Tennis - Roland-Garros 2024 - Alizé Cornet : "Je peux enfin dire mes adieux devant mon public, ma famille"

  • il y a 5 mois
Présente sur le circuit professionnel depuis près de 20 ans, la Française Alizé Cornet tirera sa révérence à l'issue de l'édition 2024 de Roland-Garros, qui débute ce dimanche 26 mai. La Française jouera au premier tour. Pour son dernier Roland-Garros, Alizé Cornet n'a pas été épargnée par le tirage au sort. Elle concluera sans doute sa carrière professionnelle par un dernier match contre la finaliste du dernier Open d'Australie et n°8 mondiale, Zheng Qinwen. De quoi livrer un dernier combat de qualité.

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Transcription
00:00 C'est une question qui m'arrêterait une longue réponse parce que Roland-Garros,
00:10 ça représente 20 ans de ma vie.
00:13 Ça a été mon premier tournage du Grand Chlem quand j'avais 15 ans.
00:16 Ce sera mon 20e cette année.
00:18 C'était aussi exactement l'endroit où je voulais dire au revoir au tennis professionnel.
00:24 Je suis contente d'être arrivée à ce moment-là où je peux enfin dire mes adieux devant mon
00:31 public, devant ma famille.
00:32 Roland-Garros, c'est une grande histoire d'amour qui n'a pas toujours été facile.
00:38 Mais je pense que c'est le cas pour tous les joueurs français.
00:40 Je suis très contente de choisir ma sortie et que ce soit ici, dans ce tournoi qui a
00:47 signifié tellement pour moi.
00:48 - Alizé, comment tu abordes émotionnellement les choses ?
00:57 - Je me laisse porter.
01:00 De toute façon, je n'ai pas grand-chose d'autre à faire.
01:02 J'essaie de rester concentrée sur mes entraînements, sur ce que je fais.
01:06 Je fais ma préparation exactement comme chaque année, comme je le fais depuis 20 ans avec
01:12 tout mon investissement.
01:13 Je fais les choses bien avec toute la rigueur qui est la mienne depuis tant d'années.
01:20 Ça me permet un peu de mettre le côté émotionnel de côté, de me focaliser sur quelque chose
01:25 de concret, que sont les entraînements, le premier match, l'adversaire qui arrive, tout
01:30 ça.
01:31 Mais après, c'est vrai qu'il y a des moments où je réalise un petit peu ce qui va se passer
01:34 d'ici les prochains jours, les prochaines semaines.
01:37 Il y a un peu de nostalgie qui m'envahit, mais je pense que c'est quelque chose de complètement
01:41 normal.
01:42 Au final, le contraire serait étonnant.
01:44 Il y a des hauts et des bas, mais pour l'instant, je tiens la route.
01:50 - Elisée, tu l'as dit, tu avais 15 ans pour ton premier relanc.
02:02 Est-ce qu'au moment de quitter ce sport, tu penses que tu le quittes dans un meilleur
02:07 état qu'il était quand tu l'as trouvé ou pas ?
02:09 - Dans un meilleur état ? En plus, quand on est dans ce milieu depuis si longtemps, on
02:18 a du mal à voir l'évolution.
02:19 C'est comme quand on se regarde tous les jours dans un miroir, on ne se voit pas vieillir.
02:24 C'est un peu la même chose.
02:25 Et après, quand on voit la différence entre les deux photos, c'est un peu pareil avec
02:30 le tennis.
02:31 J'ai du mal à me souvenir de comment c'était quand je suis arrivée.
02:34 Évidemment, il y a eu des changements, il y a eu une évolution.
02:37 L'évolution que je remarque et qui est la plus concrète, c'est le niveau de jeu général
02:47 sur le circuit féminin qui a vraiment énormément évolué.
02:52 Pour moi, ces 20 dernières années, il y a eu vraiment un niveau qui est devenu de plus
03:00 en plus fort.
03:01 Les femmes sont de plus en plus puissantes, athlétiques, complètes.
03:05 Là, on assiste à l'apogée du tennis féminin.
