60 ans plus tard, la reconnaissance du crime d'État se fait toujours attendre au métro Charonne
  • il y a 2 ans
Plus de 400 personnes selon les organisateurs, dont Fabien Roussel et Philippe Martinez étaient réunis devant la station de métro où a eu lieu la tuerie du 8 février 1962, pour le soixantième anniversaire du drame. Tous ont rappelé la nécessité d’une reconnaissante du crime par l’État. Le matin, l’Élysée avait publié un bref communiqué en « hommage » aux victimes.

Mention plus qu’insuffisant pour Emmanuel Macron. Voilà le message que veulent faire passer les différents acteurs du monde politique et syndical, réunis à la tribune, dans la soirée du mardi 8 février 2022, devant la station Charonne (11e arrondissement de Paris). Un peu plus de 150 personnes ont répondu présentes. Les drapeaux de la CGT et du Parti communiste claquent au vent. Ici, soixante ans en arrière, la police du préfet Maurice Papon avait chargé la foule d’une manifestation contre l’OAS et pour l’Algérie indépendante, assassinant neuf personnes, toutes syndiquées CGT et toutes, à l’exception d’une, encartée au Parti communiste. Trois travaillaient dans les équipes de l’Humanité.

Un crime d’État, donc, que l’État n’a jamais reconnu. Jusqu’ici, les présidents avaient même ostensiblement ignoré les commémorations du drame. Emmanuel Macron a fait (un peu) mieux, puisqu’il a rendu « hommage aux victimes »… dans un laconique communiqué de presse de trois phrases. « C’est un pas. Un modeste pas, un pas lent, un petit pas, juge Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Nous voulons pousser l’action jusqu’au bout pour que soit reconnu ce crime. Nous le devons au peuple au nom du sang versé à cette époque, à la foule incroyable qui s’est mobilisée lors des obsèques des victimes. Il paraît que ce jour-là on ne trouvait plus un seul bouquet chez les fleuristes. » « Nous ne saurons nous contenter d’un communiqué de quelques lignes ! », martèle quant à lui Philippe Martinez, numéro un de la CGT, évoquant une « blessure » historique pour le syndicat. « Nous devons reconnaître ce crime pour ne jamais oublier que la police peut tuer. Et que l’État est responsable quand il y a défaillance », ajoute à son tour François Vauglin, maire PS du 11e arrondissement de Paris.

Dans la foule, nombreuses sont les personnes qui n’ont même pas eu vent de la déclaration de Macron, simple communiqué qui a fini par atterrir dans les boîtes mails des rédactions. Quand on lui demande ce qu’elle pense de « l’hommage » du président, Marie-France balaie d’un revers de la main : « c’est Macron, avec lui c’est pas la peine ! » Appuyée sur une béquille, elle préfère partager ses souvenirs, elle qui y était, ce 8 février 1962, âgée alors de la vingtaine. Elle se souvient avoir cherché à rentrer en banlieue, car « mes parents en avaient marre que j’arrive en retard à l’heure d’être à table ». Et avoir croisé sur le chemin des policiers armés de leurs « bidules », ces longs bâtons à bout dur, conçu pour meurtrir, dont la préfecture équipait ses troupes. « J
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