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  • 16/02/2024
Avec Alexandre Ouizille, sénateur PS de l’Oise.

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Transcription
00:00 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:03 Et notre invité tout de suite c'est le sénateur PS de Loas, Alexandre Wiesel, bonjour.
00:08 Bonjour.
00:09 Vous êtes monté au créneau récemment parce que, encore une fois, une entreprise française particulière,
00:16 EDF, qui n'est pas une entreprise comme les autres, elle a statut d'opérateur d'importance vitale,
00:21 a donné ces données ou a remis ces données à Amazon Cloud
00:27 en expliquant qu'il n'y avait pas d'autre façon de faire puisque finalement c'était eux qui avaient la meilleure offre
00:33 et que le choix d'Amazon Cloud était tout à fait justifié, même s'il y avait des acteurs français
00:38 mais qui n'avaient pas les mêmes garanties, notamment en termes de prédictifs et d'intelligence artificielle.
00:42 C'est le canon enchaîné qui avait révélé cette affaire en début de semaine.
00:46 Ce n'est pas la première fois qu'une entreprise sensible ne peut pas transférer les données à une entreprise américaine.
00:52 On a eu les données de santé qui ont été aussi passées du côté de Microsoft cette fois-ci.
00:57 On en parle avec Thomas Fauré sur Sud Radio il y a de ça quelques semaines.
01:01 Qu'est-ce que ça dit de la gestion française des données sensibles, des entreprises sensibles ?
01:07 Et qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui du projet du Cloud Made in France ?
01:13 Je crois que ça dit beaucoup, vous avez raison. Je veux juste revenir deux secondes sur ce qui s'est passé.
01:17 C'était mardi. Moi j'étais au Sénat, j'étais en commission d'enquête sur la question du prix de l'énergie
01:22 à l'horizon 2050. Commission d'enquête, vous savez, l'avantage c'est que les gens qui sont éditionnés sont soumis à serment.
01:27 Et donc s'ils se parjurent, il y a évidemment des questions à la fois de grosses amendes et même des peines d'emprisonnement.
01:34 Et donc j'étais dans cette commission d'enquête et puis il y a l'article du canard qui tombe tel que vous l'avez indiqué.
01:38 Et donc devant moi, il se trouve, c'est un hasard de la situation, que devant moi j'ai quelqu'un,
01:43 M. Bernard Sala, qui est directeur technique groupe chez EDF et qui est directeur de la recherche et du développement chez EDF.
01:50 Et donc je me dis, il va bien falloir que je lui pose cette question. Et donc par deux fois, je demande à M. Bernard Sala,
01:58 est-ce que vous avez connaissance de l'existence de ce contrat entre EDF et Amazon et les services d'Amazon ?
02:07 Par deux fois, il me répond que non. D'accord ? Donc moi je me dis, j'essaye de comprendre maintenant ce qui a pu se passer.
02:13 Je me dis trois choses. D'abord, Bernard Sala, c'est pas n'importe qui. C'est un polytechnicien, il a les fonctions que je vous ai données.
02:18 C'est un spécialiste de la filière nucléaire. Devant Lopez, qui est un organe parlementaire d'évaluation des scientifiques,
02:25 il a même dit il y a quelques mois, quelques années, il avait expliqué qu'il fallait qu'il y ait une centrale numérique
02:31 avec une maquette numérique des centrales pour la gestion prédictive des données. Et il n'est pas au courant, lui, de ce qui se passe chez EDF.
02:37 Deux possibilités. Soyez-nous mens, ce que je n'espère pas, ce que je n'ose croire, ce que je n'ose imaginer sincèrement,
02:43 c'est l'un des cas d'une grande entreprise publique, soit EDF est à ce point saucissonné que le directeur de la recherche et du développement chez EDF
02:50 ne sait pas ce qui est en train de se passer au niveau de la prédiction, encore une fois, on parle de la maintenance prédictive des pièces détachées de nos centrales nucléaires.
