Munich 72 Des Jeux Et Du Sang EP2 Le Sherif
Les Jeux Olympiques de Munich en 1972, qui se sont tenus du 26 août au 11 septembre, ont été marqués par une prise d'otages et l'assassinat de onze athlètes israéliens par un groupe de terroristes palestiniens connu sous le nom de Septembre Noir. L'attaque a eu lieu le 5 septembre 1972, lorsque huit militants ont pris d'assaut le village olympique, tuant deux athlètes israéliens et prenant neuf autres en otage. La tentative de sauvetage par les forces allemandes a échoué, entraînant la mort des neuf otages restants, ainsi que d'un policier allemand et de cinq des terroristes. Cet événement a profondément marqué les Jeux et a eu des répercussions internationales, notamment sur la sécurité des événements sportifs mondiaux.
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00:00L'attentat de Munich et les représailles d'Israël ont donné lieu à bon nombre de légendes.
00:07Pourtant, depuis 50 ans, les trois principaux acteurs de cette tragédie ont livré des mémoires qui rétablissent la vérité et sur lesquelles s'appuient chacun des récits qui vont suivre.
00:30L'attentat de Munich et les réprésailles d'Israël ont donné lieu à bon nombre de légendes qui rétablissent la vérité et sur lesquelles s'appuient chacun des récits qui vont suivre chacun des récits qui vont suivre chacun des récits qui ont été rétablis par la forme de chacune des légendes.
00:52Dieu qu'elle fût longue cette journée du 5 septembre 1972.
00:57La plus terrible, la plus lugubre de toute ma vie.
01:03Vers 8 heures du matin, on avait établi le premier contact
01:06avec celui qui paraissait être le porte-parole,
01:08peut-être le chef des terroristes.
01:12Il disait s'appeler Issa
01:14et dissimuler les traits de son visage sous du cirage à chaussures.
01:18Il a annoncé qu'il y avait une autre victime blessée dans l'appartement.
01:22Il a dit froidement qu'il avait bien l'intention d'en tuer deux par heure.
01:26À partir de 9 heures,
01:28si Israël ne libérait pas les fédaïnes détenues dans ses prisons,
01:32il fallait que j'obtienne qu'il repousse l'ultimatum.
01:35J'avais 45 ans, j'étais le chef de la police de Munich.
01:40En marchant vers lui, je caressais l'idée de le ceinturer par surprise
01:44afin d'en faire un autre otage.
01:46Je l'avais déjà fait des tas de fois
01:48et c'est pour ça qu'à Munich on m'appelait le shérif.
01:52Mais le gars n'était pas novice.
01:54Il m'a calculé de loin et m'a montré la grenade qu'il tenait dans la main.
01:58Il allait falloir négocier.
02:14J'ai tenu ma première conférence de presse à 10 heures ce matin-là.
02:24Les Israéliens ont été attaqués dans la maison de Connelly, rue 31.
02:28C'est la maison de l'équipe israélienne.
02:32Les habitants ont été attaqués par des tirs.
02:40Des personnes, plusieurs personnes,
02:43sont entrées dans la maison avec des armes.
02:47Les tirs ont conduit à la mort.
02:50On non plus l'a pas vu.
02:52On les a touchés.
02:54Ils ont dépassé la porte.
02:56Ils ont perdu la porte.
02:58Ils ont disparu.
03:00Ils ont dépassé la porte.
03:02Il y avait des armes partout.
03:04Ils ont dépassé la porte.
03:06Ils ont dépassé la porte.
03:09Ils ont dépassé la porte.
03:11après avoir amené les hostiles dans leur forêt,
03:14et une demande a été évoquée sur un plan d'atterrissage
03:17dont vous devriez tous être au courant.
03:21Je n'ai pas tout dit lors de cette conférence.
03:24J'ai même omis l'essentiel.
03:27Depuis 9h du matin,
03:29le gouvernement israélien nous avait donné sa réponse
03:32concernant la libération des 200 prisonniers exigés par les ravisseurs.
03:42Golda Meir, le premier ministre, avait été très clair.
03:46Israël, par principe, refusait toute négociation avec les terroristes.
03:50Aucun détenu ne serait donc libéré.
03:53Cette intransigeance nous a privés d'emblée
03:56de toute capacité de manœuvre pour négocier avec les ravisseurs.
