• il y a 7 mois
Quelles que soient leurs qualités humaines ou leur possible noirceur morale, les actrices et les acteurs demeurent des êtres à part, qui ont ce pouvoir très singulier : devenir à l’écran des « autres » fascinants.
À l’heure du 77e Festival de Cannes, Guillaume Durand s’interrogera dans « Au bonheur des livres » sur cet étrange phénomène, qui pose forcément question lorsqu’un fait de société aussi important que #MeToo amène à confronter le cinéma et la vie.
Il le fera en compagnie de deux invités écrivains et critiques éminents, Samuel Blumenfeld et Gérard Lefort.

Le premier a écrit, en compagnie de Raphaëlle Bacqué, une enquête très fouillée sur l’une des plus grandes - et des plus controversées - stars françaises, toutes époques confondues, Gérard Depardieu : « Une affaire très française » (Ed. Albin Michel). Ou c.omment un comédien de génie s’est transformé en monstre déchu…

Le second signe avec sa complice Marie Colmant et le vétéran Gilles Jacob (longtemps aux manettes du Festival de Cannes), une sorte de dictionnaire amoureux des actrices et acteurs français : « À nos amours » (Ed. Grasset / Calmann-Levy).
Le livre suit l’ordre alphabétique, et surtout le seul plaisir des affinités, pour raconter à travers une succession de notules inspirées une certaine histoire du cinéma, d’hier et d’aujourd’hui.

Nul doute en tout cas que l’un et l’autre auront beaucoup à dire sur l’état de forme d’un 7e art que les « affaires » n’empêchent pas de continuer à nous faire rêver.
Année de Production : 2023

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Transcription
00:00 Retrouvez "Au bonheur des livres" avec le Centre national du livre.
00:05 Ravi de vous retrouver pour "Au bonheur des livres".
00:26 Vous savez que nous sommes dans l'ambiance du Festival de Cannes.
00:28 Deux indispensables, Raphaël Baquet et Samuel Boubenfel.
00:31 Bonjour Samuel.
00:32 Une affaire très française avec évidemment une enquête concernant Gérard Depardieu.
00:37 Plus de 200 films, des témoignages qui semblent accablants.
00:41 La justice tranchera.
00:42 Mais Samuel a enquêté.
00:45 Et puis une sorte de bible.
00:46 Vous savez que quand on était petit, il existait auprès du cinéma américain.
00:51 Pour ceux qui aiment le cinéma, vous avez deux critiques de cinéma et un amoureux modeste.
00:55 Le fameux "Cour Saudon" tavernier qui faisait un panorama total et exhaustif du cinéma américain.
01:01 Et bien là, Gilles Jacob, ancien président de Cannes,
01:03 Marie Coleman et Gérard Lefort qui ont travaillé longtemps à Libération
01:07 et qui connaissent particulièrement bien le cinéma,
01:10 ont publié chez Calman, Lévy et Grasset,
01:13 une sorte de bible qui raconte l'histoire de multiples acteurs français,
01:18 toutes générations confondues.
01:20 Et ça va vous passionner.
01:22 Ça se feuillette avec beaucoup d'intérêt.
01:24 On va commencer évidemment par Samuel Boudenfeld et cette actualité française
01:30 qui est celle de l'affaire qui concerne Gérard Depardieu,
01:34 puisque c'est le thème de votre livre.
01:37 Il y a une chose qui est très frappante.
01:40 On va commencer par le poétique.
01:42 Depardieu, c'est deux sans film.
01:44 Vous le dites d'ailleurs tous les deux,
01:45 parce qu'il y a un chapitre sur Depardieu.
01:47 C'est un type surdoué d'une poésie extrême.
01:50 Vous racontez, mon cher Gérard,
01:52 parce que je suppose que c'est vous qui avez écrit ce petit texte,
01:54 en tout cas, je le devine,
01:56 une conversation avec Marguerite Duras.
01:58 Il arrive, elle lui dit "Avancez, jeune homme, avancez, avancez".
02:01 "Ah, parfait, vous me faites peur".
02:03 Donc il y a cette dimension de Depardieu.
02:06 Et vous, vous racontez un moment qui est typique de Depardieu,
02:11 qui est une soirée avec Philippe Labrault.
02:13 Labrault va à une soirée mondaine, il s'emmerde,
02:17 il emmène Depardieu qui s'habille avec un costume.
02:20 On voit, on comprend ce qu'est la psychologie
02:24 de ce Depardieu, super star du cinéma français,
02:27 mis en cause largement actuellement.
02:29 Racontez-nous.
02:30 - Absolument.
02:31 C'était dans la foulée de la sortie "Drive droite, drive gauche",
02:35 où Depardieu incarnait un avocat très blond,
02:40 très très propre sur lui,
02:43 plutôt inspiré d'un mélange de Robert Badinter et de Jean-Denis Bredin.
02:48 Depardieu était excellent.
02:50 Quand je dis qu'il était excellent, on dit que Depardieu était toujours bon,
02:53 mais il était excellent dans un rôle qui était à priori un contre-emploi pour lui.
02:57 Si vous voulez, un avocat...
