Spécial Législatives : Quelles sont les scénarios envisageables si il n'y a aucune majorité ?

  • il y a 3 mois

Tous les samedis et dimanches soir, Wilfried Devillers reçoit invités et chroniqueurs pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 18h30 à 19h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:0018h30 sur Europe 1, nous sommes toujours en plateau avec nos invités Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire,
00:11Emmanuel Vauguet, communicant politique et président de Narrative, et le chef du service politique d'Europe 1, Louis de Ragnel.
00:18Emmanuel Vauguet, sur cette temporalité des élections législatives, le fait qu'elles ne suivent pas une présidentielle,
00:24est-ce que ça aussi, ça peut expliquer ce regain de participation ? Est-ce que les électeurs sont dans la même logique ?
00:31Ils ne sont pas dans la même logique, non. Historiquement parlant, la Vème République et le changement de temporalité du mandat présidentiel
00:40en le synchronisant avec les élections législatives, a toujours permis au président qui arrive au pouvoir de synchroniser son pouvoir avec celui d'une assemblée nationale à sa main.
00:51C'est ce qu'on appelle le fait majoritaire.
00:52C'est le fait majoritaire, absolument, et donc chaque président a bénéficié de cela. Là, c'est naturellement plus le cas, puisque le président a décidé de sa propre gouverne,
01:03personne ne lui demandait de dissoudre, donc on n'est pas sur un moment où les Français veulent donner la possibilité au chef de l'État nouvellement élu d'appliquer son programme pour pouvoir juger sur pièce.
01:19C'est ça la difficulté. Et donc là, aujourd'hui, on a à travers ce scrutin aussi une reprise de pouvoir assez forte, me semble-t-il, de l'Assemblée nationale,
01:29parce que demain, en fonction de ce qu'il va se passer, vous allez avoir un président qui pourra bénéficier d'une majorité relative ou de rentrer en cohabitation et d'être quelque part un cavalier sans tête.
01:43Donc on est dans une logique qui n'a strictement rien à voir avec celle de l'élection législative traditionnelle qui suit l'élection présidentielle.
01:51Arnaud Bénédicte ?
01:52En fait, vous avez trois hypothèses. Vous avez soit une majorité absolue, soit vous avez une majorité relative, mais cette majorité relative, il faut savoir qui la porte.
02:00Est-ce que c'est une majorité relative de coalition ? Est-ce que c'est une majorité relative qui serait opposée finalement au président de la République ?
02:08Et dans ce cas-là, on rentrerait dans un scénario de cohabitation.
02:11La troisième hypothèse, qu'il ne faut pas non plus exclure, c'est qu'on se retrouve dans cette situation totalement inédite sous la Ve République, sans majorité du tout.
02:21C'est-à-dire avec l'incapacité, en tout cas dans un premier temps, de pouvoir former un gouvernement faute de majorité.
02:29C'est-à-dire que ce serait un épisode du jamais vu sous la Ve République.
02:35Je rappelle quand même que la Ve République a été pensée, encore une fois, par le général De Gaulle pour pouvoir produire des majorités, en principe d'ailleurs des majorités absolues.
02:41C'était pour ça qu'on avait choisi ce mode de scrutin majoritaire uni-nominale à deux tours, qui était un scrutin couperé, qui permit justement d'éviter ce que l'on connaît avec la proportionnelle.
02:52Donc on se retrouverait en effet dans une situation qui serait totalement insolite, qui poserait un vrai problème institutionnel dans, j'allais dire, le fonctionnement de la Ve République.
03:03Ça serait là pour le coup quelque chose d'inattendu.
03:06Mais on imagine qu'il y a quelque chose de... Enfin, évidemment, il y a forcément quelque chose de prévu. C'est pas une totale inconnue, je veux dire, même si on...
03:12Vous imaginez que le Président de la République a tout anticipé ?
03:15Non, c'est-à-dire que là pour le coup, c'est... Il y a toujours des... On peut évidemment imaginer des hypothèses.