03:10 Mais en tout cas, les matchs sont vraiment très intéressants.
03:13 Il y a des belles rivalités.
03:15 Après, c'était le cas aussi avant.
03:16 Mais en termes de niveau de jeu pur, je trouve que c'est un peu mieux maintenant.
03:21 Après, dans l'ensemble, j'ai vraiment du mal à me souvenir de comment c'était avant.
03:29 J'ai plutôt bien vécu ma carrière sur le circuit.
03:31 Donc, j'imagine que l'évolution a été bonne.
03:34 Je n'ai pas vraiment d'exemple me faisant dire que c'était mieux avant ou des choses
03:40 comme ça.
03:41 Les choses suivent leur cours.
03:44 Les femmes sont de mieux en mieux valorisées.
03:48 Mais dans le tennis, on partait déjà de haut.
03:50 Je dirais que je n'ai pas vraiment de réponse établie à cette question.
03:56 Je ne sais pas.
03:59 Ce qui va te manquer et pas te manquer à Roland-Garros après ta carrière ?
04:12 Ce qui va me manquer, c'est de jouer au tennis.
04:16 Je pense.
04:17 Parce que c'est vraiment un sport que j'aime toujours autant.
04:20 Même après toutes ces années, j'aime juste taper dans la balle et jouer au tennis.
04:26 Ça paraît tout simple après toutes ces années.
04:28 Mais mon enfant intérieur est encore très demandeur de tennis.
04:31 Ce qui va me manquer aussi, c'est l'émotion qu'on a quand on gagne les matchs.
04:37 C'est une émotion hyper addictive qui nous fait nous dépasser chaque jour.
04:42 Parce qu'on veut la retrouver à chaque fois, cette émotion.
04:44 Donc voilà, l'adrénaline de cette émotion, l'adrénaline des matchs.
04:48 Je pense que c'est quelque chose qu'on a du mal à retrouver avec autant d'intensité
04:52 dans une vie un peu plus lambda.
04:54 Et en même temps, paradoxalement, c'est aussi ça qui ne va pas me manquer.
04:57 Parce que justement, quand on vit ça à l'extrême pendant autant de temps, il y a une grande
05:03 fatigue, une grande lassitude qui s'installe.
05:05 C'est sympa de faire le yo-yo pendant quelques années, mais de le faire pendant 20 ans, c'est
05:10 très demandeur psychologiquement.
05:12 Je suis contente d'avoir tenu la baraque, d'avoir gardé ce niveau pendant tant de temps.
05:17 Et d'être restée à ce classement-là pendant quasiment 20 ans.
05:23 Mais ça m'a quand même beaucoup, beaucoup coûté émotionnellement et psychologiquement.
05:27 Et je pense que je suis tout simplement prête à avoir une vie un petit peu plus "pépère",
05:32 même si avec moi, ça ne sera jamais pépère.
05:34 Mais voilà, j'ai tout donné pour ce sport.
05:38 Tout donné, même plus que ça, même au-delà.
05:41 Donc voilà, ce que je dirais, c'est ce qui va me manquer et ce qui ne va pas me manquer.
05:46 Ce sont un peu les mêmes choses.
05:48 Et il y a aussi peut-être de faire mes bagages toutes les semaines, de les refaire, de les
05:55 défaire, de ne même pas les défaire, de les re-refaire, de jamais pouvoir me poser
06:00 plus de cinq jours chez moi à la maison.
06:03 Ça, ça va être quelque chose quand même qui va être reposant.
06:09 C'est d'avoir un vrai ancrage dans un présent où je peux avoir une vie normale.
06:13 Ce qui n'est pas le cas actuellement.
06:15 Bonjour Alizé, si tu regardes un petit peu dans le rétroviseur, je voudrais savoir qu'est-ce
06:21 que tu penses que le public français ici à Roland-Garros t'a apporté ? Est-ce que
06:25 c'est un boost de confiance quand tu joues ? Est-ce que c'est un peu de pression aussi
06:29 ?
