Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, était l'invité de la semaine de Benjamin Duhamel dans C'est pas tous les jours dimanche, sur BFMTV.
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00:00En pleine crise politique, est-ce que ce n'est pas un drôle de timing d'aller annoncer sa candidature à l'élection présidentielle
00:06au moment où Emmanuel Macron est en grande difficulté, reçoit des responsables politiques pour essayer de trouver un gouvernement ?
00:12Décidément, ce soir, vous êtes extraordinairement sévère sur mes choix.
00:16Ça s'appelle le sens de la contradiction.
00:18Benjamin, oui, oui, je vois bien.
00:20On voit que la chose est très difficile.
00:22On a une crise où l'immédiat est très difficile.
00:25Et Michel Barnier, il est au four et au moulin aujourd'hui dans une situation extrêmement complexe.
00:30Il faut signaler son courage d'assumer les responsabilités dans ces circonstances.
00:34Mais les problèmes de la France ne vont pas se traiter en trois mois, en six mois, en un an ou même en deux ou trois ans.
00:40Il faut aujourd'hui que quelqu'un travaille à préparer en profondeur un projet et des équipes.
00:47On a vu dans cette situation politique que les équipes politiques étaient très fragiles.
00:51On a vu qu'il n'y avait pas de parti présidentiel puissant.
00:54On a vu qu'il manquait dans la décentralisation des relais nécessaires.
00:57On voit qu'il y a aujourd'hui des difficultés.
00:59J'entends Jean-Pierre Affare, mais est-ce que ça a justifié de le faire à ce moment-là ?
01:03Oui, oui, parce qu'il faut, Edgar Morin vous l'a dit, quand l'immédiat dévore, l'esprit dérive.
01:08Et donc, on ne construit pas la politique de la France sur l'immédiat.
01:10On construit la politique de la France sur des visions, sur des horizons, sur une profondeur de réflexion,
01:15avec du dialogue, avec de la concertation.
01:17Et donc, c'est très bien qu'il y en a un qui est au four et au moulin qui fait face à l'actualité
01:21et il y a l'autre qui prépare l'avenir.
01:22Et donc, moi, je trouve que c'est plutôt quelque chose qui est positif.
01:25Jean-Pierre Affare, vous connaissez trop la politique pour ne pas voir que quand,
01:28notamment, la question lui est posée sur la possibilité qu'il y ait une présidentielle anticipée,
01:32ce qui n'est pas franchement le scénario retenu par l'Elysée, et qu'à ce moment-là,
01:35Edgar Philippe répond, je vous confirme que j'y suis prêt,
01:38ce n'est pas très sympa pour Emmanuel Macron.
01:40Ça, franchement, vraiment, je relève ça.
01:43C'est de la lucidité.
01:45Nous sommes dans une crise politique où il y a des impasses.
01:47On a une constitution qui est faite pour une majorité d'opposition avec deux pôles.
01:51Et là, on a une organisation parlementaire avec trois pôles.
01:54Donc, on risque toujours d'avoir deux pôles l'un contre l'autre.
01:56Il y a peut-être un moment où ça va être difficile.
02:00C'est intéressant ce que vous dites.
02:01Vous, vous pensez que le scénario d'une démission du président de la République
02:04est quelque chose d'envisageable.
02:06Je ne le pense pas.
02:07Mais je ne peux pas dire qu'aujourd'hui, compte tenu de la situation internationale,
02:11compte tenu du désordre, quand je vois qu'on organise des manifestations
02:15le jour de la nomination quasiment du Premier ministre,
02:18avant même qu'il ait fait son discours de politique générale,
02:20je me dis qu'il y a une crispation de grande nervosité dans le pays.
02:24Quand j'ajoute à tout ça les déséquilibres internationaux et les menaces réelles,
02:27je me dis que tout peut être possible.
02:29Et que c'est bien qu'il y ait des gens qui travaillent sur l'avenir de la France,
02:33sur une politique de l'éducation.
02:34Une politique de l'éducation, ce n'est pas une rentrée, c'est dix rentrées.
02:37C'est ça qu'il faut construire aujourd'hui.