CONSOMMATION - Thierry Cotillard, président des Mousquetaires, est l'invité de Yves Calvi
Où en sont les prix de l'alimentation ? L'inflation de ces derniers mois, pour ne pas dire de ces dernières années, est-elle oui ou non derrière nous ? Les Jeux olympiques et paralympiques ont-ils boosté la consommation ? Écoutez Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires, qui comprend entre autres les enseignes Intermarché, Bricomarché et Netto.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 17 septembre 2024.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 17 septembre 2024.
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00:00RTL Soir
00:02Yves Calvi et Agnès Bonfillan
00:04Il est 18h19, bonsoir Thierry Cotillard
00:06Bonsoir
00:07Merci de nous rejoindre sur RTL, vous présidez le groupement Les Mousquetaires
00:09qui comprend entre autres les enseignes intermarché,
00:11bricomarché et netto.
00:13Commençons avec les prix de l'alimentation, si vous le voulez bien.
00:15L'assiette des français, où en est-on ?
00:17Et quelle est la tendance ?
00:19Plutôt des bonnes nouvelles en cette rentrée,
00:21puisque l'inflation est à moins de 2 chiffres,
00:23maintenant on est à moins de 2% même.
00:25Et dans tout ça, l'alimentaire
00:27commence à enregistrer des baisses de prix.
00:29Donc ça c'est une très bonne nouvelle pour les français.
00:31Quel type de produits ?
00:33Les produits où la matière première a baissé, le papier.
00:35C'est pour ça qu'on a eu une rentrée des classes qui était
00:37moins coûteuse. Avant il y a eu les céréales,
00:39donc les biscuits coûtent moins cher.
00:41Et quand je vous dis le papier, c'est l'essuie-tuque qui est à moins 7%.
00:43Donc ça c'est la bonne nouvelle.
00:45Mais malgré ça, vous avez encore des français
00:47qui sont préoccupés par leur pouvoir d'achat.
00:49Et donc le ressenti n'est pas encore là
00:51réellement des baisses.
00:53Et dans cette rentrée, je tiens à préciser qu'il y a quand même
00:55un sujet de précarité pour les étudiants.
00:57C'est une cible qui doit travailler
00:59pour subvenir à leurs besoins.
01:011 sur 5, c'est la statistique.
01:03Saute un repas pour y arriver.
01:05Donc on a fait un plan de bonne rentrée.
01:07Donc si vous vous déplacez,
01:09vous allez chez Rodi, vous avez 25% sur la vidange.
01:11Pour s'équiper, bricorama,
01:13puisque vous l'avez cité, c'est une des enseignes.
01:15Un bureau, une lampe et une chaise, c'est 85 euros.
01:17Et surtout intermarché, dans l'appli
01:19communauté étudiant, 10% de remise
01:21en plus de tout ce qu'on fait pour leur donner un coup de main.
01:23Tout étudiant qui est rentré dans l'appli bénéficiera
01:25à la caisse de 10% de réduction.
01:27Exactement, en plus de tout ce qu'on peut faire.
01:29C'est l'engagement qu'on a pris, c'est exceptionnel.
01:31Ça a commencé il y a 8 jours et c'est
01:33jusqu'au 30 septembre.
01:35Si je vous dis, on a bien compris néanmoins qu'on ne reviendra jamais
01:37au prix d'avant. Vous me dites oui, monsieur Calvi ?
01:39C'est vrai, on va se battre dans les prochaines
01:41négociations pour obtenir des baisses.
01:43Mais la réalité, c'est qu'on ne va pas gommer
01:4520 points d'inflation. On va essayer d'obtenir,
01:47comme on est en train de le faire sur les marques
01:49de distributeur, des baisses significatives de 5 à 10 points.
01:51Mais on aura en face de nous
01:53des industriels, on l'est aussi,
01:55qui pourront expliquer que l'électricité
01:57n'a pas complètement retrouvé
01:59le prix d'avant et surtout les salaires ont augmenté.