03:22On parle de gouvernement technique, mais un gouvernement technique en France, c'est quelque chose qui n'existe pas.
03:26C'est quelque chose qu'on peut voir éventuellement en Italie, ce qu'on peut voir éventuellement en Belgique.
03:31Ça existe pour gérer les affaires courantes, mais c'est une situation qui, en termes de culture politique par rapport à la Ve République, serait tout à fait nouveau.
03:38Si vous voulez, on est plus sous la quatrième, on est plus sous la troisième République, avec la Ve République.
03:42Messieurs, on va continuer à parler de ces scénarios possibles. Je voudrais, avant cela, on est en direct qu'on retrouve Arthur Delaborde. Bonsoir Arthur.
03:50Bonsoir Wilfried, bonsoir à tous.
03:52Vous êtes en direct du QG du Nouveau Front Populaire dans le 10e arrondissement de Paris. Il y a déjà des militants qui arrivent. Quelle est l'ambiance ?
04:02Alors, c'est plutôt calme ici. Pas encore de militants. Et c'est bien le QG des Assoumis, puisque le Nouveau Front Populaire passe cette soirée en ordre dispersé,
04:12avec des soirées électorales dans les différents sièges des partis, que ce soit socialistes ou chez les Verts.
04:19Ici, à La Fayencerie, ancienne immeuble industrielle du 10e arrondissement de Paris, Jean-Luc Mélenchon va suivre l'annonce des résultats avec sa garde rapprochée des élus,
04:29notamment comme Mathilde Panot, Clémence Guettet ou Manuel Bompard. L'ambiance, je vous le disais, encore relativement calme. Pas de militants encore.
04:36L'enjeu, en tout cas, est évidemment important ce soir pour les Insoumis, qui comptent le plus grand nombre de candidats au sein de cette alliance de gauche.
04:43Pas de confirmation à ce stade, mais Jean-Luc Mélenchon pourrait prendre la parole après l'annonce des premiers résultats dans 1h30 à 20h30.
04:51Les Insoumis ont en tout cas prévu de quitter cette immeuble de La Fayancerie à 21h30 pour se rendre place de la République, à environ 1km d'ici,
05:05et retrouver tous les autres membres de ce nouveau Front Populaire, et c'est notamment Manuel Bompard qui devrait s'exprimer, prendre la parole,
05:15depuis cette place de la République entourée des autres membres de ce nouveau Front Populaire, notamment les Socialistes et les Verts.
05:22Arthur Delaborde en direct de La Fayancerie, dans le 10e arrondissement de Paris, le QG du nouveau Front Populaire.
05:29Louis Dragnel, on parlait avant de retrouver Arthur des scénarios possibles, on se projette un peu après le second tour, qu'est-ce qui se passe s'il n'y a pas de majorité ?
05:38Vous me disiez le chaos, j'avais l'impression que c'était un peu ça qui dominait, ou l'inconnu ?
05:45C'est encore pire que ce qui se passait sous la 4e République, puisque la 4e République était faite pour ça.
05:51Là où la 5e n'est absolument pas faite pour ça, où globalement c'est un régime présidentiel, la 5e République, où l'initiative parlementaire, la manière de conduire le pays,
06:01vient d'en haut, vient du Président de la République vers le bas. Et là vous allez avoir un entrechoquement avec d'un côté le Président qui veut des choses,
06:08et qui envoie vers l'Assemblée un message ou une commande, et de l'autre côté le Parlement qui ne répond pas, puisqu'il n'y a pas de possibilité de départager
06:15Il y a eu un bloc, un des trois blocs, Extrême-Gauche, Centre et Droite Nationale.
06:21Et donc voilà, il est tout à fait possible qu'il ne se passe rien, et donc là, tout est possible, on n'a jamais vraiment vécu ça.
06:29Et vous parlez de la 4e République, on se rappelle que c'était aussi une République un peu de la paralysie, c'était ça qui était très compliqué.