02:58 C'est précisément le sujet de ce haut responsable d'EDF. C'est-à-dire qu'on parle des jumeaux numériques.
03:05 Exactement, on parle des jumeaux numériques. C'est exactement ça. En parallèle, d'ailleurs, Dassault, l'entreprise française, est très avancée sur ce principe du jumeau numérique.
03:14 Tout à fait. Et juste pour aller au bout, ce n'est pas un petit sujet. Pourquoi ? Parce qu'on est en train d'évoquer le prolongement de la vie de nos centrales nucléaires.
03:21 Et donc la question de la gestion des pièces détachées, quand une centrale passe de 40 à 50 à 60 ans, voire même au-delà de 60 ans aux États-Unis aujourd'hui, ce qui est débattu,
03:28 évidemment, c'est un sujet central pour nous. Il s'agit de numériser la gestion des pièces détachées. C'est ça pour la maintenance prédictive des réacteurs nucléaires.
03:36 C'est vraiment clé. Je disais que DF avait ce statut d'opérateur d'importance vitale. Pourquoi, encore une fois, une entreprise française de cette importance-là,
03:47 de cette importance stratégique, choisit un prestataire américain, alors que, je le rappelle, Dassault Systèmes, l'entreprise française, est très avancée dans le domaine de la prédiction ?
03:56 Vous avez raison de le rappeler, c'est absolument inexplicable, d'autant que j'aimerais tirer un point qui est important. Amazon est une entreprise américaine basée à Seattle.
04:04 Elle est donc soumise aux droits américains. Il y a un texte qui s'appelle le "Cloud Act", qui date de 2018, qui a été passé sous Trump. Ce "Cloud Act", il dit quoi ?
04:14 Il dit que les données soient logées en Europe ou aux États-Unis, peu m'importe. Si je demande, moi, juridiction américaine, la production de ces données, je dois les transmettre.
04:24 Donc, ça veut dire que le fait que les data centers soient en Europe n'a aucune incidence sur le fait que ces données puissent être transmises.
04:32 Je reformule, ça veut dire que, demain, la juridiction américaine peut exiger de la part d'Amazon qu'ils transmettent aux États-Unis les données des centrales nucléaires françaises.
04:42 Voilà où on en est sur ce dossier-là. Et moi, ce qui me fascine, quand même, c'est que EDF, vous avez dit, vous avez raison, ce n'est pas une entreprise comme les autres.
04:49 C'est une entreprise 100% publique, dont l'actionnaire, c'est l'État, et c'est l'État, Macron, aujourd'hui, qui est au pouvoir.
04:55 Que l'actionnaire ne dise pas non à ce type de choses, que l'État actionnaire ne dise pas non à ce type de choses.
05:00 Et quand on interroge, parce que j'ai regardé un petit peu les suites de ce qui s'est passé après le Sénat, quand on interroge les collaborateurs de Bruno Lemaire à Bercy,
05:08 ils disent "non, mais le cloud souverain, ça ne s'applique qu'aux administrations publiques".
05:12 C'est délirant.
05:13 C'est délirant. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on protège... Je vous donne un exemple caricatural, parce qu'il est vrai.
05:18 On protège donc les contrats du ministère de la Culture avec les contrats théo-théâtreaux, par exemple, du ministère de la Culture,
05:24 mais en revanche, les contrats de pièces détachées de nos centrales nucléaires, ça, on ne les protège pas.
05:28 Ça n'a aucun sens. Donc, il y a une question de périmètre de ce qui se passe, et le fait qu'ils aient laissé faire ça, ou qu'ils aient été...
05:34 Alors, on dit qu'ils sont aujourd'hui embarrassés. On ne leur demande pas d'être embarrassés.
05:37 On demande de trouver des solutions, de voir comment le contrat peut être dénoncé, de voir comment on peut faire évoluer les choses.
