Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, était l’invité du Face-à-Face sur BFMTV - RMC.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Bruno Retailleau.
00:04Bonjour Apolline Balair.
00:05Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes, vous toujours, président du groupe Les Républicains au Sénat,
00:11puisque le Sénat n'a pas été dissous.
00:13Et au fond, lorsque l'on regarde depuis l'annonce de dissolution,
00:18les premières tendances, et notamment ce que disent les sondages,
00:21c'est qu'il y a trois blocs et en réalité sans doute deux,
00:24deux blocs qui émergent, l'un du côté du RN,
00:27l'autre du côté de LFIPS et du nouveau Front populaire.
00:33Et lorsque l'on regarde vos électeurs, alors on ne sait plus très bien où ils sont,
00:38si une partie est partie avec Éric Ciotti,
00:40si l'autre est restée autour de vous et d'un refus d'une alliance avec le RN,
00:45mais ce sont peut-être vos électeurs qui ont la clé sur la question d'une majorité
00:49pour constituer précisément une majorité.
00:52On va y venir mais d'abord justement pour savoir de quoi on parle.
00:54C'est qui Les Républicains aujourd'hui ?
00:56Les Républicains c'est nous, les choses sont très très claires
00:59puisque les candidats d'Éric Ciotti en préfecture qui se sont déclarés
01:04n'ont pas utilisé ni le mot LR, ne se sont pas rattachés à LR
01:10et ils ne sont pas rattachés non plus pour le financement,
01:14à notre association de financement, mais aux amis d'Éric Ciotti,
01:18aux micro-parties d'Éric Ciotti.
01:20Donc par eux-mêmes, vous voyez, ils n'ont pas revendiqué l'étiquette LR
01:24tout simplement parce qu'ils savent que la position juridique est fragile.
01:28Elle est fragile mais elle est compliquée,
01:30parce que si on en croit juridiquement, Éric Ciotti est toujours,
01:33au moment où on se parle officiellement, le président du Parti des Républicains.
01:36Provisoirement bien sûr, mais heureusement on est en démocratie
01:40et dans une démocratie, une association, vous savez qu'un mouvement politique
01:45ressorti des statuts associatifs, un homme seul ne peut pas entraîner
01:50des milliers, des milliers, des dizaines de milliers d'adhérents, de militants,
01:55là où on ne l'a pas autorisé à le faire, de façon contradictoire,
01:59avec la ligne qu'on a toujours affichée.
02:02On n'est pas la Corée du Nord, on n'est pas une dictature,
02:04le principe démocratique régit, à LR, nos statuts, c'est notre règle.
02:09Mais vous avez sans doute vu hier, Éric Ciotti s'est exprimé
02:12dans une vidéo sur les réseaux sociaux et vous avez sans doute distingué
02:16que derrière lui, il y avait aussi le logo des Républicains.
02:21Lui-même se présente et continue à se présenter comme le président des Républicains.
02:25Mais c'est paradoxal, je vous le disais, puisqu'en même temps,
02:28ces candidats n'ont pas osé afficher la couleur et se revendiquer de LR
02:32parce qu'ils savent que très vite, dans quelques jours,
02:35la justice réglera et clarifiera les choses.
02:38Nous nous y attachons, point final.
02:40Et j'observe du reste que le ministère de l'Intérieur qui fait ce qu'on appelle
02:43un nuançage. Vous savez que dans chaque préfecture, les gens s'inscrivent,
02:46les candidats s'inscrivent, ils se déclarent, ils se rattachent,
02:49comme je le disais, et ensuite, il y a un nuançage.
02:52Le ministère de l'Intérieur a décidé, pour son nuançage,
02:56de rattacher les candidats de M. Ciotti à la catégorie UXD,
03:01c'est-à-dire Union de l'Extrême-Droite.
03:04C'est sous cette appellation-là que le ministère de l'Intérieur
03:08parle de la coalition RN et a mis M. Ciotti comme bonitre.
03:13Par ailleurs, sur le plan politique, j'observe qu'Éric Ciotti
03:17a été lui-même dissous dans le bloc du RN.
03:22Vous ne vous alliez pas...
03:23Pardon, mais j'avais l'image.