06:34C'était la République de la paralysie qui a quand même, alors on lui reproche beaucoup de choses, mais l'administration avait pris du coup beaucoup de place,
06:40et l'administration avait réussi à conduire quand même malgré tout un certain nombre de réformes, mais on s'était dit à l'époque, et c'était surtout le Général De Gaulle,
06:48il voulait redonner vraiment toute la place aux politiques pour prendre les décisions et faire en sorte que ce ne soit plus l'administration qui s'occupe de conduire le pays.
06:55Il y avait une très grande différence, c'est que sous la 4e République, quand un cabinet, c'était ce qu'on appelait le cabinet, c'est-à-dire le gouvernement sautait,
07:02on pouvait le remplacer et retourner aux urnes. Là, on est dans un blocage absolu, parce que n'oubliez pas qu'on ne peut plus dissoudre l'Assemblée Nationale pendant un an.
07:12Et quand je dis qu'on ne peut plus dissoudre l'Assemblée Nationale pendant un an, même s'il prenait au Président de la République de quitter le pouvoir,
07:19son successeur ne pourrait pas dissoudre l'Assemblée Nationale.
07:23En revanche, il peut faire des jeux de coalitions, c'est-à-dire qu'il peut peut-être dire sur ce texte-là, on va s'entendre avec des gens, des socialistes...
07:31Le problème, c'est que ce n'est pas l'esprit de la 5e République. La 5e République, c'est l'antithèse de la 4e République, c'est comme ça qu'elle avait été pensée et qu'elle avait été conçue.
07:42Si vous voulez, la 4e et la 3e Républiques permettaient en effet des jeux de coalitions, des combinaisons, et c'est bien évidemment contre cela que le général De Gaulle s'est élevé,
07:51parce qu'il considérait que c'était paralysant pour l'action du gouvernement, et il n'avait d'ailleurs pas tout à fait tort en l'occurrence.
07:57C'est pour ça qu'on se retrouverait dans une situation, je le répète, encore une fois, qui serait pour le coup assez atypique.
08:04On est clairement là dans de la politique fiction, parce qu'évidemment on ne sait pas du tout ce qui va se passer ni d'ici une heure et demie, ni la semaine prochaine dans l'entre-deux-tours.
08:15On va retrouver Frédéric Michel à Nice. Frédéric Michel qui est du côté d'Éric Ciotti à Nice.
08:22Oui, c'est ici à Nice, chez lui, qu'Éric Ciotti va vivre ce premier tour des élections législatives.
08:27Un pupitre et un podium pour les nombreuses caméras présentes ont été installés ici, devant le siège de la Permanence, où le président contesté du Parti Républicain est arrivé il y a environ une heure.
08:36Il est en réunion actuellement avec ses collaborateurs. Éric Ciotti ne devrait pas prendre la parole avant 21h15, 21h30.
08:43Il a voté ce matin, 11h30, dans la première circonscription du centre-ville de Nice, à l'école maternelle des Baumettes, où les électeurs étaient beaucoup plus nombreux qu'il y a trois semaines pour les élections européennes.
08:53D'ailleurs, dans les Alpes-Maritimes, le taux de participation à 17h était de 54,48%. C'est un peu moins bien que la moyenne nationale, mais nettement supérieur à la participation des législatives de 2022.
09:06Frédéric Michel au QG du LR, Éric Ciotti, on va parler, vous en parliez, Louis Dragnel, des possibles triangulaires, parce qu'on parlait de la participation historique, je rappelle un 59,39% à 17h.
09:21Et donc, vous nous disiez en début d'émission qu'il y avait un grand scénario de triangulaire. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ces scénarios-là ? Est-ce que c'est un scénario si atypique ?
09:34Alors, c'est atypique, en tout cas par rapport aux élections législatives de 2022, puisqu'il y avait simplement eu huit triangulaires en 2022. Pourquoi ? Parce que la participation était bien plus faible.
09:45Pour pouvoir se qualifier au deuxième tour des élections législatives, il faut faire plus de 12,5% des inscrits en nombre de voix. Et dans la mesure où il y a une participation très forte, mécaniquement, vous allez avoir beaucoup plus de candidats qui peuvent se qualifier au deuxième tour.