04:00En compensation, Golda Meir nous a proposé
04:03de faire intervenir leurs fameuses unités contre-terroristes.
04:12J'étais ici en Israël.
04:19Il devait être 9h30 ou 10h quand l'info est tombée
04:23que des Israéliens avaient été pris en otage au village olympique.
04:27On parlait de la moitié de la délégation environ.
04:30La première chose que j'ai faite quand j'ai appris ça,
04:34c'est d'appeler mon supérieur hiérarchique,
04:37un général de l'état-major,
04:38pour leur conseiller de m'envoyer sur place
04:41avec 2 ou 3 de mes officiers.
04:43Je leur ai dit, on arrive d'abord avec 5 officiers
04:47et 2h plus tard, le temps pour nous de tout mettre en place,
04:51on est rejoints par 30 soldats.
04:53On attend que tombe la nuit, on passe à l'attaque
04:56et on libère tout le monde.
04:58Après une heure, on a obtenu une réponse
05:01selon laquelle c'était impossible de faire ça en Allemagne.
05:05A cause de la loi fédérale mise en place après la Seconde Guerre mondiale
05:09qui interdit qu'une personne qui vient d'un pays étranger souverain
05:13puisse appuyer sur la détente sur le sol allemand.
05:18Puisque cette affaire se déroulait à Munich,
05:21je tenaire ce qu'elle soit résolue par des Bavarois
05:24avec des policiers et des moyens à nous et sous mon autorité.
05:28Je l'ai fait admettre sans trop de difficultés à Hans Dietrich Genscher,
05:32le ministre de l'Intérieur
05:34qui représentait l'échelon fédéral
05:36dans le cabinet de crise que nous avons improvisé.
05:39Je l'ai informé que les terroristes
05:41avaient déjà catégoriquement refusé nos propositions d'argent.
05:452 millions de Deutschmarks contre leur départ sain et sauf
05:49et la libération des otages.
05:51Issa, tel un fanatique,
05:53s'en tenait à la libération des 234 prisonniers en Israël.
06:00Genscher était épouvanté à l'idée de voir couler
06:03l'image de 100 Juifs en Allemagne.
06:05Il l'a dit à Issa lors de leur première rencontre
06:08au pied de l'immeuble.
06:10Ça n'a pas eu l'air de l'émouvoir.
06:13Les journalistes,
06:15les caméras agglutinées à moins de 100 mètres, se régalaient.
06:19En quelques heures, le 31 de la Colonie Strasse
06:22est devenu le centre du monde.
06:34Nous sommes à une cinquantaine de mètres de l'endroit du drame.
06:42Les Palestiniens menacent de les fusiller
06:45si 200 prisonniers politiques ne sont pas libérés.
06:49C'était la première fois qu'ils diffusaient des images
06:52d'un attentat en direct à une heure de grande écoute dans le monde entier.
06:56C'était ça, la véritable nouveauté.
06:59Évidemment, pour les terroristes, ça changeait tout.
07:02C'est bien autre chose que si on détourne un avion
07:05et qu'ensuite, le journal télévisé de la nuit diffuse
07:08la photo de débris d'appareils qui ont explosé quelque part en Jordanie
07:12et qui flottent sur la mer.
07:18Je n'avais pas l'option de refouler les reporters.
07:21Trop brutal pour les jeux de l'amour.
07:24Il a fallu faire avec.
07:28Le commando s'en réjouissait
07:30et menaçait même d'exécuter des otages en direct
07:33à la fin de chaque ultimatum.
07:36Ça rendait malades les autorités olympiques
07:39qui ne voulaient pas de sang supplémentaire sur leurs jeux.
07:42Nous avons dû batailler ferme pour leur imposer
07:45que la compétition soit suspendue alors que la question divisait le village.
08:0112 heures avaient passé depuis le début de l'attentat.
08:04Nous comptions naturellement sur l'épuisement des terroristes
08:08pour faciliter nos entreprises.
08:10Ils le savaient bien.
08:12Et c'est pourquoi, sans prévenir,
08:14Issa nous a annoncé qu'il voulait un avion
08:17pour quitter l'Allemagne avec ses otages.
08:22Impossible à retenir.
08:24Il s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'autre choix.
