Vendredi, samedi et dimanche dans Europe 1 Soir Week-end, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique.
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00:00Europe 1 Soir Week-end. 19h21, Pascal de la Tour du Pain.
00:04Il est 20h13, il y a une très bonne ambiance dans ce studio. Charlotte, votre micro est ouvert, ça va Charlotte Dornelas ?
00:09Oui très bien et vous ?
00:10Ça va pas mal. On va parler évidemment de la grève à la SNCF, à l'approche des fêtes de fin d'année.
00:16Adrien Matoum a déjà dit d'aller défendre à corps et à cri les syndicats qui comprenaient.
00:21Mais je n'ai pas dit que la cause n'était pas recevable, je dis juste que ça suffit les fêtes de fin d'année.
00:28On va en parler dans un instant, mais d'abord je voudrais entendre Patrick Legras qui est avec nous en ligne.
00:32Bonsoir Patrick Legras, merci d'être avec nous.
00:35Vous êtes agriculteur et porte-parole national de la coordination rurale.
00:39Les agriculteurs, le monde agricole, on en parle tellement régulièrement, le monde agricole est pressurisé de tous les côtés.
00:46Le monde agricole n'en peut plus, j'ai le sentiment que les politiques se penchent sur le cadre du monde agricole
00:53mais ne trouvent jamais de solution, et vous menacez dès le 15 novembre de reprendre le mouvement pour plusieurs semaines.
00:59Est-ce que c'est ça ? De quoi s'agit-il exactement Patrick Legras ?
01:03Alors premièrement, il faut savoir que depuis le mois de février, au niveau local sur certains départements,
01:10entre autres par exemple dans le Gers, dans le Lot-et-Garonne, dans d'autres départements comme la dernièrement du côté de Chartres, du côté de l'Eure-et-Loire,
01:19nous n'avons jamais vraiment laissé nos responsables ou nos politiques ne pas penser au monde agricole,
01:29mais c'est plus de façon locale, c'est-à-dire qu'en fonction de l'activité, en fonction des disponibilités, en fonction des problèmes,
01:37il y avait énormément de problèmes sanitaires au niveau de l'élevage, on a gardé une grande démarche sur le terrain,
01:47mais voilà, en respectant les Jeux Olympiques, en respectant beaucoup de jeux de clubs...
01:51C'est vrai, pardon, mais c'était assez sympa, mais en tout cas ça a tiré l'oeil.
01:55Les panneaux retournaient à l'entrée des villages et des communes de France, ça signalait effectivement la colère des agriculteurs.
02:03Par exemple, je prends cet exemple, c'est-à-dire que vous n'avez jamais rien bloqué, vous, les agriculteurs.
02:08Je regarde Adrien Matouz qui n'est pas le cas de tout le monde.
02:11Ils ont déjà bloqué des choses ?
02:13Oui, mais pas là, pas à l'approche des fêtes de fin d'année, Patrick Legras, vous n'allez pas bloquer la France à l'approche des fêtes de fin d'année.
02:19Alors, le problème, c'est que ce n'est jamais le bon moment de bloquer les routes, de bloquer les gens,
02:29mais l'été c'était les Jeux Olympiques, l'hiver c'est les fêtes, au printemps c'est Pâques.
02:35Le problème aujourd'hui, ça n'en est pas là.
02:37C'est-à-dire qu'aujourd'hui, au mois de février, on a tiré l'attention sur des gros problèmes financiers du monde agricole,
02:42l'année 2024 a, comme j'ai pu déjà le dire, à peu près multiplié par deux le nombre d'agriculteurs en détresse.
02:51Quand je dis l'année, c'est-à-dire les mauvais rendements qui ont eu lieu en céréales,
02:58les problèmes de crise avec les grises sanitaires pour tous les animaux, que ce soit aux vins, aux bovins.
03:06Donc on a amplifié le problème, on a eu un nouveau gouvernement.
03:10Ce nouveau gouvernement, il a été mis en place tardivement par M. Macron, mais ça on n'en est pas responsable.
03:17Et aujourd'hui, c'est sûr qu'on ne peut plus repartir en 2025 sans avoir de très gros changements.
03:25Et ce qu'il faut être clair, et ce n'est pas nous les responsables, ce qui peut faire basculer très gravement la crise,
03:31c'est la position du Président de la République et du Premier ministre par rapport au mercosur.
