Le tabou des IVG médicamenteuses : la douleur des femmes passée sous silence
  • l’année dernière
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) par voie médicamenteuse est de plus en plus courante mais l’acte, souvent très traumatisant, reste encore tabou.
Les femmes évoquent très rarement les douleurs psychologiques ou physiques ressenties.
"C'est un problème important de santé publique mais c'est une question dont personne ne se saisit." Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheuse à l'Inserm
Dans 83% des cas, ces femmes ont pris des antidouleurs dans les 5 jours suivant le traitement.
27% ont ressenti des douleurs très intenses au 3ème jour.
"On a un quart de l'échantillon qui avait des douleurs très intenses, avec des douleurs supérieures ou égales à 8 sur une échelle de 1 à 10." Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheuse à l'Inserm
D’après elle, le niveau de douleurs pourrait être influencé par la dose de Mifépristone le premier comprimé qui permet à l'embryon de se détacher.
Pour les femmes qui avaient reçu 600 milligrammes, 16% d'entre elles avaient des douleurs supérieures ou égales à 8 sur 10, alors qu'on était à 33%, soit le double, chez celles qui avaient reçu 200 mg. Elles souffraient plus quand elles en recevaient moins. C'était très net.
[Mais] 200 milligrammes, ça coûte trois fois moins cher que 600 milligrammes.
"Incontestablement, il y a de façon consciente ou inconsciente cette idée que la douleur, ce n'est pas si grave, les femmes n'en meurent pas…." Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles.
Autre explication : la Haute Autorité de la Santé recommande la prescription d’antalgiques mais en pratique, de nombreux médecins ne le font pas.
Un travail doit ainsi être opéré auprès des professionnels de santé et des efforts sur la prévention et l’accompagnement des femmes doivent également être réalisés.
Légalisée dans les années 1990, la voie médicamenteuse représente aujourd’hui plus de 2/3 des IVG.
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