La grande interview : Jean-Christophe Couvy
Le secrétaire National Unité Jean-Christophe Couvy, était l’invité de #LaGrandeInterview d'Anthony Favalli dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Category
🗞
NewsTranscript
00:00Générique
00:12Bonjour à vous Jean-Christophe Couvy.
00:14Bonjour.
00:15Vous êtes secrétaire national du syndicat de police Unité.
00:18En ce lundi 12 août, on va commencer par faire avec vous le bilan des Jeux Olympiques de Paris 2024,
00:24même si tout n'est pas terminé.
00:26Un bilan qui mérite une médaille d'or pour les policiers, les gendarmes, estime Gérald Darmanin.
00:31Tout s'est formidablement bien passé, ajoute Tony Estanguet.
00:35C'est aussi ce que vous nous dites ce matin Jean-Christophe Couvy.
00:38Oui, écoutez, je reprends la phrase de Napoléon.
00:40Impossible n'est pas français.
00:42On nous a donné effectivement une feuille de route.
00:44On nous avait dit qu'organiser les JO avec une telle attente, avec une cérémonie d'ouverture
00:50qui n'a jamais été faite auparavant dans le monde des Jeux Olympiques était impossible.
00:55Certains avaient dit même criminels.
00:57On a juste démontré encore une fois qu'il ne faut pas se sous-estimer,
01:00que la police française est au niveau.
01:02Les hommes et les femmes qui la composent sont là, étaient en attente.
01:06On n'aime pas trop qu'on les sous-estime et qu'on les dénigre.
01:09Nous, on a relevé le défi.
01:11Défi, j'allais dire réussi.
01:13On démontre au monde entier le savoir-faire français.
01:17Est-ce qu'on a tourné très concrètement la page de cet événement
01:21qui a peut-être entaché la gestion de la sécurité en France ?
01:24C'était la finale de la Ligue des Champions en 2022.
01:27La finale de la Ligue des Champions, c'était en fait une référence.
01:30Il faut toujours apprendre de ses erreurs.
01:31On voit bien qu'il peut y avoir des couacs.
01:33Il faut savoir les gommer.
01:34Donc, on a bien compris qu'on a analysé ses erreurs.
01:37On a fait un retour d'expérience.
01:38On a su gommer ça.
01:39Et surtout, ce qu'il fallait voir, c'est que la Ligue des Champions,
01:42elle avait été organisée à la va-vite.
01:44Si vous vous rappelez bien, c'était la guerre en Ukraine et Russie.
01:48Ça devait avoir lieu, je crois, en Russie.
01:50Et du coup, on avait tout remis sur Paris.
01:54Et donc, il a fallu faire ça à la va-vite.
01:56Voilà, on a corrigé.
01:58Mes collègues, vous savez, on a un haut niveau de technicité en France.
02:01Encore une fois, la police nationale a un haut niveau de technicité.
02:05Et quand on se compare, j'allais dire, avec les polices du monde entier,
02:09on se rend compte qu'on est vraiment au top niveau des polices.
02:12Mission quasi accomplie.
02:14Comment les forces de l'ordre ont-elles vécu ces JO de Paris ?
02:17Quels sont les commentaires qui vous remontent des équipes de terrain ?
02:20Déjà, il faut souligner que toutes les forces de l'ordre ont sacrifié leur vie familiale,
02:27leurs congés d'été aussi.
02:29Comme tout citoyen ou tout travailleur, on avait le droit de poser des congés.
02:33Sauf que là, on nous avait dit non, 100 % de présence.
02:36Donc, il a fallu déjà revoir un peu toute la logistique familiale.
02:39C'est très compliqué.
02:41Tout le monde n'a pas des grands-parents pour garder les enfants.
02:43Donc, les collègues sur le terrain sont quand même très contents de participer à ce moment historique.
02:50C'est vrai que c'est une fois, ils nous le disaient, une fois dans votre carrière,
02:53peut-être une fois dans votre vie, de participer à l'histoire,
02:56d'être là présent et surtout d'avoir ce lien avec les Français.
03:00J'allais vous l'évoquer.
03:03Il y a eu ces images touchantes, sympathiques, de complicité entre les forces de l'ordre
03:08et les visiteurs, notamment dans la capitale.
03:10On n'a malheureusement pas l'habitude d'y assister assez souvent en France.
03:14Là, vous a fait plaisir.
