Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, était l’invité du Face-à-Face de ce mardi 8 octobre sur BFMTV - RMC. Il a réagi notamment à la circulaire prise par le ministère de l'Éducation supérieur pour empêcher l'installation de drapeaux palestiniens dans les universités. Mais également à la motion de censure déposée par son groupe politique ou encore sur la fin de la vente d'armes à Israël.
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00:00BFM TV face à face. Apolline de Malherbe.
00:09Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Manuel Bompard, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:16J'ai beaucoup de questions à vous poser. Aujourd'hui, vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône.
00:22Aujourd'hui, motion de censure que vous avez déposée. Elle sera examinée cet après-midi.
00:27Et puis hier, 7 octobre, sur ces deux sujets, beaucoup de questions à vous poser.
00:32D'abord sur cette histoire de drapeau palestinien. J'ai rien compris. C'est quoi cette histoire ?
00:35Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ?
00:37Pourquoi ? Pourquoi un appel à mettre des drapeaux palestiniens dans les facs de France, partout ?
00:41Parce qu'il y a eu un abus de pouvoir du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui a pris une circulaire
00:48pour interdire en quelque sorte toute action de solidarité avec le peuple palestinien, avec le peuple libanais dans les universités.
00:54Et le fait d'avoir demandé qu'il y ait une forme de neutralité, ça vous paraît ?
00:56Non, il n'a pas demandé qu'il y ait une forme de neutralité. Il a interdit toute forme de solidarité, d'expression de solidarité
01:03avec des populations, la population palestinienne ou la population libanaise, qui sont aujourd'hui tout simplement massacrées
01:10par les bombardements israéliens. Et donc, je rappelle que les étudiants à l'université sont des citoyens majeurs
01:16qui ont une liberté d'expression, qui ont un droit de pouvoir exprimer, y compris, une forme de solidarité et de compassion
01:22avec des causes au niveau international.
01:23Donc vous appelez à cette désobéissance ?
01:25C'est la réaction face à cet abus de pouvoir. Enfin, imaginez que le ministre de l'Enseignement supérieur ait pris une circulaire
01:32après l'agression russe contre la population ukrainienne, interdisant dans les universités d'exprimer sa solidarité avec la population ukrainienne.
01:39Je pense que tout le monde aurait trouvé ça...
01:40Vous aviez déjà fait le coup à l'Assemblée ? Vous n'avez jamais appelé à ce qu'il y ait des drapeaux ukrainiens à l'Assemblée ?
01:46Non, mais il y en a eu, par exemple, quand on a reçu le président ukrainien à l'Assemblée nationale et au Sénat.
01:52Vous, la France Insoumise, vous n'avez jamais bataillé pour mettre des drapeaux ukrainiens où que ce soit ?
01:56Précisément parce que les drapeaux ukrainiens n'ont pas été interdits dans les universités.
02:01Vous pensez interdit, spécialement ?
02:02Non, je réagis face à un abus de pouvoir.
02:04Enfin, excusez-moi, mais en France, on a encore le droit à la liberté d'expression, on a encore le droit d'exprimer sa solidarité
02:10avec des populations qui sont aujourd'hui massacrées.
02:12Et en plus, invoquer, comme l'a fait le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, un motif de laïcité,
02:17alors que la laïcité n'est pas en cause sur cette question.
02:20Donc je trouve ça tout simplement scandaleux.
02:22Certains y comprirent dans votre camp, d'ailleurs, François Hollande, par exemple, qui est dans le Nouveau Front Populaire,
02:26ou Raphaël Glucksmann, on dit qu'il s'inquiétait de cet appel que vous avez lancé.
02:30Pas plus tard qu'hier, mon invité à ce même micro, le présentateur, animateur, producteur, Arthur,
02:35disait que vous attisiez la haine. Je voudrais que vous puissiez lui répondre, écoutez.
02:39Regardez les messages sur les réseaux des députés de la France Insoumise.
02:44Regardez Mélenchon avec sa veste en cuir qui harangue la foule
02:48et qui demande pour commémorer les massacres du 7 octobre
02:51à ce que demain, dans toutes les facs, on mette des drapeaux palestiniens.
02:54Je veux dire, c'est mettre de l'huile sur le feu en permanence.
02:58C'est exploiter, pardon, le malheur d'une situation,
03:02qu'elle soit israélienne ou palestinienne, à des fins politiques.
03:06Mais d'abord, ce qu'il dit, pardonnez-moi, est faux.
