États généraux de l'information, il faut éviter l'effet pschitt - L'édito médias
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Cyril, l'éditomédia, on ouvre aujourd'hui l'immense chantier de l'information en France.
00:05 Et ça s'appelle les états généraux de l'information.
00:08 Une grande messe des médias qui doit répondre à des questions centrales.
00:11 En voici quelques-unes.
00:12 Comment se finance la presse ? Comment garantir l'indépendance des rédactions ? Quelle
00:15 place pour les réseaux sociaux ? Comment informer les jeunes ? Ou encore comment lutter
00:18 contre la désinformation ? C'est Christophe Deloire, le patron de RSF,
00:22 reporter sans frontières, qui a la charge d'organiser cet immense chantier.
00:26 Il y a du boulot, un chiffre pour l'illustrer. Plus d'un Français sur deux pense que la
00:30 qualité de l'information s'est dégradée ces dernières années.
00:32 Conclusion attendue en juin prochain.
00:35 Mais pourquoi ça arrive maintenant ? C'est déjà le fruit d'un engagement.
00:38 Celui du candidat Macron, version 2022.
00:40 On a un peu attendu.
00:41 Mais finalement, il a bien lancé ces fameux états généraux de l'information.
00:44 Et devinez quand ? Le 13 juillet dernier.
00:46 Et qu'est-ce qui se passait à l'époque ? La rédaction du JDD entamait sa troisième
00:51 semaine de grève.
00:52 Une situation qui avait mis tout le gouvernement mal à l'aise.
00:54 Aucun ministre n'était venu soutenir le journal.
00:56 A part Papandjaï, qui depuis n'est plus ministre.
00:59 C'est dans ce contexte, et sans rien dire, du JDD, qu'Emmanuel Macron a annoncé ces
01:03 états généraux.
01:04 Pure coïncidence d'Emile Christophe Deloire.
01:06 Il dit que ce serait une erreur de penser qu'ils sont une réponse à Bolloré, soit.
01:11 Syrie laisse une bonne idée que la politique s'empare du sujet des médias.
01:15 Et bien si elle ne le fait pas.
01:16 Alors qu'il fera.
01:17 Toutes les questions mises sur la table sont les bonnes.
01:19 Mais c'est aux réponses qu'on jugera du travail accompli.
01:21 Attention, pas les propositions qui sortiront de ce grand route.
01:25 On a appris avec la Convention citoyenne sur le climat que ça pouvait déboucher sur
01:28 pas grand-chose.
01:29 Mais ce qui se traduira par des lois ou des changements réglementaires.
01:33 Vous avez justement l'exemple d'un raté.
01:35 La commission d'enquête du Sénat sur la concentration des médias.
01:38 Durant trois mois, les sénateurs auditionnent tout ce que les médias comptent d'experts,
01:43 de patrons et d'actionnaires.
01:44 Le casting est exceptionnel.
01:46 Vraiment exceptionnel.
01:47 Et quand on s'intéresse, comme moi, à ce secteur, on se dit que c'est un moment
01:50 de vérité.
01:51 Résultat, rien.
01:53 Nada.
01:54 Le passage de Vincent Bolloré est une énorme farce.
01:57 L'homme d'affaires se fout de tout le monde dans la salle.
02:00 Il fait passer Vivendi pour un nain du business.
02:02 Comme parmi les sénateurs, personne n'a bossé, il déroule et ça passe crème.
02:06 Du grand art en matière d'arnaque.
02:09 Le seul qui connaissait son sujet, c'était le rapporteur David Assouline.
02:13 Le problème, c'est qu'il avait décidé de faire de ses auditions un affrontement
02:17 politique.
02:18 Donc, on est passé à côté du sujet principal.
02:20 C'est comme ça qu'on a raté une occasion en or.
02:23 Et vous craignez que les États généraux soient dans la même veine ?
02:26 J'espère pas, évidemment.
02:27 Mais disons que ça part mal.
02:29 Comment faire croire que vous vous préoccupez de protéger les journalistes quand Ariane
02:33 Lavrieux, une journaliste du Média Disclose, est perquisitionnée chez elle durant 10 heures,
02:38 qu'elle est entendue par la police et qu'elle passe 39 heures en garde à vue.
02:42 Tout ça parce que le ministère des armées a porté plainte.
02:44 D'un côté, les promesses, les engagements, de l'autre, les actes.
02:47 Merci Cyril.