03:15C'est aussi cela qui redonne du sens à votre mission ?
03:18Oui, en fait, c'est cette perte de sens qui, malheureusement,
03:22touche même toute la fonction publique.
03:25Ce n'est pas que la police.
03:26Quand vous travaillez dans un service public, il y a le mot service.
03:30À un moment donné, quand vous n'êtes plus au service,
03:31mais vous êtes au service de la productivité,
03:33on nous demande de produire la sécurité avec des objectifs chiffrés,
03:38la politique du chiffre.
03:39On voit que c'est catastrophique.
03:40En revanche, quand on revient à avoir fait l'école du bon sens
03:44et qu'on se dit qu'on va peut-être avoir un dialogue,
03:46parce que les Français, c'est ce qu'ils veulent aussi avec leur police,
03:48ça veut dire qu'ils ne la connaissent pas.
03:49Ça veut dire qu'on ne se connaît pas.
03:50On ne se connaît que dans certaines missions, des missions répressives.
03:53Mais quand on a des missions auprès des Français,
03:57où on peut parler avec eux, se découvrir,
04:00on voit qu'en fait, tout redevient normal et que le comportement change.
04:05Surtout, il ne faut pas donner trop d'importance à certaines personnes
04:08qui n'arrêtent pas de dénigrer la police,
04:10qui font entre guillemets du police bashing à longueur de journée,
04:12parce que pour eux, ça leur amène des voix.
04:14Les Français se sont réconciliés, je n'avais pas de doute, avec leur police.
04:19Et on voit bien aussi que ce petit miracle, c'est que la police,
04:22vous l'avez vu, elle est métissée.
04:24Elle a plusieurs cultures, elle a plusieurs religions.
04:28Elle est à l'image des Français.
04:29Elle a l'image des Français.
04:30La police, c'est le miroir de la société.
04:32Et puis alors Paris, Paris méconnaissable,
04:35transformé en carte postale.
04:36Les Parisiens eux-mêmes n'avaient jamais eu ce sentiment
04:39d'être à ce point en sécurité.
04:41On a vraiment tous les indicateurs de la délinquance
04:44qui ont diminué pendant la compétition ou pas ?
04:46Alors oui, les indicateurs ont diminué.
04:47Alors effectivement, on avait fait des...
04:49La préfecture avait prévu des bulles de sécurité
04:52où on a mis énormément de forces de police.
04:54On a mis des forces visibles.
04:55Donc encore une fois, on voit bien que quand on est présent sur le terrain,
04:59quand on occupe le terrain, effectivement,
05:01on fait reculer la délinquance.
05:02Après, il ne faut pas se leurrer.
05:04On est allé aussi voir nos collègues qui sont restés en province,
05:07qui avaient moins de forces de l'ordre à disposition
05:10et qui, eux, ont fourni aussi un effort surhumain.
05:13Parce qu'effectivement, il y a une partie de la délinquance
05:15qui s'est volatilisée sur le littoral, par exemple.
05:18Il y a eu des déserts policiers dans le pays, finalement ?
05:20Alors, ce n'est pas des déserts.
05:21Mais surtout, c'est que quand vous travaillez à 100%
05:23et que vous n'avez pas de compléments, de renforts,
05:27forcément, à un moment donné, vous fatiguez.
05:29Et vous, par exemple, au Sable d'Olonne, la semaine dernière,
05:32l'EPJ travaille la journée et la nuit, ils sont d'astreinte de nuit.
05:36C'est-à-dire qu'on vous réveille dans la nuit parce qu'il y a une affaire.
05:38Donc, en fait, vous ne dormez pas, vous accumulez du sommeil,
05:40vous accumulez de la fatigue et tout ça, effectivement,
05:42c'est préjudiciable, après, à bien travailler, en fait.
05:45Est-ce qu'on ne risque pas de vite déchanter mi-septembre ?
05:48Paris retrouvera tous ses problèmes, j'en cite quelques-uns,
05:52le krach au nord de la capitale, les pickpockets
05:54et les violences sur le champ de Mars, les agressions nocturnes ?
05:57Il faut justement, là, en fait, si vous voulez,
05:59il faut que cette période-là serve de référentiel pour l'avenir.
06:02On a vu que quand on voulait, on pouvait.
06:04On a le mode opératoire d'une vie beaucoup plus allégée, tranquille.