02:59 Ce film-là était un indice supplémentaire que Depardieu
03:05 a cette particularité, c'est qu'il peut à peu près tout jouer.
03:08 Il est surdoué.
03:10 Il a se dîner, donc, je pense qu'il y a quelque part une grande réception,
03:15 je crois que c'est au Palais de Chaillot.
03:19 Comme le disait Philippe Labreau, il y a le tout paré qui chante et qui danse,
03:23 expression qui me fait encore rire aujourd'hui.
03:26 On se demandait quel est ce paré qui chante et qui danse ?
03:29 Et puis, il y a une femme à table, qui a l'air très préoccupée,
03:34 et Depardieu lui pose sa main et lui dit
03:37 "Mais vous savez, ça va aller beaucoup mieux, je veux dire, il va revenir."
03:42 - Donc c'est Depardieu la voyante.
03:45 - C'est Depardieu, mais médiumnique.
03:47 Je n'ai pas de Depardieu médium, alors non, je crois à cela.
03:51 Mais si vous voulez, tout d'un coup s'installe avec cette histoire.
03:56 Tout le passé de Gérard Depardieu, un petit peu,
04:00 tout ce qu'il fait, tout ce qu'il traduit, c'est particularisme extrême.
04:06 Châteauroux, je veux dire, le carmon de français,
04:12 avec aussi qui charrie son lot de superstitions, de croyances ancestrales.
04:18 Et en fait, on se rend compte à travers cette histoire,
04:20 c'était frappant, on se rendait compte que Depardieu n'était pas seulement
04:23 un communard de son époque, mais il traduisait une culture vieille de plusieurs siècles.
04:27 - Alors, Depardieu, 90, Cyrano, on ne va pas donner la liste des films de Depardieu.
04:33 Dans "Forza Ghan", il emmène l'un de vos confrères parce qu'il ne supporte pas de vivre seul.
04:37 Il faut qu'il dorme avec quelqu'un. En même temps, il est extravagant.
04:42 En même temps, il est incontrôlable. Tout le monde connaît évidemment ses relations.
04:47 Il veut voir Castro, il veut voir Poutine. Il donne des interviews dans des quotidiens
04:53 ou des revues d'extrême droite comme élément, ou dans un site américain
04:58 qui s'appelle "The Wild Beast" ou quelque chose comme ça.
05:00 - Absolument.
05:01 - Voilà, où il parle de sa sexualité en panne. Enfin, il y a toute cette espèce de truculence.
05:06 - Il parle aussi, et non seulement pas de sa sexualité en panne, il parle du SIDA
05:09 qui serait une invention de la CIA. Enfin, je veux dire, il est vraiment roux libre.
05:14 - Alors, la question qui va nous amener au dossier, c'est une réunion chez Armédia
05:20 que vous faites vivre peu de temps avant la disparition malheureusement de Romy Schneider,
05:26 dont vous parlez évidemment dans votre livre, Gérard.
05:29 C'est que moi, évidemment, je l'avais complètement oublié,
05:31 Depardieu devient tellement dévorant après avoir commencé avec Gabin et les autres,
05:36 puis explosé avec les Valseuses, puis triomphé avec Pialat, etc.
05:41 que chez Armédia, le grand agent français, Romy Schneider, un mois avant sa mort,
05:45 un projet, c'est tout, Depardieu 15.
05:48 C'est-à-dire que toute la maison travaille pour Depardieu.
05:51 Et tout le cinéma français travaille pour Depardieu.
05:53 - Absolument. C'est-à-dire qu'il s'est passé, c'est à la fois, on pourrait dire,
05:58 la chance et puis aussi le malheur de Gérard Depardieu,
06:01 c'est que Gérard Depardieu est, dirais-je, la dernière grande star française
06:07 d'une longue lignée de stars.
06:09 Donc, il a la chance d'être une star, la chance au sens où il peut faire tous ces films-là,
06:16 il a le talent qui lui permet de soutenir ce statut-là.
06:19 - Trois ou quatre par an.
06:21 - Trois ou quatre par an, mais il ne se rend pas compte, en fait,
06:23 qu'il est le dernier d'une lignée.
06:26 Lorsqu'il y a eu Delon, il y avait Belmondo, Jean Gamin,
06:29 il était bien évidemment régné sur le cinéma français,
06:32 mais il était très, très loin d'être la seule star.
06:35 Mais avec Depardieu, véritablement, on est en fin de comète,
06:39 c'est la fin d'une ère du cinéma.
06:42 Et donc, on s'aperçoit avec le recul qu'au mi-temps des années 80,
06:46 clairement, Gérard Depardieu est tout seul.
06:49 Et donc, le cinéma français repose en grande partie sur ses seules épaules.
06:54 Et bien, ce poids-là crée une énorme fragilité.
06:57 - Alors, est-ce que justement, on peut préciser, au fond,
07:00 quel est le dossier, depuis que cette affaire existe,
07:04 avec ses multiples ramifications,
07:06 quel est le dossier qui le concerne ?
07:09 13 femmes, des plaintes qui sont portées,
07:11 les risques qui sont encourus,
07:13 lui qui est enfermé dans son hôtel particulier somptueux de la rue des Saint-Pé,
07:17 avec quelques escapades, etc.