02:01C'est pour ça qu'il y aura une partie
02:03de l'inflation qui va bien sûr rester demain.
02:05Thierry Cotillard, il paraît que nos Jeux Olympiques ont boosté la consommation
02:07cet été. Est-ce que c'est vrai ?
02:09C'est vrai, c'est une
02:11réalité dans les intermarchés des
02:13Nettos et je pense chez les
02:15concurrents. On a eu
02:17un mois de juillet qui était compliqué parce que
02:19le climat, mauvaise météo et peut-être l'environnement
02:21politique qui était instable.
02:23L'été s'écoute, on a presque cartonné,
02:25on a fait 11% de progression,
02:27notamment évidemment à Paris
02:29et dans les villes en août
02:31avec des familles comme le
02:33snacking, les salades, les sandwiches
02:35qui ont explosé.
02:37Je comprends mieux pourquoi tous les restaurateurs me disent
02:39qu'ils n'ont pas bien travaillé. Si
02:41tout le monde est allé chercher son sandwich
02:43dans vos magasins... C'est possible qu'il y a eu un transfert
02:45parce que c'était des gens évidemment qui étaient
02:47pressés et donc ils sont venus dans les supermarchés
02:49et ça a fait une très bonne saison.
02:51Effectivement. Ce nouveau terme que l'on emploie
02:53la déconsommation, ça
02:55existe vraiment et qu'est-ce que ça veut dire ?
02:57Moi je me méfie des mots comme ça qui apparaissent dans la...
02:59On va prendre une minute parce que c'est important.
03:01Les faits sont là,
03:03la consommation baisse de 1,8%
03:05en France depuis
03:07le début de l'année. Donc c'est factuel,
03:09on déconsomme. Par contre, c'est une moyenne.
03:11C'est la règle des
03:13trois tiers que je vais vous expliquer.
03:15Il y a un tiers qui n'ont pas changé leurs
03:17habitudes parce qu'ils ont certainement
03:19un revenu qui est suffisant.
03:21Un deuxième tiers qui a changé ses
03:23habitudes en consommant plus de marques de distributeurs
03:25qui coûtent moins cher que la marque nationale
03:27de l'ordre de 30%.
03:29Et là où on a eu un début de déconsommation,
03:31c'est le tiers des Français. Donc le tiers
03:33de 60 millions c'est pas loin de 20 millions de Français
03:35qui ont décidé,
03:37qui n'ont pas eu le choix que d'arrêter
03:39de consommer de la viande, du poisson
03:41ou des produits biologiques. Et ça,
03:43évidemment, ça engendre la déconsommation
03:45globale de la moyenne. En fait, ce sont des Français
03:47qui n'arrivent plus à suivre la hausse des prix et qui se privent ?
03:49Exactement. C'est ce qu'on observe.
03:51Donc c'est, pardonnez-moi, une déconsommation subie.
03:53Elle n'est pas choisie. Elle est complètement subie.
03:55Et ce qu'on a fait, nous, parce que vous savez,
03:57on a nos bateaux et nos abattoirs, on s'est dit
03:59on va proposer un steak haché à
04:01moins de 10 euros. Lorsque vous faites encore
04:03des prix aussi puissants que ceux-là, c'est-à-dire
04:05attractifs, on ne déconsomme
04:07pas et nous on est en progression. Donc c'est bien.
04:09Le vouloir d'achat est là. C'est le pouvoir
04:11d'achat qui ne suit pas. Avec de la viande française ?
04:13Avec de la viande 100% française.
04:15Des abattoirs de Bretagne qui sont avitrés.
04:17Qui sont ces déconsommateurs ? Des familles ?
04:19Des étudiants ? Des chômeurs ?
04:21Ou finalement, ça commence à
04:23toucher un public plus large ?
04:25Ces populations-là,
04:27je vous ai cité la précarité des étudiants,
04:29donc 1 sur 5 sautent des repas.
