Léo Ferré/ Verlaine-ô triste était mon âme

  • il y a 10 ans
Après « soleils couchants »je vous propose un autre extrait de « Léo Ferré chante Verlaine et Rimbaud (1964) »
C’est un poème d’une grande tristesse intitulé « ô triste était mon âme » qui intervient à un moment-charnière de l’existence de Verlaine : il exprime les doutes de ce dernier, son tiraillement entre son attachement pour sa femme Mathilde et son désir de fuir la réalité pour ne plus souffrir Finalement, cela va être la fugue avec le poète Rimbaud qu’il va finalement suivre dans un long périple qui va le mener à Londres et Bruxelles et aura l’issue tragique que l’on connaît
Un poème qui fait partie cette fois-ci des « romances sans paroles » (éditées en 1874) et plus précisément de la première section de ce court recueil intitulée « ariettes oubliées »
Des titres qui renvoient à la musique (le premier est un clin d’œil à Mendelsohn !) Et c’est vrai que les poèmes de l’auteur de « la bonne chanson » sont déjà d’une très grande musicalité
Ferré a habillé cette complainte avec des harmonies très subtiles qui expriment toute la douleur du « pauvre Lelian »
C’est un orchestre qui accompagne Ferré et je vous en propose ici une version inédite piano-voix
J'ajoute que Bernard Lavilliers en a fait lui-même une très belle reprise avec un orchestre

Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il -
Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon coeur: Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés,
Encore que loin en allés ?