05:41 C'est ça, en fait, le vrai sujet aujourd'hui. C'est de voir comment ce contrat, peu peu, ne peut pas s'appliquer.
05:46 860 millions d'euros, on ne parle pas du contrat des photocopieurs. On parle de quelque chose de massif et stratégique.
05:52 - Et avec des acteurs français, je le rappelle, qui avaient tout à fait capacité de remplir le cahier des charges.
05:57 Donc, il y a une volonté de mettre à bas la souveraineté des filières d'importance françaises, que ce soit l'énergie, la santé, etc.
06:06 Est-ce que dans la représentation nationale, au Sénat, il y a quand même une partie majoritaire des sénateurs et des sénatrices
06:13 qui sont conscients des dangers qui sont aujourd'hui face à nous ?
06:17 Ou est-ce que c'est le déni au sein du gouvernement ?
06:20 - Écoutez, je pense que ça dépend. Là, pour le coup, c'est une histoire aussi individuelle.
06:23 Là, dans cette commission d'enquête, le président Montaugais est socialiste, le rapporteur, M. Delay, est centriste.
06:29 Et là, pour le coup, tous les deux, ils ont tiqué. Et ils ont tiqué fort.
06:32 Et pour tout vous dire, on a demandé des explications écrites à EDF et on attend avec impatience.
06:37 Moi, je n'ai pas encore eu ce qui pourrait être des explications écrites.
06:40 Je crois qu'elles vont arriver dans les prochains jours. C'est ce qu'on m'a dit.
06:43 Et donc, là-dessus, je pense que c'est important. Mais là où vous avez raison, c'est de voir la folie du système.
06:47 C'est-à-dire que vous avez une entreprise qui s'appelle Amazon, qui tous les jours fraude le fisc.
06:52 Ou en tout cas, détourne les procédures pour se débrouiller.
06:55 - Optimiste fiscalement. - Optimiste fiscalement, pour le dire poliment, etc.
06:59 Optimiste fiscalement, qui ne paye pas d'impôts sur les sociétés en Europe.
07:01 Qui, du coup, a les moyens de développer des technologies qui, après, nous les revend en tant que prestataire.
07:06 Vous vous rendez compte ? C'est-à-dire qu'en fait, on perd de foi.
07:08 On perd d'abord parce que, fiscalement, il y a des choses qui ne vont pas.
07:11 Et ensuite, on perd au deuxième tour parce qu'on rachète de la technologie.
07:14 Parce que ce qui est dit chez EDF, c'est que le système Dassault serait moins performant que la solution Amazon.
07:21 Dans ce cas-là, il faut qu'EDF se débrouille, qu'on soit dans un circuit fermé.
07:24 On en a quelque chose qui est vital pour la société internationale.
07:27 Pour travailler avec Dassault pour améliorer les choses.
07:29 - Et avec de la commande publique. - Et avec de la commande publique, exactement.
07:32 Thomas Fauré, c'est que les géants du web américain ont pu devenir géants grâce à la commande publique américaine.
07:38 - Bien sûr. - Et on a l'impression que, par les lois européennes,
07:41 il y a un problème aussi avec l'Union Européenne, quand même.
07:43 Qui empêche cette commande publique, qu'elle soit française ou même européenne, avec les lois de concurrence ?
07:48 - La commande publique, vous avez raison, c'est un formidable outil.
07:50 La commande publique, c'est 8% du PIB.
07:52 Donc, quand vous manipulez cet outil pour faire de la politique industrielle ou de la politique publique,
07:57 c'est évidemment très important.
07:58 Et oui, il y a un problème au niveau de l'Union Européenne.
08:00 Moi, je vais vous dire ce que je pense.
08:02 C'est que ça ne serait jamais arrivé aux Chinois.
08:04 Ça ne serait jamais arrivé aux Américains, ce qui se passe.
08:06 Jamais ils n'auraient accepté, les Américains, que par exemple, ce soit une entreprise chinoise
08:11 qui gère les données de leur centrale nucléaire et vice-versa.