10:02Et donc, quand vous êtes dans une configuration comme celle-là, ça suppose qu'il y ait beaucoup de jeux d'alliances, de retraits, de combinaisons, dont parlait d'ailleurs Arnaud Benedetti à l'instant, donc des combinaisons, pour le coup, à l'échelon très local.
10:15Et ce qui va être compliqué pour les appareils, c'est que la réalité d'une circonscription n'est pas du tout la même que la réalité d'une autre circonscription. Et dans certains cas, vous pouvez avoir intérêt à dealer avec quelqu'un qui est d'une certaine couleur politique, et dans d'autres, pas du tout, dans un autre département.
10:30Donc ça va être compliqué pour tout le monde. En réalité, ça va être compliqué pour tout le monde, ça ne va profiter à personne. Et je pense qu'il y aura quand même, sans doute, un parti qui jouera un rôle très important dans ces histoires de retrait ou de soutien, ça va être le Parti Présidentiel Renaissance.
10:46On va évidemment poursuivre cette conversation, et surtout sur ces scénarios triangulaires, dans un instant. Et je vous rappelle, les résultats sont attendus d'ici 20h, les premiers résultats, et puis soirée spéciale sur Europe 1 Essay News à partir de 19h30 avec Laurence Ferrari et Pierre De Villeneuve.
11:04A tout de suite sur Europe 1.
11:05Europe 1, Wilfrid de Villers.
11:10Il est 18h45 sur Europe 1, soirée d'Europe 1, soir-week-end consacré au premier tour des élections législatives. Et nous allons directement au puits en Velay où nous retrouvons Jean-Luc Bougeon dans la première circonscription de Haute-Loire, celle de Laurent Wauquiez. Bonsoir Jean-Luc.
11:26Bonsoir Wilfrid.
11:27Est-ce qu'il y a encore du monde au QG de campagne de Laurent Wauquiez ? Est-ce que ça commence à s'animer à 1h15 des premiers résultats ?
11:37Pour l'instant, pour être honnête, c'est encore calme au QG de Laurent Wauquiez. On est dans le centre du puits en Velay où le candidat LR doit arriver incessamment sous peu et prendre la parole a priori autour de 20h30.
11:47Il a voté ce matin à la mairie du puits en compagnie de son épouse, Laurent Wauquiez qui est clairement le régional de l'Étape, un trait très implanté ici. Il a été maire du puits, député ici à deux reprises, président évidemment de la région Auvergne-Rhône-Alpes également.
12:00Tout le monde ici connaît Laurent Wauquiez qui a axé d'ailleurs toute sa campagne sur cet ancrage local.
12:06Face à lui, le candidat RN Alexandre Zay qui peut s'appuyer lui sur une dynamique très forte du RN puisque dans cette première circonscription de Haute-Loire, le RN a tutoyé les 40% il y a 15 jours aux élections européennes.
12:18Ce pourrait donc être assez serré, d'autant qu'il ne faut pas négliger la candidate du Nouveau Front Populaire, l'écologiste Céline Gacon qui s'était hissée au deuxième tour il y a deux ans des législatives.
12:28Voilà donc l'enjeu, sur fond là aussi de très fortes participations, 66% à 17h, 18 points de plus par rapport au scrutin de 2022.
12:37Jean-Luc Bougeon en direct du Puits-en-Velaye au QG de campagne de Laurent Wauquiez dans la première circonscription de Haute-Loire et nous sommes en ligne avec Bruno Cotteres, bonsoir.
12:48Bonsoir.
12:50Vous êtes politologue, chercheur au CNRS et au CIVIPOF, enseignant à Sciences Po, alors depuis 45 minutes sur Europe 1, on parle justement de cette participation historique des Français, je rappelle ce chiffre 59,39% à 17h.
13:03Comment est-ce que vous, vous analysez cette participation Bruno Cotteres ?