07:19 Comment tout ça s'est effondré ?
07:22 Vous le dites vous-même, avec une complicité totale
07:25 du monde du cinéma que vous chroniquez depuis des années tous les deux,
07:29 et même, parce que vous vous impliquez,
07:31 avec la complicité des services culturels,
07:33 des grands journaux que vous représentez,
07:35 vos libérations, et vous le monde.
07:37 Personne ne touche à Depardieu pendant des années.
07:39 - C'est vrai.
07:41 Il a été globalement intouchable.
07:44 Alors maintenant, bien évidemment,
07:46 l'histoire est plus simple à raconter aujourd'hui, avec le recul,
07:49 qu'elle ne l'était à l'époque.
07:51 Lorsque Gérard rencontre Gérard Depardieu...
07:55 - Il parle de Lefort, là.
07:57 - Oui, Gérard Lefort.
07:59 - Il a un seigneur confus.
08:01 - Non, mais c'est pas...
08:03 Nous avons un historique, un voisinage et une amitié...
08:06 - Mais le dossier.
08:08 - Simplement, à l'époque,
08:10 lorsque Gérard Lefort peut rencontrer Gérard Depardieu,
08:12 il n'a pas les mêmes informations.
08:14 Aujourd'hui, on a véritablement du recul.
08:16 Ce qui me frappe, c'est que sur le volet des femmes,
08:19 il faut être très clair,
08:21 les relations de Gérard Depardieu,
08:23 les comportements de Gérard Depardieu sur les plateaux de cinéma,
08:26 cette façon de mettre les mains dans les culottes,
08:29 d'insulter les femmes,
08:31 de s'en prendre systématiquement à des petites mains,
08:34 ensemblières, machinistes, à 3e assistante,
08:37 donc, en l'occurrence, des femmes invisibilisées,
08:40 et puis, bon, ma foi, que l'on ne voit pas.
08:44 C'est un système qui existait
08:47 depuis le début des années 80.
08:50 C'était pas celui de tout le monde,
08:52 mais aujourd'hui, clairement, si vous voulez,
08:54 la cartographie est assez claire.
08:57 - Mais judiciairement, parce que c'est un dossier,
09:00 judiciairement, le risque est lequel ?
09:02 - Judiciairement, de toute façon,
09:04 il y a une affaire en cours avec Charlotte Arnoux,
09:06 il y a eu la guerre d'Avud, Gérard Depardieu,
09:09 donc, de toute façon, il y a des affaires en cours
09:11 que je ne vais pas commenter parce que la justice a son rythme
09:14 et on va se plier, bien évidemment, aux conclusions
09:17 de cette même justice.
09:19 Il ne reste pas moins que les comportements
09:21 de Gérard Depardieu sur les plateaux sont ce qu'ils sont.
09:23 Et ils ne sont pas admissibles.
09:25 - Ce que je voudrais dire, et qui est important, justement,
09:28 concernant les derniers films qu'il a faits,
09:31 vous en prenez trois,
09:33 un Béquet, un Patrice Lecomte avec Megray,
09:36 et un de Constance Meyere, voilà.
09:39 - Robuste. - Robuste, voilà.
09:41 Qui sont des films, comme auparavant d'ailleurs,
09:44 qui mettent un peu en scène, à travers les rôles qu'il joue,
09:47 y compris Megray, une sorte d'obsolescence de lui-même.
09:51 C'est-à-dire qu'il s'avance dans des rôles,
09:54 et notamment il y a une très belle phrase
09:57 qui est de l'enquêteur Megray répondant à quelqu'un
10:00 qui a perdu son fils, et dont on sent que là aussi,
10:04 je ne suis pas en train de rentrer dans la psychologie de Depardieu,
10:07 mais on sent que la disparition de Guillaume,
10:09 ça a été un anéantissement pour lui.
10:12 - Complètement. Complètement, c'est une chose dont on ne s'est jamais remis.
10:15 - Ce qui n'est pas une excuse. - Bien sûr, c'est une chose
10:17 dont on ne s'est pas remis, ce qui est évidemment...
10:19 - Par le Guillaume Depardieu, pas de moins.
10:21 - Ce qui est évidemment compréhensible.
10:23 Ce qui est frappant, dans ce que nous avons pu reconstituer,
10:27 c'est que jusqu'à la mort de son fils,
10:31 Gérard Depardieu est quelqu'un d'incassable.
10:34 Constitution rendue commune,
10:36 donc quelqu'un qui semble imperméable à tout.
10:38 Une fois que son fils disparaît,
10:41 son fils qui était justement la fragilité incarnée,
10:43 c'est comme si cette fragilité avait été transmise à Gérard Depardieu.
10:47 Et donc à partir de ce moment-là,
10:49 on voyait sur tous les plans de sa carrière et de son existence
10:52 tous ses frites, tout ses frites,
10:55 ses affaires, ses fréquentations accrues
10:59 avec tous les dictateurs de la planète,
11:02 et puis une carrière où, à quelques films près,
11:06 il n'y a rien dont il se moque.