03:37C'est-à-dire les dates approchent. On nous mène en bateau sur ce dossier en disant que c'est compliqué, il faut qu'on soit...
03:44J'ai encore vu le Président dire qu'il faut qu'on soit solidaire avec l'élection de Trump.
03:48– Vous n'y croyez plus, c'est ça ?
03:49– Mais ce n'est pas notre problème aujourd'hui.
03:51Si la France donne son veto, le traité du mercosur n'est pas voté.
03:56Si la France accepte, le traité va être voté. Le reste, c'est du baratin.
04:00Alors comme j'ai toujours dit, on est des agriculteurs, on n'est pas des politiques.
04:03Donc sur ce dossier-là, sur ce mercosur qui va avoir lieu dans les jours qui viennent,
04:07la position, ce n'est pas de dire qu'on veut être solidaire.
04:10On demande que le Président de la République et la France se positionnent clairement
04:14en disant que nous faire tout un pataquès sur le dossier, le carbone, les consommations locales, tout ça,
04:26c'est très bien, on en est tout à fait.
04:28Le bilan carbone, aujourd'hui, si le produit vient d'Amérique du Sud, il est mauvais.
04:32Aujourd'hui, ces produits, c'est des centaines de milliers de tonnes de viandes
04:36qui sont aux hormones, qui sont traitées à l'acide, qui ne respectent rien du tout.
04:41Ce n'est même pas une question, ce n'est pas que les agriculteurs,
04:44c'est que même pour les consommateurs, c'est ce mot-là qui est consommateur.
04:47Et perdons aussi dans cette affaire, vous les défendez.
04:49Et vous êtes consommateur.
04:51Bien sûr, tout le monde est consommateur, Patrick Legra, agriculteur et porte-parole national de coordination rurale.
04:56La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, appelle à une reprise des actions à partir du 15 novembre.
05:01Comment ça va se traduire, Patrick Legra, ces actions ?
05:05Alors nous, nous sommes la coordination rurale.
05:08En ce qui concerne la FNSEA, je les laisse prendre leurs décisions.
05:11En ce qui nous concerne aujourd'hui, sur cette démarche et cette prise de position,
05:16on va garder un peu de surprise, parce qu'on sait très bien que vous êtes une radio très écoutée
05:27et ça nous emmènerait que des gens puissent anticiper ce que nous avons décidé de faire.
05:32Est-ce qu'on doit s'attendre à des pénuries ?
05:35Vous savez, on s'en souvient dans les rayons des grandes surfaces, par exemple.
05:39Non, mais ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas de pénurie, parce que rien que ce qui vient...
05:42Par exemple, on parle du sucre en ce moment, le sucre qui vient d'Ukraine a été multiplié par 8 en un an.
05:46Vous voyez, donc il n'y a aucun problème, l'Ukraine est là pour payer nos pénuries.
05:50Non, mais c'est terrible, Patrick Legra, ce que vous dites.
05:53C'est ça, et l'année prochaine, notre prix, alors que nous avons une mauvaise année embêtrable en France,
06:00puisque nous avons à peu près 30% de rendement en moins, donc 30% de revenus en moins rien que pour la production,
06:06le prix va baisser de 20 à 30%, et pour l'année prochaine, nos industriels ont déjà dit que nous baisserons
06:11les surfaces de sucre de 15% à cause des entrées de l'Ukraine et d'Amérique du Sud.
06:18Donc aujourd'hui, nous dire que tout va bien, nous dire qu'on est en train de regarder pour que les producteurs vivent mieux,
06:25c'est que du baratin, je suis désolé.
06:26C'est du baratin, vous attendez des actes concrets de la part du gouvernement.
06:29Qu'est-ce que vous attendez ? Donc vraiment, c'est le Mercosur ?
06:32Le nom de la France au Mercosur, c'est ça ?
06:35Oui, c'est obligatoire, et ça, ce n'est pas négociable.
06:38Comme on avait demandé, et comme avait proposé M. Attal lors de son discours sur la botte de paille sur l'autoroute,
06:46nous voulons une sortie, comme il avait proposé, de l'Organisation Mondiale du Commerce.
