Retour sur la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques avec la Ministre Fadila Khattabi
Avec Fadila Khattabi, Ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Vous écoutez Sud Radio, il est 8h07, c'est parti à Paris, et c'était hier sur France Télévisions.
00:17Un départ, une cérémonie d'ouverture festive sur la place de la Concorde, l'accueil des plusieurs milliers d'athlètes paralympiques.
00:24Une cérémonie d'ouverture compromettée dérangeante parce que c'était fait pour cela,
00:28c'est ce que nous annonçait la ministre des Sports, Amélie Kéoudéac, etc.
00:31Était-elle dérangeante ou pas finalement ?
00:33Bah écoutez, parlons-en avec une autre ministre, notre invitée, Fadila Katabi, bonjour !
00:38Bonjour, bonjour !
00:39Bienvenue sur Sud Radio, courte nuit pour la ministre que vous êtes,
00:43déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités,
00:46en charge des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
00:51On s'attendait, et tous les polémistes professionnels guettaient l'incident à une cérémonie dérangeante.
00:57Nous sommes toutes rien de dérangeant hier, si madame la ministre ?
01:00C'était magique dans un lieu magnifique, on pouvait sentir toute la ferveur populaire,
01:08la joie des spectateurs qui étaient présents, tous derrière nos para-athlètes, vraiment c'était magique.
01:14Alors beaucoup d'événements festifs, beaucoup de spectacles aussi.
01:19L'un a particulièrement marqué, c'était ce chanteur et interprète qui s'est produit au milieu de la scène.
01:27Lucky Love, cet artiste français qui est né sans bras gauche, qui interprète ce titre,
01:43une reprise de My Masculinity, My Ability, donc ma capacité en quelque sorte,
01:48et qui danse, se dévétille au milieu des autres danseurs, exhibant ainsi l'un de ses bras atrophiés.
01:56C'était quand même très spectaculaire comme performance d'Ilak Atabi.
02:00Il ne faut parler que des performances, des compétences.
02:04Effectivement, on était émerveillé devant un tel spectacle artistique, un vrai savoir-faire.
02:12Ils nous ont fait passer plein d'émotions, ça n'était que du bonheur.
02:16Et en fait, le handicap derrière, on ne le regarde pas.
02:20Il s'oublie.
02:22Il s'oublie.
02:23Parce qu'ils nous ont fait partager beaucoup d'émotions, de bonheur.
02:26Et effectivement, on les regardait comme n'importe quel autre citoyen.
02:30Et comme n'importe quel autre athlète surtout, parce que c'est d'athlètes qu'on parle, ceux qui sont arrivés.
02:34Et c'est pour ça qu'il faut les considérer vraiment.
02:36Regarder leurs compétences et leurs performances.
02:39Et j'espère que ça permettra de changer le regard qu'on porte sur le handicap,
02:43pour pouvoir changer aussi leur quotidien.
02:46Parce que les personnes en situation de handicap, elles veulent aussi être considérées comme n'importe quelle autre personne.
02:53Et là, on est tous derrière, bien sûr, nos parents athlètes.
02:56Ça c'est normal. Là, c'est le moment d'être chauvin.
02:58On a plus de dix jours pour l'autre et c'est logique.
03:00Et moi, je vais être encore plus chauvine, parce qu'il y avait aussi des Côtes d'Orient qui étaient...
03:04Des bourguignons.
03:06Des bourguignons.
03:07Fadila Katabi, on dit toujours qu'il faut changer le regard sur les personnes en situation de handicap.
03:13Mais on ne dit jamais quel est ce regard qu'il faut changer.
03:15Aujourd'hui, quelle est la situation ? Pourquoi les Français sont censés changer de regard ?
03:21Qu'est-ce qu'ils doivent abandonner ?
03:23En fait, on souhaite changer le regard pour pouvoir aussi, j'allais dire, surtout changer la vie des personnes en situation de handicap.
03:30Mais parlons du regard d'abord. J'aimerais qu'on vienne sur les préjugés.
03:33Parce que parfois, effectivement, il y a des préjugés, il y a de l'appréhension.
03:37Les personnes ont peur de dire quelque chose par maladresse.
03:41Et donc, on préfère ne pas voir. En fait, on préfère ne pas voir.
03:44On détourne le regard. On croise par exemple dans le métro une personne en situation de handicap.
03:50Donc il faut regarder. C'était le sens d'ailleurs. Il faut garder, il faut montrer aussi.
03:55Et c'était le sens de la cérémonie hier.
03:57Bien sûr, il faut regarder, ne pas avoir peur, pas d'appréhension.
04:01Et c'est ce qu'elles attendent de nous, les personnes en situation de handicap.
04:04Je vous prends juste un exemple.
04:07Et là, les personnels ont été formés, etc.
04:10L'accueil d'une personne en situation de handicap.
04:12Vous avez une personne en fauteuil et elle est avec un accompagnateur.