11:08 Tout simplement, il est là pour prendre des cachets.
11:10 - Il a quand même fait des films extraordinaires.
11:13 - Mais c'est comme s'il portait le deuil ininterrompu,
11:16 une magnifique carrière,
11:18 et qu'il était conçu qu'il ne pourrait plus jamais refaire
11:21 les films qu'il a pu faire auparavant avec Pialat, avec Truffaut et Consort.
11:25 - Gilles Jacob, Marie Coleman et Gérard Lefort.
11:27 On va retrouver Samuel, on ne va pas l'oublier dans un coin.
11:30 À nos amours, Florilège, dédactrice et dédacteur française.
11:32 Gérard, vous commencez par Rimbaud, ce qui est un bon choix.
11:35 Je, c'est un autre.
11:37 Vous dites que c'est un beau mot, celui de comédien.
11:39 Ce que j'ai aimé, ce que les gens vont aimer,
11:41 c'est justement ce classement alphabétique,
11:43 parce que ça permet, je prends quelques hasards,
11:47 et après on va s'attarder sur certains acteurs,
11:49 ça permet des rapprochements amusants.
11:51 Par exemple, vous avez les deux Casselles qui suivent,
11:53 le père, Jean-Pierre, le fils, Vincent,
11:56 qui n'ont strictement aucun rapport sur le plan esthétique
11:59 et dans les rôles qu'ils ont joués.
12:01 Mais vous avez la lettre M.
12:03 J'ai beaucoup aimé la lettre M.
12:05 Vous avez Ménochet, donc extraordinaire dans le Tarantino,
12:09 quand il joue ce fermier qui cache des Juifs,
12:12 cette fragilité, Arnaud Arglas,
12:14 un peu comme Depardieu d'ailleurs, Ménochet, physiquement.
12:17 Et puis en même temps, vous avez Canmera, des polmeristes.
12:19 C'est-à-dire qu'on voyage dans la lettre M,
12:21 mais trois époques, trois styles totalement différents.
12:23 C'est assez jouissif de faire ça, Gérard, non ?
12:25 - Oui, alors c'est le bon mot, on s'est régalé.
12:28 C'est sur une idée originale de Gilles Jacob
12:30 qui avait envie de faire un livre sur les actrices et les acteurs français.
12:35 Il ne se sentait pas de le faire tout seul.
12:37 Et on a été très honorés.
12:39 - C'est un boulot terrible.
12:40 - C'est un boulot de dingue.
12:41 Donc très honoré qu'il nous demande à moi et Marie Coleman de participer.
12:45 Alors participer, ça veut dire que c'est devenu un trio.
12:47 C'est pour ça qu'on n'a pas signé ce qu'on appelle les petites nautules.
12:50 - C'est plus drôle pour ceux qui...
12:52 - C'est beaucoup plus drôle.
12:53 Ça a été très drôle pour nous parce que c'est aussi le jeu des sept familles.
12:56 Dans la famille "Je demande, Miu Miu", Catherine Deneuve, Adjani.
13:00 Et dans la famille des garçons, Magimel et compagnie.
13:03 Alors ce qui a été bien dans ce jeu de manière de battre les cartes,
13:07 c'est que c'est transgénérationnel.
13:10 C'est-à-dire qu'effectivement, par exemple,
13:12 la promiscuité que vous décriviez qui est assez drôle,
13:15 ça veut dire que pour nous, un acteur des années 30, par exemple,
13:19 ou des années 40...
13:20 - Apolline Carton...
13:22 - C'est la même famille qu'aujourd'hui, Marion Cotillard ou des jeunes acteurs.
13:29 Alors ce qui nous a plu énormément,
13:31 c'est qu'il a fait une volonté absolue de parler des acteurs et des actrices aujourd'hui.
13:36 C'est-à-dire, je dis Marion Cotillard, moi que j'aime beaucoup,
13:38 je trouve qu'elle est une immense actrice,
13:39 surtout quand elle joue dans des films américains.
13:42 C'était formidable de la voir côtoyer, disons, Apolline Carton, peut-être pas elle.
13:47 Donc c'était du jeu, ça a été un boulot de dingue
13:50 parce qu'on avait des contraintes de longueur,
13:53 mais que Samuel et moi on connaît parce qu'on est journaliste.
13:56 Et quand on nous dit deux feuillets,
13:58 alors je dis pour les téléspectateurs, c'est 3000 signes, deux feuillets.
14:01 C'est pas un de plus.
14:02 Moi j'adore cette contrainte.
14:04 - C'est-à-dire que, par exemple, je vais vous donner un exemple
14:06 qui vous concerne directement,
14:07 parce que je devine que c'est vous qui avez écrit sur Isabelle Huppert.
14:09 Évidemment, Isabelle Huppert, c'est 200 films.
14:11 Alors si vous commencez à raconter la vie d'Isabelle Huppert
14:14 depuis les Valseux, 74, jusqu'à aujourd'hui,
14:17 qui en plus joue au théâtre et fait le tour du monde,
14:19 tout en tournant trois films par an,
14:21 vous vous dites, ça a duré 50 pages, j'ai bien de nom.
