AVH - L'inceste
TW : inceste / viols ‼️
On parle beaucoup d’inceste commis par des hommes, mais moins d’inceste commis par des femmes. @sofia_sept7 revient pour nous sur cette épreuve qu’elle a vécu pendant son enfance
On parle beaucoup d’inceste commis par des hommes, mais moins d’inceste commis par des femmes. @sofia_sept7 revient pour nous sur cette épreuve qu’elle a vécu pendant son enfance
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00:00 Lorsqu'on parle de viol et d'inceste, on ne pense pas aux femmes.
00:03 Et moi, je n'avais pas du tout conscience d'être violée.
00:07 Parce que c'était une femme.
00:08 J'ai toujours été incestuée, puisque les gestes ont été pratiqués sur moi
00:12 quand j'étais petite par une femme.
00:14 C'était la sœur de ma grand-mère et cette femme-là,
00:17 quand elle me donnait des soins,
00:18 quand elle s'occupait de moi aux toilettes ou dans la salle de bain,
00:21 elle me torturait physiquement,
00:23 elle m'agressait sexuellement et elle me violait via des objets contondants.
00:27 J'ai eu très peu de réactions.
00:28 En réalité, je savais juste une chose,
00:30 c'est qu'entre les mains de cette femme,
00:32 contrairement à d'autres femmes qui s'occupaient de moi,
00:35 mes autres tantes, ma mère,
00:36 c'était extrêmement douloureux.
00:38 Là où les gestes des autres s'arrêtaient,
00:40 elle, elle poussait les gestes jusqu'au bout.
00:43 Donc du coup, il y avait pénétration, il y avait violation.
00:46 Néanmoins, elle me rassurait sans cesse en me disant que de toute façon,
00:50 si ce n'était pas elle qui le faisait, ça serait des hommes.
00:53 Et si les hommes le faisaient, alors ça me ferait encore plus mal.
00:56 Donc quelque part, en fait, elle a performé ces viols en moi
00:59 et elle m'a conditionnée à les recevoir.
01:02 Donc j'étais habituée.
01:04 Et cette femme-là, en plus de jouer les deux rôles,
01:05 c'est-à-dire qu'elle m'agressait, elle me violait sexuellement
01:08 dans la salle de bain, dans les toilettes.
01:10 Et la nuit, quand j'hurlais de douleur,
01:12 parce que j'avais évidemment le sexe irrité en feu,
01:15 je saignais, elle venait m'enduire de pommade.
01:17 Donc elle jouait la personne qui me faisait du mal,
01:19 mais aussi celle qui me soignait.
01:21 Elle était plutôt dans l'hypersoin.
01:24 Au contraire, c'était moi qui étais une petite fille obsédée,
01:28 vicieuse, sexuellement déviante.
01:31 Et pas elle, évidemment.
01:32 Elle, pas du tout.
01:33 Elle s'occupait de moi, elle me remettait évidemment sur le droit chemin.
01:36 Et personne ne s'est jamais posé la question de l'adulte.
01:40 Jamais.
01:41 Ma propre mère n'a rien vu
01:43 parce qu'elle était dans l'incapacité de l'imaginer.
01:45 C'était impossible pour elle.
01:46 Souvent, on me dit "mais les enfants ne s'expriment pas,
01:48 ils le disent pas".
01:48 Mais bien sûr que les enfants le disent.
01:50 Les enfants disent les choses, on ne les entend pas.
01:53 Moi, je me martelais, je me rappelle le sexe.
01:56 J'habitais une ancienne école où il y avait un lavoir avec des coins en marbre
02:00 et j'allais me taper le sexe jusqu'au sang contre le coin du lavoir.
02:05 Les enfants disent, ils dessinent, ils parlent, ils se maltraitent,
02:09 ils montrent sur leur corps les choses.
02:11 Mais sauf que les adultes s'enferment
02:14 et refusent d'entendre la parole des enfants.
02:15 Ça, c'est très, très grave.
02:16 J'en ai pris conscience et j'ai commencé à rejeter ça en bloc.
02:20 Adolescente, évidemment, je me suis dit "je veux plus souffrir".
02:23 Donc à 14 ans, je me suis retrouvée en vacances chez elle
02:26 et là, je me suis dit "il faut que je mette un homme dans l'histoire,
02:30 il faut que je sois protégée".