03:09Vous auriez pu d'ailleurs le corriger à l'antenne
03:11puisque Jean-Luc Mélenchon n'a pas appelé à mettre des drapeaux palestiniens dans les universités
03:14pour commémorer les massacres du 7 octobre.
03:17C'est une mauvaise information.
03:19C'est une fausse information, précisément pour ne pas le faire le 7, madame.
03:22Précisément parce que le 7 octobre, c'était un moment d'hommage,
03:25bien évidemment aux victimes des actes terroristes du 7 octobre
03:28et de mon point de vue aussi aux victimes de l'ensemble des civils
03:31qui sont morts depuis le 7 octobre,
03:33que ce soit des civils israéliens, palestiniens, libanais
03:36et de l'ensemble des peuples en particulier de cette région.
03:40Je trouve que c'est mensonger de faire croire que l'initiative de Jean-Luc Mélenchon
03:44qui propose dans les universités de brandir des drapeaux palestiniens ou libanais,
03:48on n'en parle pas précisément,
03:50serait une réponse ou une forme de commémoration du 7 octobre.
03:54Je trouve que c'est mensonger.
03:55Pour le reste, il n'y a jamais eu dans nos propos aucun propos de haine,
03:59contrairement à ce que dit Arthur hier sur votre antenne.
04:02Et si Arthur reçoit des messages de haine, bien évidemment,
04:05je les condamne totalement et fermement,
04:07de la même manière que j'aimerais que Arthur, par exemple,
04:10condamne les messages de haine que reçoivent un certain nombre de dirigeants
04:13ou de militants de la France insoumise,
04:15bien évidemment que j'en reçois.
04:17Et moi, je crois qu'il faut arrêter avec cet argument
04:20de l'importation ou de la récupération politique.
04:24S'il y a des mobilisations dans le pays
04:26et s'il y a des mobilisations dans les universités,
04:28ce n'est pas parce que tel ou tel dirigeant politique dénonce ce qui se passe là-bas,
04:31c'est parce que ce qui se passe là-bas est intolérable et inacceptable
04:34et que ça émeut des gens et qu'ils ont envie de réagir.
04:36Oui, mais pour vous, il n'y a pas d'importation de ça en France ?
04:39Il n'y a pas d'application de ça, notamment dans la politique française ?
04:42Mais madame, quand on réagit face à une situation internationale,
04:45parce qu'on considère qu'elle est intolérable,
04:47quand on exprime de la compassion et de la solidarité
04:50avec des populations civiles qui sont frappées de manière injuste,
04:53quelle que soit d'ailleurs leur nationalité, leur religion ou je ne sais quoi,
04:56pourquoi dire ?
04:57C'est comme si quand M. Macron a fait l'essentiel
05:00de sa campagne présidentielle de 2022 sur le conflit
05:03entre l'Ukraine et la Russie,
05:04personne ne lui a dit « vous êtes en train d'importer le conflit en France ».
05:07Il a considéré qu'il fallait réagir face à une action intolérable
05:10de violation du droit international.
05:11C'est précisément ce que nous faisons.
05:13Et c'est plutôt, il me semble, notre honneur
05:15de refuser les remises en cause du droit international
05:17qui ont lieu depuis maintenant plusieurs mois.
05:19Est-ce qu'appeler à l'intifada dans les rues de Paris,
05:21ce n'est pas une importation du conflit ici en France ?
05:23Moi, je n'utilise pas ce mot, même si je sais que certains l'utilisent
05:26en disant que ça veut dire soulèvement.
05:27Bon, moi, je pense que c'est difficilement compréhensible,
05:29donc personnellement, je n'utilise pas ce mot.
05:31Est-ce que vous considérez, Manuel Lompard,
05:33c'est très important, ma question est très précise,
05:35est-ce que vous considérez que la France est, je cite,
05:37« un pays colonial complice de génocide » ?
05:40Alors, ça prendrait du temps pour discuter tout ça.
05:43Non, non, mais allez-y, prenez le temps,
05:45je ne vous empêche pas de prendre le temps,
05:46je trouve ça très important de savoir ce que vous en pensez.
05:48Je vais prendre le temps qu'il faut, si vous le souhaitez.
05:50Premièrement, je pense qu'on peut effectivement,
05:53en tout cas, c'est notamment la décision de la Cour internationale de justice,
05:57qualifier les actions qui sont commises par l'armée israélienne à Gaza
06:00de génocide.
06:01C'est parce que c'est la Cour internationale de justice.
06:03Attendez, j'allais préciser les choses, si vous voulez bien.
06:05La Cour internationale de justice a rendu une décision,
06:08c'était au début de cette année, parlant de risque de génocide.
