La semaine dernière Laura a pris un taxi un peu particulier...
Retrouvez Laura n'a pas compris dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/chronique-de-laura-domenge
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AmusantTranscription
00:00Voici Laura Domanche d'Issuasion au bar !
00:02Elle est dans la joie, dans la bonne humeur ! Les stades de France Inter, vous allez bien ?
00:06Ouiiii !
00:08Cool ! Moi aussi, je vais bien parce que je suis en vie. Et c'est déjà très bien.
00:12Je vais vous expliquer pourquoi. Jeudi dernier, je rentre du travail.
00:14Vous connaissez mon travail, quand je le termine, c'est la nuit et je suis très maquillée.
00:18Dois-je préciser que je suis une personne qui se produit sur scène ?
00:21Sans doute ! Car il est vrai que parfois, moi-même, je me demande ce que je fous
00:24quand je vois que sur Google, mon nom est associé à un tarif.
00:27Laura Domanche, 20 euros, ça fait mal au cul et pourtant, ce n'est pas lui que je vends.
00:3120 euros seraient alors bien trop cher, j'en ai conscience, alors que pour voir mon spectacle
00:35au théâtre de l'Oeuvre, c'est vraiment sacré à faire.
00:37Donc, jeudi dernier, me voilà en tenue de travailleuse de la van dans le Paris by Night
00:43à arpenter le favet et il me vient cette idée vintage de hailer un taxi.
00:47Chose qui ne se fait plus depuis qu'on a des applis, on est d'accord ?
00:51Fini le temps des comédies romantiques où on criait « Taxi ! » en traversant la rue
00:55et la pluie en dehors du passage piéton, car que vaut un carambolage face à un baiser
00:59de l'amour de sa vie ? On est foutu ! L'ubérisation a flingué le romantisme.
01:04Maintenant, avant de tracer à l'aéroport, retenir l'être aimé, on commande son chauffeur
01:08sur une application, on regarde la petite voiture se déplacer sur l'écran et quand elle arrive
01:12à notre niveau, on compare la plaque à celle qui est inscrite sur l'appli.
01:15FZ 547, ah bah non, la voiture devant moi qui me fait des signes, c'est FZ 574,
01:20alors c'est pas elle.
01:21Allo ? Oui ? Non, je ne vous vois pas.
01:23Ah, c'est vous qui êtes juste devant moi au téléphone avec moi, vous êtes sûre
01:26parce que la plaque ne correspond pas.
01:28Ah bon ? Ah oui, mince, j'ai inversé les chiffres, j'ai oublié que j'étais dyslexique
01:31et conne et chiante.
01:32Quel film nul !
01:34Donc, bon, je rentre dans ce taxi inconnu, et moi, j'aime bien faire la causette.
01:39J'adore entendre l'avis des gens, ça fait passer le temps, et sur un malentendu,
01:43ça peut faire une bonne chronique.
01:44Et j'aime bien éditorialiser un peu la conversation, parce que sinon, c'est toujours la même.
01:49Oh, Hidalgo, les bouchons, on ne peut plus rouler.
01:51Nagui, vous êtes devenu taxi ?
01:54Non, bon, mais là, l'arroseur s'est fait arroser, parce qu'à peine le compteur
01:58est enclenché, le mec n'a pas attendu que j'appuie sur le bouton ON pour me dire
02:01« Ouais, Hidalgo, les bouchons, on ne peut plus rouler ». C'est pour ça que je vais
02:04déménager, mais il faut que j'étudie OU rapport à mon métier.
02:08Alors moi, naïve, je rétorque « Mais toutes les villes n'ont-elles pas besoin de taxi ? »
02:11Et là, il me répond « Non, moi, je ne suis pas n'importe quel taxi, je suis taxi libertin ».
02:17Oh, waouh ! Daniel, c'est vous ?
02:19Il me dit « Non, mais je le connais très bien, il sent très fort et il n'est jamais
02:22de pourboire ». Je suis spécialisé dans les courses à la sortie des clubs libertins.
02:28Voilà, effectivement, c'est niche.
02:30Pas sûr qu'il fasse fortune à Basoges-sur-Guillaume.