02:31 Et j'ai demandé à mon grand-père de se positionner,
02:34 à chaque fois que j'allais au WC ou dans la salle de bain,
02:36 de se mettre entre moi et cette femme, devant la porte.
02:39 Cette femme a reculé, elle s'est dit "bon, je vais faire attention".
02:43 Je n'ai pas confronté la personne avant qu'elle décède.
02:45 Par contre, elle savait que je savais,
02:46 puisque j'étais jeune adulte, je lui ai interdit de toucher à ma fille.
02:49 Ma mère m'a dit que j'étais impolie,
02:53 mais moi, j'ai juste fait barrage entre ses mains et ma fille.
02:56 Donc, de façon presque brûlante, je lui ai dit de ne pas toucher à ma fille,
03:01 que si elle touchait à ma fille, elle se prenait mon poing dans la gueule.
03:02 Ce qui était compliqué face à une femme d'un certain âge,
03:05 respectée, respectable, de voir une jeune mère comme ça s'énerver d'un coup.
03:10 Les gens n'ont pas compris.
03:11 Évidemment, c'est de moi dont il a été question
03:15 et évidemment, c'est moi qu'on a trouvé violente.
03:17 Mais il n'empêche qu'elle n'a jamais approché ma fille.
03:19 Et donc, j'en avais parlé à mes parents,
03:22 donc ils étaient très surpris.
03:23 Ils ont été extrêmement surpris, très choqués.
03:25 Ils ont essayé, évidemment, ça c'est logique,
03:28 tout le monde est confronté à ça, donc ils ont fait miser.
03:30 Ils ont essayé d'expliquer ces choses-là via le fait que potentiellement,
03:35 elle était dans une époque où elle ne pouvait pas aimer les femmes.
03:38 Peut-être que potentiellement, elle était dans une époque où elle n'a pas pu s'exprimer.
03:41 Donc du coup, par inversion, elle s'est acharnée sur moi.
03:44 Et non, ce n'est pas parce qu'on est homosexuel qu'on a des pensées pédocriminelles.
03:48 Ce n'est pas parce qu'on est homosexuel qu'on va aller produire des sévices sur des enfants,
03:51 qu'on va aller violer des enfants avec des objets contendants.
03:53 Non, pas du tout.
03:54 Donc, je me suis heurtée.
03:55 Des gens aussi qui n'ont pas voulu entendre, qui étaient dans le déni.
03:59 D'autres qui ont dit même nous, on a toujours su.
04:01 C'est pour ça qu'on n'a pas confié nos filles à cette personne.
04:04 On est victime.
04:05 On a survécu, on a fait ce qu'on a pu.
04:09 Et en plus, on doit composer avec tout ça, évidemment.
04:12 Être compréhensif, dire "il n'y a pas de souci, ce n'est pas grave,
04:14 ton déni, je l'entends, j'entends évidemment le fait que tu ne veuilles pas me croire,
04:18 j'entends le fait que tu n'as pas su me protéger, que tu es désolée".
04:22 Il faut accueillir tout ça.
04:23 Donc, c'est pour ça qu'il faut être solide.
04:24 D'une part, pour en parler, et de deux, pour médiatiser.
04:27 Je ne crois pas à la justice.
04:28 Alors, je vais être très très dure, c'est difficile de le dire médiatiquement,
04:31 mais je ne crois pas à cette justice actuelle.
04:33 Moi, je n'ai jamais, par exemple, porté plainte contre cette femme,
04:36 parce que je sais très bien ce que ça veut dire une plainte et ce que ça implique.
04:39 Donc, aujourd'hui, j'ai envie de dire à cette femme,
04:42 "Ok, tu n'as pas été condamnée, de toute façon, tu aurais fait quoi ?
04:45 Tu aurais été jugée pour attente sexuelle ?
04:48 Tu aurais pris un peu de sursis ?
04:51 Et puis, ou pire, la plainte aurait été classée et c'est moi qui aurait été montrée du doigt."
04:54 Par contre, là, aujourd'hui, en fait, je suis en face de toi et je peux te dire qu'aujourd'hui,
04:58 grâce à toi, le hashtag #MeTooIncest a été lancé sur les réseaux sociaux
05:02 et on a quasi près de 6 millions de personnes qui se sont levées
05:05 et qui ont dit "stop à l'inceste".