À la rencontre des chiens sauveteurs du bataillon de marins-pompiers de Marseille
  • il y a 11 mois
Dès 2-3 mois, les chiots sont entraînés à jouer à cache-cache avec ce boudin adoré. Progressivement, le jouet est de mieux en mieux dissimulé, dans la forêt, sous les branchages, au milieu de gravats. Et chaque fois, dans la cachette, les chiens découvrent aussi... un humain, et son odeur. "Au bout d'un moment, le chien associe l'odeur humaine, le boudin, le jeu, le plaisir". Merci Pavlov ! La passion du jeu, et l'amour pour son maître : tel est le secret des chiens de décombres.

Démonstration sur le terrain d'entraînement de la brigade cynophile, niché dans la pinède de Septèmes. Une coulée de boue a été reconstituée. Sur une centaine de mètres, un formidable enchevêtrement de vieux camions défoncés, frigos éventrés, barques déglinguées offre une infinie possibilité de cachettes. Tilicom déboule, surexcité. Après nous avoir superbement ignoré - "pas de temps à perdre, j'ai du boulot, moi" -, il dévale la pente, escalade la montagne de déchets et renifle méthodiquement ; et soudain s'immobilise et aboie. Bingo ! Il a trouvé : un pompier surgit d'une vieille commode en brandissant le trophée: le boudin merveilleux.

"À ce moment-là, les chiens n'attendent qu'une chose, c'est de jouer avec leur maître. Sur les zones de catastrophe, ce n'est pas toujours possible. Du coup, les chiens ressentent une énorme frustration, c'est prouvé scientifiquement", explique Pascal. Compatissants, "on essaie, quand on peut, de se s'écarter un peu de la zone du sinistre pour leur donner leur récompense : jouer quelques minutes avec eux". Ces instants d'amusement à proximité de scènes de drames sont difficiles à gérer, mais ils sont précieux. "Si l'animal se sent floué, il risque de devenir moins performant, comme si on ne lui donnait pas son salaire". Mais chez les marins-pompiers, la conscience professionnelle est une valeur partagée : Tili et aucun autre de ses compagnons n'ont jamais déserté en mission.
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