14:23 Et alors comment Gérard, car je sais que c'est lui qui l'a écrit,
14:27 il ne nous l'a pas dit, le texte sur Isabelle Huppert l'a décrit.
14:30 C'est une jeune femme, pas très grande, il est tard,
14:34 nous sommes à Cannes, Gérard et ses copains font la Nouvelle Valle
14:37 et se promènent.
14:38 Et tout d'un coup, ils croisent une jeune femme
14:40 qui est la superstar Isabelle Huppert,
14:42 qui les salue très gentiment
14:43 et qui rentre à son hôtel avec son mari.
14:45 Et en 30 secondes, on a compris qui était-elle
14:48 et surtout, par une autre définition que vous donnez,
14:51 c'est-à-dire cette capacité qu'elle a, par exemple,
14:54 dans les films d'Anneke, terribles,
14:56 de jouer l'atroce d'une manière, comment peut-on dire,
15:01 c'est une formule que vous trouvez qui est très juste,
15:03 d'une manière, comment dire, acceptable.
15:06 Elle se cisaille le sexe, je crois que c'est dans Le Pianiste,
15:09 ou dans la scène avec Gérard Daud,
15:12 qui est une scène explosive,
15:14 et en même temps, elle rend acceptable ce qui ne l'est pas.
15:17 Et alors, en deux feuillets,
15:19 on a compris qui était Isabelle Huppert, en fait.
15:21 De mon point de vue.
15:23 - Elle rend acceptable, par exemple,
15:24 qu'elle arrache vraiment les cheveux à Annie Girardot
15:26 dans la scène de Bagarre.
15:28 C'est Annie Girardot qui me l'a raconté après le tournage,
15:30 donc ça pouvait quand même aller jusqu'à des actes de violence.
15:33 Oui, je crois que Huppert fait partie
15:34 des immenses actrices françaises contemporaines
15:36 et qui est toujours en activité, heureusement,
15:38 parce qu'elle a ce charme comme de neuf d'un cante à soi.
15:42 C'est-à-dire, il y a quelque chose,
15:44 mais on ne peut pas savoir,
15:47 il y a un mystère Huppert, il y a un mystère Donald.
15:49 Pour les actrices, il y a un mystère à Djani.
15:52 Quand les actrices sont immenses,
15:54 ou les acteurs sont immenses,
15:55 il y a quelque chose derrière, indescriptible,
15:58 et qui est infrangible,
16:00 parce que c'est ça qui fait leur...
16:01 - Mais d'ailleurs, vous citez un moment dans la préface d'Hydraux,
16:04 sur le paradoxe du comédien,
16:06 c'est-à-dire qu'en fait, le comédien,
16:08 c'est quelqu'un qui, d'une certaine manière,
16:10 n'existe pas pour mieux exister, en fait.
16:12 - Pour pouvoir tout jouer.
16:13 - Et vous mettez ça en parallèle
16:14 avec les propos très désobligeants d'Hitchcock.
16:16 - Oui, alors c'était une phrase,
16:18 Hitchcock un jour énervé a dit, en gros,
16:20 les acteurs et les actrices, c'est du bétail.
16:22 Je comprends la presque blague d'Hitchcock,
16:26 quand on sait qu'il a fait tourner
16:27 Tippi Hedren, Grace Kelly, etc.,
16:29 qu'il était d'une misogynie effroyable.
16:31 Oui, et en même temps, ces films ne le sont pas.
16:34 Quand on regarde les films d'Hitchcock,
16:36 ce sont des films très, du point de vue des femmes,
16:38 qu'elles soient massacrées ou folles,
16:40 comme dans Marnie, ou dans Les oiseaux,
16:42 mais il est du côté des femmes, indiscutablement.
16:44 - Il était dans...
16:45 - Et Marnie, c'est comme une histoire d'un viol,
16:47 d'un viol conjugal, mais c'est un viol,
16:49 et par James Bond, Sean Connery.
16:51 - Alors, je voudrais, tout à l'heure,
16:53 on parlait de Depardieu, vous dites que Guillaume Nicloub
16:56 a offert avec Valley of Love une sorte de boule versant
16:59 retour sur lui-même.
17:01 Et puis il y a les définitions, ce qui est amusant,
17:03 parce qu'en fons, on se demande, nous qui n'y comprenons rien,
17:05 ce qu'il fait un acteur.
17:07 Mais il vit le poupon, qui explique que c'est disponible.
17:10 Il appartient à une famille qui vit dans le cinéma
17:12 depuis des années.
17:14 Léa Sédoux, ça c'est Rébecca Jolotowski,
17:16 jeune réalisatrice française, qui parle d'elle.
17:18 Elle peut avoir le corps ouvrier,
17:20 mais le port aristo.
17:22 Donc on voit que ça participe d'une certaine forme de hasard
17:26 qui fait que tout d'un coup, ça imprime.
17:29 Et ça m'a amené à deux questions,
17:32 sur peut-être les histoires de Depardieu.
17:35 Est-ce que les acteurs français ne sont pas meilleurs
17:38 que les réalisateurs français ?
17:40 Ce qui fait qu'à un moment, ça tourne en rond.
