Avec Pr Pierre Amarenco, neurologue à l'hôpital Bichat à Paris, auteur de "AVEC, une histoire de femmes" (Editions Kéro)
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00:00Neuf heures, dix heures, Sud Radio, la vérité en face, Benjamin Gleize.
00:05— Et c'est aujourd'hui la journée mondiale contre l'AVC en France. Chaque année, 150 000 personnes sont victimes d'un accident vasculaire cérébral.
00:13Ça fait une personne toutes les 4 minutes. Bonjour, professeur Pierre Marenko. — Bonjour.
00:19— Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Vous êtes l'un des spécialistes en France de l'AVC, neurologue à l'hôpital Bichat à Paris,
00:26cofondateur et président de la Fondation A Vaincre l'AVC. Vous publiez aux éditions Cairo l'AVC, une histoire de femmes,
00:34parce que les femmes sont plus exposées que les hommes au risque d'AVC. Une Française sur 4 aura un AVC dans sa vie.
00:41C'est un homme sur 5 à côté. Comment expliquer une telle inégalité, professeur ? À quoi c'est dû ?
00:48— Alors il y a plusieurs explications. La première et la plus évidente, c'est que les femmes vivent beaucoup plus vieilles que les hommes.
00:55Et donc elles sont plus exposées à l'AVC. La deuxième, c'est qu'elles ont certaines particularités.
01:02Elles sont très exposées par exemple à une cause fréquente de l'AVC qui est l'arythmie cardiaque.
01:09C'est l'arythmie qui fait fabriquer des caillots à l'intérieur des cavités du cœur et qui peuvent partir dans la circulation
01:17et aller jusqu'au cerveau pour créer ce qu'on appelle un infarctus cérébral. C'est une embolie cérébrale qui bloque une artère du cerveau
01:25et qui donne un infarctus. Donc ça, c'est une...
01:28— Donc plus de troubles de rythme cardiaque pour elles, d'une certaine manière. C'est ça, en gros.
01:33— Voilà. Elles sont plus exposées aux arythmies cardiaques. Elles sont plus exposées également à certaines maladies quand elles sont jeunes,
01:40puisque l'AVC peut survenir dès l'âge de 25 ans. Donc c'est une pathologie qui vraiment touche tout le monde.
01:49Et ce qui est important de dire aussi, c'est que c'est une pathologie que l'on peut prévenir. C'est-à-dire que 80% des AVC pourraient être évitées
01:59si l'on prenait les mesures nécessaires. Et il n'est jamais trop tard pour bien faire.
02:04— On va revenir justement sur tous les petits conseils que vous pouvez nous donner pour limiter au maximum ce risque d'AVC.
02:1180% va revenir sur ce chiffre d'AVC évitable. D'abord, pour continuer de parler de ces femmes qui sont davantage exposées au risque d'AVC
02:21et puis également à des risques d'AVC avec des séquelles plus sévères.
02:27— Oui, parce que les fameuses arythmies cardiaques donnent les AVC les plus sévères. Et donc comme elles y sont plus exposées,
02:34elles sont plus exposées à un handicap lié à l'AVC. L'autre point qui fait que les femmes ont un handicap plus important lié à l'AVC,
02:43c'est qu'elles arrivent significativement plus tard à l'hôpital que n'arrivent les hommes. Et ça, c'est pas à l'avantage des hommes.
02:51Car les femmes, quand leur conjoint fait un AVC, réagissent immédiatement. Elles sont très pratiques.
03:00Appellent le 15 et l'homme arrive très vite à l'hôpital. C'est pas la même chose quand c'est l'inverse qui se produit.
03:07C'est-à-dire que les hommes ont plus tendance à dire « Écoute, repose-toi, ça va aller. Non, t'inquiète pas. »
03:14Et donc, significativement, dans toutes les études de par le monde, les femmes arrivent un peu plus tard à l'hôpital.
03:21Donc, il faut vraiment former les gens aux symptômes de l'AVC et en particulier les hommes parce que les femmes réagissent mieux.
03:28— Alors justement, pour les hommes, c'est quoi les symptômes à détecter, Professeur Pierre Amarenko ?
03:34— Les symptômes, c'est toujours les mêmes. C'est-à-dire c'est une faiblesse d'un bras ou d'une jambe, de la face.
03:40Ça, c'est le symptôme moteur. Le deuxième, c'est un trouble de la parole. C'est-à-dire la personne n'arrive plus à prononcer les mots,
03:48à sortir les mots ou les prononce à l'envers par exemple, parlant en verlan. Ça, c'est l'aphasie.