03:24Alors attendez, donc il a été lui-même dissous, il faut que vous m'expliquiez ça.
03:27Je vous l'explique.
03:28On ne s'allie pas avec le RN, on se soumet.
03:33Ça n'est pas une alliance qui a été faite entre égaux,
03:35entre le RN de M. Bardella, de Mme Le Pen,
03:39et puis le micro-parti de M. Ciotti.
03:42Il a renoncé ?
03:43Ce que vous voulez dire, c'est qu'il a renoncé à ses propres convictions ?
03:45Bien sûr, la preuve, regardez sur la réforme de la retraite,
03:48sur France 2, au journal télévisé, il dit non, non, mais je l'ai votée,
03:52donc j'y tiens, et on apprend que le jour même,
03:55le lendemain même, au matin, dans un...
03:57Dans Le Parisien, d'ailleurs, que M. Bardella dit non, non, non,
04:01nous abrogerons cette réforme que M. Ciotti, pourtant, avait votée.
04:05Donc la ligne est claire, ça n'est pas M. Ciotti qui fait cette ligne-là,
04:09il l'a apportée comme un supplétif pour aller faire ces quelques forces à M. Bardella.
04:14Bruno Retailleau, la question, c'est aussi,
04:16au-delà de ce qui se passe pour ce premier tour,
04:18ce qui se passe pour le deuxième tour.
04:20François-Xavier Bellamy, dont vous avez toujours été très proche,
04:24a la question de savoir pour qui il voterait s'il se retrouvait face à un deuxième tour
04:28avec l'Alliance de gauche et le RN.
04:31Il a répondu qu'évidemment, il voterait RN.
04:34Et alors ?
04:35Il n'y a pas une incohérence chez vous ?
04:37Non, mais François-Xavier a exprimé une position personnelle.
04:42Qui, la vôtre ?
04:43Je vais vous dire, cette question, je l'ai à chaque fois,
04:46à chaque élection, et c'est un double piège.
04:50C'est un double piège parce que quand vous me posez cette question,
04:54avant le premier tour, si j'y réponds,
04:57ça veut dire que je m'enferme et que je considère que nos candidats
05:01échoueront avant même le premier tour.
05:03Donc je peux vous dire que j'en ai eu une petite dizaine hier pour faire le point,
05:06et les choses se passent beaucoup mieux pour eux qu'ils ne le craignaient.
05:09Donc un premier piège, celui qui est considéré par le défaitisme
05:14que nos candidats ne seraient pas au second tour.
05:16Or, nous aurons des candidats au second tour.
05:18Mais est-ce qu'il n'a pas été plus honnête que vous ?
05:19Est-ce que François-Xavier Bellamy n'a pas juste été plus honnête que vous ?
05:21Alors certains diront peut-être plus naïf ou plus nouveau, plus frais dans la politique.
05:25Et l'autre piège, c'est de commencer une polémique,
05:28c'est de commencer une polémique en répondant par telle ou telle réponse
05:31qui n'a pas lieu d'être maintenant.
05:33Je vais vous dire, je vous propose, vous me réinviterez après le 30,
05:36et je vous dirai très clairement.
05:37Tout à fait, on vous reposera cette question.
05:39Et d'ailleurs, moi si je vous pose cette question-là,
05:41j'aimerais aussi savoir si en cas de deuxième tour LFI et majorité sortante,
05:47vous, laquelle des deux vous choisiriez ?
05:50C'est important aussi.
05:51Absolument.
05:52Et pourquoi je vous pose cette question-là ?
05:53Parce que précisément, quand on le regarde et quand on regarde ce que donnent les sondages,
05:56il y a au milieu cette…
05:58Alors vous n'êtes pas bien…
05:59Vous n'êtes plus aussi nombreux que vous n'étiez du temps du RPR ou du début de l'UMP.
06:04Mais tout de même, il reste une poignée des lecteurs qui sont derrière vous
06:08et qui seront sans doute une sorte de force pivot.
06:12Quand vous entendez hier Jordan Bardella qui dit
06:14« si je n'ai pas la majorité absolue, je n'irai pas ».