08:27Impossible, a rugit Genscher,
08:29à moins d'avoir l'accord des prisonniers.
08:32Sur un ordre d'Issa,
08:34un terroriste a ouvert une fenêtre et un athlète est apparu.
08:38J'ai su par la suite que c'était André Spetza, l'entraîneur des scrims.
08:42Il a eu trois mots pour nous dire en allemand
08:45que, sauf pour l'un d'entre eux, tout allait bien.
08:49Pas suffisant pour Genscher,
08:51qui exigeait de pénétrer dans l'appartement pour s'entretenir avec eux.
08:55Sinon, l'Allemagne refuserait catégoriquement de les laisser partir.
09:00Issa a accepté, en ajoutant que moi, je resterais dehors.
09:05J'ai pesté intérieurement.
09:07Mais le gars était finot. J'étais flic.
09:10Une fois dans l'appartement,
09:12j'aurais vu et noté des indices que mon ministre allait ignorer.
09:16Essayer quand même de savoir combien ils sont.
09:19Et j'eus le temps de lui dire avant de le laisser monter avec Merck.
09:26Ils sont restés un peu moins de dix minutes dans l'appartement.
09:40À la sortie, Genscher était très abattu.
09:43Pourtant, il a presque couru pour nous faire son rapport.
09:47Les otages ont donné leur accord pour l'avion, a-t-il dit rapidement.
09:51Puis, il nous a décrit l'atmosphère à l'intérieur.
09:54Épouvantable. Une scène de carnage.
09:57Il y avait du sang partout,
09:59des impacts de balles sur les murs, une odeur pestilentielle.
10:03Les athlètes étaient calmes, mais visiblement terrorisés.
10:07En sous-vêtements, assis sur le lit, enchaînés les uns aux autres.
10:11Et à leurs pieds, le cadavre de leurs camarades, mutilés, ensanglantés.
10:17J'ai immédiatement mis une partie de notre équipe sur le scénario de l'avion,
10:21et avec l'aide de Genscher,
10:23nous nous sommes lancés dans l'identification du cadavre.
10:26L'homme qui gisait à terre était jeune et affûté, tout en muscles.
10:30C'était donc un athlète, pas un entraîneur.
10:33Ce n'était pas Max Lavigne ou Eliezer Alphine qui participaient au concours de lutte.
10:40Le cadavre de Genscher,
10:43Genscher avait pu parler en anglais à David Berger,
10:46haltérophile qui possédait la nationalité américaine.
10:49Ce n'était pas non plus son collègue Zee Friedman.
10:53Par un jeu de déduction macabre,
10:55nous avons donc conclu qu'il s'agissait de Joseph Romano,
10:59le troisième haltérophile qui s'était blessé le ministre au cours de la compétition.
11:05L'ambassadeur israélien qui était là n'a pas dit un mot,
11:09et il a décroché un téléphone pour appeler Tel Aviv.
11:17Vers 18h30, il me semble que la presse était au courant
11:21de ce que je ne savais pas encore,
11:24car la maison était noire de mort.
11:27Il n'y avait pas d'information.
11:30À 18h30 donc, le représentant du comité olympique
11:34est arrivé avec un policier
11:37et a demandé où était le frère de Joseph Romano.
11:41J'ai répondu que j'étais sa femme.
11:44Que s'est-il passé ?
11:46Il est gravement blessé.
11:48Je le vois dans tes yeux.
11:50Il n'est pas gravement blessé,
11:52mais il a été blessé.
11:54Il a été blessé.
11:56Il a été blessé.
11:57Je le vois dans tes yeux.
11:59Il n'est pas gravement blessé.
12:01Dis-moi la vérité.
12:04Et il m'a avoué que Yossi était le deuxième mort.
12:11À ce moment-là, je me suis évanouie.
12:15L'autre information capitale que nous ramenaient Merck et Genscher
12:19c'était le nombre de terroristes.
12:22Ils en avaient compté cinq.
12:24Certains parmi nous continuent de penser qu'ils étaient plus nombreux,
12:28mais c'est en me basant sur ce chiffre
12:31que j'ai déclenché l'opération Toi.
12:44...
12:50...
12:56...
13:03On nous a donné la mission de libérer les Israéliens,
13:07à la suite de quoi nous nous sommes positionnés
13:10sur le toit de leur immeuble
13:13pour ensuite pénétrer à l'intérieur
13:16en passant par le balcon et par les conduits
13:19pour libérer les otages.
