Emmanuel Macron va-t-il changer d’orientation politique ?
Avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire
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00:00Et on en parle avec vous comme d'habitude, bonjour Arnaud Bénédetti.
00:06Bonjour Laurent Garcia.
00:08Professeur Alassore Bonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.
00:12Alors hier matin, le nouveau Front Populaire s'est dit plutôt satisfait de sa réunion avec le président Macron.
00:18Dans l'après-midi, Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, eux, promettent une motion de censure si elle est fiante au gouvernement.
00:25Nomination un peu casse-tête, non, quand même ?
00:28Ah oui, c'est le moins qu'on puisse dire. On est dans un premier round aujourd'hui de consultations.
00:34Au moins, l'avantage c'est qu'on sait qu'à la suite de ce premier round, même s'il reste encore les consultations avec le Rassemblement National et les siotistes qui doivent se dérouler lundi,
00:43on sait à peu près ce que ne veulent pas les uns et les autres.
00:47Du côté du nouveau Front Populaire, hors France Insoumise, on sait que les socialistes, les communistes et les écologistes ne veulent pas de coalition autre que celle du nouveau Front Populaire.
00:58Du côté du Bloc Central, c'est-à-dire de M. Attal notamment, mais aussi de M. Philippe, on sait très bien que là aussi, on ne veut pas du nouveau Front Populaire dans sa conformation, si je puis dire, avec LFI et il en va de même du côté des Républicains.
01:17Quelque part, on peut considérer qu'on est dans une sorte, pour l'instant, de blocage de points morts et que l'on se retrouve finalement dans la situation extrêmement compliquée que les urnes ont délivré le 7 juillet dernier.
01:34Et le Président de la République doit essayer de faire parler finalement les différentes forces politiques qui sont constitutives du Parlement pour essayer de faire émerger une solution.
01:46Cette solution, à ce stade, on ne la voit pas véritablement de manière très claire se définir assez rapidement, même si du côté de l'Elysée, on considère qu'il faut, après ces consultations, nommer un Premier ministre.
01:58Alors, l'hypothèse qui peut se dégager, c'est que, dans un premier temps, le Président de la République décide de nommer un chef du gouvernement dont la mission sera exploratoire pour essayer justement de constituer une coalition qui permette, au moins durant une année, de pouvoir gérer et diriger le pays.
02:20La difficulté, c'est que l'arithmétique parlementaire ne rend pas très optimiste sur la stabilité et la durabilité de cette Assemblée nationale.
02:35On a une Assemblée nationale qui est balkanisée comme jamais et on le voit autour de trois blocs qui sont quand même des blocs qui apparaissent assez irréconciliables.
02:45Donc, la question quand même se pose de savoir si nous ne serons pas amenés à nouveau à voter dans un an.
02:52C'est une question sauf, en effet, à ce que le Président de la République réussisse finalement à mettre en place ce qui, manifestement, constitue son intention, c'est-à-dire une coalition suffisamment large qui permette, en effet, de dégager une majorité qui conduise à un gouvernement qui puisse se gouverner sur la durée.
03:12La question qui se pose aussi à chaque fois, Arnaud de Bénédicte, c'est est-ce que ces situations de blocage prouvent là vraiment que la Vème République est à bout de souffle ou pas, alors ?
03:20Écoutez, pas vraiment parce que les institutions de la Vème République, je le rappelle, sont les institutions qui, parmi toutes les républiques que la France a pu connaître depuis maintenant plus de deux siècles, sont celles qui ont réussi à assurer la plus grande longévité.
03:38Et ensuite, ce sont des institutions qui ont quand même fait leur preuve, elles ont permis aux pays, nonobstant des désaccords, nonobstant des crises sociales, politiques, économiques, parfois internationales, de traverser finalement ces crises.
03:52La réalité, c'est que, en fin de compte, c'est surtout, je veux dire, plutôt le politique qui est en crise aujourd'hui. Et les électeurs, quand ils envoient un message tel que celui qu'ils ont envoyé lors des dernières élections législatives, actent d'une certaine manière cette crise du politique.
04:10Un politique qui n'a pas été capable depuis maintenant de nombreuses décennies de répondre aux attentes des Français, de les protéger vraisemblablement, d'assurer les grandes conditions dont on a besoin, les grandes réformes dont on a besoin.
04:21Donc je dirais que c'est plus une crise du politique qu'une crise des institutions de la Vème République, parce que les institutions de la Vème République, qu'on le veuille ou non, ont, d'une certaine manière, beaucoup d'outils qui permettent de surmonter les grandes crises auxquelles un pays est confronté.
04:36Gabriel Attal a défendu auprès du Président l'allumination d'un Premier Ministre qui ne fait pas partie du Bloc Central, avec un gouvernement qui représenterait différentes sensibilités de la gauche à la droite républicaine. Et si c'était lui, Gabriel Attal ?
04:51Il y a quand même assez peu de chances que le Président de la République prenne l'initiative de renommer Gabriel Attal, pour deux raisons d'abord.
05:00Une raison qui est liée aux résultats des élections, parce que le Bloc Central, qu'on le veuille ou non, même s'il a limité la casse, a été défait.
05:07Il a été défait d'ailleurs par deux fois lors de ces derniers mois, lors des élections européennes, de manière assez spectaculaire d'ailleurs avec 14%, mais également quand même lors des élections législatives.
05:18Donc il y a un constat politique qui est quand même assez clair, le Président de la République l'a reconnu, il y a une volonté de changement, donc vous ne pouvez pas changer avec les mêmes hommes.
05:27Deuxièmement, on sait par ailleurs que les relations entre le Premier Ministre, des missionnaires et le Président de la République sont pour le moins dégradées ces dernières semaines, donc on voit mal à ce stade le Président de la République renommer et reconduire Gabriel Attal.
05:42De toute façon, on aura un nom mardi ou lundi soir, et si vous voulez, Arnaud Benedetti, on en reparlera samedi prochain ?
05:48Avec plaisir !
05:49Allez, bonne journée à vous, merci encore !