06:18Mais cette majorité absolue, il pourrait éventuellement l'obtenir
06:21en s'alliant sur des programmes avec certains de vos élus.
06:26Est-ce que c'est envisageable ?
06:28Je vais vous dire, nous sommes partis sous nos propres couleurs dans cette élection
06:32qui est difficile, vous venez de le souligner,
06:34parce qu'il y a l'effondrement du Nouveau Monde bâti par Emmanuel Macron.
06:38Ce Nouveau Monde, c'est quoi ?
06:40C'est le tripartisme, c'est-à-dire ces trois blocs.
06:43Un bloc central, incarné par lui-même, avec deux ailes radicales.
06:48Et ça, c'est un poison pour la démocratie,
06:51c'est un poison pour la Ve République.
06:53Et vous habitez où, vous, là-dedans ?
06:54Je m'explique.
06:55Justement, nous on se bat, parce qu'il va falloir relever,
06:58vous savez, il n'y aura vraisemblablement pas de majorité absolue dans quelques semaines.
07:02Et il faudra rebâtir une force politique,
07:05qui soit une force politique d'alternance,
07:08qui ne s'inscrive pas dans ce tripartisme.
07:10Parce que le tripartisme, encore une fois...
07:13Est-ce que cette force pourrait être autour de vous ?
07:16Encore une fois, l'expression de parti pivot,
07:19voire même de parti croupion,
07:21c'est une expression de Gilles Richard dans Le Monde Hier,
07:24qui dit que les LR qui restent,
07:26pourraient être ce parti croupion.
07:28C'est-à-dire qui, d'un côté ou de l'autre,
07:30en fonction des politiques proposées.
07:32Moi, je pense qu'on sera un bouclier.
07:34On veut être un bouclier.
07:36Un bouclier, si jamais, ce que je n'espère pas,
07:39parce que c'est, pour moi, le pire pour la France,
07:42si le Front populaire, qui est le front de la honte pour moi,
07:45allié à l'extrême-gauche,
07:48parvenait à être la première force du pays,
07:52au niveau de l'Assemblée nationale,
07:54sans avoir pour autant la majorité absolue.
07:57Nous devons être, nous, une force protectrice,
08:00un bouclier contre tous les armements de l'extrême-gauche,
08:03en matière économique, en matière d'immigration,
08:06en matière de sécurité, en matière d'identité.
08:09Et si c'est le Rassemblement national,
08:11nous devons aussi être un bouclier.
08:14Parce que si c'est le Rassemblement national qui veut, par exemple,
08:17un peu d'ailleurs comme l'extrême-gauche,
08:19abolir les retraites, c'est la ruine pour notre pays.
08:22Et je pense qu'on sera ce parti raisonnable,
08:26du sérieux, capable sur les deux fronts.
08:30Le régalien, M. Macron a échoué sur le régalien.
08:33La réforme sur l'immigration que nous avions écrite au Sénat,
08:38il l'a fait détricoter par le Conseil constitutionnel.
08:41Mais précisément, si on s'arrête à cette loi, c'est un excellent exemple.
08:44C'est une loi que vous avez proposée.
08:46Elle sort vraiment, et quand je dis vous, c'est vous personnellement,
08:48c'est vous et votre groupe au Sénat.
08:50Vous avez écrit cette loi.
08:52C'est finalement celle qui a été dans un premier temps adoptée
08:56avant d'être détricotée par le Conseil constitutionnel.
08:58Et cette loi, elle a été votée par le Rassemblement national,
09:02qui s'est accordée aussi sur votre texte.
09:04Est-ce que ça veut dire que sur une question comme l'immigration,
09:06vous pourriez travailler ensemble ?
09:08Vous l'avez déjà fait, au fond.
09:10On l'a déjà fait, de façon paradoxale,
09:12parce que figurez-vous que dans ce texte-là,
09:14j'étais moi-même, je m'étais inscrit,
09:16c'était la première fois comme président de groupe
09:18à la commission mixte paritaire, qui réunit sept députés.
09:22On s'en souvient bien, et je vous avais reçu à ce moment-là.
09:24Exactement.