13:24Sur le toit, nous étions en permanence en contact radio
13:27avec le haut commandement de l'opération.
13:32Le nom de code, c'était Rayon de Soleil.
13:37C'était le signal pour l'attaque,
13:40pour la libération des otages du village olympique.
13:44...
14:09En fait, nous avons passé des heures et des heures sur le toit.
14:14On était prêts à intervenir.
14:17Et ce nom de code, Rayon de Soleil,
14:20n'a pas été prononcé.
14:23On ne s'était même pas rendu compte que les terroristes
14:26pouvaient suivre en direct les policiers grimper sur les toits,
14:29où les tireurs d'élite se positionnaient,
14:31comment se passaient les préparatifs,
14:33le déplacement des véhicules blindés.
14:35Ça, tout le monde pouvait le voir à la télévision en direct,
14:38y compris les terroristes.
14:42C'était une autre époque.
14:44Nous n'avions même pas la télé dans notre salle de crise.
14:47J'ai découvert, au bout d'une demi-heure,
14:50que nous étions en train de nous couvrir de ridicule,
14:53que ça tournait au fiasco.
14:55Alors, j'ai donné l'ordre d'annuler l'opération.
14:58Mais Genscher n'en démordait pas.
15:00Impensable pour l'Allemagne de laisser partir
15:03comme prisonnier des hommes qu'elle avait invités.
15:06On criait pas mal, et c'est à ce moment
15:08que les deux Israéliens sont arrivés.
15:10Un homme du Mossad, qui n'a pas donné son nom,
15:13et son compas très volubile, qui s'est présenté comme négociateur.
15:21Ce que j'ai ressenti en arrivant là-bas,
15:24c'est un sentiment de chaos.
15:26Personne ne savait ce qui se passait, en fait.
15:29Je leur ai posé la question,
15:31où en êtes-vous,
15:33quelle est la situation avec les terroristes ?
15:36Ils ne savaient pas combien de terroristes il y avait,
15:39quelles armes ils avaient.
15:41C'était le bordel.
15:43J'ai aussi ressenti que les Allemands
15:45n'étaient pas contents qu'on soit là.
15:47C'était déjà assez compliqué pour eux,
15:49et notre arrivée rendait les choses, sans doute,
15:52encore plus compliquées.
15:58À 21h, ils sont enfin sortis de l'immeuble en groupe compact.
16:02Les neuf athlètes enchaînaient les uns aux autres,
16:05avançant sous la menace des kalachnikovs,
16:08des preneurs d'otages, qui les serraient de près.
16:11Ils sont sortis par le sous-sol qui communiquait au parking.
16:14Là, les attendait un bus qui les a conduits à l'héliport,
16:17à 500 m.
16:19Nous avons pu les compter de visu.
16:21Ils étaient huit.
16:23On s'était bel et bien plantés.
16:25Mais dans ce genre de crise, il n'y a pas de temps pour les lamentations.
16:29Il faut agir vite.
16:31J'avais encore une carte à jouer à laquelle les bandits ne s'attendaient pas,
16:34soit cinq ou huit.
16:36Qu'importe, dans un peu plus d'une heure,
16:39le dénouement aurait lieu en notre faveur.
16:45Je vois arriver deux hélicoptères
16:47qui atterrissent sur la pelouse devant ma chambre.
16:50Là où nous étions, on voit tout ce qui se passe.
16:53C'était comme une scène de film.
16:56Les hélicoptères qui arrivent,
16:58les terroristes qui sortent avec leurs armes
17:01et nos amis menottés qui sortent courbés,
17:04qui passent et qui avancent.
17:06Cela ne correspondait pas tellement à l'ambiance olympique.
17:10Je me souviens que je regardais par la fenêtre
17:13et je cherchais mon entraîneur et je ne l'ai pas vu.
17:16J'étais un peu myope, je voyais mal,
17:18mais je savais qu'il était là-bas.
17:21Et je vois les hélicoptères décoller
17:23et alors on se tourne vers moi.
17:25Esther, pense à demain.
17:27Le lendemain, je devais courir.
17:29On va te donner des somnifères.