13:07Eh bien au fond, voyons, on est en train de revenir à un modèle où les élections législatives sont déconnectées, décorrélées de l'élection présidentielle, ce qui était le modèle auquel on était habitués depuis 2002.
13:19En fait, fondamentalement, vous savez à la fois le quinquennat et l'inversion du calendrier par Lionel Jospin en 2002, on va revenir sans doute à un niveau de participation des années 1990 comparable à celui des législatives 93-97.
13:34Donc lorsqu'on a des élections législatives qui ont un enjeu qui est bien identifiable, il s'agit de confronter des programmes et des propositions politiques, ça motive les élections.
13:45Eh bien vous savez ça, c'est une extante nouvelle pour notre système démocratique qui en a tellement besoin.
13:49Bruno Cotteres, est-ce que pour vous, ces législatives, elles pourraient mener un véritable bouleversement du paysage politique français ?
13:56Est-ce que ça pourrait rebattre les cartes, notamment à l'Assemblée Nationale ?
14:00On verra, il est vraiment trop tôt pour le dire, mais effectivement ce sont des élections législatives dont les Françaises et les Français ont compris qu'elles avaient précisément cet enjeu.
14:10Est-ce que ce sont ces élections législatives qui vont conduire à un changement de majorité ?
14:17Si changement de majorité il y a, quelle est la direction de ce changement de majorité ?
14:22Allons-nous avoir majorité absolue, majorité relative comme c'était le cas jusqu'à présent ?
14:27On voit visiblement que le corps électoral, lui, il a bien compris cet enjeu, alors même que le corps électoral avait un sentiment d'incompréhension, de perplexité sur la décision qu'avait prise Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée Nationale.
14:42Est-ce que ce n'est pas un peu contradictoire, il y avait cette incompréhension de la dissolution et en même temps on se rend massivement aux urnes ?
14:52Oui, c'est ça qui est assez fascinant d'ailleurs aujourd'hui, si les ressorts de la décision du chef de l'État lui appartiennent et ne sont pas apparus extrêmement clairs,
15:02on voit que l'occasion a été saisie par les électrices et les électeurs de dire ce qu'ils pensaient de la situation, d'exprimer au fond ce qu'ils souhaitaient,
15:13même peut-être indépendamment de l'intention qu'avait le chef de l'État.
15:17Nous verrons ce spoir à l'étude des résultats, si l'intention du chef de l'État qui était d'obtenir une majorité absolue qui lui soit favorable a été suivie des faits ou si c'est l'effet inverse qui a été,
15:29mais en tout cas ce qui est certain c'est que les électrices et les électeurs eux n'ont pas manqué l'occasion.
15:34Alors il reste quand même de l'abstention, si les estimations de participation se confirment, on serait autour de 67-68% de participation,
15:43ça veut quand même dire qu'il reste pratiquement un tiers de l'électorat qui ne s'est pas déplacé,
15:49donc il y aura quand même encore à travailler sur ce sujet, de faire en sorte que davantage d'électeurs viennent aux urnes.
15:56Arnaud Bénédéti sur cette question de la participation, plus de 67% c'est une estimation selon un sondage Ipsos ?
16:02Non mais encore une fois c'est une participation forte par rapport au dernier scrutin, ça c'est évident,
16:07mais si vous voulez encore une fois dans l'histoire des élections législatives de la Vème République,
16:10c'est une participation qui est en deçà de ce que l'on a pu connaître par le passé,
16:14donc on peut imaginer que le second tour compte tenu de la dramaturgie propre au contexte politique,
16:21va peut-être là aussi voir une augmentation encore une fois au second tour de la participation,
16:26d'ailleurs c'est ce qu'on avait connu là aussi en 97 où on avait gagné je crois 2,5 points de participation entre le premier et le second tour,
16:34donc ça on verra ça évidemment un peu plus tard dans la soirée.
16:36Bruno Cotteres avec nos autres invités, Emmanuel Vaugarde, Arnaud Bénédéti,
16:41on parlait de la motivation qu'il y avait derrière ce vote, derrière cette participation,
16:46et puis on évoquait un certain vote de peur, est-ce que c'est aussi le regard que vous portez sur ce premier tour, sur ce scrutin ?
