Bouli Lanners et Elisabeth Ancion, une histoire d’amour et de marionnettes

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00:51 Comme on a hérité d'un patrimoine, la première phase de ce patrimoine c'est de le restaurer.

00:58 Donc l'ennemi numéro un de la marionnette c'est le verre.

01:02 Voilà par exemple des cuisses, verre moulu, voilà ce qu'il en reste, c'est-à-dire rien.

01:07 Donc il faut traiter le verre, donc on a fait appel nous à des gens qui restauraient des polychromies religieuses pour savoir comment on faisait.

01:14 Mais quand le verre a mangé trop, ben il reste rien.

01:17 Donc à partir de là il faut refaire ce qu'on peut faire et puis reconstituer des cuisses, des morceaux de cuisse.

01:23 Et c'est là qu'intervient le centre de la marionnette à Saint-Nicolas.

01:27 Et c'est avec eux que je travaille pour refaire les ferrages et refaire les cuisses, les pieds, tous les bouts qui manquent.

01:33 Et puis à partir de là, il y a la restauration des visages.

01:37 Ça c'est le plus délicat parce que beaucoup de marionnettes ont été repeintes par des gens qui n'étaient pas spécialement des peintres.

01:42 Donc ont été mal repeintes et une marionnette qui est mal repeinte, elle n'a plus d'âme.

01:47 Donc c'est éteint.

01:49 Donc il faut retrouver l'écarnation à l'ancienne.

01:52 Celle-ci par exemple, ce sont des marionnettes qui ont été peintes au plomb.

01:55 Donc aucune peinture ne tient dessus.

01:57 Donc il faut vraiment entièrement la décaper, sans abîmer l'essence du bois.

02:01 Et puis après revenir avec des acryliques pour pouvoir refaire tout ce travail d'écarnation.

02:05 De poignée dans la marionnette, de comprendre la marionnette, de comprendre où vient le clou, comment on enlève la tête.

02:16 Savoir quelle est la longueur de la clame, savoir si elle est plus longue, la tête tournera mieux.

02:21 Chaque corps doit être adapté parce que les marionnettes n'ont pas la même taille.

02:24 Il y a des têtes de marionnettes qui sont trop grosses, il y en a qui ne tournent pas bien, il y en a qui ne se mettent pas bien.

02:28 Donc il faut retravailler tout ça pour que la marionnette soit très jouante.

02:31 Et puis après, le truc le plus excitant, c'est de se dire, on repart de quelque chose qui a existé pour le refaire exister.

02:36 On n'a pas d'enfants, on a des chiens.

02:44 Mais oui, elles ont tout un nom, elles ont tout un prénom.

02:47 Et là, on en a des nouvelles par exemple, qu'elles vont avoir un nom et automatiquement les noms reviennent.

02:53 En tout cas, ça fait partie de la famille, ça c'est sûr.

02:55 Je ne peux pas le dire devant les autres, elles vont être jalouses.

03:04 J'en ai une qui est ma préférée, mais je le dis à Élise uniquement, je ne peux pas le dire devant les autres.

03:08 On l'appelle Nanol.

03:09 Nanol, c'est Nanol.

03:11 En 1939, quand il y a eu l'expédition sur l'eau à Liège, il y avait énormément de théâtres de marionnettes qui jouaient,

03:17 puisqu'il y avait encore beaucoup de théâtres de marionnettes à l'époque.

03:19 Et le personnage principal, c'était Nanol.

03:23 Comme quoi la marionnette peut vraiment tout dire, il jouait non-stop à guichet fermé, tous les jours.

03:28 J'ai toujours aimé les costumes, parce que pour moi c'est vraiment ça qui construit, comme ce qui nous constitue aussi.

03:34 Je veux dire, s'il y a bien une chose qu'on fait le matin,

03:36 où généralement on se lave et en tout cas on s'habille, parce qu'on ne peut pas sortir tout nu.

03:40 Et c'est ça qui nous raconte aussi.

03:44 Ce n'est pas pour rien que les adolescents passent par des grandes phases vestimentaires et compagnie.

03:49 Moi je travaille beaucoup en cinéma, c'est comme ça qui caractérise un rôle.

03:53 On sait bien comment un comédien peut être complètement transformé d'un rôle à l'autre.

03:57 Et chez les marionnettes aussi, parce que lui il n'a pas encore de pantalon.

04:02 Par exemple, c'est le marin dont on parlait tout à l'heure, le marin flamand,

04:08 son petit pull que j'ai terminé, il n'a pas encore son pantalon.

04:11 Même lui, il lui faut un pantalon.

04:14 Tant qu'il n'a pas ça, il n'est pas terminé.

04:17 Et changer à costume peut complètement changer un caractère.

04:22 Quoique la marionnette appauche par son physique certaines contraintes,

04:25 mais en même temps on peut se permettre, parce qu'elle est OK pour venir en essayage à 6h du matin.

04:33 Tout.

04:39 C'est-à-dire que la marionnette, toutes les marionnettes sont gentilles.

04:43 Elles incarnent des méchants. Parfois les comédiens sont méchants.

04:46 Ça c'est une grande différence.

04:47 Après, la marionnette, on peut tout lui faire faire.

04:51 Et puis on peut changer de corps aussi.

04:53 On peut changer la tête d'une marionnette et la mettre sur un autre corps.

04:55 On peut réinventer une marionnette.

04:57 On l'habille différemment, ça devient un autre personnage.

05:00 Elle a sa physiognomie de base, mais en fonction de...

05:05 L'habillage fait beaucoup et la peinture fait beaucoup.

05:08 On peut en refaire un personnage méchant, on peut en refaire un personnage gentil.

05:12 La marionnette...

05:14 Tous nos fantasmes passent par la marionnette, on peut tout leur faire faire.

05:17 Elle a fait des cheveux, elle a mis ça à rabier.

05:19 C'est un vrai révolutionnaire.

05:22 Mais c'est Ernesto, c'est pas Che Guevara, c'est Ernesto Jansen.

05:26 Sous-titrage Société Radio-Canada

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