17:31Va dans ta chambre et on va montrer au monde
17:34que ce n'est pas ça qui va nous briser.
17:36Et voilà que je me retrouve avec tout l'idéal du pays
17:39sur mes épaules pour que le lendemain, je cours.
17:42Et moi, je suis dans un état mental catastrophique
17:45avec la tension de toute la journée.
17:47J'étais perdue.
17:50Après les avoir laissés décoller,
17:52j'ai moi-même embarqué sur un troisième hélicoptère
17:55avec Gensher et les autres,
17:57plus les deux Israéliens qui nous collaient au Basque.
18:00En survenant le village et le site olympique,
18:03j'ai pensé que les Jeux allaient pouvoir reprendre.
18:06Vu la pression phénoménale que m'avait mis le CIO toute la journée,
18:10c'était déjà une satisfaction.
18:15Moi, j'ai eu quatre otages ligotés avec du plastique rouge,
18:18du cuir ou je sais pas trop ce que c'était.
18:21Ils ont été conduits dans mon hélicoptère
18:24et ils ont dû s'asseoir sur une banquette pour quatre.
18:27Ils regardaient tous droit devant eux.
18:30Et puis, il y avait les deux terroristes.
18:33Il a été assis derrière moi, celui avec la cagoule.
18:36Il avait une mitraillette et 150 munitions,
18:39trois chargeurs fixés ensemble avec du sparadrap.
18:42Ils n'avaient pas la notion du temps.
18:45Ils ne savaient pas non plus à quelle vitesse on volait.
18:48Nous avons pris notre temps.
18:50La raison principale, c'était que la cellule de crise
18:53arrive là-bas avant nous.
18:55La cellule de crise, ça veut dire Gensher, Schreiber,
18:59Bruno Merck.
19:01Ils sont arrivés là-bas avant nous.
19:08En peu de temps, nous avions concocté un plan
19:11pour un assaut en bonne et due forme,
19:13conduisant à la libération des otages.
19:15C'est dans ce but que nous avions choisi
19:18l'aérodrome de Fürstenfeldbruck.
19:20Il était situé dans une enceinte militaire fermée
19:23et ainsi totalement à l'abri du regard des curieux
19:26ou des journalistes bloqués derrière une grille infranchissable
19:30Sur la piste, j'avais fait poser un Boeing de la Lufthansa
19:34dans lequel devaient embarquer les preneurs d'otages et les athlètes.
19:38A l'intérieur, déguisés en steward,
19:40les attendaient 8 policiers recrutés en urgence
19:43dans les commissariats de Munich.
19:45On s'était entendu avec Issa pour qu'en descendant des hélicoptères,
19:49lui et son lieutenant Tony aillent vérifier par eux-mêmes.
19:52A ce moment-là, sans doute sur la passerelle depuis l'intérieur,
19:56Méga les aurait abattus sans sommation.
19:59Au même moment, les 5 tireurs d'élite
20:02dissimulés à différents endroits sur le tarmac
20:05auraient ouvert le feu sur les autres.
20:07Nous pensions que sous l'effet de surprise,
20:10ceux qui n'auraient pas été touchés jetteraient leurs armes,
20:13se rendraient et que les otages retrouveraient la liberté.
20:16Tel était le spectacle auquel je m'attendais
20:19quand nous avons pris place dans la tour,
20:22face à la piste, nous et les Israéliens.
20:27Ce plan n'était pas le nôtre.
20:29Ils ne nous ont pas consultés, ils ne nous ont pas parlé.
20:35Il y avait aussi des snipers en position,
20:38mais ce n'étaient pas des spécialistes du contre-terrorisme.
20:42C'étaient plutôt des chasseurs qui aimaient bien, le week-end,
20:46chasser le cochon sauvage, le sanglier
20:49ou les cerfs dans les forêts de la Bavière.
20:57Et puis, il y a ces policiers allemands
21:00qui s'étaient portés volontaires pour la mise en scène de l'avion,
21:04pour faire comme s'ils allaient emmener les otages.
21:07Une fois dans l'avion, ils ont décidé entre eux
21:10de procéder à un vote à main levée démocratique.
21:13Ils étaient 7 ou 8,
21:15et le résultat était que c'était trop dangereux pour eux.
21:19Et ils sont donc sortis de l'avion.
