Sans les JO, on n’arrive pas à vivre ensemble - Tanguy Pastureau maltraite l'info
Tanguy a regardé ce week-end la parade des champions et ça lui a inspiré une proposition : des JO sans fin, à partir de demain.
Retrouvez « Tanguy Pastureau maltraite l’info » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/tanguy-pastureau-maltraite-l-info
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00:00Nagui, je vous ai vus à la télé ce samedi soir et je mesure la chance que j'ai de pouvoir
00:08vous le dire parce que les autres gens qui vous ont vus aujourd'hui sont comme des cons,
00:11ils disent la même chose mais à des collègues qui n'en ont rien à faire, ils ne peuvent
00:13pas savoir que vous aussi, sans doute, vous en foutez que je vous ai vus.
00:16Bref, je crois que je me pose trop de questions sur nous, mais c'est vrai que quand je vous
00:20vois en direct à la télé, je suis rassuré, je sais que vous n'êtes pas avec un autre
00:23chroniqueur que moi en train de me dire ce que vous me dites, que serais-je sans toi,
00:27ou alors je connais un sauna dans le 11ème où les mœurs sont libérales.
00:30Au début, je ne savais pas que c'était vous parce qu'avec l'âge, je perds la vision
00:33de près et la vision de loin, par exemple, je ne vois que les personnes qui se tiennent
00:37à distance normale de moi, ce qui fait que je zappe les misanthropes et les prédateurs
00:41sexuels.
00:42Donc, samedi soir, je regardais la télé sans la voir, quand soudain je perçois le
00:45rire de Léa Salamé, ce son cristallin et enchanteur qui rappelle tellement le chant
00:48des sirènes que si un jour, ivre, elle se lance dans un strip-tease et qu'on réalise
00:52que sous la ceinture, c'est une dorade, je serais à peine étonné.
00:55Donc là, je me dis, Léa Salamé rit, la personne à ses côtés doit être drôle,
00:58c'est pour ça que je n'ai pas immédiatement pensé à vous, mais là parvient à mes oreilles
01:02une phrase genre « c'est beau cette diversité, c'est la France qu'on aime, qui fait de
01:06ses différences une force », et j'ai crié « ça, c'est Nagui ». Alain Flou, avec
01:10qui je partage ma vie, me dit « bien wesh », et tout ça sans lunettes, ça me rend
01:14méfiant, je me dis à Floulou qui à 76 ans ne dirait pas « bien wesh ». Je hurle « qui
01:18êtes-vous ? », la personne me dit « je savais que le subterfuge ne pourrait pas
01:21durer forever, c'est moi, Aya Nakamura, j'ai toujours veillé à ce qu'elle soit
01:24très proche de toi pour que tu ne me vois pas ». Je dis « mais enfin, pourquoi ? ». Nakamura
01:28me répond « après mon succès à la cérémonie des JO, j'ai décidé de passer 24 heures
01:32chez chaque français que je n'ai pas encore réussi à convaincre ». Je dis « je trouvais
01:35ça bizarre aussi qu'Alain Floulou chante Jaja sous les douches ». Je laisse Aya Nakamura
01:39partir, en me promettant de la reconsidérer, quand soudain l'atroce vérité m'apparaît,
01:44France 2, cette chaîne cynique, démoniaque, il s'abreuve sans doute de Sandbouk, a séparé
01:48le duo Nagui et Leïla Kadour pour foutre Nagui avec Salamé, et je pensais à De Chavannes
01:52en pleurs chez lui, en train d'écrire sur WhatsApp « Leïla Kadour, on lâche tout
01:56et on fait notre émission tous les deux, on va les éclater ». J'étais d'autant
01:59plus triste que je savais que Leïla, quelques heures plus tôt, faisait son JT depuis la
02:03Place de l'Étoile, où, Nagui, vous étiez le soir-même, c'est-à-dire qu'avant c'était
02:07un rond-point, maintenant c'est un espace VIP, c'est-à-dire là-bas, il n'y a plus
02:10que le soldat qui est inconnu. Pour Nagui, il suffisait d'avancer la soirée à 15h30,
02:15et Leïla, d'attendre, plutôt que de te barrer directement à la Bibliothèque Nationale
02:19de France pour, je te cite, « passer un pur moment de fun », et vous vous seriez retrouvés,
02:23faites un effort, moi je ne suis pas là pour tout, donc j'étais là à regarder sur
02:26France 2 des visuels projetés sur l'Arc de Triomphe, tandis que Nagui, vous étiez
02:30en train de crier « faites du bruit », parce que vous êtes le seul de cet âge à vouloir
02:33ça, moi j'ai dix ans de moins, j'ai déjà envie que tout le monde ferme sa gueule.
