Vendée. L’abattoir de Challans placé en liquidation judiciaire
  • il y a 5 ans
La décision du tribunal de commerce de Poitiers est tombée mardi 15 janvier. L’activité est maintenue, mais la liquidation est prononcée. La CFDT s’inquiète pour l’avenir des 150 salariés de l’abattoir Covia, à Challans.

En redressement judiciaire depuis le 7 décembre 2018, la Covia (Coopérative viande de la Région Atlantique) a reçu, ce mardi 15 janvier, la décision du tribunal de commerce de Poitiers : liquidation judiciaire avec une poursuite d’activités jusqu’au 1er février.

Dans les faits, cela change quoi ? « Les salariés ne reprennent pas le travail, mais ils seront payés jusqu’au 28 janvier, date après laquelle si aucun repreneur ne s’est fait connaître, la liquidation sera validée au 1er février. » Quel intérêt pour ce délai accordé ? « Étudier la lettre d’intention de l’entreprise de Châtellerault (Vienne) qui s’est positionnée, mais qui ne garderait que 30 salariés sur les 150 ou donner encore une chance à un autre repreneur qui ne s’est pas encore fait connaître. »

« Dans tous les cas, ce sont les salariés qui vont trinquer » , selon la CFDT de Vendée qui a réuni, à la Bourse du travail à La Roche-sur-Yon, quelques salariés de l’abattoir. Au total, sur les quatre entités de la Covia, ils sont « 150 employés d’une moyenne d’âge de 46 ans ». Raphaël Gauvrit, qui travaille depuis neuf ans à la préparation des commandes, ne cache pas son amertume : « On est désabusé et surpris que ça se termine aussi rapidement. C’est une coopérative et les éleveurs ne sont jamais venus nous voir. Il y a un fossé entre eux et nous. Nous avons beaucoup entendu leur voix, beaucoup moins la nôtre. »

Après Doux, quel avenir pour la Covia ?
Pascal Vrignaud, à la tête de la CFDT de Vendée, « ne souhaite pas opposer éleveurs et salariés » . Mais il ajoute : « Il y a la capacité d’abattre tous les animaux en Vendée. Certains éleveurs préfèrent la proximité de la Covia, mais ils trouveront des solutions. En revanche, la question de l’emploi est centrale pour les salariés sur le carreau. »

Johanna Sangala, commerciale depuis deux ans, et Mickaël Tariot, salarié de la Covia depuis 1997, font partie du comité d’entreprise : « C’est très difficile de se repositionner sur le marché de l’emploi quand on arrive à la cinquantaine. Il y a de l’emploi en Vendée claironne le Département, mais alors pourquoi la plupart des salariés de chez Doux (abattoir de Chantonnay fermé en mai 2018 ) n’en ont pas retrouvé ? »

Les représentants syndicaux pointent des questions de « mobilité » mais surtout de « formations des salariés » . « Certains ont 25 ou 30 ans d’ancienneté et n’ont pas été suffisamment formés pour se retrouver sur le marché de l’emploi du jour au lendemain. » Tous déplorent « un licenciement économique sec sans suivi » . « La situation financière est tellement dégradée qu’il ne restera pas grand-chose pour faire un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) améliorée. On ne veut pas que les salariés se retrouvent chez Pôle emploi, sans un suivi particulier. »

Entre abattement et déception, Raphaël, Mickaël et Johanna soupirent : « On a réussi à traverser la crise de la vache folle. Ce n’est pas une difficulté du marché qui est en cause. C’est une mauvaise gestion. Il y a longtemps qu’on signale des dysfonctionnements et qu’on réclame plus de transparence financière. Pourquoi n’ont-ils pas changé de stratégie, avant d’en arriver là ? Pourquoi n’ont-ils pas voulu nous écouter ? » La CFDT reconnaît que ce délai jusqu’au 1er février « offre un peu de répit, mais on n’a plus beaucoup d’espoir. »
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