16:53Alors qu'il y ait de la motivation pour les électeurs, oui incontestablement,
16:58on a posé dans l'enquête que le CDIPOF a réalisé avec d'autres partenaires,
17:03juste avant le premier tour, on avait demandé ce que les électrices et les électeurs pensaient de la dissolution,
17:09il y avait de l'incompréhension mais il y avait aussi de l'espoir,
17:12alors ce qui est incroyable c'est que l'espoir était davantage dans le camp des oppositions que dans le camp de la majorité,
17:18donc il y avait bien sûr de la motivation, et puis comme toute grande décision,
17:24il s'agit quand même d'une très grande décision de savoir qui va diriger notre pays,
17:29il peut y avoir aussi à la fois de l'adhésion mais en même temps effectivement la volonté de faire barrage,
17:36ou la volonté de choisir une option politique plutôt qu'une autre,
17:42donc vous savez le vote a un certain nombre de lois mais il a aussi ses quelques mystères,
17:48en tout cas aujourd'hui on a effectivement quelque chose que j'interprète d'abord et avant tout comme une très bonne nouvelle pour notre vie démocratique,
17:55d'avoir davantage de participation aux élections législatives,
17:58c'est vrai que c'était terrible de voir en 2017, en 2022 l'abstention qui avait été majoritaire pour choisir,
18:05excusez du peu, le législateur, ce qui dans un système démocratique est tout sauf anecdotique.
18:11Je voudrais qu'on s'intéresse aussi à cette campagne qui a été expresse,
18:16trois semaines seulement de campagne, les candidats ont véritablement fait un contre-la-montre en quelque sorte,
18:24Emmanuel Vogela s'était expresse et en même temps est-ce qu'ils ont réussi à convaincre, cela reste à voir,
18:29mais avec la participation on peut se dire que ça a quand même motivé un certain nombre d'électeurs à se rendre aux urnes.
18:34Est-ce que c'est la campagne qu'ont fait les candidats qui a convaincu les électeurs de se rendre aux urnes ?
18:40Ou les enjeux, ça on ne le saura jamais, c'est pire que ce que vous dites parce que c'est pas 15 jours de campagne,
18:45c'est une semaine de campagne, 15 jours de campagne et pas trois semaines,
18:48puisque pendant une semaine c'était le moment des alliances, le moment des appareils,
18:53et puis le vendredi on dépose et ensuite on n'a qu'un jour de campagne.
18:57Grosso modo on a enjambé le débat de la campagne pour ces élections législatives,
19:03comme le président de la République a enjambé le débat au moment de l'élection présidentielle en 2022,
19:08et comme il a enjambé le débat pour les élections législatives de 2022 qui ont suivi les élections présidentielles.
19:14Donc depuis 2017, on n'a jamais eu de véritable débat sur le fond, dans la longueur, pour ce que doit être un projet de gouvernement.
19:23Donc c'est aussi la raison pour laquelle les lignes ne peuvent que très difficilement bouger.
19:29Alors après il peut y avoir aussi une surprise et une petite décorrection après 20h,
19:34c'est que n'oublions pas que les grandes villes ferment à 22h et que plus l'écart annoncé à 20h sera faible,
19:40si il est faible, entre les différents courants, et plus la correction peut être forte dans les grandes villes.
19:47Car on a bien vu aux élections européennes que la carte électorale n'est pas du tout la même
19:52entre les grands ensembles urbains et notamment Paris avec le reste de la France.
19:57Et ce sera naturellement un des enjeux qu'il faudra regarder avec beaucoup de précision après 20h.
20:02Bruno Cotteres, ça aussi il y a cette attente pour y voir évidemment plus clair d'ici 20h ?
20:10Oui bien évidemment, il faudra comme toujours dans toute soirée électorale que les choses se stabilisent.
20:17On a vu parfois tout au long de la soirée électorale effectivement des données un petit peu évoluées.