02:34Donc, je m'étonne et je lui réponds donc que je ne savais pas qu'il y avait des
02:38taxis spécialisés pour les libertins.
02:40Il me répond « Ah non, il n'y a pas des taxis, je suis LE taxi.
02:44LE taxi libertin ». Waouh ! Quel honneur de vous rencontrer, mon seigneur.
02:49C'est terrible.
02:50Aujourd'hui, on est obligé d'être polyvalent.
02:51On doit être chroniqueur télé-radio et artiste de scène, appareil à raclette et
02:55à pirate.
02:56Taxi et libertin, visiblement.
02:58Alors, moi, dans un premier temps, je me dis « Génial, moi qui voulais du récit
03:01inédit ». Et puis, je me dis « Moi qui ai toujours demandé à l'univers d'être
03:04célèbre, aurais-je dû préciser qu'on eut, oui, mais pas grâce à un enlèvement
03:08qui se finit mal dans une forêt de banlieue ». Je vérifie son Waze.
03:11Certes, à Paris, désormais, il y a des sens interdits partout.
03:14Mais ce n'est pas une raison pour faire un détour de 600 kilomètres avec des Haribo
03:18Guzemesta.
03:19Donc, j'ai passé mon adolescence à chanter « Je, je suis libertine », mais dans la
03:24vraie vie, moi, je, je suis une flippette.
03:26Et il s'y renchérit en me disant « Je suis libertin depuis longtemps ». Aïe, je me
03:32voyais déjà en haut de la fiche de la rubrique « Nécrologie » et mon nom tel, mon corset
03:36à lait.
03:37Et j'essayais de faire comme si la situation était parfaitement normale.
03:40C'est-à-dire que j'étais seule dans cette voiture et que ce mec, que je ne connais
03:43absolument pas, qui n'arrête pas de me répéter qu'il est libertin.
03:45Donc, j'acquiesce en mode « Ah, ah, ah ». Oui, bien sûr, je fais comme si je n'étais
03:49pas gênée alors que j'imaginais mon chauffeur avec un masque en latex dire à ses clients
03:52d'une voix suave « Vous voulez que je passe par le périph ? Depuis qu'il est à 50,
03:56les trajets sont plus longs ». Oui, parce que « taxi libertin », ça veut dire que
03:59des gens font des choses dans la voiture.
04:01J'imagine.
04:02Sinon, le terme est vraiment usurpé.
04:03Si tu transportes juste des physiciens d'un point A à un point B, ça ne fait pas toi
04:06un taxi-physicien.
04:07Tu n'es pas devenu un spécialiste de la mécanique des fluides.
04:10Et à propos de mécanique des fluides, je me demande lesquelles sont présentes sur
04:13la banquette arrière.
04:14Je vois l'ADN d'un petit village sur ma tenue de scène.
04:17D'accord ? Ah bah oui, je suis désolée.
04:19Au final, le mec était très sympa.
04:21Et c'est triste d'avoir été méfiante.
04:23Parce que tout homme n'est pas un agresseur sexuel, bien sûr, mais quasi tous les agresseurs
04:26sexuels le sont.
04:27Donc bon, j'adorais être telle la peau de mon ventre depuis que j'ai accouché détendue.
04:33Mais le trajet a eu beau durer 15 minutes pour traverser le Paris d'Hidalgo, certes,
04:37c'est court, mais c'est très long, 15 minutes, quand on a peur.
04:40Donc dans ces moments pour survivre, je vous donne ma petite astuce.
04:43Je préviens des potes susceptibles d'être réveillées.
04:45Comme ça, si dans les prochaines minutes, elles n'ont pas de news, elles lancent alertes.
04:48J'ai donc envoyé un message à mes potes.
04:50Je suis en stress, dans un taxi, plaque FZ 545.
04:53Bon, le seul bémol, c'est qu'il ne faut pas être dyslexique.
05:02Le 18 novembre, au Théâtre de l'Oeuvre, c'est à Paris, le 20 novembre, Rap Poitier
05:05pour son superbe spectacle « Arrête le compteur, gros salaud ».