06:11Voilà.
06:12Moi, il me semble, je vous rappelle...
06:14De risque ?
06:15Oui, mais attendez, ça, c'était une décision du mois de janvier au février dernier.
06:18Il me semble que les conditions,
06:20et elle avait demandé à l'époque la Cour internationale de justice,
06:23à l'État israélien de prendre des mesures
06:25pour prévenir ce risque de génocide.
06:27Donc vous, vous considérez que...
06:28Je considère que ces mesures n'ont pas été prises.
06:30Que le risque de génocide s'est transformé en génocide.
06:33Oui, bien sûr, je pense que...
06:34Mais ce n'est pas ce que dit la Cour pénale internationale,
06:36c'est vous, Manuel Bompard, qui estime...
06:37Ne profondez pas, s'il vous plaît, la Cour internationale de justice,
06:39qui a parlé au mois de février de risque de génocide
06:42et qui a demandé à ce que soient prises des mesures conservatoires
06:45pour prévenir ce risque de génocide.
06:46Et ces mesures n'ont pas été prises, Apolline de Malherbe.
06:48Donc je considère effectivement qu'il y a aujourd'hui une situation de génocide à Gaza.
06:52Ensuite, il y a la Cour pénale internationale,
06:54c'est une autre instance qui, pour l'instant, n'a rien fait.
06:57Mais le procureur de la Cour pénale internationale
06:59a demandé à ce que soient délivrés des mandats d'arrêt,
07:02en particulier contre le chef d'IAM.
07:03Tout à fait, mais on est bien d'accord qu'aujourd'hui,
07:05aujourd'hui, ni l'une ni l'autre de ces deux Cours
07:07ne disent qu'il y a génocide en Israël.
07:10Les Cours en question n'en ont pas parlé.
07:12Par contre, il y a un certain nombre de rapporteurs,
07:14par exemple de l'Organisation des Nations Unies,
07:16notamment la rapportrice en charge du suivi de la situation
07:19sur les territoires palestiniens,
07:20qui, elle, a publié un rapport qui s'appelle
07:22« Apologie dans le génocide ».
07:23Mais alors, Manuel Bompard, et je vous repose la question,
07:25pourquoi certains chez vous disent que la France est,
07:27je cite, « un pays colonial complice de génocide » ?
07:29Et vous savez quoi ?
07:30Le plus simple, c'est qu'on l'écoute.
07:32C'est tout simplement Richy Thibault qu'on va écouter à l'instant.
07:35Il est assistant parlementaire payé par la France insoumise,
07:37puisqu'il est assistant parlementaire
07:39de la députée de la France insoumise
07:41de la 7e circonscription de Saint-Démarne,
07:43Erselia Soudé. C'était dimanche.
07:45Israël, même ce génocide,
07:47grâce à la complicité des gouvernements occidentaux,
07:51grâce à la complicité de la France,
07:53M. Macron et son gouvernement
07:55un jour seront jugés
07:57pour complicité de génocide.
07:59Alors nous, pendant ce temps-là, les amis,
08:02on va aller jusqu'au bout.
08:04Et oui, notre camarade Elias avait raison.
08:06Le seul chemin dans les rues de Paris,
08:08partout, c'est l'intifada.
08:10Alors je précise que quand il dit « notre camarade Elias »
08:12avait raison.
08:13Le camarade Elias, c'est Elias d'Imzalen,
08:17placé sous contrôle judiciaire depuis,
08:19pour avoir appelé à l'intifada lors d'une manifestation
08:21début septembre.
08:22Il sera jugé par le tribunal correctionnel
08:24pour provocation publique à la haine
08:26ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation,
08:28la race ou la religion.
08:29Est-ce que vous condamnez les propos
08:31de l'assistant parlementaire de Mme Erselia Soudé ?
08:33Les positions qui sont celles de la France insoumise,
08:35elles sont exprimées par les dirigeants de la France insoumise.
08:37Est-ce que vous condamnez ces propos ?
08:38Attendez, laissez-moi terminer une phrase si vous voulez bien.
08:40Les positions de la France insoumise,
08:42elles sont exprimées par les dirigeants de la France insoumise,
08:44les députés de la France insoumise,
08:45et donc les positions de la France insoumise,
08:47c'est celles que j'exprime à cet instant.
08:49Les propos qui ont été tenus et l'utilisation du terme d'intifada,
08:52je vous ai dit pourquoi, personnellement,
08:54je ne les utilisais pas,
08:55même si je sais que pour certains,
08:56ils l'utilisent en parlant de soulèvement
08:58et qu'il n'y a pas de connotation autre que celle-là.