21:22Quand nous avons atterri,
21:24les policiers déguisés en Stewart
21:27avaient déjà quitté l'avion de la Lufthansa
21:30pour se cacher à l'extérieur.
21:32La police a complètement manqué sa mission.
21:43J'étais encore sous le choc de la défection de mes hommes dans l'avion
21:47quand on m'a prévenu que les hélicoptères approchaient.
21:50Dans l'angoisse qui m'a alors saisi,
21:52la pensée d'avoir tenu les journalistes à l'écart
21:55a été ma seule lueur.
21:58Avec mon collègue, on monte dans notre voiture
22:01et on va jusqu'à l'aéroport militaire
22:04qui était à une trentaine de kilomètres à peu près de Munich.
22:08C'est fermé, l'aéroport militaire.
22:11Il y a une grande grille d'entrée.
22:14On se met là, devant la grille.
22:17On n'est pas tout seul.
22:19Petit à petit arrivent d'autres journalistes.
22:22Des hélicoptères qui arrivent et qui vont se poser.
22:33Nous sommes descendus en plein air
22:35et nous avons vu l'avion de la Lufthansa.
22:38C'était un 727, un Boeing.
22:41On s'est posés près de la tour de contrôle,
22:44à 80 mètres de la tour.
22:48Ensuite, Issa est sorti de l'autre hélicoptère
22:51et Tony, du mien.
22:56Après, ils sont allés vers l'avion de la Lufthansa.
22:59Ils étaient à une centaine de mètres de mon hélico.
23:02Quand ils sont arrivés en haut de la passerelle,
23:05l'avion était vide. Il n'y avait personne à bord.
23:08Alors ils se sont mis à hurler en courant vers les hélicoptères.
23:13Là, ça tirait sans arrêt.
23:15Ils ont aussi tiré dans les lampadaires qui éclairent la piste.
23:22Les deux types qui étaient entre les deux hélicos ont été touchés.
23:28Tony a été touché à la cuisse.
23:30Issa s'est jeté au sol derrière mon appareil
23:33et moi sur le côté.
23:37Et alors, j'ai couru vers l'avant.
23:40J'ai rampé. Je me suis redressé
23:42et ensuite, on m'a tiré dessus depuis l'autre hélicoptère.
23:46Là, je me suis laissé tomber et puis j'ai fait le mort.
23:52...
23:57J'étais au niveau de la terrasse et eux étaient en bas.
24:01J'ai pris le mégaphone et j'ai commencé à leur parler en arabe,
24:05comme si c'était au nom du gouvernement allemand.
24:09Ne faites pas de bêtises, ne tirez pas, tout ira bien.
24:13L'avion de la Lufthansa vous attend. Ne gâchez pas tout.
24:17Ils ne m'ont pas répondu. Ils m'ont tiré dessus.
24:20Moi, je me suis planqué.
24:23...
24:254 minutes après minuit, un véhicule blindé est arrivé
24:30et il s'est mis à tirer.
24:33C'était un véhicule de la police allemande.
24:37Il tirait dans la zone d'atterrissage.
24:41...
24:45...
24:49...
24:53...
24:57...
25:00Et puis, à un moment, il y a cet hélicoptère qui explose.
25:05C'est une gerbe bleu ciel
25:09qui s'envole comme ça.
25:12Je sais pas que c'est un hélicoptère qui explose,
25:16mais je vois bien qu'il se passe quelque chose.
25:20Du haut de la tour de contrôle,
25:23j'ai longtemps contemplé à gare
25:26les flammes de l'hélicoptère danser devant mes yeux.
25:30Puis, dans un coin de ma tête,
25:33une alarme s'est soudain mise à retentir.
25:36Est-ce que dans le feu de l'action,
25:39certaines de nos balles n'avaient pas touché les otages ?
25:43Au bout d'un moment, il y a eu le silence complet.
25:47J'ai vu que les tirs avaient cessé, je suis descendu.
25:51J'ai vu une scène affreuse.
25:54Beaucoup de sang à côté de l'hélicoptère,
25:57les corps les uns sur les autres.
26:00Ils étaient tous morts.
26:02...
26:09Et là, il y a un porte-parole qui vient et qui dit,
26:13écoutez, tout s'est bien passé, les otages sont libérés.
26:17Conférence de presse au centre de presse
26:20où pouvaient rentrer tous amis.
