Léo Ferré/Verlaine-Mon rêve familier

  • il y a 10 ans
Autre extrait de « Verlaine et Rimbaud » chantés par Léo Ferré : « Mon rêve familier » de Verlaine
Ferré met ici en musique un des poèmes saturniens édités en 1864 dans section intitulée « Melancholia »
C'est en effet de mélancolie dont il est question ici : celle d'un homme dont l'amour idéal d'une femme unique, qui elle seule saurait déchiffrer son cœur n'est condamné à n'être qu'un rêve, seule compensation à un réel vécu douloureusement (On est bien dans l'héritage du romantisme)
C'est un poème sur la difficile condition du poète qui ultra-sensible a besoin d'être compris et aimé
Un poème que ferré a habillé avec un accompagnement minimaliste : quelques accords longuement entendus, un peu à la manière d'un récitatif qui met bien en valeur l'ambiance onirique du poème avec cette rencontre immatérielle qui n'existe que dans l'imagination de Verlaine et cela fonctionne !

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! Cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.