06:09Et je pense que les Parisiens, mais les citoyens de France et les Français
06:12ont besoin, justement, d'avoir un moment apaisé
06:15et de retrouver la tranquillité des rues.
06:17Donc, effectivement, on sait ce qu'il faut faire.
06:19Il faut des effectifs. Les effectifs, ça ne se produit pas comme ça.
06:21Mais vous avez fort l'idée que ça va se poursuivre ?
06:23Mais moi, j'aimerais, oui, effectivement.
06:25Et maintenant, c'est le prochain, j'allais dire, le prochain enjeu,
06:28c'est de retrouver cette paix sociale, entre guillemets,
06:30qu'on a connue pendant 15 jours et la dupliquer sur tout le territoire.
06:33Mais ça, ça se fera grâce aussi aux forces de l'ordre,
06:36mais aussi à la volonté politique.
06:38Ça va peut-être passer par du recrutement encore plus d'effectifs.
06:41Là, on a vu, on a eu des élèves, par exemple,
06:43Gare de la Paix, qui sont venus sur Paris.
06:45C'est, imaginez, le premier contact avec la police.
06:48Vous êtes à l'école de police et vous découvrez ça,
06:51vous découvrez votre travail et ça vous donne,
06:53pour l'avenir, de la confiance.
06:55On va parler des primes qui ont été,
06:58qui vont être versées aux forces de l'ordre,
07:00en contrepartie de l'engagement exceptionnel
07:03de tous ces agents, de tous ces policiers.
07:05Dans certains cas, ça va jusqu'à 1900 euros.
07:07Vous allez être particulièrement vigilant sur leur versement ?
07:10Bien sûr. On ne peut pas nous décerner une médaille d'or
07:13pour avoir participé au JO
07:16et d'avoir effectivement monté le niveau de sécurité
07:19et de notre côté, ne pas nous payer nos primes.
07:21Là, on ne comprendrait pas.
07:22Donc, en fait, on a demandé un haut niveau d'investissement
07:24de tous les policiers et les gendarmes en France.
07:27Donc oui, on attend que les primes soient versées
07:29avant la fin de l'année, comme prévu,
07:31comme on nous a promis.
07:32Et encore une fois, si la promesse n'était pas réalisée,
07:36je pense qu'il y aurait de graves soucis
07:38dans les forces de l'ordre.
07:39Et cela ne risque pas de se faire au détriment
07:42d'autres investissements dont la police a besoin également,
07:45en termes de matériel ?
07:46C'est là où il faut être vigilant.
07:47C'est-à-dire qu'il y a des coupes franches,
07:48on l'a bien vu même cette année,
07:49coupes franches dans le budget.
07:50Donc oui, on a besoin de ces primes-là
07:52parce qu'encore une fois, on s'est investi.
07:54Donc c'est normal, c'était une attente.
07:56Et nous, on avait négocié ça pour nos collègues.
07:58Maintenant, il ne faut pas que la police se paupérise.
08:01Quand on a vu qu'il y a eu un grand effort de fait
08:03les dernières années pour avoir une police à niveau,
08:05avec des nouveaux véhicules, des moyens.
08:07Si aujourd'hui, on va reprendre du retard
08:09parce qu'on va geler les crédits
08:11et qu'on revient dans ce mauvais concept
08:14de dire, bon voilà, vous avez eu ça,
08:16maintenant vous allez faire ça avec quelques années
08:18et puis on reviendra dans 10 ans.
08:19Forcément, vous allez avoir par exemple
08:22un parc de véhicules qui va se détériorer très rapidement.
08:26Un dernier mot sur les Jeux Olympiques
08:28pour dire bravo aussi aux athlètes
08:30qui émanent de la police nationale.
08:32Cinq médailles, donc une en or, deux en argent
08:35et deux en bronze.
08:36Bah oui, bravo.
08:37Vous êtes fiers ?
08:38Oui, on est fiers.
08:39Mais parce qu'en fait, encore une fois,
08:40la police, c'est une vitrine.
08:41Pendant longtemps, on a laissé justement le sport
08:43de côté dans la fonction publique.
08:45Et on trouve que c'est une bonne idée.
08:48Ça valorise le métier de policier.
08:50On voit justement des visages d'athlètes,
08:52des jeunes qui touchent.
08:53D'ailleurs, encore une fois, je vous dis,
08:55tout est multiculturel.
08:56C'est comme ça.
08:57C'est la société.