08:13 - Alors pourquoi ça nous arrive à nous ?
08:15 - En fait, c'est ça, à mon avis, qu'il faut qu'on arrive à comprendre dans quel schéma on est.
08:18 On est dans un monde où les Chinois sont devenus quasiment la seule superpuissance manufacturière.
08:24 Ils pèsent un tiers de la puissance manufacturière du monde.
08:27 Autant que les 9 pays suivants, un tiers de la puissance manufacturière du monde.
08:30 Les Américains, ils ont compris ce qui se passait.
08:32 Ils sont dans une logique de découplage avec la Chine, eux-mêmes.
08:35 C'était leur premier partenaire commercial.
08:37 Maintenant, ils ne savent plus que le troisième partenaire commercial.
08:39 Il y a ce qu'on appelle le "re-shoring", c'est-à-dire la réindustrialisation des États-Unis
08:43 avec un gros plan de relance qui s'appelle l'Inflation Reduction Act.
08:46 Il met des milliards d'euros.
08:47 Et nous, à côté de ça, il y a quelques semaines,
08:49 on a dit qu'on allait restaurer le pacte de stabilité et de croissance.
08:52 Donc on allait repartir sur ces règles absurdes de 3% et de 60%
08:56 qui ont été décidées ici, pas très loin d'ici, au Louvre, sur un coin de table au ministère des Finances
09:00 dont tout le monde sait qu'elles ne veulent rien dire.
09:02 Le Japon vit tous les jours très bien avec 250% de dettes dans le PIB.
09:06 Aujourd'hui, on a besoin de faire des investissements vitaux
09:09 et on a des règles européennes qui ont été réactivées.
09:11 Elles avaient été arrêtées, vous ne savez pas, en COVID.
09:13 On a des règles européennes absurdes qui empêchent l'investissement,
09:16 qui empêchent la transformation.
09:18 Et vous avez aujourd'hui, en sortie de crise, une Amérique qui a une croissance qui explose,
09:22 qui arrive à juguler son inflation, une Europe qui est empêtrée dans la croissance
09:26 et qui est très fière de dire qu'en 2024, on repassera sous les 3% de déficit public.
09:31 Vous voyez, ce n'est pas du tout ma conception de ce qu'on doit faire ensemble.
09:33 Vraiment pas du tout ma conception de ce qu'on doit faire ensemble.
09:35 - Mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce que vous, vous pouvez faire en tant que sénateur ?
09:38 Et qu'est-ce qui peut être fait pour changer l'idéologie du gouvernement
09:41 qui finalement traite ça un peu par-dessus la jambe en disant
09:44 "mais c'est pas grave, c'est des partenaires, qu'ils soient américains, chinois, allemands ou quoi,
09:50 ça n'impacte en rien l'industrie française, c'est faux".
09:54 - Bien sûr. Ce qu'on fait, c'est d'abord ce qu'on fait aujourd'hui.
09:56 C'est-à-dire que je viens devant vous, il y a une commission d'enquête,
09:59 on essaie d'aller au bout, et on va aller au bout, dans cette commission d'enquête de ce qui s'est passé.
10:03 On veut comprendre le choix industriel, c'est une commission d'enquête qui va encore durer six mois.
10:07 Donc j'aurai l'occasion de vous en reparler et de redire une chose là-dessus.
10:11 Donc on va avoir à auditionner le président d'EDF, on va pouvoir aller dans le détail de ce qui se fait.
10:16 Et puis au niveau européen, nos députés ont voté contre le nouveau pacte de stabilité de croissance,
10:21 comme ils sont en certain temps mal fermés, ils ont perdu.
10:23 Donc en fait, ce qu'il faut, c'est juste voter pour des gens qui changent l'orientation de la politique européenne
10:28 en la matière, c'est ça la vérité.
10:30 - Mais est-ce qu'on peut changer l'orientation ?
