L'édito de Jules Torres : «Tous les regards sont désormais portés vers la droite»
Dans son édito du 28/08/2024, Jules Torres revient sur les consultations d'Emmanuel Macron pour trouver un Premier ministre.
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00:00L'alliance du Nouveau Front Populaire ayant été écartée par Emmanuel Macron pour Matignon,
00:04tous les regards sont désormais portés vers la droite.
00:07Conscient qu'un gouvernement de gauche serait immédiatement censuré par l'Assemblée nationale,
00:11le chef de l'État cherche à convaincre les Républicains
00:13qu'il pourrait participer à une coalition avec le bloc central Renaissance-Modem-Horizon.
00:19Et ce matin, dans les colonnes du Figaro, c'est Rachid Haddati en personne
00:22qui appelle son ancienne famille politique à choisir la responsabilité, je cite,
00:26pour la ministre des Missionnaires de la Culture, un pacte gouvernemental est indispensable.
00:31Dans la journée, ce sera au tour d'Emmanuel Macron de passer à l'offensive.
00:34Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Annie Gennevard,
00:37la même équipe que la dernière fois, sont invités à l'Élysée pour un second round de négociations.
00:41Le président joue son batout avec la droite, c'est l'une de ses dernières cartouches pour trouver un Premier ministre.
00:46Je cite,
00:51a-t-il affirmé hier soir depuis le Péron de l'Élysée,
00:54où il attendait le Premier ministre, mais le Premier ministre irlandais, attention.
00:58Après un premier rendez-vous donc infructueux,
01:01cette deuxième entrevue avec les Républicains peut-elle vraiment faire bouger les choses ?
01:07Il y a deux questions qui se posent à mon sens.
01:09La première est la suivante.
01:10Face à ce blocage politique persistant,
01:12les Républicains vont-ils finalement assouplir leur position quant à leur participation
01:16ou non à une coalition gouvernementale ?
01:18Depuis le début, Laurent Wauquiez est très ferme sur la question.
01:21Il refuse toute alliance, toute coalition gouvernementale,
01:25tout en assurant que les 40 députés du groupe la droite républicaine à l'Assemblée
01:28voteront les textes qui leur conviendront, en gros, leurs textes.
01:31Donc, ça amène la deuxième question qui est sur le fond.
01:34Les Républicains accepteront-ils des compromis avec les macronistes sur certains projets de loi ?
01:39On s'en rappelle, en juillet, au lendemain du second tour de législative,
01:44Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez avaient annoncé un pacte législatif avec une dizaine de thèmes,
01:48mais notamment le redressement des finances publiques et le retour de l'autorité.
01:52Alors, cette position, à la fois soutien des textes de droite tout en restant en dehors de toute coalition,
01:59elle est vraiment tenable par les Républicains ou pas ?
02:01Pour l'instant, c'est évidemment très difficile à dire,
02:03mais une chose est certaine, les Républicains, ils n'ont absolument pas envie d'être mêlés à ce marasme.
02:08Ils considèrent qu'ils sont dans une crise politique, qu'Emmanuel Macron est dans une impasse,
02:12et donc ils ne veulent surtout pas sauver le président de la République.
02:15En témoigne ce cadre des Républicains qui m'en a parlé hier soir,
02:19que les Républicains participent ou non au futur gouvernement ne changera rien,
02:22une telle coalition serait de toute façon éphémère,
02:25qui voudrait sauter dans le vide et se faire censurer illico par Marine Le Pen, fin de citation.
02:30Pourtant, cette réticence, elle n'empêche pas Emmanuel Macron de sonder les cœurs et les reins,
02:35et de faire circuler certains noms.
02:37On a notamment Laurent Wauquiez, on a Valérie Pécresse, et on a aussi le maire de Cannes, David Lysnard.
02:42Soyons honnêtes, ça ne surprendrait aujourd'hui personne que les Républicains se rapprochent de la Macronie,
02:47surtout vu le contexte.
02:48Depuis des années, le parti est écartelé entre le macronisme et le rassemblement national.
02:52On s'en souvient, pendant les élections législatives,
02:54au moment où Éric Ciotti décidait de faire une alliance avec le RN et Jordan Bardella,
02:58on avait des cadres des Républicains, et notamment Gérard Larcher,
03:01qui négociaient pour que, en gros, les Républicains retirent des candidats dans les circonscriptions
03:07où la majorité présidentielle est en tête, et inversement.
03:10D'ailleurs, une bonne partie de la Macronie actuelle, et de ses figures,
03:14notamment Darmanin, notamment Bruno Le Maire, notamment Sébastien Lecornu,
03:17vient des Républicains et ont été des cadres des Républicains.
03:20Et on n'oublie surtout pas que certains cadres des Républicains,
03:23et je pense notamment à Jean-François Copé,
03:25appellent depuis des années à une coalition avec la majorité.
03:28Bon, on a bien compris que Laurent Wauquiez, qui est aujourd'hui l'homme fort de la droite,
03:31et qui suscite un espoir chez certains sympathisants et certains électeurs de droite
03:34qui n'ont pas connu ça depuis François Fillon,
03:36n'est pas du tout de cette avis.
03:37Lui, son horizon, c'est 2027.
03:40Hors de question pour lui de se brûler les ailes sitôt.
03:42Son entourage est d'ailleurs clair, il nous le confie aujourd'hui pour cet éditorial.
03:47Pourquoi irait-on sauver Macron maintenant ?
03:49Ça n'a aucun sens, c'est terminé.
03:50Il est en train de se noyer.
03:52Donc, pas sûr que les Républicains soient la bouée de sauvetage qu'espère Emmanuel Macron.
03:56Oui, c'est ça, ils disent on va le regarder couler.
03:59On va le regarder couler, on ne va pas aller se brûler pour 3 à 4 mois et se faire censurer.
04:03Évidemment.