décaler de deux ans l'âge de départ en retraite.
06:31 Une augmentation du salaire des femmes, ça veut dire plus de cotisations dans les caisses de la sécurité sociale
06:37 donc pour nos retraites, nos allocations chômage par exemple, plus d'impôts aussi pour le pays.
06:42 Donc c'est une richesse pour toutes et tous.
06:44 Et il faut juste payer notre travail à la hauteur parce qu'on le vaut bien.
06:48 Mais ça veut dire que dans une entreprise comme le Rang Merlin, comme ici,
06:50 il n'y a pas eu d'efforts faits, notamment depuis l'inflation.
06:53 Il y a eu des efforts faits, il y a eu des hausses de salaire.
06:55 Non, non, à Leroy Merlin, il n'y a pas eu des hausses de salaire correspondantes à l'inflation.
07:02 Le mieux qu'on obtient, c'est des primes au lieu d'avoir des augmentations collectives de salaire.
07:06 Et à Leroy Merlin justement, si les salariés de Leroy Merlin sont en grève aujourd'hui,
07:12 c'est que ici, je suis à Leroy Merlin dans le 19ème,
07:15 il y a une caissière qui s'est fait agresser par un client très violemment avec une agression physique.
07:20 Ça a été filmé et au lieu de déposer plainte contre ce client,
07:24 l'entreprise a réussi à sanctionner l'hôtesse de caisse concernée.
07:27 Et malheureusement, ça n'est pas un fait isolé.
07:30 Ça montre à quel point, en matière de violence contre les femmes,
07:33 c'est toujours la loi du plus fort et ça montre à quel point, dans le secteur du commerce notamment,
07:38 le client est toujours roi et on apprend aux hôtesses de caisse à se taire en leur disant
07:42 que si elles dénoncent les violences verbales ou physiques dont elles sont l'objet de la part de clients,
07:47 c'est elles qui seront sanctionnées.
07:49 C'est cette situation qui, ici, a mis le feu aux poudres
07:52 et qui explique que les salariés de Leroy Merlin soient nombreux et nombreuses en grève aujourd'hui.
07:57 Sophie Binet, faut-il l'interdire ce chômage partiel ou bien il faut davantage le contrôler ?
08:02 Parce qu'on le sait aussi, certaines femmes choisissent pour des raisons familiales de travailler à temps partiel.
08:09 Alors le temps partiel, la CGT ne demande pas son interdiction,
08:15 elle demande à ce que les abus soient supprimés.
08:20 Il y a des secteurs qui fonctionnent de façon structurelle en temps partiel,
08:23 notamment le secteur du commerce, le secteur du nettoyage, les aides à domicile, les assistantes maternelles, etc.
08:29 Dans ces secteurs-là, il faut mettre fin aux temps partiels qui sont utilisés comme outils de flexibilité,
08:35 qui permettent de faire travailler le soir, le week-end, de limiter l'impact des arrêts maladie, etc.
08:41 C'est abusif, il faut faire en sorte que les salariés à temps partiel aient la même majoration des heures supplémentaires que les salariés à temps plein.
08:49 Parce qu'aujourd'hui, non seulement quand on est à temps partiel, on a un salaire plus faible,
08:52 mais en plus quand on fait des heures sup, en général, elles ne sont pas majorées.
08:55 Il faut mettre fin aux amplitudes horaires énormes, puisqu'on peut être payé bien loin d'un cycle horaire,
09:01 mais avoir une amplitude horaire digne d'un cas de sup avec des trous énormes en milieu de journée.
09:08 Il faut aussi que, par exemple, pour les aides à domicile ou les assistantes maternelles,
09:12 le déplacement entre deux usagers soit pris en charge comme du temps de travail.
09:17 C'est ce type de mesure qu'il faut adopter.
09:19 Nous demandons à ce qu'il y ait une négociation sur la question des temps partiels.
09:23 La Première ministre s'y était engagée et malheureusement, le gouvernement ne le met pas en place aujourd'hui.
09:28 Ce n'est pas acceptable.
09:29 C'est 30% des femmes qui, aujourd'hui, sont enfermées sur des temps partiels,
09:33 dont on ne parle jamais, alors qu'elles sont bien loin du SMIC mensuel et, en général, bien en dessous du seuil de pauvreté.
09:39 C'est très important parce que c'est la question de l'indépendance économique des femmes dont il s'agit.
09:44 Ce que j'entends dans vos mots ce matin, c'est que dans le privé, Laurent Merlin, ou dans le public,
09:48 il n'y a pas question qu'il y ait de trêve dans les semaines qui viennent, et encore moins de trêve olympique.
09:53 Écoutez ce que disait votre prédécesseur Louis Vianney, c'était en 98, au moment de la Coupe du monde.
09:59 Lui, il disait "C'est pas le moment de faire grève". Écoutez-le.
10:01 L'état d'esprit de la CGT n'a jamais été de prendre la Coupe du monde en otage,
10:06 ceci étant, la Coupe du monde n'efface pas les problèmes qui sont là, sur la table, il va bien falloir qu'ils trouvent des réponses.
10:12 On ne prendra pas la Coupe du monde en otage.
10:15 Eh bien, je n'enlèverai aucun mot de mon prédécesseur. L'état d'esprit de la CGT, c'est de régler les problèmes des travailleuses et des travailleurs.
10:24 C'est pour ça que nous interpellons maintenant le gouvernement et le patronat.
10:28 Pour que les Jeux Olympiques soient une grande fête pour toutes et tous, il faut négocier maintenant, pour sécuriser maintenant,
10:34 la situation des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui sont concernés.
10:38 Ce n'est plus possible qu'on nous fasse un chantage permanent et qu'on fasse comme s'il n'y avait pas de situation sociale à sécuriser.
10:44 Les travailleuses et les travailleurs ne sont pas des paillassons sur lesquels on s'essuie les pieds.
10:49 Merci beaucoup Sophie Bidet d'avoir été avec nous ce matin en direct sur BFM TV.

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