09:25Et j'avais vu le représentant du Rassemblement national
09:27lutter pied à pied contre mes mesures, contre mes propositions,
09:31et ensuite se dédire, changer d'avis.
09:34Le Rassemblement national, j'avertis les Français,
09:36c'est trompeur.
09:38Il est d'abord un parti démagogique.
09:40C'est la chanson du feu et époux, malheureusement,
09:44de François Zardy, l'opportuniste, c'est-à-dire de Jacques Dutronc.
09:48On retourne sa veste.
09:50Surtout, ils ont retourné leur veste.
09:52Donc, moi, je pense, et vous avez un premier exemple
09:55qui est sur le régalien, l'immigration,
09:57où nous avons été fermes, nous, les LR.
09:59Vous avez un autre exemple que le Rassemblement national
10:01n'a pas voté, la réforme des retraites.
10:03Sans nous au Sénat, sans les LR,
10:05il n'y a pas de réforme des retraites.
10:07Pourquoi nous l'avons votée ?
10:09Je sais que c'était une réforme impopulaire,
10:11mais je sais que pour mon pays, c'était important,
10:13pour donner du pouvoir d'achat aux retraités,
10:15et aussi pour mettre sur la table plus de travail.
10:18Parce qu'en France, on est en train de s'appauvrir,
10:21parce que de toute l'Europe, on est le pays
10:23où on met le moins de travail sur la table
10:25dans la machine économique.
10:27Bruno Retailleau, vous avez employé un adjectif,
10:30vous avez dit « pire », je crois même que c'est un adverbe.
10:32Vous avez parlé de « pire »
10:34à propos du programme du Nouveau Front populaire.
10:39C'est aussi le mot qui a été utilisé ce matin
10:42par François Fillon dans le journal Le Figaro.
10:45Il parle d'un double péril,
10:47mais il dit, après avoir parlé de l'extrême droite,
10:51il dit « mais pire encore, l'extrême gauche,
10:54qui menace l'unité nationale,
10:56doit être implacablement sanctionnée par les urnes.
10:59Je reste convaincue que notre pays
11:01a besoin d'une droite républicaine forte et libre.
11:03Pire encore, l'extrême gauche.
11:06Encore une fois, vous ne souhaitez pas à ce stade,
11:08pour des raisons, j'allais dire presque stratégiques,
11:10électorales, répondre aujourd'hui à cette question.
11:13Si vous êtes face à un choix entre l'alliance
11:18autour du RN et l'alliance autour du Nouveau Front de gauche,
11:23vous ne souhaitez pas dire pour qui vous choisissez.
11:25Mais vous dites déjà, vous dites c'est pire.
11:27Vous dites c'est pire.
11:29Et François Fillon dit c'est pire.
11:31J'endosse totalement la tribune qu'a écrite mon ami François Fillon hier.
11:35Je l'ai d'abord eu hier soir au téléphone pour le féliciter.
11:38Que dit-il dans cette tribune ?
11:39Vous l'avez rappelé, que le pire c'est le Front de la honte,
11:42c'est le Front de la gauche,
11:44mais que la RN n'est pas la solution pour la France.
11:47Et que ce qu'il appelle lui aussi,
11:50c'est le relèvement d'une droite aujourd'hui qui est très affaiblie,
11:53c'est ma famille politique,
11:55et dont la France a besoin.
11:57Elle en a eu besoin dans son histoire,
11:58elle en aura besoin dans son avenir.
12:00Il faudra qu'on refonde tout,
12:02nous-mêmes on doit se remettre en question,
12:04je le pense très profondément.
12:05C'est d'ailleurs le projet que j'avais voulu porter contre Éric Ciotti.
12:08Puisque vous étiez candidat à la présidence des Républicains,
12:12vous étiez arrivé au deuxième tour,
12:14et c'était devenu un duel entre vous deux.
12:16Vous avez obtenu 46% des suffrages des militants LR.
12:23Mais il se trouve que c'est Éric Ciotti qui en est sorti.
12:26J'ai d'ailleurs une question,
12:27Éric Ciotti a toujours dit que son candidat à lui,
12:29c'était Laurent Wauquiez,
12:30il est où Laurent Wauquiez là ?