10:32 C'est la question quand même, cette Union européenne, on a l'impression qu'elle est hors de contrôle.
10:36 - Elle est hors de contrôle parce qu'on donne des majorités dont c'est le mandat en fait.
10:41 Le mandat des majorités successives, c'est quand même de faire ce qu'ils sont en train de faire.
10:44 Donc moi je m'inscris dans une tradition qui dit que, à l'inverse, c'est aujourd'hui quand on voit l'état du monde,
10:49 qu'il y a deux puissances qui se mettent en oeuvre en Asie et aux Etats-Unis,
10:53 si nous-mêmes on se met pas un petit peu au travail sérieusement,
10:56 qu'on refait pas Airbus, qu'on refait pas Airbus sur des nouveaux secteurs,
10:59 bah le risque c'est quoi ? C'est le dépositionnement total.
11:01 Aujourd'hui, honnêtement, d'un point de vue économique,
11:03 ce qu'on a besoin de faire, d'aller chercher des bouts de technologie d'ici et de là,
11:06 c'est pas à la hauteur de l'histoire de ce continent.
11:09 La Chine est à l'état de l'art, c'est-à-dire à la frontière technologique,
11:13 sur 37 des 45 secteurs d'avenir.
11:15 Sur l'énergie, quand on met une politique énergétique en Europe,
11:18 90% des panneaux photovoltaïques viennent de Chine.
11:21 Vous vous rendez compte de notre ratio de dépendance ?
11:23 - Des voitures électriques, enfin tout l'objectif climatique européen
11:26 dépend d'importations chinoises et américaines.
11:28 - Exactement, les voitures électriques,
11:30 ils ont inventé la voiture électrique sous les 15 000 euros.
11:32 Est-ce que quelqu'un se pose la question de comment on fait le mix
11:36 pour que ce soit plutôt des voitures françaises, européennes,
11:39 qui servent à faire la transition,
11:40 plutôt que l'inverse, avec des voitures qui vont rentrer,
11:43 ils annoncent la voiture sous 20 000 euros sur le marché européen l'année prochaine ?
11:46 Si vous voulez, si on en reste aux règles du jeu telles qu'elles existent aujourd'hui,
11:49 c'est foutu.
11:50 Et honnêtement, ça ressemble même à une forme de suicide européen.
11:53 Et qu'est-ce qui s'est passé historiquement quand on essayait de rattraper un retard ?
11:56 C'est vieux comme le monde et vieux comme l'économie.
11:59 On protégeait, comme ils le font eux,
12:01 on protégeait les industries dans l'enfance.
12:03 On leur laissait une chance pour qu'elles puissent se lancer.
12:06 S'il se passe sur la voiture électrique,
12:08 ce qui s'est passé sur le photovoltaïque,
12:09 c'est-à-dire la destruction de tous les acteurs français, allemands, européens...
12:12 - Sur le numérique aussi.
12:13 - Sur le numérique, vous avez raison,
12:14 on doit revenir sur la question numérique,
12:15 au profit des acteurs étrangers,
12:17 à la fin, on sera des gens qui sont en situation de dépendance absolue
12:20 vis-à-vis du reste du monde,
12:21 où on viendra faire du tourisme et regarder la tour Eiffel.
12:22 Honnêtement, ce n'est pas ce que je veux pour mon pays.
12:24 - Est-ce que ce n'est pas trop tard déjà ?
12:25 - Non, ce n'est jamais trop tard.
12:26 Ce n'est jamais trop tard parce qu'en économie, ça va vite.
12:28 Vous savez, si on regarde un peu l'histoire longue,
12:30 l'Allemagne n'existait pas avant 1870.
12:33 Les Américains, tout d'un coup, se mettent de la même manière à rattraper le retard.
12:38 Regardez l'histoire de la Chine.
12:39 En 1980, la Chine, c'est un nain économique.
12:43 Aujourd'hui, on est en 2024,
12:44 c'est la première puissance industrielle du monde.