08:58Et en fait, ça donne une bonne image
08:59et ça valorise.
09:00Et ça, ça nous fait du bien.
09:01Et ça participe aussi à ce rapprochement
09:03police-population.
09:04On va revenir à la sécurité du quotidien.
09:05Le quartier de Pissevin, à Nîmes,
09:07symbole des maux dans nos banlieues françaises,
09:09là où se concentrent la pauvreté, les trafics.
09:12C'est là aussi que le jeune Fayed, 10 ans,
09:14est mort il y a près d'un an,
09:15atteint par une balle perdue au cours d'une fusillade.
09:18Un quartier qui entame donc aujourd'hui
09:20une transformation qui va durer trois ans.
09:22270 millions d'euros et des bulldozers
09:24pour raser certains immeubles du quartier.
09:27Est-ce que pour vous, ce type de travaux,
09:29alors que ce soit à Nîmes, dans le quartier de Pissevin
09:31ou ailleurs, sont de nature à changer les choses,
09:33à changer la délinquance dans le quartier,
09:36à l'éliminer et à améliorer le quotidien
09:38des habitants qui vivent un calvaire chaque jour ?
09:40Alors, je pense que oui, quand même.
09:42Parce que c'est vrai que quand vous vivez
09:44dans de bonnes conditions,
09:46forcément, ça change aussi votre perception des choses.
09:48Maintenant, c'est qu'est-ce que vous en faites ?
09:50C'est-à-dire, quand vous livrez quelque chose de propre,
09:52de neuf, c'est à vous aussi de faire fructifier ça.
09:55Quand vous voyagez un petit peu,
09:57vous allez dans les pays étrangers.
09:59Moi, j'étais il n'y a pas longtemps dans les pays de l'Est.
10:01J'ai vu des gens qui vivaient dans des conditions
10:03très moyennes, mais par contre,
10:06qui prenaient soin de leur environnement,
10:08de leur habitation.
10:10Et là, il faut repenser la façon de voir les habitations.
10:14Quand on intervient, par exemple,
10:16en tant que policier dans certains quartiers,
10:18on voit que c'est des coupes-gorges,
10:20que souvent, il n'y a qu'une entrée et qu'une sortie.
10:22Et pour nous, c'est très compliqué.
10:24Donc, en fait, l'architecture doit aussi se faire
10:26en fonction des besoins d'intervention de la police,
10:28des pompiers.
10:30Il faut aérer.
10:32Il faut surtout, après, être ferme avec les familles
10:34qui sont à l'intérieur et qui, par exemple,
10:36donneraient une mauvaise image
10:38ou alors vont pourrir, j'allais dire,
10:40le quotidien des autres familles.
10:42Eh bien, il faut avoir le courage, celle-là,
10:44de leur dire, vous partez.
10:46Mais c'est suffisant ?
10:48Ça donnera déjà des bons stimuli, j'allais dire.
10:50Est-ce que les sanctions, la justice,
10:52ne doivent pas, elles aussi, être bien plus fortes ?
10:54Ça, ça doit être la normalité.
10:56C'est-à-dire que la police, effectivement,
10:58doit intervenir et la justice, derrière,
11:00doit être très sévère.
11:02Mais je pense qu'il faut repenser aussi
11:04la façon de travailler entre police et justice.
11:06On voit bien aujourd'hui que chacun regarde son prisme.
11:08Ce qu'il faudrait, c'est qu'effectivement,
11:10la justice s'adoptera et qu'on refonde un petit peu
11:12cette chaîne judiciaire.
11:14La délinquance au quotidien, elle est aussi marquée
11:16par l'explosion du nombre d'agressions antisémites
11:18dans le pays depuis le 7 octobre dernier.
11:20On en a eu encore une malheureuse démonstration
11:22il y a quelques jours à Montpellier.
11:24Un vacancier de la région parisienne
11:26qui a été violemment pris à partie
11:28alors qu'il se trouvait dans un tramway.
11:30Un individu lui a demandé à plusieurs reprises
11:32s'il était juif avant de le rouer de coup.
11:34Alors, on peut démanteler des réseaux
11:36de trafiquants de drogue.
11:38C'est une crise sur des idées nauséabondes
11:40qui infusent la société.