09:00Enfin là, quand il dit l'intifada dans les rues de Paris,
09:02partout, et en faisant référence à Elias Dinizalem.
09:06Bref, ce n'est pas mes positions,
09:07je vous ai exprimé mes positions à moi
09:09et maintenant vous m'interrogiez sur la complicité de la France
09:12et je considère en tout cas
09:14que la France ne fait pas le nécessaire
09:16pour mettre un terme à cette action de l'armée israélienne,
09:19ne prend pas les mesures nécessaires
09:21pour constituer un rapport de force avec M. Netanyahou,
09:23par exemple en décidant d'infliger des sanctions
09:26à l'égard du gouvernement de M. Netanyahou,
09:28ce que la France refuse de faire,
09:30alors que nous le demandons depuis des mois et des mois.
09:32La France, par la voix d'Emmanuel Macron,
09:33qui a dit qu'il ne fallait pas livrer d'armes à Israël.
09:36Exactement, c'est ce que nous demandons
09:37depuis des mois et des mois.
09:39Je me félicite en quelque sorte
09:40que le président de la République vienne enfin sur ce terrain,
09:43mais d'abord il a fallu beaucoup de temps pour le faire
09:45et il y a d'autres mesures qu'il faut prendre.
09:47La reconnaissance de l'État de Palestine,
09:49c'est par exemple ce qu'a décidé de faire l'Espagne il y a quelques mois
09:51et que la France se refuse à faire.
09:53Les sanctions économiques à l'égard du gouvernement de M. Netanyahou
09:56qui viole allègrement le droit international,
09:58que ce soit à Gaza ou que ce soit au Liban,
10:01ou par exemple la suspension des accords de partenariat économique
10:04entre l'Union européenne et l'État d'Israël.
10:06Voilà la position qu'il y a.
10:07Mais sur le fond, Manuel Bonpart,
10:08quand vous avez entendu ces propos
10:10de l'assistant parlementaire d'une de vos députées,
10:12ça vous fait quoi ?
10:13Vous en pensez quoi en vrai ?
10:14Je pense que vous cherchez à utiliser
10:16des petits propos qui ont été tenus ici ou là
10:18pour masquer la réalité,
10:20pour masquer la réalité du scandale
10:22de ce qui se passe aujourd'hui à Gaza.
10:24Vous ne répondez pas à ma question,
10:26Manuel Bonpart, qu'est-ce que vous en pensez ?
10:28Mais je ne suis pas d'accord avec ces propos.
10:30Je l'ai dit à Pauline Damelard,
10:31qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?
10:32Je vous ai donc dit quelle était la position politique.
10:34Mais je suis surprise que vous soyez surpris
10:36et je suis surtout surprise que vous disiez
10:37que c'est sorti sans contexte.
10:38Je suis assez surpris que vous me fassiez 10 minutes
10:39d'interview sur les propos d'un assistant parlementaire
10:41d'une députée insoumise.
10:42Ce n'est pas rien.
10:43Moi il me semble que...
10:44Ce n'est pas rien.
10:45Je ne sais pas, vous trouvez ça peut-être
10:46complètement à rien.
10:47Si vous avez des choses à reprocher
10:48à la France Insoumise,
10:50prenez des propos qu'ont été nommés
10:51par les députés de la France Insoumise
10:53et interrogez-moi dessus.
10:54Je vous demande si vous vous désolidarisez
10:55effectivement de ces propos,
10:56je vous ai dit, je vous ai répondu,
10:57je peux vous répondre une fois si vous voulez.
10:59Bien sûr, vous n'hésiterez pas.
11:00Ce même assistant parlementaire,
11:02il a déjà été poursuivi pour menace de mort
11:05sur le président lors du dernier salon de l'agriculture.
11:07Le président Emmanuel Macron à qui il avait crié,
11:10je cite,
11:11« N'oublie jamais que nous sommes dans le pays
11:12de la Révolution française,
11:13le pays qui fait tomber la tête des monarques. »
11:15C'est lui aussi qui s'était jeté sur la scène
11:17lors de la fête de l'Humanité l'an dernier
11:19pour arracher le micro des mains d'Edouard Philippe
11:21pour l'empêcher de débattre,
11:22débattre tout simplement,
11:23avec Fabien Roussel,
11:24le secrétaire national du Parti Communiste,
11:26qui est quand même un de vos alliés.
11:28Je voudrais comprendre
11:30comment est-ce que tout cela vous paraît normal,
11:32logique,
11:34salarié d'une députée à l'AFI ?
