Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
Retrouvez "La pépite" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge-academie
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00:00Europe 1, la France bouge, la pépite.
00:03Avec vous, Antoine Noël, vous avez 33 ans, c'est ça ?
00:07Exact.
00:07Jappé existe depuis 2016, vous venez du nord de la France, école d'ingénieur, centrale Lille,
00:12vous avez fait le MIT à Boston et vous avez fondé Jappé alors que vous étiez encore étudiant, pourquoi ?
00:19J'ai traversé l'Atlantique avec des entrepreneurs et après avoir développé des exosquelettes au MIT,
00:26au moment où je suis rentré, je me suis dit que je vais créer une entreprise d'exosquelettes.
00:31Mais pourquoi ? En 2016, on n'était pas tellement là-dedans.
00:35Moi j'avais fait des exosquelettes pour l'armée, donc développé des exosquelettes pour l'armée française,
00:41l'armée américaine, donc une thématique complètement autre et je m'étais rendu compte que la problématique santé
00:46était vraiment beaucoup plus pertinente et correspondait mieux à mes valeurs.
00:49Et également, je me suis associé avec une designer-produit, Amélie Blondeau,
00:54dont la maman avait eu des graves problèmes de dos.
00:56Il y a son travail ?
00:57Effectivement, dans son quotidien, elle avait des grosses problématiques de troubles musculosques et éthiques
01:04qui avaient amené à des problématiques de dos.
01:06Donc là, vous vous êtes dit, je vais monter mon entreprise avec votre associé, ça s'appelle Jappé Médical.
01:12J-A-P-P-E-T, ça existe depuis 2016, mais la vraie commercialisation a démarré en 2021.
01:19On vous écoute le pitch et puis après, on va écouter les conseils de Marie-Sère Madiras.
01:22On vous écoute.
01:24Alors effectivement, comme vous le disiez, aujourd'hui, dans les personnes qui nous écoutent,
01:27il y a 4 personnes sur 5 qui sont déjà impactées ou qui vont être impactées par le mal de dos.
01:31Et on parle aujourd'hui plus spécifiquement des 2 millions de salariés qui aujourd'hui souffrent dans leur quotidien au travail.
01:39On parle de techniciens, on parle de soudeurs, on parle de soignants,
01:42toutes ces personnes qui ont parlé des cols bleus tout à l'heure.
01:45Et donc nous, notre objectif, ça va être de soulager ces personnes qui souffrent du dos,
01:50mais également d'accompagner à la prévention de ces problématiques du dos.
01:55On travaille notamment avec des entreprises comme Navel Group, ENGIE, dans l'industrie,
02:01également Nestlé, Michelin ou FM Logistique.
02:05L'impact qu'on va avoir, c'est tout simplement de réduire les troubles musculoscoïtiques en réduisant les arrêts de travail.
02:14Et donc ça a été un succès puisqu'aujourd'hui on est l'entreprise leader sur le secteur des exosquelettes
02:19contre le mal de dos en France, avec plus de 1000 exosquelettes vendues
02:23et une internationalisation qui débute très très fort.
02:26Donc ça démarre fort, merci pour votre pitch Antoine Noël, cofondateur de JAPE, c'est Troubles Musculosquelétiques.
02:31Benoît Serre, vous êtes le vice-président de l'Association Nationale des DRH,
02:35vous le voyez tous les jours, c'est le quotidien quand on est DRH.
02:37Selon les activités que vous avez, les TMS sont extrêmement présents.
02:42Vous savez qu'il y a deux grandes causes de maladies professionnelles aujourd'hui,
02:45c'est TMS et les causes de santé mentale,
02:48qui sont quasiment à égalité aujourd'hui dans les éléments de statistiques,
02:50ce qui est une nouveauté, parce que pendant longtemps les TMS ont été largement dominants,
02:54là aujourd'hui vous avez malheureusement un rééquilibrage des deux,
02:58mais pas une baisse de l'un par rapport à l'autre.
03:00Donc c'est un sujet effectivement majeur, d'autant plus avec le prolongement de la vie au travail,
03:06où effectivement, malheureusement, la douleur n'attend pas le nombre des années non plus.
03:10Marie Sermadiras, vous êtes entrepreneure, vous avez eu beaucoup de salariés,
03:14vous avez rencontré ces problématiques-là de TMS, de troubles musculoskélétiques ?
03:18Dans les métiers dans lesquels je suis moins,
03:21mais il y en a quand même, mais il y en a certainement,
03:23et c'est vrai qu'aujourd'hui je n'étais pas au courant de ce type de solutions
03:25qui sont nécessairement intéressantes pour des gens qui travaillent entre autres à l'usine.