17:42 Ils sont tellement forts,
17:44 qu'ils sont obligés d'aller faire des dos-bris,
17:47 parce qu'ils n'ont personne avec qui tourner.
17:49 - Vous savez, on a vécu en France, c'est un cas unique au monde,
17:52 c'est ce qu'on appelait la politique des auteurs.
17:54 Donc c'était les auteurs, le cinéaste,
17:56 le réalisateur tout-puissant, etc.
17:58 Tout ça remonté par la nouvelle vague, il faut bien le dire.
18:02 Il y a eu comme ça une sorte de préominence de l'auteur.
18:06 Et la politique des acteurs, il en est rarement question.
18:11 Sauf que quand on parle aujourd'hui
18:13 avec des réalisateurs d'une autre génération,
18:15 je pense à Christophe Honoré,
18:17 et il dit "moi je fais les films en fonction des acteurs,
18:19 et c'est les acteurs qui m'emportent dans une histoire,
18:21 qui m'emportent dans une scène,
18:23 concrètement, le jour du tournage,
18:25 plutôt que la verse qui moi arrive avec mon scénario,
18:27 mes dialogues et ma...
18:29 - Il y a des génies comme Carmet,
18:31 qui ont fait de très bons films,
18:33 qui ont fait un nombre incalculable d'aubes,
18:35 pour payer au fond leur toiture,
18:39 mais parce qu'au fond, on ne leur proposait rien d'autre.
18:41 Il n'y avait pas grand-chose à faire.
18:43 - Il y avait un très bon détecteur comme ça,
18:45 de gens géniaux comme Carmet, c'est Chabrol.
18:47 Alors lui avait réussi avec des acteurs réputés,
18:51 ringards ou mineurs,
18:53 il faut penser à la série "Les Lavardins" par exemple,
18:55 qui est extraordinaire,
18:57 et lui, il n'avait pas ce dont vous parlez,
18:59 c'est-à-dire que Chabrol, il est comme nous,
19:03 il aime les acteurs et les actrices, tout simplement.
19:05 C'est un livre d'amoureux,
19:07 c'est un exercice d'admiration,
19:09 et on va dire "ah ben oui, il n'y a pas machin,
19:11 il n'y a pas machine",
19:13 ce n'est pas qu'on ne les aime pas, mais ils ne font aucun effet,
19:15 donc on ne les a pas chroniqués.
19:17 - Et puis alors là, il y a l'avantage de retrouver des gens
19:19 qu'on a non pas oubliés, mais qui nous ont fascinés
19:21 quand on était jeunes, je parle de nous,
19:23 les vieux, Dominique Sanda,
19:25 de "Retour en France",
19:27 "L'exergue clandestine et vaporose du navire Knight"
19:29 de Marguerite Duras,
19:31 "Manipulatrice diabolique dans les ailes de la colombe"
19:33 de Benoît Jacot, compagnon d'alors,
19:35 dont on parle beaucoup, vous savez pourquoi,
19:37 mais c'est dans une chambre en ville de Demi
19:39 qu'elle a tait à nos yeux un nouveau firmament,
19:41 une tragédie plus chantée qu'enchantée,
19:43 où elle était dite la jeune épouse
19:45 d'un homme impuissant, un picoli terrorisant,
19:47 etc., etc.
19:49 "On ne vient pas, on accourt", dites-vous,
19:51 parce que ça, je suis sûr que c'est vous qui l'avez écrit aussi,
19:53 concernant Demi Grandin. - Je vous laisse la responsabilité.
19:55 - Voilà. Il y a quelque chose de très beau
19:57 sur Maria Schneider, quand tout d'un coup,
19:59 Delon, à son enterrement, vient lire l'hommage
20:01 que lui a écrit Brigitte Bardot,
20:03 sa protectrice, qui souhaite que ce son
20:05 vienne d'elle comme de Marguerite Alain
20:07 surgé, qui a marqué à jamais
20:09 sa génération
20:11 par son insolence.
20:13 Et puis il y a les films.
20:15 J'ai une question pour vous,
20:17 j'essaye de prendre un peu de vôteur
20:19 par rapport à ce qui se passe.
20:21 Vous connaissez ce talent exceptionnel,
20:23 cher Samuel.
20:25 Est-ce que dans tout ce qu'il y a
20:27 aujourd'hui, il n'y a pas aussi une sorte de
20:29 règlement de compte entre la société
20:31 et le cinéma, parce que,
20:33 alors je vous mets une hypothèse,
20:35 que je vous soumets tous les deux,
20:37 le cinéma est vécu maintenant,
20:39 dans notre période républicaine, comme une sorte d'aristocratie,
20:41 voire une aristocratie familiale,
20:43 puisqu'il y a de plus en plus de...
20:45 Les Kassowits, c'est des Kassowits,
20:47 les Sédoux, c'est des Sédoux,
20:49 on parlait des Poupots, c'est des Poupots,
20:51 est-ce qu'il n'y a pas finalement...
20:53 - Charles Gainsbourg, etc.