11:36Madame, je vais vous informer de quelque chose.
11:38Ce n'est pas moi qui choisis
11:39les assistants parlementaires
11:40de l'ensemble des députés insoumis.
11:41Donc vous m'interrogez sur les positions politiques
11:43qu'il a pu défendre,
11:45et moi je vous réponds avec les positions politiques
11:47qui sont les miennes,
11:48y compris quand parfois
11:49elles sont contradictoires
11:50avec les positions politiques qu'il a pu défendre.
11:51Ça me paraît assez simple,
11:52et il me semble que votre responsabilité,
11:54si je peux me permettre,
11:55c'est plutôt de m'interroger sur mes positions politiques.
11:57C'est ce que je fais.
11:58Je voudrais justement que vous puissiez parler
12:00de ces propos.
12:01Et vous voulez le faire.
12:02J'imagine que vous en parlez
12:03avec Hercilia Soudès.
12:04Je vais sans doute le faire,
12:05oui, bien sûr.
12:06Motion de censure,
12:08que vous allez défendre
12:10cet après-midi.
12:11Qu'en dire ?
12:12Parce qu'en fait,
12:13on sait, vous et moi,
12:14ce matin,
12:15qu'elle ne va pas passer.
12:16Enfin, pas passer aujourd'hui,
12:17elle passera peut-être un jour,
12:18mais pas celle-là.
12:19Écoutez, d'abord,
12:20je veux dire que notre objectif,
12:21c'est une motion de censure
12:22que nous avons déposée
12:23avec le Nouveau Front Populaire,
12:24et notre objectif,
12:25effectivement,
12:26c'est de censurer
12:27le gouvernement de Michel Barnier.
12:28D'abord,
12:29parce qu'il a une illégitimité
12:30dans la manière
12:31avec laquelle
12:32il a été constitué,
12:33parce qu'il ne représente pas
12:34le résultat
12:35des dernières élections législatives.
12:37Et deuxièmement,
12:38parce que les orientations,
12:39les propositions politiques
12:40qu'il a mises sur la table
12:41depuis son discours
12:42de politique générale,
12:43nécessitent la censure.
12:44Et ce que j'observe,
12:45c'est qu'il y a
12:46un certain nombre
12:47de formations politiques
12:48qui avaient posé
12:49des lignes rouges.
12:50Des lignes rouges.
12:51J'ai entendu M. Ciotti,
12:52j'ai entendu Mme Le Pen.
12:53Notre ligne rouge,
12:54c'est qu'il faut que les mesures
12:55qui soient annoncées
12:57par M. Barnier
12:58ne frappent pas
12:59les classes moyennes
13:00et les classes populaires.
13:01Depuis que ces lignes rouges
13:02ont été énoncées,
13:03M. Barnier a indiqué
13:04qu'il allait prendre
13:05150 euros en moyenne
13:06à tous les retraités
13:07de ce pays,
13:08que les factures d'électricité
13:09allaient sans doute...
13:10Il allait pas les donner.
13:11Oui.
13:12Il y avait une revalorisation
13:13normalement automatique
13:14au 1er janvier.
13:15Elle est reportée
13:16au 1er juillet.
13:17C'est 150 euros en moins
13:18pour tous les retraités
13:19de ce pays.
13:20Il a eu l'air de me dire
13:21et c'était dans la tribune dimanche
13:22qu'il allait peut-être
13:23revenir là-dessus.
13:24Il a dit ensuite
13:25que les tarifs
13:26de l'électricité
13:27vont augmenter.
13:28Ensuite qu'on va
13:29s'en prendre
13:30à l'indemnisation
13:31et au remboursement
13:32des médicaments.
13:33Qu'est-ce que vous êtes
13:34en train de faire,
13:35vous êtes en train
13:36de vous adresser
13:37au Rassemblement national
13:38et leur dire
13:39votez notre motion ?
13:40Soyez cohérent, votez notre motion.
13:41Je suis en train de dire
13:42que les électrices
13:43et les électeurs...
13:44Vous seriez un peu encombré,
13:45vous seriez embêté quand même
13:46s'il a voté.
13:47Attendez, attendez.
13:48Regardez, c'est simple.
13:49C'est pour ça
13:50que vous vous retrouvez
13:51dans une position
13:52un peu compliquée.
13:53Vous aimeriez bien
13:54qu'elle passe la motion
13:55mais à l'instant,
13:56il faudrait dire merci à elle.
13:57Ma position, c'est simple,
13:58c'est celle de la cohérence politique.
13:59Je vais vous dire une chose très simple.