04:31Les chômeurs, les revenus
04:33effectivement les plus fragiles.
04:35Et c'est là que, bien évidemment,
04:37nous, distributeurs, on a l'obligation
04:39de proposer les meilleurs plans possibles.
04:41On s'est adressé aux étudiants avec ce que je vous ai expliqué.
04:43Et puis quand on a, comme en ce moment,
04:45l'anniversaire Chintermarché, vous savez,
04:47il y avait une loi de creusaille qui nous interdisait
04:49aux produits de faire des remises de 34%.
04:51On a été malins. En ce moment, c'est
04:5380% de remises sur, non pas
04:55un produit, mais la marque Sun par
04:57exemple, qui fait
04:59évidemment du lavage.
05:01Et donc, on contourne un petit peu la loi,
05:03mais c'est au bénéfice de nos consommateurs.
05:05En tout cas, on a
05:07un texte de loi qui nous autorise à le faire.
05:09Donc, je ne la contourne pas. J'applique le texte de loi
05:11comme il se doit.
05:13Ça ne doit pas être facile d'avancer sans gouvernement, non ?
05:15Comment vous faites vos prévisions en ce moment,
05:17surtout quand ça dure depuis plus de deux mois ?
05:19C'est effectivement une bonne nouvelle déjà
05:21qu'il y ait un Premier ministre qui soit nommé.
05:23C'est une bonne nouvelle qu'on évite
05:25des ministres qui soient sur les sujets.
05:27Et ce qu'on a envie de leur dire,
05:29vous savez, c'est
05:31ne tombez pas dans la caricature facile
05:33de penser qu'on va être le coupable idéal
05:35sur le sujet de la chaîne alimentaire,
05:37parce qu'on est les derniers à présenter la facture.
05:39On a une responsabilité sur le sujet agricole
05:41qui doit être en haut de la pile du Premier ministre.
05:43Et on aura des propositions, évidemment,
05:45à faire, ce qu'on souhaite surtout.
05:47Et donc, pardonnez-moi, en ce moment, vous n'avez pas d'interlocuteur
05:49depuis la dissolution. C'est un problème.
05:51Bien sûr que c'est un problème, mais on est pressés
05:53d'avoir un ministre de l'Agriculture.
05:55Vous dites quoi ce soir à Barnier, ou à Michel Barnier ?
05:57Dépêchez-vous de nommer votre...
05:59L'annonce va être faite certainement cette semaine.
06:01Et donc, on sera ravis de pouvoir aller défendre
06:03ces trois positions. La première, c'est
06:05nous permettre de continuer à investir, nous permettre
06:07de continuer à embaucher. Par exemple, il y avait une mesure,
06:09vous savez, pour aider les jeunes dans l'apprentissage.
06:11C'est 800 000 jeunes qu'on a mis au boulot
06:13et qui ont des carrières chez nous.
06:15Donc ça, on pense que c'est une bonne mesure.
06:17Il faut la poursuivre. Et puis, sur le sujet
06:19des négociations commerciales,
06:21on n'a plus de temps à perdre. Vous savez, on est à un mois et demi
06:23du début des négociations.
06:25Donc, dès que le ministre de l'Économie...
06:27Pendant que tout le monde s'engueule, je ne sais combien de temps ?
06:29Il y a un rapport de force, il y a une discussion.
06:31En tout cas, on a des propositions rapides à leur faire.
06:33En tout cas, notre premier ministre,
06:35Michel Barnier, a été ministre de l'Agriculture.
06:37Donc, il devrait être sensible quand même aux demandes
06:39des éleveurs, des entreprises de l'agroalimentaire.
06:41Il y a cet univers-là, non ?
06:43Non, on a un premier
06:45ministre qui a l'expertise du monde
06:47agricole, qui a aussi l'expertise des compromis.