02:36Mais j'ai chaussé mes lunettes, et j'ai vu que le public en liesse faisait du bruit,
02:41ces personnes vous obéissaient, vous les teniez comme le serpent dans le livre de la
02:45jungle, à un moment où vous deviez être drogué, vous avez hurlé « qui ne saute
02:48pas n'est pas français », et les gens ont sauté, mais l'emprise, moi j'aurais
02:53enchaîné sur un chabit de géant, mais vous n'êtes pas moi, d'où votre succès.
02:57Vous n'avez pas souhaité aller plus loin dans l'exercice de la manipulation des masses,
03:01vous auriez fait un dictateur nul, vous en Allemagne en 33, vous auriez crié en même
03:04temps « est-ce que c'est pas un peu facile de canaliser une opulsion négative à travers
03:07la haine des juifs, je demande ». Et samedi, j'étais devant mon écran, mais je sentais
03:12la ferveur de la foule, le président Macron a été jusqu'à sautiller sur place tout
03:16en tapant dans ses mains, ce qui a donné l'instant de vie le moins synchronisé de
03:20l'histoire de l'humanité, il paraît que mille chorégraphes se sont donnés la
03:23mort juste après ça, mais en fait, c'est passé, parce que tout ce qui touche à ces
03:28JO, c'est de la magie, on communie, on est ensemble, unis, j'ai failli envoyer un émoji
03:33cœur à Daniel, moi je ne pensais pas que le sport puisse faire ça, parce qu'au collège,
03:37le sport ne nous a pas rassemblés, il a divisé la classe, moi, par exemple, j'étais nul,
03:41à la corde à nœuds, j'arrivais à monter qu'au premier nœud, celui qui était par
03:43terre sur le parquet, quand il fallait faire les équipes au foot, j'étais le dernier
03:48choisi, vraiment, c'est-à-dire qu'une fois, la dame qui faisait le ménage est passée
03:50dans le gymnase derrière moi, alors que j'étais le dernier choix, ils l'ont choisi elle,
03:54elle avait 64 ans, elle boitait, cette Jacqueline a gâché mon enfance, 40 ans plus tard, je
03:58ne peux plus voir une serpillère s'enchialer. Mais là, le sport nous a soudés, on a chanté
04:03la Marseillaise ensemble, on a vibré comme des petits canards dans une soirée à thème,
04:07personne ne nous a jugés à la maison, quand on s'est mis à crier « Allez, la France
04:11éclate, nous, le chinois », même les gens de gauche qui étaient dans la pièce validaient
04:14ce genre de choses, ça a été l'euphorie, donc on fait durer 4 cérémonies, plus la
04:19vasque qui ne partira jamais, plus les anneaux d'Hidalgo qui ont été fixés sur la tour
04:23Eiffel au ruban adhésif « colle tout », plus la parade des champions, je pense que
04:27comme les médiathèques, les ludothèques, il faut ouvrir des championthèques, c'est-à-dire
04:31qu'un dîner de famille qui s'annonce où le « tata regarde ses news, papi est
04:34abonné à Mediapart », ça va clasher, hop, on lourait Léon Marchand, le temps du repas,
04:39parce qu'avec lui, tout s'apaise, il viendrait torse nu, et on regarderait ses pectoraux
04:42en bavant la sauce du bœuf qui était moins bien gaulée que lui, un coup de mou niveau
04:46moral, ding dong, et là viendrait chez nous Teddy Riner, qui dirait « bah alors, faut
04:50pas se laisser aller, on est des champions, on n'est pas des champions », c'est-à-dire
04:54que sans les JO, on n'arrive pas à vivre ensemble réellement en France, donc prenez
04:57nos champions, et par pitié, faites les tournées 24h sur 24 autour de la place de
05:01l'étoile, jusqu'à ce qu'ils meurent.