12:46 Donc l'histoire, elle va vite.
12:47 Moi, je ne suis pas dans le désespoir.
12:49 C'est peut-être mon âge qui fait ça aussi,
12:50 mais je ne suis pas dans le désespoir.
12:52 Au contraire, c'est des choix de politique économique.
12:54 C'est où on met l'argent.
12:56 Est-ce qu'on arrive à trouver un pacte entre nous sur production,
12:59 protection sociale et protection aux frontières sur un certain nombre d'industries ?
13:02 C'est ça, pour moi, le sujet.
13:03 Et c'est à mon avis comme ça qu'on peut réussir à faire quelque chose d'efficace pour le pays.
13:08 - Oui, mais aujourd'hui, c'est une voie minoritaire.
13:10 Malheureusement, on a l'impression que le débat va arriver avec les élections européennes
13:14 sur cette question de l'avenir de l'Union.
13:16 On voit que l'idéologie reste la même.
13:19 La concurrence, l'élargissement, toujours plus loin,
13:22 l'Albanie, l'Ukraine, etc.
13:24 La guerre aussi.
13:26 L'effort de guerre qui est demandé maintenant aux Européens
13:28 avec l'OTAN qui demande 2% de PIB en soutien de l'Ukraine,
13:32 mais au-delà, pour la défense européenne.
13:33 Comment on fait pour faire valoir les intérêts français dans cet ensemble
13:38 où on est systématiquement perdant, on a l'impression ?
13:41 - Alors, moi, sur la guerre en Ukraine,
13:43 peut-être qu'on aura une différence de point de vue,
13:44 je vous le dis de temps en temps,
13:45 et moi, je pense que ça fait partie de nos intérêts stratégiques
13:47 que de défendre la frontière orientale de l'Europe.
13:50 Mais je ne veux pas rentrer dans ce débat-là
13:52 parce qu'il nous emmènerait, à mon avis, trop loin.
13:55 Mais en effet, vous avez raison.
13:56 Tant qu'il y aura ces règles, par exemple, sur les subventions publiques des États,
13:59 on n'y arrivera pas.
14:00 En fait, on en est quand même à un niveau de folie
14:04 où on interdit à nos États de subventionner leurs entreprises,
14:08 mais on accueille sur le marché européen, via la frontière extérieure,
14:11 des produits subventionnés par des acteurs chinois, américains, etc.
14:15 On en est quand même là.
14:16 Et on est face à des gens qui ont des marchés publics pour la Chine
14:19 ouverts à 0%.
14:21 - Mais sans parler du prix de l'électricité,
14:23 prenons le prix de l'électricité, là aussi avec l'accord à Rennes, etc.
14:26 On devrait payer beaucoup moins cher l'électricité en France ?
14:29 - Bien sûr, bien sûr.
14:31 On devrait avoir aujourd'hui, tel que fonctionne le marché européen,
14:34 tel que le prix de l'électricité est défini, vous avez raison,
14:37 il est indexé sur le prix du gaz,
14:38 or nous, le coût de production de l'énergie, il n'est pas celui-là.
14:41 Il y a des États qui ont choisi,
14:43 les socialistes espagnols qui sont au pouvoir,
14:44 ils ont choisi de sortir de ça.
14:46 Ils ont choisi de sortir de ce suspens temporairement.
14:48 Pour lui, c'est impossible, mais c'est possible en Espagne.
14:51 Vous savez la phrase de Pascal,
14:52 "Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà".
14:55 Donc voilà, il y a quand même quelque chose d'assez incohérent dans tout ça.
14:59 Et puis, il y a un moment où, en effet,
15:01 il faut qu'on se mette d'accord sur comment on construit l'énergie de demain,
15:03 c'est l'objet de notre commission d'enquête,
15:06 mais on n'y arrivera pas, en tout cas, en commençant à faire rentrer Amazon
15:09 dans la danse du circuit industriel et nucléaire français.