14:00Quand on est en désaccord
14:01avec la politique d'un gouvernement,
14:02on le censure.
14:03Quand on a fait campagne
14:04en disant
14:05si vous m'élisez,
14:06je vais rompre
14:07avec la politique macroniste
14:08et que vous avez
14:09un gouvernement
14:10qui est là
14:11pour faire la continuité
14:12avec la politique macroniste,
14:13si vous ne prenez pas
14:14vos électrices et vos électeurs
14:15pour des imbéciles,
14:16si vous les respectez,
14:17si vous respectez
14:18le mandat qu'on vous a confié,
14:19vous censurez le gouvernement.
14:24Ce sont ces formations politiques
14:25qui ont fait campagne
14:26au moment des élections législatives
14:27et c'est notamment
14:28la droite et l'extrême droite,
14:29M. Sciotti, Mme Le Pen
14:31qui ont dit
14:32vous voyez,
14:33attention, attention,
14:34votez pour moi
14:35parce que si vous votez pour moi,
14:36à la fin, il y aura
14:37une rupture avec le macronisme
14:38et qui en fait,
14:39deviennent les béquilles
14:40de la continuité du macronisme.
14:41Je pense que ça devrait
14:42intéresser les électrices
14:43et les électeurs
14:44de ce pays, tout simplement.
14:45Alors, tirons juste le fil
14:46si on va jusqu'au bout
14:47de ce que vous dites
14:48et que l'URN
14:49est convaincue par vos propos
14:50cet après-midi
14:51et qu'il vote
14:53C'est pas à moi
14:54qu'il faut poser la question,
14:55il faut poser la question
14:56à Emmanuel Macron.
14:57Vous serez content ?
14:58Mais moi, si le gouvernement
14:59de Michel Barnier tombe,
15:00je pense que c'est une bonne chose
15:01pour le pays.
15:02Donc oui, je serai content
15:03mais c'est à Emmanuel Macron
15:04qu'il faudra poser la question
15:05de savoir dans ce cas-là
15:06qu'est-ce qu'il va faire.
15:07Ce que vous voulez dire,
15:08c'est que vous n'êtes même pas sûr
15:09que s'il y avait une motion de censure
15:10adoptée véritablement
15:11contre Michel Barnier,
15:12alors Emmanuel Macron
15:13en tiendrait compte ?
15:14Vous pensez qu'il passerait
15:15quand même en force ?
15:16Non, il n'aurait pas le choix.
15:17Si le gouvernement
15:18de Michel Barnier tombe,
15:19il n'y a plus de gouvernement
15:20de Michel Barnier.
15:21Donc la question qui est posée
15:22dans ce cas-là
15:23au Président de la République,
15:24c'est que soit il a eu
15:25une autre proposition à faire,
15:26peut-être qu'enfin
15:27il pourrait nommer
15:28la candidate proposée
15:29par le Nouveau Front Populaire
15:30à Lucie Castex,
15:31bien évidemment,
15:32puisque le Nouveau Front Populaire
15:33est arrivé en tête
15:34des dernières élections législatives.
15:36Donc peut-être qu'enfin
15:37il pourrait prendre cette décision
15:38mais comme je vois
15:39que manifestement
15:40il n'en a pas l'intention,
15:41peut-être qu'alors que la question
15:42qui sera posée
15:43sera celle de son départ, non ?
15:44Avec cette destitution
15:46que vous aviez lancée
15:47qui elle non plus
15:48n'a pas abouti pour l'instant.
15:49C'est la première fois
15:51dans toute l'histoire
15:52de la Ve République
15:53qu'une motion de destitution
15:54passe l'étape du bureau
15:55de l'Assemblée Nationale.
15:56Il y a eu un vote
15:57en commission des lois,
15:58ça c'était la semaine dernière.
15:59Dans ce vote en commission des lois,
16:01les insoumis, les communistes,
16:03les écologistes
16:04ont voté en faveur
16:05de cette motion de destitution.
16:07Pas les socialistes ?
16:08Non, les socialistes
16:09ne l'ont pas votée,
16:10ils l'avaient annoncé d'ailleurs.
16:12Et ensuite,
16:13le Rassemblement National non plus,
16:15ce qui à mon avis
16:16renforce mon sentiment
16:17d'incohérence et de complicité
16:20du Rassemblement National
16:21avec la politique d'Emmanuel Macron.
16:23Mais normalement,
16:24le texte de motion de destitution
16:25doit être inscrit
16:26sous dix jours maintenant
16:27pour un débat
16:28à l'intérieur de l'hémicycle
16:29de l'Assemblée Nationale.