06:49Je pense que son expérience européenne
06:51lui a appris à travailler
06:53avec le compromis. Et je pense qu'il y a
06:55des compromis entre les industriels,
06:57les distributeurs et les agriculteurs
06:59à trouver. En tout cas, on a
07:01l'intime conviction qu'il va falloir
07:03demain plus de transparence et de
07:05directivité pour aider les agriculteurs à mieux
07:07vivre de leurs revenus.
07:08Qu'espérez-vous des prochaines négociations commerciales
07:10pour 2025 ?
07:11Deux choses...
07:13Ça nous concerne tous, nous Français.
07:15La première préoccupation des
07:17Français, on vient de le dire, c'est le pouvoir d'achat.
07:19Donc, ce qu'on espère obtenir des négociations, c'est
07:21des baisses de prix. Parce qu'en fait, quand on obtient
07:23des baisses de prix de l'industriel, on les répercutera
07:25immédiatement chez Intermarché Netto.
07:27Ce sera une bonne nouvelle pour les Français.
07:29Dans ces négociations...
07:31Dans la même proportion ?
07:33Exactement. On a même été plus loin. Lorsqu'on avait
07:35obtenu...
07:36Je vous vends mes biscuits, on va dire,
07:38moins 10%, vous baissez le tarif de vente
07:40de 10% ?
07:42Exactement. Parce qu'on sait qu'en fait, il y a une attractivité
07:44par rapport au prix. Donc, quand on a moins 10%, on répercute
07:46moins 10%. Et quand on a eu plus 20%,
07:48on a plutôt fait plus 18% et on a pris
07:50sur nos marges parce qu'on savait qu'on allait trop haut.
07:52Donc oui, je vous le redis, on répercutera
07:54à l'euro près
07:56les baisses de prix parce que c'est l'attente des Français.
07:58Et il y a surtout une vraie compète.
08:00Si je ne le fais pas, Leclerc le fera au Carrefour et donc
08:02il faut être dans le match.
08:03Ce n'est quand même pas le grand forum de l'amour parce qu'on va entendre dans
08:05quelques instants nos éleveurs qui sont furieux.
08:07La grande distribution nous distille les presses
08:09pour ne pas dire les oppresses. Est-ce que vous leur répondez ce soir ?
08:11Moi, je leur réponds que
08:13je ne négocie pas en direct avec eux.
08:15Je le fais quand on a des abattoirs.
08:17C'est le cas. On travaille avec aussi
08:19des éleveurs de lait pour notre laiterie. On est les seuls
08:21distributeurs à avoir notre laiterie.
08:23En revanche, le lait que Lactalis
08:25achète, c'est bien du ressort de Lactalis.
08:27Ce qu'on dit ce soir, mais ça fait
08:29quelques mois qu'on le dit et on va le dire cette semaine
08:31au futur ministre de l'économie, c'est
08:33faites un premier niveau de négociation entre
08:35les grands industriels et les agriculteurs.
08:37Ce prix-là, on n'y touche pas.
08:39On les met dans les conditions générales de vente.
08:41La fameuse sanctuarisation des conditions
08:43d'achat. Et à ce moment-là, laissez-nous
08:45négocier le reste. Et là, ça va préserver le revenu
08:47des agriculteurs. C'est la proposition qu'on fait.
08:49Merci beaucoup Thierry Cotillard. Vous présidez le groupement
08:51Mousquetaire. Très bonne soirée à vous.
08:53Et donc, je rappelle que les étudiants
08:55qui ont votre application auront
08:57moins 10% à la caisse, on est bien d'accord ?
08:59Exactement. Dans tous les intermarchés de France.
09:01Dans un instant, l'essentiel de l'actualité
09:03est une immersion qui va vous intéresser
09:05Thierry Cotillard. Nous allons au salon international
09:07de l'élevage à Rennes avec des agriculteurs
09:09en colère, je viens de vous le dire. Ils attendent
09:11un gouvernement et des réponses claires depuis
09:13plus de deux mois. A tout de suite sur RTL.