06:30 Le public de Roland-Garros, il n'est pas facile quand même.
06:33 J'ai eu des grands moments de solitude sur les cours et des grands moments de joie aussi.
06:39 C'est vraiment un peu les deux.
06:41 Je dirais que c'est une relation… Je ne sais pas le mot qui me vient.
06:51 Je le ressens fort au fond de moi, mais je ne sais pas le mot qui me vient.
06:55 C'est un public qui peut vous donner énormément.
06:57 Moi, ça tombe bien parce que je donne aussi beaucoup sur le cours.
07:01 Je donne beaucoup de moi, de ma personne, physiquement.
07:05 Je me bats, je m'exprime.
07:07 J'ai souvent eu beaucoup de soutien en retour.
07:09 Mais c'est vrai que c'est un public qui est toujours prêt à sauter sur une occasion
07:14 pour montrer son mécontentement, pour s'exprimer, pour parfois être un peu dans le… Comment
07:25 dirais-je ? Je mesure mes mots parce que je sais à quel point ça peut être… Après
07:33 20 ans, je vous connais un peu les gars.
07:34 Donc, je mesure mes mots.
07:36 Du coup, je dirais que c'est un public qui peut beaucoup vous donner, mais qui peut
07:41 aussi vous faire sentir très seul.
07:43 Surtout qu'en tant que Français, on a envie forcément de les rendre fiers.
07:47 On a envie de leur donner du spectacle.
07:49 Et parfois, quand ce n'est pas le cas, c'est un sentiment qui est très difficile parce
07:53 qu'on a l'impression de décevoir.
07:55 Je pense que ce n'est pas que moi.
07:57 Ça arrive à beaucoup d'autres joueurs français.
07:59 Mais encore une fois, tout est très extrême ici.
08:04 Et c'est ça qui est bon d'un côté.
08:06 - Salut Alizé.
08:09 Tu es très proche d'Amélie.
08:11 Peut-être que tu as eu une request.
08:13 Est-ce que tu as une idée du cours où tu voudrais rendre ton dernier souffle ?
08:17 - Non, je n'ai pas demandé.
08:21 Je n'ai pas fait de request.
08:22 Je ne sais pas quand je vais jouer, ni sur quel cours.
08:25 Non, je me dis que le destin fera bien les choses.
08:30 Ou Amélie, ou le destin, un des deux.
08:35 Amélie et les gens de l'organisation sauront faire en sorte que ce soit une belle fête
08:43 pour mon ou mes derniers matchs.
08:45 Je me laisse porter.
08:46 - Bonjour Alizé.
08:50 Dans les évolutions que tu as pu voir dans ta carrière, à Roland-Garros, il y a encore
08:55 des juges de ligne.
08:56 Tu les as vu disparaître sur beaucoup de tournois.
08:58 Qu'est-ce que tu en penses ?
09:00 Est-ce que tu trouves que c'est une évolution dans le jeu ?
09:02 - Je n'en pense pas grand-chose, à vrai dire.
09:10 Il y a vraiment des surfaces où ça vaut la peine d'avoir le « electronic line call ».
09:18 Mais je trouve que ça devrait être fait peut-être en complémentarité des juges de
09:27 ligne.
09:28 Je ne pense pas que faire disparaître toutes les personnes sur le cours, ça devient un
09:32 petit peu moins chaleureux pour nous les joueurs.
09:34 Il y a quelque chose d'un peu historique aussi dans le tennis.
09:37 Il y a les ramasseurs, il y a les juges de ligne, il y a le juge de chaise.
09:40 J'ai l'impression que si on épure de plus en plus le cours, ça ne va plus ressembler
09:44 exactement au même sport.
09:45 Je serais pour garder les lignes électroniques le « hokai » quand le joueur demande.
09:55 Mais quand même garder cette petite touche d'humanité avec les juges de ligne, c'est
10:02 vraiment un avis complètement subjectif.
10:04 Je trouve que dans le décor, c'est aussi ça qui fait partie du sport.
10:08 [Musique]

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