12:32Je peux vous dire qu'il est en ligne,
12:35il est au combat.
12:36Il est en ligne, il est au téléphone vous voulez dire ?
12:38Il est sur le terrain.
12:41Pourquoi il ne s'exprime pas ?
12:43Mais attendez, je pense qu'il va s'exprimer.
12:46Il aurait très bien pu se la couler douce,
12:48entre guillemets, à la tête de la région,
12:50d'une des grandes régions de France,
12:52au Vingt-Grand-Alpes.
12:53Il a choisi d'aller sur le terrain,
12:55et il a choisi en réalité d'abandonner la présence de la région,
12:59pour être candidat.
13:00C'est un acte courageux que je salue.
13:03Mais c'est à moitié assumé,
13:04parce qu'en même temps il ne vient pas le dire.
13:06On n'a pas toujours été d'accord avec Laurent Wauquiez,
13:09ma parole est totalement libre,
13:10et je pense que le poids de cette parole,
13:12aujourd'hui quand je dis qu'il a bien fait,
13:14et qu'en montant en première ligne,
13:16c'est un acte courageux,
13:17je pense qu'on peut me croire quand même,
13:19précisément parce que j'ai cette indépendance.
13:21Vous l'avez souvent critiqué.
13:22Pas souvent, mais en tout cas,
13:24il est arrivé qu'on ait un certain nombre de divergences.
13:27Bruno Retailleau, dans le programme,
13:29et là je voudrais m'adresser aussi au sénateur que vous êtes,
13:32dans le programme proposé par le RN,
13:35notamment sur toutes les questions,
13:37le volet immigration,
13:38il y a notamment par exemple la question
13:40de la fin du droit du sol automatique.
13:43Ça ne passe que si le Sénat le vote.
13:47Est-ce que vous voteriez cela ?
13:49Non, ça ne passe pas que si le Sénat le vote.
13:52Ça passe avec une révision constitutionnelle.
13:55Et ils en tirent d'ailleurs la conclusion
13:57qu'avant 2027, c'est impossible,
13:59puisque s'ils n'ont pas les rênes du pouvoir,
14:02y compris à l'Elysée,
14:03il n'y a pas de révision constitutionnelle possible.
14:05D'ici là, nous avons montré au Sénat…
14:07Quelle sera votre position sur des questions très précises ?
14:09L'AME ?
14:10Je me souviens, vous-même,
14:11vous avez participé à ce travail sur l'AME.
14:14Nous l'avons écrit d'où même.
14:16Il faut y mettre fin,
14:17et le réduire uniquement à ce que l'on donne des soins.
14:21L'AME, c'est les soins pour tous, universels.
14:24Vous avez dit, on ne l'acceptera que pour l'urgence.
14:28Attention, c'est exactement le même programme que l'ORN.
14:30Donc ça, vous pouvez voter.
14:32Mais attendez, l'AME, c'est les clandestins
14:35qui ont une sorte de sécurité sociale universelle.
14:40Et nous, on voulait, on avait écrit,
14:42dans le texte contre l'immigration,
14:44qu'on voulait revenir simplement aux vrais soins d'urgence.
14:47C'est exactement ça qu'on a voté.
14:49C'est mot pour mot ce que dit aujourd'hui l'ORN.
14:52Mais bien entendu, c'est ce que nous, on a voté.
14:55Mais n'y a-t-il pas une forme d'hypocrisie ?
14:57Quelle hypocrisie ?
14:58Vous partagez quand même un certain nombre de points de vue.
15:01Mais non, ce que je veux dire par là,
15:03écoutez-moi bien, on a besoin aujourd'hui,
15:05on est au bout d'un cycle.
15:06La France est au bord de l'effondrement.
15:083 000 milliards de dettes,
15:10une note qui vient d'être dégradée,
15:13un déficit budgétaire, un déficit commercial.
15:16On en est là.
15:18Ce que je veux dire, c'est qu'on a besoin de hauteur.
15:22On a besoin de dire quelle est la vision de la France.
15:25La vision du Rassemblement National de la France,
15:27je ne la connais pas. Pourquoi ?
