À Marseille, un facteur accusé d’avoir volé 16 cartes bleues et près de 15 000 euros
  • il y a 5 mois
Lors de la première audience, Sabine avait tenu à être présente. Victime d’un vol de carte bleue il y a quelques mois, la quinquagénaire portait encore les stigmates de l’angoisse liée aux soucis financiers qui ont découlé. 930 euros avaient alors été dérobés sur son compte en banque, soit plus de la moitié de son salaire de secrétaire médicale. "Quand elle l’a vu, elle m’a dit : ’mais c’est lui ? Il était gentil, il me parlait…’", raconte son avocate, Me Célia Borrelli. "Non seulement il a utilisé sa fonction de postier pour abuser de la Banque postale et des gens avec qui il était en contact quotidiennement sur sa tournée, mais en plus, il n’avait aucun scrupule à se montrer sous son meilleur jour alors même qu’il leur avait volé leur bien", dénonce la robe noire.

Sur le banc des prévenus, Nadjim n’en mène pas large. Soupçonné d’avoir dérobé seize cartes bleues entre juillet 2022 et juin 2023, l’homme de 26 ans comparaît sous contrôle judiciaire. Durant la période de prévention, le facteur effectuait une tournée quotidienne dans le quartier Euroméditerranée, à Marseille, où vivent les quinze victimes de vols. Toutes attendaient la réception de leur nouvelle carte de paiement, envoyée par lettre recommandée par la Banque postale, avant qu’un second courrier ne leur soit délivré, contenant le code de ladite carte. Une fois subtilisées, celles-ci étaient utilisées pour des retraits d’espèces s’élevant de 40 euros à 2 500 euros, pour un préjudice total de près de 15 000 euros.

"J’ai subi des pressions de personnes que je croisais sur ma tournée, raconte le prévenu. Ils étaient sur le ’point stups’ de Racati et m’ont même menacé pour que je leur donne le courrier". D’abord sceptique, la présidente Magali Vincent ne tarde pas à être gagnée par l’exaspération : "Ils savaient qui allait recevoir une carte bleue ? C’est extraordinaire ! Soit ils sont agents secrets, soit… Rassurez-moi, ils ne travaillent pas à La Poste ?"

Debout à la barre, Nadjim ne se démonte pas, explique avoir dérobé certains courriers, pas tous et effectué certains retraits, pas tous non plus, mais ne pas avoir osé parler des pressions à ses responsables ni à la police, par peur et par honte. "Je ne vois pas bien pourquoi on le croirait, attaque la procureure Sylvie Odier. J’ai du mal à croire qu’il ait persévéré s’il avait peur, s’il ne cautionnait pas. D’autant qu’il n’y a aucun élément attestant de menaces et qu’il ne donne pas de signe d’identification de ces personnes."

La représentante du ministère public, a requis huit mois de prison assortis d’un sursis et une obligation d’indemniser La Poste et les victimes. La décision sera rendue le 12 décembre.
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