03:29A l'usine, ou maintenant même si les plateformes pour tout ce qui est logistique
03:35dans les livraisons de colis sont équipées de robots,
03:38on les voit ces petits robots qui déambulent dans les allées,
03:40mais tout de même, ça reste des métiers avec une forte pénibilité, Antoine Noël.
03:44Moi, je pensais plus à eux aujourd'hui.
03:45En fait, tout ce qu'on a pu automatiser depuis 20-30 ans, on l'a automatisé.
03:49Sauf qu'aujourd'hui, un soignant à domicile par exemple,
03:52vous n'allez pas l'équiper d'un robot.
03:53Quelqu'un dans la logistique qui va porter des meubles,
03:56qui change de forme et de taille tout le temps, c'est impossible à automatiser.
03:59Donc vous, vous proposez quoi ? Ces exosquelettes, c'est quoi ?
04:01On le met sur nous ? Si moi je suis manutentionnaire, comment, quand je l'utilise ?
04:07L'exosquelette, ça peut faire un peu peur.
04:09Le mot fait un peu peur.
04:10Il fait un peu peur. Il y a cinq ans, quand on parlait d'exosquelettes,
04:12les gens nous disaient, attendez, je vous arrivais avec Iron Man, Aliens.
04:16Moi, j'aimais ça aussi.
04:17Et en fait, aujourd'hui, nous, on a pris le parti complètement inverse.
04:20C'est une espèce de petite ceinture lombaire qui intègre des micromoteurs
04:23qui va agir comme un amortisseur sur la cône vertébrale.
04:26Donc c'est assez discret, ça ne se voit pas sous un pull.
04:30C'est encore trop imposant pour nous.
04:31Il y a un vrai enjeu de démocratisation de ces solutions.
04:34Vous le vendez à qui ? À des particuliers ou aux entreprises ?
04:37Qui emploient ces salariés qui risquent de souffrir de ces troubles ?
04:40Alors, on le vend aux entreprises.
04:42C'est l'entreprise qui a investi et qui peut bénéficier de financements
04:45dans le cadre de handicap.
04:46Mais c'est l'entreprise qui investit dans la santé de ses collaborateurs.
04:49Et quand on sait qu'un arrêt de travail, c'est à peu près 8000 euros,
04:52c'est un investissement qui est généralement très rentable,
04:55notamment dans les structures où les salariés vont être soumis
04:58à des forts risques professionnels.
04:59Si vous êtes parmi nous, ce soir, Antoine Ouellet,
05:01on l'a bien compris, ça marche bien.
05:02Vous êtes en train d'internationaliser.
05:04Vous avez plus de 100 clients avec des grands groupes,
05:06SNCF, Decathlon et autres.
05:08Mais tout de même, vous avez besoin de lever des fonds.
05:12Aujourd'hui, le financement, ça a été principalement via déjà des levées de fonds.
05:16On est une entreprise de robotique médicale,
05:18donc il faut savoir qu'on a dépensé à peu près 4 millions d'euros
05:20avant de faire un premier euro de chiffre d'affaires.
05:23On a été largement financé par des levées de fonds.
05:26Et en ce moment, on fait des campagnes de financement participatif
05:28parce que ça permet d'intégrer nos clients et utilisateurs
05:31dans cette démarche, à la fois de conception,
05:33mais de déploiement des solutions.
05:34Donc vous devez lever des fonds,
05:35vous devez trouver plus de clients,
05:37j'ai l'impression que c'est bien parti tout de même,
05:39et augmenter votre capacité de production.
05:40Pour cela, évidemment, on a Marie Sermadiras
05:42qui est la coach de ce soir sur Europe 1
05:44qui a toutes les réponses, n'est-ce pas Marie ?
05:46Toutes, peut-être pas.
05:47Je n'aurais pas cette arrogance-là, mais j'espère certaines.
05:49Allez, c'est à vous.
05:54Alors, on l'a compris, vous, cette solution,
05:57vous la trouvez, vous la validez
05:59quand vous avez vu réagir tout à l'heure en écoutant le pitch.
06:03Tout à fait, je trouve ça très pertinent.
06:05Je trouve que ça résonne beaucoup
06:06avec ce qu'on s'est dit juste avant.
06:07On parlait d'augmenter les capacités
06:10du salarié ou de l'homme,
06:11et là, on est parfaitement dans cette dynamique.
06:14On n'est pas là pour remplacer l'homme,
06:15on est justement là pour compléter l'homme
06:17et éviter son remplacement éventuel
06:19par de nouveaux types de robots,
06:20de nouveaux types de machines qui pourraient se développer.
06:22Donc ça, c'est parfaitement dans l'air du temps.
06:24Et comme vous le disiez,
06:24ça répond parfaitement aux besoins des entreprises
06:28qui ont de plus en plus envie de lutter contre l'absentéisme
06:31et contre le coût engendré par les arrêts maladie.