04:16Systématiquement, les agents qui n'étaient pas formés ou n'importe quelle autre personne s'adressent à l'accompagnateur.
04:24Vous avez fait bon voyage ? Ben non.
04:26Vous vous adressez à la personne qui est dans le fauteuil.
04:29Vous voyez ? C'est un petit détail.
04:31Et ça, c'est une scène qui est décrite systématiquement, notamment par les personnes en fauteuil roulant
04:37qui reviennent d'un voyage en train ou autre.
04:39On ne leur parle pas à elles.
04:41On parle de celles dont on croit qu'elles en ont la recharge.
04:43Et c'est vrai que ça doit être particulièrement gênant.
04:46Vous parlez de discrimination.
04:48Vous êtes ministre aussi, Fadila Katabi.
04:50Où se joue aujourd'hui la discrimination ?
04:53Et où faut-il la résorber ?
04:55La discrimination, par exemple, elle existe dans l'emploi.
04:59Les personnes aujourd'hui ont des difficultés pour s'intégrer professionnellement.
05:04Et elles dénoncent cette discrimination.
05:06Ils n'ont de peur pas moins qu'effectivement, il y a des efforts qui sont faits.
05:10Puisque le taux d'hommage qui était en 2019 de 19%, il est aujourd'hui de 12%.
05:14Donc les choses s'améliorent.
05:16Mais elles sont encore perfectibles.
05:18Donc il faut continuer à former, à faire preuve de pédagogie
05:22en disant que justement, en plus, aujourd'hui, nos entreprises recherchent partout des compétences.
05:27Les compétences, elles sont là.
05:29Et hier, par exemple, quand on regardait justement la performance,
05:32et on va voir aussi la performance et les compétences de nos para-athlètes,
05:36ils viennent se dire qu'ils sont capables véritablement comme tout un chacun.
05:40Est-ce que la France est en avance sur d'autres pays ?
05:43On le disait hier et ce chiffre, on l'imagine difficilement.
05:45Plus d'un milliard de personnes en situation de handicap dans le monde entier,
05:49c'est quand même considérable.
05:51Est-ce que la France s'en sort mieux que les autres
05:53dans l'inclusion des personnes en situation de handicap ?
05:56En tout cas, il se passe quelque chose.
05:59Et je peux vous dire que j'ai reçu les présidents et directeurs
06:04de certaines associations qui représentent les personnes en situation de handicap.
06:08Grâce à ces Jeux paralympiques, il y a eu une véritable dynamique
06:13et une envie d'avancer, d'aller vers plus de justice sociale
06:17et vraiment de répondre aux attentes des personnes en situation de handicap
06:20en matière d'accessibilité, en matière d'insertion professionnelle, à l'université.
06:25Il y a cette envie de rendre la société plus inclusive et plus juste.
06:30Ces envies-là, ça se paye et malgré tout, il faut un budget.
06:32Je prends un exemple parisien puisque c'est à Paris que se jouent les Jeux paralympiques.
06:37On parle d'accessibilité.
06:39Beaucoup de personnes en situation de handicap se plaignent d'avoir accès, certes, au bus,
06:43mais pas à la plupart des stations de métro
06:46parce que, simplement, il n'y a pas d'escalator, il n'y a pas d'ascenseur
06:49et que vous êtes en fauteuil roulant, vous ne pouvez évidemment pas les monter.
06:53Je l'ai dit, le maillon faible, bien sûr que c'est le métro,
06:56mais je pense que tous les pouvoirs publics, nous avons tous envie de rendre accessible ce métro.
07:04Et c'est une question budgétaire.
07:07Le chiffre a été annoncé entre 15 et 20 milliards.
07:12Et c'est aussi 20 ans de travaux.
07:14Autrement dit, ça veut dire que Paris, sur certaines lignes, on va bloquer aussi certaines lignes.
07:21Donc il va falloir aussi se réorganiser.
07:24Il y a plusieurs problématiques dans la mise en accessibilité du métro.
07:28Il y a évidemment la partie financière, mais il y a toute la partie logistique.
07:32Et donc, bien sûr, sur le plan financier, il va falloir trouver les moyens.
07:36Et puis, bien sûr, il y a les collectivités, il y a l'État, etc.
07:41Mais il faut trouver les moyens. L'envie, elle est là. Après, c'est les moyens.
07:45Et à supposer qu'on arrive à les trouver, d'ailleurs.
07:48Ministre délégué en charge des personnes handicapées, on vous retrouvera d'ailleurs un peu plus tard
07:53pour suivre les performances de nos athlètes, si vous le voulez bien.
07:56Il est 8h15 sur Sud Radio.
07:58Parlons politique dans un instant avec notre éditorialiste Philippe Bilger.
08:03Politique et justice, nous parlerons de la droite et nous parlerons de la justice française.
08:07Est-elle trop laxiste ? 0 826 300 300.
08:10Dites-le franchement, venez débattre avec Philippe Bilger.