Peter Eötvös : Solitude (Egyedül)
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La Maîtrise de Radio France interprète Solitude (Egyedül) sous la direction de Sofi Jeannin. Extrait du concert enregistré le 18 janvier à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.

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Entreprise dès l’âge de cinq ans au sein d’une famille de musiciens avec la découverte du piano, du violon, de la flûte et des percussions, la formation de Peter Eötvös s’est poursuivie au sein de l’école de musique de Miskolc puis à l’Académie de Budapest, après un concours brillamment réussi sous le regard du vénéré Kodály. De ces débuts demeurent quelques témoignages : en janvier 2017, le jeune pianiste Misi Boros a révélé au public un curieux hommage à Haydn, extrait de Cinq pièces de jeunesse composées entre 1959 et 1961, et faisant montre d’un néoclassicisme plein de verve et d’humour. De la même époque date Kosmos pour ensemble de chambre, inspiré par le voyage de Youri Gagarine dans l’espace, ainsi que par les structures célestes, le Big Bang et l’organisation du système solaire ; un vaisseau spatial traversait une musique de comètes, d’échelles d’astéroïdes et de pluies de météorites. Péter Eötvös n’a que douze ans quand il tire la partition de Solitude d’un texte de Béla Kapuváry.

Nullement un premier essai, puisque ses camarades d’école de musique comptent déjà parmi ses premiers interprètes. Le 24 juin 1955, il note : « Chanson de mai : présentation de mon travail à l’école technique (Miskolc). Chœur d’enfants, soprano solo, deux flûtes, flûte, triangle, cymbales, piano. La chorale était dirigée par le Dr. Gézáné Farbaky, accompagnée par moi au piano ». En avril 1956 : « À l’occasion du concours Bartók à Miskolc, j’ai remporté le 3e prix de piano et le 1er prix de composition. Après le concours de Miskolc est venu le concours national de Budapest. Le professeur Szervánszky a examiné les œuvres (Suite de chansons folkloriques, Le Pauvre Villein), il les a beaucoup aimées. J’ai remporté le premier prix à 8 Budapest et reçu 150 HUF. »

En 2006, la version révisée d’Egyedül (littéralement : être seul) est, pour le compositeur, une sorte de retour dans son propre passé. « J’ai écrit cette pièce une semaine avant la révolution de 1956. J’avais douze ans et trouvé ce poème dans mon livre d’école. » In memoriam Kodály, Egyedül rappelle les années d’étude, corrigée car le compositeur tenait à y « appliquer des procédés d’écriture que j’avais appris depuis. » Une révision très symbolique, car servant un multiple cinquantenaire, ayant été donnée au Palais des Arts pour l’anniversaire de la revue musicologique Muzsika, au sein d’un programme souhaitant revenir sur « cinquante ans de musique ».

De sa version originale, Péter Eötvös préserve les harmonies légèrement dissonantes et le parcours modulant, ainsi qu’une conception théâtrale du dialogue des voix. S’ouvrant en mi majeur, la forme ranime un style madrigalesque cher au compositeur, style dont il n’allait pas tarder à explorer le potentiel théâtral. Mais Péter Eötvös y