20:24Mais globalement on peut quand même dire que les estimations qui vont être données à 20h
20:31seront globalement les estimations les plus déjà relativement bien stabilisées.
20:36Il n'y aura pas de gigantesques surprises avec des inversions spectaculaires.
20:40Puisque rappelons que les estimations qui sont données à 20h sont fondées sur des modélisations mathématiques
20:46qui justement prennent en compte les différentes heures de fermeture des bureaux de vote
20:52et l'éventuel effet qu'il y aurait de correctifs liés à ces différences de fermeture des bureaux de vote.
20:59Donc les estimations qui vont être données à 20h globalement seront assez stables.
21:04C'est vrai, toute chose égale par ailleurs, souvenons-nous quand même qu'il y a 3 semaines de ça,
21:10Mme Aubry a gagné 2,5 points entre 20h et 23h une fois que les grandes villes avaient été dépouillées.
21:19Ça veut dire qu'il peut y avoir des surprises, on n'est jamais à l'abri de surprises.
21:21Non, Bruno Cotteres a raison, c'est-à-dire qu'à 20h on ne va pas inverser le scrutin.
21:25C'est pour ça que je n'ai pas parlé de surprises, j'ai dit il peut y avoir des corrections.
21:29Et plus les scores sont serrés, plus les corrections par définition sont importantes à regarder de près.
21:35Louis Dragnel, ça veut dire qu'entre 20h et 21h, 22h, ça peut encore toujours évoluer ces résultats-là,
21:43même si comme Emmanuel Le Voguet le disait ou Bruno Cotteres, il n'y a pas de grande surprise,
21:46mais ça peut évoluer.
21:49Oui, ça évolue, mais exclusivement sur ce qui peut être analysé et regardé dans les grandes villes.
21:55Donc souvent ça amplifie un peu une tendance, mais ça ne change pas la donne.
21:59On parlait de la campagne Arnaud Benedetti, sur les grands thèmes de cette campagne,
22:06le thème principal pour les Français et pour de nombreux candidats, c'était le pouvoir d'achat, c'est ça ?
22:14Les grandes thématiques qui ont dominé cette campagne, c'est le pouvoir d'achat, c'est l'immigration, c'est la sécurité.
22:18Lorsqu'on interroge les Français sur les enjeux qui à leurs yeux sont prioritaires,
22:24ce sont ces trois thématiques qui apparaissent de manière assez récurrente et forte.
22:31Lors des élections européennes, c'était un peu différent, parce que la question du pouvoir d'achat était peut-être un peu moins sensible
22:37dans le contexte d'une élection européenne, mais elle avait été, il faut le rappeler,
22:41durant l'élection présidentielle, un des sujets majeurs, notamment de cette élection.
22:45Dans l'élection européenne, c'était plutôt l'immigration et éventuellement les questions de sécurité,
22:51mais là, quand même, on a une dominante dans cette élection législative autour de ces trois grandes thématiques.
22:55Et le pouvoir d'achat, c'est aussi très transpartisan, si j'ose dire,
22:59tous les partis et dans toutes les idéologies, on a évoqué cette thématique du pouvoir d'achat.
23:05Oui, parce que, s'il vous plaît, il y a un enjeu, c'est la bataille pour le vote des classes populaires et des classes moyennes,
23:12qui constituent quand même les gros bataillons électoraux.
23:15Et on a vu, en effet, l'ensemble des formations, l'ensemble des blocs rivalisés en termes de propositions quant à cet enjeu.
23:26Merci Arnaud Bénédétier, et surtout merci à vous Bruno Cotteres qui nous quittait déjà,
23:31je rappelle que vous êtes politologue, chercheur au CNRS et au SEVIPOF, enseignant à Sciences Po.
23:35Et puis je vous rappelle, un rendez-vous à partir de demain matin, Europe 1 matin, présenté par Dimitri Pavlenko,
23:42ce sera évidemment une matinale spéciale consacrée à cette analyse aux résultats du premier tour des législatives.
23:49A tout de suite sur Europe 1.

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