06:49Et on voit très bien qu'avec ce que vont faire les Etats-Unis, c'est-à-dire plus de protectionnisme,
06:54aujourd'hui les échanges vont être très compliqués, et je pense que la Chine aujourd'hui qui a...
07:00Alors, on fait du protectionnisme, ce qu'on veut, par exemple sur la Chine, sur les voitures, ça ne pose pas de problème.
07:04Mais les constructeurs français, à mon avis, sont plus puissants que les agriculteurs et les consommateurs français.
07:09Vous ne vous sentez pas écoutés ?
07:10On n'en a rien à foutre. Faire rentrer, M. Denormandie, je l'ai écouté, l'a dit, faire rentrer de la merde en France,
07:18ça ne dérange pas les politiques actuellement. Je suis désolé, mais il faut le dire.
07:21Non, mais on vous comprend, Patrick Legras, parce que les agriculteurs, c'est vous qui nous nourrissez.
07:26C'est vous qui nous nourrissez. Vous avez un des métiers les plus nobles.
07:29Et ça, voilà, je vous le dis, et je pense qu'on est tous dans ce studio à penser la même chose.
07:36Et on est bien désolés de la situation. On veut que nos agriculteurs français se portent bien et nous fournissent de la nourriture de qualité,
07:44comme vous savez si bien l'affaire.
07:46Patrick Legras, donnez-nous, je sais que vous ne pouvez pas donner l'indication sur la mobilisation ou la forme que ça prendra, Patrick Legras,
07:55mais quoi, ça va être une action de grande ampleur sur toute la France, ciblée ?
07:59Pour être clair, à partir du 18 novembre, 19 novembre, 20 novembre, nous avons trois journées importantes,
08:07sur le terrain et en Assemblée Générale, qui est un congrès.
08:11Nous allons écouter l'ensemble des agriculteurs de toutes les régions, de toutes les professions.
08:16L'ensemble des décisions seront prises très rapidement, puisque notre syndicat fonctionne de cette façon.
08:24Est-ce que les tracteurs pourraient remonter vers Rungis ou Paris, par exemple ?
08:28C'est juste un exemple, Patrick Legras.
08:31La base d'aujourd'hui, c'est sûr qu'elle va ressortir les tracteurs.
08:34Ah, les tracteurs sont de retour.
08:36Nous allons ressortir les tracteurs.
08:37Bon, on aime bien les tracteurs.
08:39Mais c'est vrai, on aime bien les tracteurs, moi, bon voilà.
08:42Tant mieux, et c'est d'autant plus facile, et c'est pour ça qu'on n'intervient qu'au mois de novembre,
08:47c'est que nous ne pouvons sortir les tracteurs dans les villes,
08:51et je dirais pour manifester que quand le travail est fait,
08:54il faut savoir que septembre, octobre, novembre sont des très gros mois de travaux pour nous,
08:57pour inventer les céréales, pour se donner, pour récolter, pour la nourriture.
09:01Les tracteurs, le 15 novembre, c'est visuel.
09:02Non mais c'est vrai, attendez, moi je me souviens très bien de l'arrivée des tracteurs
09:06quand j'étais sur une chaîne d'information en continu.
09:09Vous avez l'arrivée des tracteurs sur Paris, c'est spectaculaire.
09:12Mais le 15 novembre, vous n'allez pas pourrir la vie des Français
09:16qui ont envie d'aller retrouver leur famille à Noël.
09:20Le but, comme j'ai dit, puisque j'ai entendu dire que les gilets jaunes,
09:25même si la coordination rurale a un bonnet jaune,
09:28le but ce n'est pas d'embêter ou vulgairement s'emmerder l'automateur,
09:33mais au niveau des politiques, nous devons faire passer les messages.
09:37Et voilà, on ne va quand même pas, comme certaines zones, sortir la Kalachnikov,
09:41ce n'est pas notre style, donc nous nous arrêtons aux tracteurs.
09:44Écoutez, sortez les tracteurs, faites-vous entendre, vous avez bien raison,
09:46parce que nous on veut continuer de manger français, et bien manger français,
09:49et on veut que nos agriculteurs vivent dans des conditions décentes.
09:53C'est notre but.
09:55Merci beaucoup Patrick Legras, merci beaucoup d'avoir été en direct sur Europe,
10:00et merci de nous avoir expliqué un peu quel était votre objectif.