• il y a 2 mois
Âgé de 66 ans, Didier Roustan, figure de la chaîne L'Équipe depuis 1999, est décédé brutalement dans la nuit de mardi à mercredi après plusieurs semaines de lutte contre la maladie. Greg Ascher lui a rendu hommage mercredi sur la chaîne L'Equipe.

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Sport
Transcription
00:00...
00:03C'est pas sérieux, Didier, de nous laisser là,
00:06seul, orphelin de toi.
00:07Aujourd'hui, le foot, vous et nous,
00:09on a tous perdu une inspiration, un journaliste respecté,
00:12un collègue, un ami, un repère depuis de si longues années.
00:15Didier Rousteing, qui nous a accompagnés
00:18par millions pendant 5 décennies.
00:19En homme libre, toujours, il était une figure,
00:22une voix, un courant de pensée et un rebelle.
00:25Un vrai.
00:26C'est pas sérieux de me laisser avec en tête mes 8 ans
00:28et de voir mon père se mettre à genoux,
00:31les poings levés devant la vieille télégroondie du salon familial.
00:34Par bonheur et mimétisme, je me souviens avoir fait tout pareil.
00:38Je sais pas que c'est toi qui commandes ce France-Portugal mythique
00:41et rester dans la légende. Je ne sais pas,
00:43mais je ne l'oublierai plus jamais.
00:45Je ne loupais aucun téléfoot le dimanche matin.
00:48Il fallait que je voie du foot, du foot rare et gratuit.
00:51Il fallait que je voie Didier, parce qu'à l'époque,
00:53le foot, c'était Didier.
00:55C'est pas sérieux de laisser l'enfant devenu ado
00:57des années plus tard rêvé d'Amérique sans le savoir.
01:00Tu as changé ma vie et fais de moi l'amoureux des sports US que je suis,
01:04grâce à MagMax sur Canal+.
01:05Comme un gosse, dans les couloirs de notre chaîne,
01:08j'avais les mêmes conversations avec toi.
01:10Je te posais les mêmes questions, comme un gamin
01:13qui en a toujours 10 000 à te poser.
01:15Alors, t'as rencontré Joe Motana, Karim Abdul-Jabbar,
01:18t'as été en Californie.
01:19Inlassablement, tu étais heureux d'en parler
01:22parce que tu aimais partager tes aventures,
01:24parce que tu aimais raconter,
01:25tu aimais tant montrer l'autre, le faire briller
01:28et le rendre humain aux yeux de tous.
01:30Mais, Didier, surtout, tu n'as jamais oublié
01:32que le football était avant tout un jeu,
01:35un jeu dont tu étais un amoureux fou, le jeu J-E-U.
01:38Ton football, c'était avant tout l'émotion.
01:40Le résultat, oui, peut-être, pourquoi pas, après tout.
01:43Mais ton foot, c'était 90 minutes de joie, de souffrance,
01:46de bonheur, de malheur.
01:47Ton foot, c'était l'émotion, une symphonie portée par des hommes
01:51et accessoirement des joueurs.
01:52Un joueur qui accepte tout sans rien dire n'est pas un grand joueur.
01:56Cette citation n'est pas de moi, mais elle aurait pu être de toi.
01:59Tu aimais les têtes dures, les têtes fortes, les rebelles,
02:02ceux qui menaient le jeu, presque la charge,
02:05de Cantona à Maradona, en passant par le football total de l'Ajax.
02:08Tu aimais ceux qui laissaient une empreinte,
02:11comme toi, tu laisseras la tienne.
02:12C'est pas sérieux, Didier, toi, qui étais un adepte du jeu J-E,
02:16pas par égo ou par narcissisme ou si peu.
02:18Tu étais un metteur en scène, un reporter
02:20le sens de l'image et surtout, surtout le sens du public.
02:23Ton obsession a toujours été de placer le téléspectateur au centre du jeu.
02:27Tu faisais tout ça pour nous, pour que tout le monde puisse comprendre
02:31et aimer davantage ces sportifs que tu aimais tant.
02:33Alors oui, parfois, tu disais bien haut ce qu'il ne fallait pas dire.
02:37Oui, parfois. Et alors ?
02:38Tes reportages étaient des romans, des oeuvres, des films,
02:42et Didier, sans jamais te prendre au sérieux,
02:44tu te placais au centre pour mieux nous éclairer.
02:47Didier, tu avais réussi à créer aussi une communauté unique,
02:50à comprendre et presque apprivoiser les réseaux sociaux,
02:53les blogs avant ou autres podcasts.
02:55Adopté par tes braves ou régnant sur ta roustanie,
02:57tu avais le don d'être toujours en avance sur ton temps
03:00et surtout, contrairement à d'autres qui frétillent
03:03dans une joie érectile pour 3 pauvres likes sur un poste raté,
03:06toi, tu savais fédérer, entraîner et captiver.
03:09La télé, c'est pas sérieux, le foot, c'est pas sérieux.
03:12Tout cela est dérisoire, tout cela est un jeu et tu le savais.
03:15Toi qui aimais casser les codes, qu'ils soient journalistiques,
03:19Les moins de 40 ans ont perdu un président à vie de l'équipe du soir,
03:22les plus de 40 ont perdu un compagnon de route,
03:25une Madeleine de Proust, un Totem.
03:27Ce soir, je pense à ta famille, tes enfants, tes proches, tes amis,
03:31je pense à Mémé, Karine, Johan, Bertrand et les autres,
03:34à tous ceux que tu as lancés ici ou ailleurs,
03:37à tous ceux que tu as guidés.
03:38Didier, j'espère de tout mon coeur
03:40que ton âme viendra hanter encore très longtemps
03:43ce foutu plateau. On a besoin de toi, de tes lumières,
03:46de ton autodérision, de ton amour du jeu,
03:48quel que soit son orthographe, non, décidément, Didier,
03:51tout cela n'est vraiment pas sérieux.

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