20:55 - Est-ce qu'il n'y a pas finalement quelque chose
20:57 de sous-jacent
20:59 dans ce qu'on est en train de vivre,
21:01 qui est au fond, ce sont les grands privilégiés
21:03 de la société, par cette
21:05 filiation qui se perpétue
21:07 et qui n'existe nulle part ailleurs,
21:09 sauf peut-être chez les grands industriels.
21:11 - Je ne sais pas si c'est ça. Moi, ce qui me frappe
21:13 dans le bazar actuel,
21:15 où il y a bien évidemment,
21:17 bon, il y a des excès à dénoncer,
21:19 le livre dont je suis le co-auteur,
21:21 on est l'indice,
21:23 mais il y a aussi une manière
21:25 de s'en prendre au cinéma,
21:27 de s'en prendre, en fait,
21:29 à une liberté,
21:31 à une certaine oisiveté,
21:33 parce que l'oisiveté, c'est magnifique,
21:35 quand même,
21:37 c'est une vertu
21:39 qui n'est pas suffisamment
21:41 vantée.
21:43 - Alors que c'est un travailleur encharné.
21:45 - Il y a aussi
21:47 des mentions libertaires,
21:49 une liberté sexuelle
21:51 qui est un petit peu
21:53 vilipendée aujourd'hui, pas qu'au cinéma,
21:55 mais dans le cinéma, fait un petit peu l'effraie
21:57 et qui, je n'allais pas dire
21:59 qu'il fait de la peine,
22:01 qui par bien des aspects, me navre.
22:03 - Là, il faut aller un peu plus loin.
22:05 - C'est simplement, je veux dire,
22:07 il y a,
22:09 tout simplement, il y a une manière
22:11 de s'en prendre
22:13 à des comédiens
22:15 sur des bases qui ne sont pas liées à la justice,
22:17 sans laisser le temps de la justice,
22:19 une façon
22:21 de faire des procès au passé,
22:23 de se dire, voilà,
22:25 ces films-là, il ne faut plus les revoir,
22:27 ce n'est pas bien, ce n'est pas possible,
22:29 je veux dire, ça m'est très pénible.
22:31 - C'est pas parce qu'on fait
22:33 un bon bouquin sur Depardieu,
22:35 l'affaire Le Bonhomme, pas l'acteur,
22:37 qu'il ne faut plus regarder 1900,
22:39 par exemple, de Bertolucci,
22:41 où il est avec De Niro,
22:43 un couple d'acteurs extraordinaires.
22:45 - Films extraordinaires qu'on a un peu trop oubliés.
22:47 - Exactement, donc interdiction
22:49 de regarder Novecento, 1900,
22:51 ça serait une folie.
22:53 - Sous le sol de Satan, on arrête de regarder.
22:55 - On arrête Piala, donc on arrive
22:57 dans une sorte d'ambiance d'époque.
22:59 - Vous savez ce qu'on va nous dire,
23:01 vous êtes trois garçons, vous avez plus de 50 ans,
23:03 vous n'êtes pas avec nous,
23:05 parce que c'est ça aussi maintenant.
23:07 - Oui et non, c'est-à-dire, comment vous dire...
23:09 - Comment ça, oui et non ? On est bien trois garçons depuis 50 ans.
23:11 - Non, Guillaume, vous savez, on n'est jamais une seule chose à la fois.
23:13 C'est trop triste.
23:15 On ne peut pas dire, je suis simplement Guillaume Durand,
23:17 présentateur d'une émission de télévision,
23:19 je suis un homme de plus de 50 ans.
23:21 Je ne dirai jamais la même chose.
23:23 Heureusement, on est des multiplicités.
23:25 Or ça c'est intéressant, parce qu'il me semble que c'est cette multiplicité-là
23:27 qui est menacée quand il y a des attaques
23:29 qui sont des règlements de compte,
23:31 mais qui tiennent à l'adoxa de ce qu'on appelle les réseaux,
23:33 qui sont quand même...
23:35 Autrefois, vous savez, quand il y a des points de vue sont publiés,
23:37 soi-disant des points de vue sur les réseaux,
23:39 c'est une lettre anonyme. Autrefois, on appelait ça une lettre anonyme
23:41 et Samuel Cohen et moi,
23:43 quand on recevait une lettre anonyme au journal,
23:45 on l'archivait là où il fallait, c'est-à-dire à la poubelle.
23:47 Or, la majorité des réseaux,
23:49 c'est quand même de la formation poubelle,
23:51 qui est obsolète au bout de 10 minutes, etc.
23:53 Alors le cinéma en fait les frais
23:55 et le cinéma français en particulier.
23:57 C'est-à-dire, je pense qu'il va y avoir...
23:59 Il y a déjà un phénomène d'autocensure
24:01 absolument incroyable
24:03 dans les projets, dans les scénarios,
24:05 dans les productions, dans la distribution
24:07 des films français qui sont actuellement en chantier,
24:09 qui moi me fait très très peur.
24:11 - Alors vous avez Vincent Makenne
24:13 qui est né en 78,
24:15 mais alors par contre vous revenez dans les années 20,
24:17 je parle évidemment de cet ouvrage.