06:34Là-dessus, je trouve que le marché
06:37et la réponse à cette problématique
06:39sont parfaitement au point.
06:40Ils sont en adéquation.
06:42Par rapport au levée de fonds qui est en cours,
06:44il y a un crowdfunding
06:45avec une campagne de financement participatif
06:48qui est en cours actuellement.
06:50Alors qui est en cours,
06:50on vient d'atteindre le maximum il y a quelques minutes.
06:53Ah ben, félicitations !
06:54C'est peut-être l'effet au report.
06:56Effectivement, on a augmenté le plafond
06:58puisque c'est une campagne qui fonctionne très bien.
07:00Et c'est quoi le plafond ?
07:01Alors c'était 800 000, on va passer à 1,2 million.
07:03Marie, c'est un Madiras.
07:04Moi, ce qui m'intéresse,
07:05je comprends tout à fait qu'en effet,
07:06vous ayez besoin de lever autant d'argent
07:08parce qu'il y a beaucoup de recherches
07:09et de prototypages produits.
07:11Aujourd'hui, à quoi sert plus particulièrement
07:13cette levée de fonds ?
07:13Vous avez parlé de la commercialisation
07:15qui a l'air de bien se dérouler.
07:17Est-ce que vous arrivez à trouver
07:17une forme de rentabilité auprès de vos nouveaux clients ?
07:21À quoi sert ce financement ?
07:22C'est du BFR ?
07:23C'est de la recherche additionnelle ?
07:24C'est des nouveaux produits ?
07:26Ça va servir à quoi ?
07:27À quoi cela va servir ?
07:28Exactement.
07:29Je pense que vous êtes conscients
07:30qu'aujourd'hui, sur le marché des levées de fonds,
07:32notamment sur le médical,
07:33il y a une vraie problématique.
07:36Il n'y a plus de fonds aujourd'hui
07:38à cause des hausses des taux d'intérêt notamment.
07:40Et donc aujourd'hui,
07:40la plupart des entreprises,
07:41nous y compris,
07:42avons basculé sur un modèle de rentabilité.
07:44Donc là, on est quasiment rentable.
07:46Et donc maintenant,
07:47on bascule d'un modèle où on finance de la perte
07:49à un modèle où on finance de l'investissement.
07:51Ça, c'est une bonne nouvelle.
07:51Ça, c'est une très bonne nouvelle.
07:52Et donc cette levée de fonds,
07:53elle va surtout servir à industrialiser ce produit
07:56pour le démocratiser,
07:57mais également développer
07:58des nouvelles générations de produits
07:59et ouvrir de nouveaux marchés.
08:01Donc effectivement,
08:02c'est plutôt de l'investissement
08:04pour de la croissance future.
08:05Marie-Sère Madira,
08:06est-ce quels conseils pourriez-vous donner ?
08:07Parce que même s'il est très bien lancé,
08:09Antoine, pour JAPE,
08:11les deux, trois petits conseils de ce soir ?
08:13La première question que je me poserais serait
08:15sur le...
08:15Vous parlez d'industrialisation du modèle.
08:18J'ai cru lire que vous étiez 100% made in France.
08:2198% le restait en Europe.
08:24C'est où ? C'est dans le Nord ?
08:25Alors, on fabrique dans notre local,
08:28dans le Nord.
08:29Où ?
08:29À Losses, au niveau de l'hôpital de Lille.
08:33Et donc c'est, j'imagine,
08:35un prototype...
08:37Le but, c'est qu'il y ait
08:39une quantité importante, j'imagine,
08:40et que ce soit industrialisé.
08:42Ça réclame beaucoup de travail manuel
08:44ou c'est automatisable,
08:46cette partie de la production ?
08:48Ou pas tant que ça ?
08:49C'est vrai qu'aujourd'hui,
08:50quand on regarde notre production,
08:52c'est très artisanal.
08:53Aujourd'hui, on vend à des artisans, parfois,
08:55et on produit un peu comme des artisans.
08:57Mais aujourd'hui, si on veut démocratiser
08:58ces solutions pour les rendre accessibles
09:00aux boulangers, aux particuliers...
09:02Effectivement, il y a un vrai enjeu
09:03d'automatisation,
09:05peut-être intégrer des robots
09:07dans notre ligne de production, notamment.
09:09J'imagine, parce que le premier ressenti
09:10que j'aurais, c'est qu'en effet,
09:11si on a envie de garder du made in France
09:14et de faire quand même
09:15à des échelles industrielles,
09:17il faudrait certainement mettre
09:18de l'industrialisation,
09:19sinon vos prix risquent
09:21d'être assez importants pour les clients.
09:23Côté clients, quel est le principal frein ?
09:26Alors, on a deux principaux freins
09:28aujourd'hui sur notre marché.