16:30Je souhaite que ça arrive.
16:31Un mot sur la question
16:32justement de l'unité de la gauche.
16:33Il commence à se dire
16:34qu'il faudrait un candidat unique
16:36de la gauche en 2027.
16:38Visiblement, vous n'êtes pas
16:39tout à fait d'accord
16:40sur qui pour ce casting.
16:41On a Raphaël Luxman
16:42qui ce week-end a dit
16:43qu'il était...
16:44Enfin, a laissé entendre
16:45qu'il était prêt
16:46et qu'il voulait faire gagner
16:47son pôle de la gauche.
16:48Non mais attendez,
16:49Raphaël Luxman,
16:50il a dit dimanche
16:51que c'est la dernière fois
16:52qu'il y avait un accord
16:53pour lui,
16:54qu'il y avait un accord global
16:55de la gauche
16:56aux élections législatives.
16:57Donc là, je trouve
16:58que Raphaël Luxman
16:59devrait préciser ses propos.
17:00Est-ce que ça veut dire
17:01qu'il renonce
17:02et que les candidats
17:03investis par sa formation politique
17:04dans le cadre
17:05du Nouveau Front Populaire
17:06renoncent à cette investiture ?
17:07Je trouve que c'est quand même
17:08une question
17:09qui mérite d'être posée
17:10parce que Raphaël Luxman
17:13et Mme Delga
17:14qui disent maintenant
17:15qu'il ne faut plus jamais
17:16rien faire avec les Insoumis,
17:17il y a deux mois,
17:18ils étaient plutôt contents
17:19d'avoir des candidats
17:20soutenus par la France Insoumise
17:21avec les militants
17:22insoumis qui faisaient leur campagne.
17:23Donc vous êtes surpris ?
17:24Vous pensez que c'est
17:25une décision tout à fait solitaire
17:26et perdante ?
17:27Je pose la question
17:28de savoir si c'est une rupture
17:29avec le Nouveau Front Populaire.
17:30J'aimerais avoir une réponse
17:31à cette question
17:32pour qu'on puisse ensuite
17:33prendre nos dispositions
17:34pour nous organiser.
17:35Et dans ces cas-là,
17:36vous aurez votre propre candidat
17:37et puis eux, le leur ?
17:38La question peut se poser.
17:39J'entends de multiples déclarations,
17:41celle de M. Luxman par exemple,
17:43qui disent
17:44« On a un problème
17:45avec le programme
17:46du Nouveau Front Populaire ».
17:47Bon, moi j'aimerais bien
17:48comprendre sur quel point.
17:49Quel est le programme
17:50de M. Luxman ?
17:51Quels sont les points
17:52du programme
17:53du Nouveau Front Populaire
17:54avec lesquels M. Luxman
17:55est en désaccord ?
17:56Vous n'en avez jamais parlé
17:57avec lui directement ?
17:58C'est surtout qu'il me semble
17:59que normalement
18:00quand on a vocation
18:01ou quand on souhaite être candidat
18:02à telle ou telle élection,
18:03il me semble que normalement
18:04en politique,
18:05on est candidat
18:06pour défendre un programme.
18:07Donc j'ai compris
18:08qu'il ne voulait pas du programme
18:09de la France Insoumise.
18:10Je n'ai pas compris
18:11quel était son propre programme
18:12à lui.
18:13Donc ce serait peut-être bien
18:14qu'il puisse le dire
18:15pour qu'on puisse
18:16éventuellement en débattre.
18:17Il me semble que ce serait nécessaire.
18:18Et s'il y a des interrogations,
18:19s'il y a des choses
18:20qui vous plaisent,
18:21il pourrait être
18:22le candidat de toute la gauche ?
18:23Mais il dit lui-même
18:24qu'il ne veut pas
18:25de la France Insoumise
18:26à Pauline de Manart.
18:27Je ne vais pas vous dire
18:28que moi je vais soutenir.
18:29Non mais il ne veut pas
18:30de la France Insoumise
18:31avec ce programme-là.
18:32Non mais moi justement,
18:33je défends un programme.
18:34Avec lequel il ne serait pas
18:35d'accord.
18:38En tout cas,
18:39cet après-midi,
18:40vous serez tous ensemble.
18:41C'est d'ailleurs
18:42le Parti Socialiste aussi
18:43qui va défendre
18:44cette motion de censure
18:45du Nouveau Front Populaire.
18:46Manuel Bompard,
18:47juste,
18:48vous avez dit tout à l'heure
18:49oui, je vais lui en parler
18:50à Hercilas.