15:28Parce qu'il chante chaque jour,
15:30et on l'a vu encore hier avec M. Bardella,
15:32il chante chaque jour d'avis sur pratiquement tous les sujets.
15:35Et on a besoin, dans cette vision globale,
15:37d'une vision qui concilie deux choses.
15:40L'ordre, l'autorité, la sécurité d'un côté,
15:42la liberté et la prospérité sur l'économie de l'autre.
15:45Sur l'économie, sur la prospérité,
15:48nous n'avons pas les mêmes visions.
15:49Et je dis à M. Bardella comme à Mme Le Pen
15:51qu'ils ne peuvent pas parler d'indépendance,
15:53de souveraineté, de puissance
15:56si on capitule sur le plan économique.
15:58Et leur programme est un programme d'affaiblissement,
16:01d'appauvrissement de la France.
16:02Donc je ne peux pas être d'accord avec le Rassemblement National.
16:05Et si par ailleurs, sur des points particuliers,
16:08sur l'immigration par exemple, on peut se retrouver.
16:10Ça ne fait pas comme je me retrouve aujourd'hui
16:12sur un certain nombre de points d'accord
16:14avec les projets parfois portés par M. Macron.
16:17Sur la retraite, encore une fois, je l'ai voté.
16:20Mais on a besoin, enfin, d'une vraie vision.
16:22Si on veut redresser demain la France,
16:24on la redressera en marchant sur nos deux jambes.
16:27Le règlement, l'autorité, une révolution pénale.
16:30Regardez ce qui s'est encore passé
16:31avec une gamine de 12 ans qui se fait...
16:33Un drame.
16:34Parce qu'elle était juive, qui se fait violer.
16:36Voilà, c'est chaque semaine.
16:37C'est ce bruit de fond que dénonce Jérôme Fourquier.
16:39Chaque semaine, on a ce genre d'abomination.
16:43Donc il faut le régalien, mais il faut aussi l'économique.
16:46Et les deux sont liés.
16:47Il n'y a pas de liberté sans assumer l'ordre et l'autorité.
16:51Et pour avoir l'autorité, il faut aussi une puissance économique.
16:55Il y a un personnage qui est un peu entre les deux, Bruno Retailleau,
16:59qui est Gilles Bourdoulex.
17:01Il est aujourd'hui avec une investiture RN,
17:05mais il a longtemps été LR.
17:07Et il avait même dit qu'il avait pris sa carte chez LR pour vous.
17:10Pour vous, Bruno Retailleau.
17:12Vous vous êtes d'ailleurs rendu en 2022 à Cholet,
17:16à ses côtés, le remerciant de son soutien.
17:18Gilles Bourdoulex, il a dit à propos des gens du voyage,
17:22Hitler n'en a peut-être pas tué assez.
17:25Et il était votre ami ?
17:27Mais il a rendu compte devant la justice.
17:30Il a rendu compte devant la justice.
17:32Il a rendu compte devant la justice, et je vais être même très précis,
17:34il a d'abord été condamné pour apologie de crime contre l'humanité,
17:38avant ensuite que la Cour de cassation ne casse ce jugement.
17:42Mais, parce qu'il ne s'agissait pas d'apologie,
17:44puisqu'il ne l'avait pas tenu publiquement sur une estrade,
17:47mais la Cour de cassation qui disait qu'en effet,
17:49il avait bel et bien tenu ses propos.
17:51Il le pense donc.
17:53Écoutez, en tout cas, ça n'est pas sous les couleurs de LR,
17:57aujourd'hui, qu'il concourt dans une circonscription du Maine-et-Loire.
18:00Vous avez mis du temps ?
18:03Parce que ses propos, il les a tenus en 2013,
18:05et vous vous êtes réjouis de son soutien en 2022.
18:08Mais en 2013, entre 2022, il y a des années et des années,
18:12et je connais Gilles Bourdoulette, et je peux vous assurer qu'il n'est pas raciste.
18:15Il lui arrive, effectivement, d'avoir des colères,
18:19et il a vraiment fait une faute, bien entendu,
18:22et il a été sanctionné. Point final.