11:42Est-ce qu'on est contraint aujourd'hui
11:44à voir l'antisémitisme exploser dans notre société
11:46avec sans cesse des grandes phrases répétées
11:48par nos politiques du type
11:50l'État ne cèdera pas, l'État aura la main lourde
11:52contre ses agresseurs ?
11:54Déjà, c'est factuel.
11:56Plus de 300% d'augmentation d'actes antisémites
11:58en France, ça on ne peut pas le nier.
12:00Maintenant, cette atmosphère
12:02un peu nauséabonde
12:04où on monte les uns
12:06contre les autres en fonction de sa religion,
12:08c'est détestable.
12:10Et ça démontre surtout qu'on a une société
12:12qui est en train de s'affaisser, dont les valeurs s'affaissent.
12:14Ce qu'il faut voir aussi,
12:16c'est ce qui est infusé dans la tête des gens.
12:18Et ça passe par les réseaux sociaux.
12:20Aujourd'hui, on voit bien que ce qu'on nous enseigne
12:22à la rigueur, c'est de l'ignorance.
12:24Les gens ne pensent pas par eux-mêmes.
12:26Ils scrollent, donc ils regardent.
12:28Ils passent d'une image à l'autre sans entrer dans la profondeur,
12:30sans prendre justement du recul sur les choses.
12:32Et il faut lutter contre ça.
12:34Il faut lutter aussi contre les idées toutes faites.
12:36Et ça, ça incombe aussi
12:38à nos hommes et femmes politiques.
12:40Et aujourd'hui, je pense que certains ne sont pas au niveau.
12:42Et en fait, on fait un amalgame de tout.
12:44Ce qui se passe très, très loin de la France,
12:46ça ne doit pas arriver et infuser
12:48dans notre territoire.
12:50Il faut arrêter toujours d'entretenir cette haine
12:52entre les gens, entre les peuples.
12:54C'est le symbole de la République.
12:56Justement, Jean-Christophe Couville, on va évoquer ce qui s'est passé en Grande-Bretagne,
12:58cette fois avec les émeutes qui ont secoué le pays,
13:00les pires depuis 13 ans,
13:02pendant quasiment une semaine.
13:04Comment vous analysez ce qui s'est passé là-bas, les origines de cette crise,
13:06sa gestion aussi par les forces de l'ordre ?
13:08L'analyse est simple.
13:10C'est encore une fois, quand vous avez une société
13:12qui bouillonne, une société qui se cherche
13:14et que d'un autre côté,
13:16vous avez effectivement des extrêmes
13:18qui profitent de cet angle
13:20de faiblesse, de ces angles morts.
13:22Mais effectivement, à un moment donné,
13:24quand ça bouillonne, ça déborde.
13:26Là, on a vu qu'on a une société qui est fracturée.
13:28Ce n'est plus le Royaume-Uni,
13:30qui est un peu désuni d'ailleurs,
13:32puisque c'est très communautarisé.
13:34En France, si on peut faire un parallèle,
13:36ça peut nous arriver, mais pour l'instant, on n'en est pas là.
13:38On n'en est pas là parce qu'il y a cet aspect républicain
13:40et de laïcité.
13:42C'est un trésor qu'on doit garder dans notre pays.
13:44Cet aspect de laïcité,
13:46on ne doit pas céder.
13:48Certains essaient de faire casser la digue,
13:50et on doit vraiment être ferme.
13:52Le point commun, néanmoins, c'est la crise migratoire
13:54qui est traversée par les deux pays.
13:56Oui, mais c'est parce qu'en fait,
13:58aujourd'hui, on a des discours
14:00qui disent, par exemple,
14:02qu'il y a des sentiments
14:04d'insécurité, etc.
14:06Et les gens vivent dans la réalité
14:08et se rendent compte par eux-mêmes
14:10que la société est en train de changer.
14:12Leur regard change, et effectivement,
14:14cette dichotomie entre le discours politique
14:16et la réalité de certaines personnes.
14:18Ce que les gens demandent, c'est l'égalité de traitement.
14:20Et effectivement, cette société
14:22est en train de bouger, et c'est compliqué,
14:24surtout quand toute la journée,
14:26il y a des fake news qui entretiennent
14:28cette haine
14:30et qui fait un focus
14:32sur des boucs émissaires.
14:34Merci Jean-Christophe Kouvi.
14:36Vous êtes secrétaire national du syndicat de police Unité.
14:38C'était ce matin votre grande interview
14:40sur ces news et sur Europe 1.
14:42Merci.