09:30Le premier, c'est la rentabilité
09:31de la prévention.
09:32Quand on arrive dans les entreprises
09:34et qu'on dit qu'aujourd'hui,
09:35un exosquelette, ça coûte entre 7 000 et 8 000 euros,
09:37les entreprises vont nous dire
09:39« je ne sais pas ».
09:41Et aujourd'hui, les premières personnes
09:43qui investissent, c'est plutôt des gens
09:43qui investissent sur un côté très humain.
09:45En fait, ils se rendent compte
09:46que leurs équipes sont cassées en deux.
09:49Et donc, effectivement,
09:49ils investissent parce qu'ils se disent
09:51quel qu'en soit le prix, en fait.
09:52Quel est le secteur où vous voyez
09:54où les équipes sont vraiment cassées en deux ?
09:55Comme vous dis, je reprends votre expression,
09:57Antoine Noël, c'est quel secteur d'activité ?
09:59Sans nous citer les noms des boîtes, évidemment.
10:01Alors, en fait, il y a des secteurs
10:02dans lesquels il y a des graves problématiques
10:03de troubles musculoskeutiques.
10:05Il y a le soin à la personne.
10:06Aujourd'hui, c'est un secteur
10:08qui tient grâce au dévouement des soignants.
10:10C'est incroyable ce que vous dites ce soir.
10:11Le bâtiment, la logistique.
10:13Aujourd'hui, la logistique, c'est des tonnes.
10:15C'est plusieurs tonnes par jour
10:19cumulées tous les jours.
10:20Quand les personnes que vous rencontrez
10:22disent que leurs salariés sont cassés en deux,
10:24c'est réel ?
10:25Ils n'arrivent plus à se tenir debout ?
10:26C'est réel.
10:28L'un de nos premiers clients
10:29était un maréchal ferrand.
10:31Et il nous dit,
10:32moi, j'adore mon métier,
10:33mais je sais que dans dix ans,
10:34je ne pourrai plus le pratiquer.
10:35J'ai une espérance de vie professionnelle de dix ans.
10:38Donc, en fait, il disait,
10:39quel qu'en soit le prix,
10:40aujourd'hui, j'ai besoin d'investir.
10:43Donc, on y mettra le prix.
10:45Si en effet, l'investissement
10:46n'est pas une dépense pour les entreprises.
10:48Quid des prévoyances, des mutuelles, de la Sécu ?
10:52Est-ce que ces gens-là peuvent être les clients futurs ?
10:55C'est clairement notre objectif.
10:57On est aujourd'hui une entreprise médicale,
10:58donc on a une vraie démarche de mesure
11:00et de quantification de l'impact.
11:02Et notre objectif,
11:02c'est de travailler avec les mutuelles
11:03justement pour quantifier le bénéfice
11:06et assurer potentiellement une prise en charge.
11:07Vous en connaissez, Marie ?
11:08Vous pourriez éventuellement le mettre en relation.
11:09Tout à fait.
11:10C'est formidable.
11:11C'est ça, la France bouge.
11:13Merci.
11:14Merci beaucoup pour vos questionnements
11:16et vos conseils.
11:17Marie Sermadiras.
11:19Je me tourne vers vous, Fabienne Arrata,
11:21directrice générale de LinkedIn.
11:22Vous en pensez quoi ?
11:22Quel regard portez-vous sur JAPE ?
11:24Un regard profondément admiratif,
11:27à plein d'égards.
11:28Le premier sujet, c'est l'innovation.
11:32Le second, c'est l'internationalisation.
11:36Et puis le troisième,
11:37et fort probablement le plus important,
11:39c'est ce que Marie souligne,
11:40c'est-à-dire l'adéquation entre l'offre
11:43et les attentes du marché
11:45tant des entreprises
11:46que des professionnels eux-mêmes.
11:48Et puis, in fine,
11:50ce qui m'a beaucoup frappée
11:51dans le pitch d'Antoine,
11:52c'est le fort ancrage
11:55avec ses valeurs personnelles
11:57et le fait que le problème
11:59qu'il a souhaité résoudre au tout début
12:01était un problème éminemment personnel.
12:03Humain.
12:04Humain, voilà.
12:05Donc, beaucoup d'admiration
12:07et beaucoup d'émotion.
12:08Bravo.
12:09Merci.
12:10Merci à vous tous.
12:11Vous restez évidemment autour de la table
12:12de la France bouge.
12:13On va continuer à parler d'emploi,
12:15recrutement, compétence
12:18de ce temps qualitatif
12:19dont on a besoin
12:21entre un recruteur et un salarié.
12:23Mais d'abord,
12:23on va faire une petite pause en musique
12:25sur Europe 1.
12:26On va écouter Diana Ross,
12:28Upside Down.