24:19 Corinne Luchet
24:21 a ce personnage
24:23 sulfureux,
24:25 l'extraordinaire
24:27 Michael Lonsdal, on ne sait pas si on dit
24:29 Londal ou Lonsdal, et puis pop, celui d'avant
24:31 c'est Gilles Lelouch. Alors évidemment c'est agréable pour la lecture
24:33 parce qu'on change totalement de monde,
24:35 on est vraiment bac nord,
24:37 bien que Lonsdal ait joué dans les James Bond,
24:39 on l'oublie un peu souvent, même s'il a fait un long parcours
24:41 avec des gens comme
24:43 par exemple Duras, puis Ludovoyens,
24:45 puis Léo, Robert Le Vigan,
24:47 fou, dangereux, absolu,
24:49 Gérard Lanvin, personnage éminemment sympathique,
24:51 Bernadette Lafon,
24:53 Vincent Lacoste,
24:55 ça a dû être une grande jouissance
24:57 de passer de l'un à l'autre.
24:59 J'avoue.
25:01 - Un plaisir et une jouissance
25:03 parce que par exemple ça nous a contraints,
25:05 12 contraintes, à revoir les films,
25:07 simplement. Alors ça c'est formidable,
25:09 parce qu'on se dit "oui je sais, je connais
25:11 le Truffaut, ce Godard-là",
25:13 finalement c'est ça le signe
25:15 d'un immense film, d'un immense acteur,
25:17 c'est quand on le revoit, c'est comme la première fois.
25:19 - Je voudrais qu'on termine
25:21 avec vous Samuel, parce que vous en parlez
25:23 aussi Gérard, Cyrano,
25:25 il y a une sorte
25:27 d'apothéose
25:29 de Pardieu,
25:31 de ses voyages d'un goût avec Gérard Bourgoin
25:33 au bout du monde, et ses apothéoses,
25:35 et Cyrano, c'est-à-dire qu'il y a
25:37 tout en même temps, à la fois une sorte
25:39 de classicisme français, et en même temps
25:41 il réinterprète quelque chose qu'on
25:43 croyait totalement figé,
25:45 et en 90,
25:47 après "Les Valseux",
25:49 c'est la deuxième sidération.
25:51 - Absolument, c'est très frappant parce que ce rôle-là,
25:53 bon, c'est de la palissade de dire qu'il est
25:55 génial dedans, mais
25:57 ce qui m'impressionne encore plus
25:59 c'est que c'est véritablement un contre-emploi
26:01 pour Depardieu, il était l'anti-Cyrano,
26:03 je veux dire, Cyrano est fluet,
26:05 et Gérard Depardieu, lui, ne l'est pas du tout,
26:07 loin s'en faut, il avait déjà ses problèmes
26:09 de poids à gérer, donc il n'était pas
26:11 du tout le rôle de ce rôle-là.
26:13 - Comme Brando, comme Wells.
26:15 - Voilà, comme Wells,
26:17 il a entre autres cela en commun
26:19 avec ses deux autres "monstres",
26:21 entre guillemets,
26:23 et donc il était l'anti-Cyrano
26:25 physiquement, et ce qui est encore
26:27 tout aussi impressionnant dans le film de Rapneau,
26:29 sa diction du texte, son extraordinaire diction,
26:31 c'est sa manière de bouger
26:33 qui est tout à fait surprenante.
26:35 Depardieu est objectivement lourd,
26:37 mais concrètement à l'écran,
26:39 il est incroyablement léger.
26:41 - Et c'est le temps que l'ai-je ?
26:43 - Je ne comprends pas comment il peut se déplacer
26:45 aussi facilement, et en fait,
26:47 un grand acteur ou une grande actrice,
26:49 c'est quelqu'un qui régulièrement
26:51 me fait remarquer que je ne comprends
26:53 en fait pas grand-chose,
26:55 ce qui est agréable dans bien des cas.
26:57 - Le livre de Raphaël Baquet
27:01 et Samuel Buenfeld s'appelle "Une affaire très française",
27:03 en quête inédite chez Alban Michel,
27:05 et celui de Gérard,
27:07 avec Gilles Jacot et Marie Coleman,
27:09 s'appelle "À nos amours, florilège des actrices
27:11 et des acteurs français", Calman Levy,
27:13 "La attention du rond",
27:15 par la faute, nous sommes bien chez Alban Michel.
27:17 Ce que vous comprendrez, grâce à ces deux lectures,
27:19 c'est qu'en fait ce métier
27:21 qui apparemment donne
27:23 toutes les impressions de la facilité,
27:25 d'une complexité extrême,
27:27 et surtout parfois,
27:29 par le biais de la grâce, d'une injustice extrême,
27:31 car il y a beaucoup de gens qui s'y essayent
27:33 et beaucoup de gens qui n'y arrivent pas.
27:35 Merci à tous les deux d'être venus.
27:37 - Merci. - Ça nous faisait, sur Public Sénat,
27:39 extrêmement plaisir. D'ailleurs, on ne fait que ça.
27:41 Plus plaisir.
27:43 ...
27:55 - C'était "Au bonheur des livres"
27:57 avec le Centre national du livre.
27:59 du livre.

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