18:51Vous savez dire,
18:52vous allez lui dire quoi ?
18:53Mais ça ne vous regarde pas.
18:54Non mais parce que
18:55comme vous avez fait déjà
18:56des gens,
18:57vous en avez viré
18:58un certain nombre déjà
18:59dans votre parti.
19:00Vous ne leur dites d'ailleurs
19:01pas toujours.
19:02La personne dont vous me parlez
19:03n'est pas membre
19:04de la France Insoumise.
19:05Je ne sais même pas
19:06de quoi vous me posez
19:07comme question.
19:08Vous venez de dire
19:09que vous alliez en parler
19:10avec elle, non ?
19:11Parce que j'en parle,
19:12oui, bien sûr.
19:13Je parle avec les députés
19:14de mon groupe
19:15de plein de choses
19:16à Pauline de Malherbe.
19:17Mais vous n'estimez pas
19:18en tout cas que cette personne
19:19doit arrêter de s'exprimer
19:20au non visiblement
19:21puisque vous n'êtes pas d'accord
19:22avec cette personne.
19:23Vous savez que depuis un an,
19:24il y a à peu près
19:25plus de 40 000 civils palestiniens
19:27qui sont morts à Gaza.
19:28Vous savez que depuis un an,
19:29il y a à peu près
19:302 000 Libanais
19:32qui sont morts au Liban.
19:34Bien sûr.
19:35En fait, je ne vois pas le rapport.
19:36Je vais vous dire le rapport.
19:37Vous ne pensez pas
19:38que ça mérite peut-être
19:39qu'on y consacre
19:40un peu plus de temps d'antenne
19:41et un peu moins de temps d'antenne
19:42sur les propos tenus
19:43dans une manifestation ?
19:44Parce que vous estimez
19:45qu'on n'en parle pas assez ?
19:46Ah oui, je pense qu'on n'en parle
19:47pas suffisamment.
19:48Et je pense que ça,
19:49c'est quand même peut-être
19:50un petit peu plus important
19:51de pouvoir dire
19:52que c'est une opposition
19:53de qu'est-ce qu'on fait en sorte
19:54de qu'est-ce qu'on fait
19:55à Pauline de Malherbe
19:56pour arrêter les massacres
19:58Vous, ça ne vous intéresse pas
19:59un appel à une kiffade en France ?
20:00Je vous ai répondu sur ce point
20:01à Pauline de Malherbe.
20:02Je trouve que revenir
20:03à l'issue de l'interview
20:04alors qu'on a déjà
20:05discuté dix minutes
20:06sur ce sujet,
20:07excusez-moi,
20:08je trouve que c'est
20:09un taux d'antenne
20:10accordé à ce sujet
20:11totalement disproportionné.
20:12Pour ma part,
20:13je veux consacrer
20:14l'essentiel de mon temps
20:15et l'essentiel de mon énergie
20:16à essayer de faire en sorte
20:17que la situation en France
20:18s'améliore bien sûr,
20:19mais aussi qu'à l'échelle
20:20internationale,
20:21les massacres qui ont cours
20:22à Gaza et au Liban
20:23s'arrêtent le plus rapidement
20:28Et je forme le vœu
20:29que le Président de la République
20:30hausse enfin le ton
20:31avec M. Netanyahou
20:32pour leur amener
20:33à la table de négociation
20:34pour obtenir un cessez-foutre
20:35global le plus rapidement possible.
20:36Et par ailleurs,
20:37je précise que BFM TV et RMC
20:38sont présents partout
20:39et en ce moment même
20:40avec des émissions spéciales,
20:41vous l'avez vu,
20:42et nos représentants
20:43partout,
20:44partout,
20:45partout,
20:46que ce soit au Liban
20:47ou en Israël.
20:48Je ne vous ai pas dit
20:49que vous n'étiez pas présents
20:50partout,
20:51je vous dis qu'il me semble
20:52que l'horreur des massacres
20:53qui ont lieu à Gaza
20:54et au Liban
20:55mérite peut-être
20:56qu'on puisse parler
20:57de ce sujet en tant que tel
20:58et pas à travers
20:59des polémiques
21:00qu'on essaye de construire
21:01sur les déclarations
21:02des uns et des autres.
21:03Et en parlant en tant que tel,
21:04je suis parfaitement d'accord
21:05avec vous là-dessus.
21:06Manuel Bompard,
21:07coordinateur de la France Insoumise
21:08et député des Bouches-du-Rhône,
21:09merci d'avoir répondu
21:10à mes questions.
21:11Il est 8h53 sur RMC-BFM TV.