Roland-Garros 2023 - Fabrice Santoro : "Si Novak Djokovic gagne son 23e Grand Chelem lors de ce Roland-Garros...

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Fabrice Santoro à Roland-Garros pour évoquer Novak Djokovic qui peut gagner un 23e Grand Chelem... mais qui sera jamais autant aimé que Roger Federer et Rafael Nadal. Entretien ou plutôt discussion !

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Sport
Transcription
00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus beau que quand il est collectif.
00:09 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:14 Ça serait le plus grand pour différentes raisons, nombre de titres en grand chelem, le fait d'être devant dans les face-à-face, face à Rafa et Roger.
00:24 Mais Rafa aura toujours une place à part dans le cœur des gens, parce que gagner 14 grands Roland-Garros c'est inhumain.
00:35 Et Roger aura toujours aussi une place à part, parce que ça restera pour l'éternité le joueur le plus élégant, qui incarne le jeu, le plus élégant de l'histoire du tennis.
00:47 Donc dans le cœur des gens, Roger aura toujours une place à part, et les fans de Roger auront toujours la plus grande difficulté à basculer sur un autre.
00:56 Comment tu analyses le rapport de Djokovic avec le public ? Est-ce qu'il reçoit l'amour qu'il mériterait, que ce qu'il a déjà accompli suffirait à lui donner ?
01:07 On voit que le public est un peu versatile par rapport à Novak depuis le début du tournoi. Comment tu vois ça ?
01:12 Il y a plusieurs raisons, peut-être quelques petites maladresses de la part de Novak. Un comportement qui peut parfois un petit peu surprendre sur un cours et qui est moins apprécié du public.
01:27 Mais je crois que la principale raison n'est pas là. C'est juste que lorsque Novak est arrivé à son meilleur niveau, le gâteau était pris en fait, le cœur des gens était pris.
01:36 Et 95% du gâteau était soit pour Roger, soit pour Rafa. Il restait une petite part. Et les gens, il y a peut-être 5-10% du public qui a basculé sur Novak.
01:49 Mais quand on est fan de Federer ou fan de Nadal, on ne quitte pas son soldat. Et malheureusement, ce petit déficit ou ce petit rapport difficile qu'il peut avoir avec le public n'est pas vraiment contre lui.
02:05 Mais c'est juste que le cœur des gens est pris en fait, ou le cœur des gens était pris quand il est arrivé à la première place mondiale.
02:11 C'est peut-être l'avantage de Carlos Alcaraz d'arriver à ce moment-là et on voit que le public est enchanté un petit peu par ce qu'il fait.
02:20 Parce que ce gâteau s'est un peu libéré et du coup il arrive au bon moment, vous pensez ?
02:26 Complètement, complètement d'accord avec vous. C'est vrai qu'il arrive au bon moment. Il arrive après le départ de Roger, quasiment.
02:36 Il n'a jamais joué Roger, il n'a jamais battu Lidl. Et donc il n'y a pas de confrontation avec Roger Federer.
02:49 Il n'y a pas de rivalité possible. C'est juste, Roger arrête. Quelque part, Carlos est incroyable, donc on le soutient.
02:57 Il rentre sur le conflit de patrie ici, tous les gens sont debout à l'applaudir. Il y a un immense respect.
03:01 Comme je disais tout à l'heure, c'est la première fois qu'on voit un numéro un mondial jouer avec le sourire, ce qui est quasi impossible quand on a une telle pression.
03:10 Et puis, il n'y a pas non plus de rivalité entre Carlos et Rafa, parce qu'ils sont du même pays, parce qu'ils se respectent énormément,
03:16 parce qu'ils s'admirent et que c'est un petit peu le père et le fils ou le grand frère avec le petit frère.
03:24 Et donc Rafa sera toujours très fier de voir Carlos gagner les matchs.
03:29 Novak a toujours été dans la position du chasseur derrière Roger et Rafa. Là, il est dans la position de passer devant.
03:37 Est-ce que je pense qu'il peut y avoir un petit blocage, comme ça a été le cas avec Serena, comme on l'a vu peut-être à l'US Open, quand il s'est contre Medvedev ?
03:45 Une petite bascule, là ?
03:47 Tout à fait d'accord, parce que j'en parlais tout à l'heure avec le quotidien sportif français.
03:52 Je disais qu'en se rapprochant du 23e, il pourrait y avoir un effet Serena à l'US Open,
03:59 parce qu'il sait que des grands chèmes, il en gagnera peut-être un, deux, trois dans les deux prochaines années,
04:03 mais qu'à partir de 2026, ça sera probablement plus difficile, ou même 2025.
04:09 C'est un athlète tellement hors normes que je me dis qu'il peut en gagner encore en 2024, 2025, mais ça sera forcément plus difficile qu'aujourd'hui.
04:18 Et en se rapprochant de la dernière marche, comme Serena à l'US Open, il peut se tendre.
04:24 Après, il sait gérer la pression, mais Serena savait la gérer aussi.
04:28 Et je pense que le regret de la carrière de Serena, c'est cette US Open, où elle avait deux joueuses à sa portée, à battre,
04:37 quatre sets à gagner, et finalement elle a trébuché, alors qu'on ne s'y attendait absolument pas.
04:41 Je ne le souhaite absolument pas à Novak, mais il pourrait penser à Serena en se rapprochant de la victoire.
04:49 On sent en US Open, contre Danny Medvedev, où ils étaient tous les trois à 20,
04:53 il jouait même pour le grand chlem, et là la pression, il a craqué.
04:57 Tout à fait, j'ai regardé cette finale de bout en bout, il a craqué.
05:01 C'est bien, ça le rend humain. Parfois on dit que c'est une machine, que c'est inhumain.
05:05 Et ces grands champions ont quand même un cœur, énormément de force, mais aussi des moments de faiblesse,
05:14 très rares certes, mais ça leur arrive. Et cette finale de l'US Open, face à Danny, il l'a manqué.
05:19 Dans les 22 qu'il a pris, la dimension physique a été quand même très importante.
05:23 Il y a un moment où il était indébordable, l'homme élastique, il était partout.
05:27 Est-ce qu'aujourd'hui tu penses que l'avantage physique qu'il a eu longtemps, il l'a toujours encore ?
05:34 C'est une question pour lui, ça. Ce n'est pas trop à moi de les répondre.
05:39 Je pense qu'il a toujours des qualités physiques exceptionnelles.
05:43 Quand je vois sa couverture de terrain sur la première semaine, ça reste très impressionnant.
05:48 Est-ce qu'il a un petit peu perdu ? Je ne suis pas capable de le dire précisément, mais c'est une option.
05:58 Il me semble que parfois, mais encore une fois c'est une question qu'il faudrait lui poser,
06:02 parfois je le trouve un petit peu moins élastique, un peu moins rapide.
06:08 Mais je ne dis pas que j'ai raison et je peux me tromper.
06:11 Vous avez eu ce sentiment aussi ? Il va un petit peu moins vite.
06:16 Mais c'est normal, 36 ans.
06:20 - Ouais.
06:21 !

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