18:24Il m'avait soutenu depuis qu'il est passé dans le camp Ciotti,
18:28et nous avons un candidat, notre candidat,
18:30qui est Jacqueline Ligo, qui est le fils de l'ancien maire de Joliette,
18:32qui se présente contre lui.
18:34Les choses sont très claires.
18:36Mais est-ce qu'à un moment, au fond,
18:38vous n'avez pas forcément fait ce ménage suffisant ?
18:41C'est-à-dire qu'on a quand même l'impression,
18:43quand on retrouve ce genre de Gilles Bourdoulette,
18:45vous le dites, il a eu des colères, il n'est pas raciste,
18:47mais enfin, pardon, quand on tient ce genre de propos,
18:49est-ce que vous pouvez encore dire qu'il ne l'est pas ?
18:51Écoutez, dans un mouvement...
18:53Je ne comprends pas qu'il n'ait pas un malaise au minimum.
18:55Non, mais attendez, vous me prenez une histoire.
18:57Quelle histoire ? Il est aujourd'hui candidat.
19:00Mais Gilles Bourdoulette n'était pas LR
19:03lorsqu'il était, d'ailleurs, il est présidé,
19:05le CNIP, je crois,
19:07le Centre National Indépendant et Paysan, etc.
19:10Il l'a longtemps été, et encore une fois, je précise...
19:12Il avait rendu compte, devant la justice,
19:14il m'avait soutenu...
19:16Je suis touchée par le fait que tu prennes ta carte, Gilles,
19:18voilà ce que vous lui aviez dit.
19:19Bien sûr, bien sûr, évidemment.
19:21Et alors, qu'est-ce que ça change ?
19:22Là, on est en train de faire de la politique politicienne.
19:24Moi, je vous parle de la France.
19:27C'est précisément aussi sur ces questions-là que ça se joue,
19:29et vous le savez très bien.
19:30Mais non, l'important dans la vie, c'est d'être droit.
19:32Je suis droit, voilà.
19:34J'ai mes convictions, et vous savez,
19:36mes convictions, je ne les ai jamais mises dans ma poche,
19:39y compris lorsque ces convictions m'amènent
19:41à tenir des positions qui ne sont pas correctes politiquement,
19:44qui ne sont pas médiatiquement correctes.
19:46Et je recevrai demain Jean-Philippe Tanguy du RN,
19:49et je lui poserai la question de savoir s'il maintient ou non
19:52son investiture RN à Gilles Bourdoulex,
19:55dont on connaît désormais les propos.
19:57Merci Bruno Retailleau d'être venu dans ce studio ce matin,
20:00président du groupe Les Républicains au Sénat,
20:02qui alerte donc, vous alertez ce matin,
20:05et vous espérez être une force bouclier, je vous cite.
20:07Et de grâce, relevons un peu l'horizon,
20:11parce qu'il s'agit vraiment de l'avenir de la France,
20:14et on est au bord de l'effondrement.
20:16Donc arrêtons de faire de la politique politicienne microscopique.
20:21Il est 8h52, donc je dois couper maintenant ce micro,
20:25mais cependant je trouve que vous ne pouvez pas vous dédouaner
20:28de ces questions-là qui, au contraire, ont souvent pollué.
20:31Je ne m'en dédouane pas à poil et de malherbe.
20:33Simplement, moi je me bats tous les jours pour mon pays.
20:35Je ne l'ai pas remis en cause.
20:37Et on ne peut pas être tiré par le bas en permanence.
20:40Parce qu'il y a des enjeux qui sont tellement importants.
20:43Vous trouverez toujours dans toutes les familles politiques
20:46tel ou tel qui a pu faire des déclarations.
20:48Ça vous le trouverez.
20:49Mais vous n'aviez pas besoin de moi pour les trouver.
20:51Mais bien sûr que non.
20:52Mais simplement, ça ne nous compromet pas.
20:55Et moi je me bats aux côtés de candidats qui sont vraiment courageux.
20:59Eux, ils sont ce matin sur le terrain,
21:01et ils vont porter nos couleurs, nos valeurs et nos convictions.
21:04C'est le plus important.
21:05C'est ça qui fait la noblesse de la politique.
21:07Et c'est entendu.
21:08Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat.
21:10Merci à vous, 8h53.