03:56Le deuxième, c'est le trouble de la vue d'un œil ou de la moitié du champ visuel.
04:02Le quatrième, c'est un trouble de l'équilibre, c'est-à-dire que d'un coup, on se met à marcher comme une personne ivre.
04:08Le cinquième, c'est un trouble de la sensibilité qui touche l'ensemble de l'hémicore.
04:14Et puis, il y en a un autre aussi qu'il ne faut pas oublier, c'est le mal de tête extrêmement violent,
04:19qui est un mal de tête que les gens n'ont jamais expérimenté auparavant.
04:24Beaucoup de gens ont mal à la tête, 30% des femmes, 20% des hommes.
04:28Mais là, c'est un mal de tête vraiment spécial qui est vraiment très violent et qui annonce un AVC.
04:35Tout ça, ça doit nous alerter et il faut réagir.
04:38On le dit, mais c'est important de le redire, il faut réagir très rapidement.
04:42Chaque minute compte, professeur.
04:44Exactement, chaque minute compte.
04:46On a entre 3 et 6 heures.
04:48Le mieux, c'est d'intervenir dans les 3 heures, mais on peut aller jusqu'à 6 heures,
04:52voire dans certains cas exceptionnels, grâce à l'imagerie, jusqu'à 24 heures.
04:57Et on peut faire quelque chose, c'est-à-dire qu'on peut déboucher l'artère,
05:01soit par un médicament qu'on injecte, soit en allant capturer le caillot à l'intérieur du cerveau.
05:07Il y a des choses à faire, mais c'est une sorte de sauvetage, si vous voulez.
05:12Et le problème, c'est qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
05:18C'est pourquoi il est très important de se dépister de son risque d'AVC,
05:24car si on connaît les facteurs de risque d'AVC, on les traite et on peut éviter l'AVC dans 80% des cas.
05:32C'est pourquoi le fonds Vaincre l'AVC a développé un algorithme
05:37qui permet en 11 questions, on va sur le site internet vaincre-l'-avc.org,
05:42on clique sur « Je me dépiste », et là, on répond à 11 questions.
05:46Et sur ces 11 questions, on sait à la fin si on a ou pas un risque d'AVC.
05:51Et vous recevez sur votre email un compte-rendu détaillé, personnalisé,
05:55qui vous informe sur vos risques et la façon de réduire votre risque de 80%.
06:01– C'est une évaluation, tout simplement, sur le site de votre fondation.
06:06C'est une évaluation pour connaître exactement son risque de faire un AVC, très concrètement.
06:10– Exactement, très concrètement.
06:12Et la façon de savoir comment on peut réduire ce risque.
06:17Parce que ce n'est pas le tout de savoir qu'on est à risque.
06:20Ça, au contraire, ça fait peur.
06:22Mais ce qui est rassurant, c'est qu'on vous dit
06:25comment réduire votre risque d'AVC de 80%.
06:28Et c'est possible.
06:30– Et ça, ça passe beaucoup par quoi ?
06:32Par l'alimentation ? L'exercice physique, principalement ?
06:35– Alors, ça passe par tout un tas de mesures, comme celle-là,
06:38l'alimentation saine, l'exercice physique.
06:41Ça, c'est fondamental.
06:43Une femme qui est en transition ménopausique, qui fait de l'exercice physique,
06:47comme recommandé par l'OMS, a 50% de risque en moins
06:53de faire un AVC ou un infarctus lemiocard
06:55par rapport à celle qui ne fait pas d'activité physique.
06:59L'activité physique est fondamentale.
07:01Quelqu'un qui a un AVC et qui fait de l'activité physique
07:05a 50% de handicap en moins que quelqu'un qui a un AVC
07:10et qui ne faisait pas d'activité physique.
07:12Donc, être en forme physique, c'est très important.
07:16C'est important pour le cœur, pour les artères.
07:18C'est aussi important pour conserver son capital musculaire
07:21pour les vieux jours dont on a tous besoin.
07:23Si on ne veut pas marcher avec une canne, il nous faut des muscles.
07:25– Oui, forcément.
07:26Une alimentation plus saine, ça va de soi.
07:28L'exercice physique, c'est quoi ?
07:30On parle d'une vingtaine de minutes par jour d'efforts un peu intenses, c'est ça ?
07:34– Ça, c'est l'idéal.
07:36Moi, je conseille souvent d'acheter un vélo d'appartement
07:39et de faire 20 minutes de vélo tous les jours avant la douche.
07:42Mais ça peut être un rameur, ça peut être des liptiques,
07:44ça peut être ce que vous voulez, des longueurs de natation, de piscine.
07:49Mais oui, de l'activité physique, c'est absolument essentiel.