15:11 - Est-ce qu'il y a quand même des bonnes nouvelles ?
15:12 Est-ce qu'il y a quand même des lueurs d'espoir
15:15 sur la construction de cette énergie de demain
15:17 et sur la place de l'industrie française dans ce mix ?
15:20 - Moi, ce que je considère qui est une bonne nouvelle,
15:22 mais c'est quelque chose qui, évidemment, peut créer des discussions entre nous,
15:26 c'est que je crois vraiment que le fait de relancer la filière nucléaire
15:31 est ce qu'il fallait faire.
15:32 Ce qu'il fallait faire parce qu'en effet,
15:33 moi, l'idée qu'on soit totalement dépendant de photovoltaïques produits en Chine
15:38 et bien sûr qu'il en faut, de l'énergie renouvelable,
15:42 et le sujet, c'est comment on fait pour avoir une filière européenne du renouvelable, etc.,
15:46 mais l'énergie nucléaire, elle permet,
15:48 le fait que le président de la République, pour le coup, ait fait le choix
15:50 de relancer la filière nucléaire,
15:51 moi, je considère que c'est une bonne décision
15:53 et il fallait le faire parce qu'il y a des besoins énergétiques,
15:56 qu'on électrifie tous les usages,
15:57 on demande à tout le monde de tout électrifier d'un point de vue des usages
16:01 et ça, on a besoin dans le mix d'avoir un ensemble de choses
16:04 et le nucléaire, il y a quand même une expertise en France
16:06 et justement, moi, ce qui me révolte dans cette affaire,
16:08 c'est qu'on ne s'appuie pas sur nous-mêmes
16:11 pour aller au bout dans la filière
16:12 et qu'on repasse une partie des données aux Américains,
16:15 ce qui est quand même honnêtement assez problématique.
16:17 Mais comme la maintenance,
16:18 on avait vu lorsqu'il y avait eu ce souci de maintenance en 2022,
16:21 l'appel à une main d'oeuvre étrangère aussi pour intervenir sur les centrales.
16:25 Un mot pour terminer sur la grève à la SNCF,
16:28 ce sera notre sujet en deuxième partie.
16:30 Quelle est votre position sur la grève actuelle des contrôleurs de la SNCF ?
16:34 Si vous voulez, moi, sur tout ce que je vois,
16:35 parce que je vois du vu du Sénat,
16:37 il y a un sénateur qui s'appelle Lerue-Dulier
16:39 qui est pour la remise en cause du droit de grève.
16:42 Donc, c'est quand même très drôle de voir que partout,
16:45 dès que les salariés défendent leurs droits,
16:48 défendent leurs intérêts,
16:49 ce qui est le fonctionnement normal d'une économie
16:52 parce que déjà, on a empêché très largement
16:55 les capacités de négociation, etc.
16:57 Dès qu'ils défendent leurs droits,
16:58 on essaie de remettre en cause ce droit
17:00 pour essayer de les faire taire.
17:02 Et je pense que vraiment, cette méthode, elle est catastrophique.
17:04 Et donc là, vous voyez,
17:05 le clivage droite-gauche, soi-disant, il a disparu.
17:08 Sur ces questions, elles sont assez claires.
17:10 Les frontières, elles sont assez claires.
17:11 Et on voit qui propose quoi, qui propose quoi.
17:13 Et quand je vois le sénateur Lerue-Dulier
17:15 proposer la modification du droit de grève,
17:18 là, on a un vrai sujet.
17:20 Merci beaucoup, Alexandre Auzi, d'avoir répondu à nos questions
17:23 et de suivre ce dossier épineux et autrement important
17:26 de l'énergie et du secteur énergétique français.
17:29 Merci.
17:29 Merci à vous. Bonne journée. Au revoir.
17:31 Sud Radio.
17:33 Midi 13h.
17:34 Alexis Poulin.
17:35 Sans réserve.

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