26:23Je suis avec mon collègue, j'ai dit, attends, c'est pas possible.
26:27Ça a tiré.
26:29J'ai vu une gerbe incroyable, une explosion.
26:35Tu rentres, moi, je reste là.
26:38C'est pas possible ce qu'ils nous racontent.
26:54...
26:58...
27:13Il y a la grille.
27:15Je vais voir si on peut pas rentrer sur l'aéroport.
27:19Je marche un kilomètre, deux kilomètres à peu près.
27:23Il y a des bravelés tout autour.
27:26À un moment, il sort un monsieur.
27:29Ça a son importance.
27:31Costume, cravate, chemise blanche, beau,
27:35visage émacié, avec des larmes qui coulent.
27:40Et je lui dis, qu'est-ce qui s'est passé ?
27:44Et il me répond...
27:47...
27:51Ils sont tous morts, on a tout manqué.
27:55J'étais les otages ? Il dit oui.
27:58Et il reprend sa marche.
28:00Je le rattrape et je lui dis, vous êtes qui ?
28:04Et il me dit...
28:06...Crona-Vittor, le maire de Munich.
28:10Donc, je suis là avec cette info-là,
28:15alors que le porte-parole a dit que tout s'était bien passé
28:19et que tous les journalistes sont entrés
28:22dans la presse de Schreiber.
28:25Donc, j'appelle notre bureau à Munich.
28:28Lestello, tous les otages sont morts.
28:34Entre le moment où je donne cette info-là
28:37et que ça passe à l'AFP,
28:39il se passe une heure avant qu'ils disent la vérité.
28:45La rumeur de la fin heureuse s'était répandue
28:48alors que nous étions encore à Fürstenfeldbruck.
28:51Le ministre n'est pas très pressé de l'annoncer au monde entier.
28:55Ça m'a donné une heure de plus pour me préparer
28:58à affronter la colère et le chagrin effroyable que j'allais déclencher.
29:02Et dans cet intervalle,
29:04les journaux qui devaient paraître le matin
29:07ont été imprimés avec des titres fallacieux.
29:15C'est terrible, parce que la nouvelle,
29:18tout le monde est vivant, tous les otages sont vivants.
29:24Et là, à la radio, il y a des chants d'Israël.
29:27Ces chants-là, je n'oublierai jamais.
29:31Des chants de Jura.
29:33Tout le monde est heureux, tout le monde a été libéré.
29:37Et je me dis, mais moi, qu'est-ce que je fais, là ?
29:43Moi, j'ai dit qu'ils étaient morts.
29:46Je suis le seul à avoir dit qu'ils sont tous morts.
29:50Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
29:56Et aujourd'hui encore, je me pose la question.
30:00Qu'est-ce que j'avais envie ?
30:03Est-ce que j'avais envie d'avoir raison sur mon info ?
30:08Ou est-ce que j'avais envie d'avoir tort
30:11et que tous ces athlètes soient vivants ?
30:14J'ai peur.
30:45Quand la nouvelle de la mort des neuf otages est devenue officielle,
30:49vers 3 heures du matin,
30:51le responsable du Mossad nous avait déjà quittés.
30:54Il était dans le vol du retour pour Israël.
30:57Il allait faire son rapport au Premier ministre.
31:00Je savais qu'il allait nous accabler,
31:03nous faire porter l'échec de l'opération.
31:06J'avais peur.
31:08J'avais peur.
31:10J'avais peur.
31:12Pendant le vol du retour, je ne songeais déjà plus aux Allemands.
31:16Si lamentables qu'ils aient été,
31:18ils n'étaient pas les responsables de ce carnage.
31:21J'étais le grand patron du Mossad.
31:23J'avais vu de mes yeux les terroristes palestiniens
31:26tirer sur des hommes désarmés
31:28et jeter une grenade dans l'hélicoptère pour les achever.
31:32C'est à eux, aux chefs qui les avaient envoyés,
31:35que je me suis rendu compte.
31:37J'avais peur.
31:39C'est à eux, aux chefs qui les avaient envoyés à Munich,
31:42que je pensais alors que mon appareil me ramenait au pays.
31:46Dans mon esprit, se dessinaient déjà de grandes lignes,
31:50des représailles impitoyables que nous allions exercer.
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