07:54On sort des Jeux Olympiques, on a vu tout ça, c'est très important.
07:57Après, il faut ne pas fumer, ni tabac, ni cannabis.
08:04L'alcool, disons qu'on peut boire entre un verre et deux verres de vin par jour, maximum.
08:12Disons quelques verres de vin par semaine.
08:16Mais si on va au-delà, à ce moment-là, on est à risque d'AVC, notamment hémorragie.
08:23Donc l'alcool, évidemment, il faut être modéré, comme on dit toujours.
08:28Et puis, il faut avoir un bon sommeil.
08:32Le sommeil est très important pour le risque d'AVC ou d'infarctus du myocarde, d'ailleurs.
08:40Et notamment, il ne faut pas avoir d'apnée du sommeil.
08:45Les gens qui sont en surpoids ont souvent un ronflement, une apnée du sommeil.
08:50Et ça, c'est aussi un facteur de risque d'AVC.
08:53Si on se réveille fatigué le matin ou qu'on est somnolent dans la journée,
08:57il faut rechercher une apnée du sommeil.
08:59Il faut faire attention aussi au stress.
09:02Il faut faire attention au stress, oui, bien entendu.
09:05C'est compliqué. Il faut l'identifier, déjà, son stress.
09:08Il y a le bon et le mauvais stress.
09:10Le bon stress, c'est celui qu'on a tous les matins quand on va faire une émission en radio.
09:14Là, c'est le bon stress qui vous met en route,
09:18ou le bon stress du travail, du quotidien.
09:22Mais il y a le mauvais stress, qui est le harcèlement qu'on peut avoir au travail, à la maison.
09:27C'est la faillite financière, c'est le décès d'un proche ou la maladie d'un proche qu'on accompagne.
09:32Ça, c'est le mauvais stress.
09:34Il faut essayer de se faire prendre en charge.
09:36Ce n'est pas évident de se soustraire à ce type de stress, bien entendu.
09:39Mais une prise en charge par un professionnel permet d'améliorer les choses
09:44et de diminuer ce niveau de stress.
09:46Il y a des médicaments pour ça aussi.
09:47– Un mot pour conclure rapidement.
09:49Qu'en est-il des antécédents familiaux ?
09:51Est-ce qu'il y a une part de génétique dans le risque d'AVC ?
09:54– Il y a une part de génétique.
09:56C'est-à-dire que lorsque le père a eu un AVC avant l'âge de 50 ans
10:03ou la mère a eu un AVC avant l'âge de 55 ans,
10:06il peut y avoir en effet une part de génétique.
10:10Mais ça passe surtout par l'hypercholestérolémie familiale.
10:14Donc s'il y a du cholestérol dans la famille,
10:16s'il y a de l'hypertension aussi dans la famille,
10:19il faut d'autant plus se faire tester.
10:21Je voudrais dire une dernière chose, c'est que tout au long de sa vie,
10:24il faut connaître ses chiffres.
10:26Ses chiffres de pression artérielle, ses chiffres de cholestérol,
10:29ses chiffres de glycémie.
10:31Posez-vous la question, est-ce que je me connais mes chiffres ?
10:33Eh bien, ça fait partie des 11 questions qu'on va vous poser sur vaincre l'AVC.org
10:39qui vous diront si vous êtes ou pas à risque d'AVC.
10:44Connaître ses chiffres, c'est déjà les prendre en charge si vous voulez.
10:48– C'est la première étape mais elle est spéciale.
10:50– Si ils sont trop élevés, voilà.
10:52Et pour une femme, pour revenir aux femmes,
10:54il y a trois périodes pour cela.
10:56Il y a la période de prescription de la pilule, la période de la grossesse,
10:59la période de la transition ménopausique et de la ménopause
11:03qui sont des périodes fondamentales où il faut faire le point sur son risque d'AVC
11:07pour essayer de le diminuer de 80%.
11:11On peut le faire avec des mesures simples.
11:14– Merci beaucoup Professeur Pierre Amarenko
11:17d'avoir été avec nous sur Sud Radio ce matin.
11:19L'AVC, une histoire de femmes.
11:21C'est votre livre publié aux éditions Akiro.
11:23Je rappelle que vous êtes neurologue à l'hôpital Bichac,
11:25au fondateur et président de cette fondation.
11:28Vaincre l'AVC, Sud Radio, 9h32.
11:31On file dans un instant mon prochain invité, spécialiste du couple.
11:34Depuis des années, le couple et cette guerre des sexes.
11:37Est-elle déclarée ?
11:38Jean-Claude Kaufmann va nous le dire juste après ça.