• l’année dernière
Regardez L'invité de RTL du 20 mars 2023 avec Amandine Bégot.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin la présidente du groupe Rassemblement National
00:13 à l'Assemblée, Marine Le Pen. Marine Le Pen, on le disait, deux motions de censure en débat aujourd'hui à l'Assemblée,
00:17 celle déposée par l'ERN et puis celle du groupe
00:20 Lyot, c'est d'ailleurs celle-ci qui a le plus de chances d'aboutir puisque trois groupes au moins vont la voter, Lyot, la NUPES et l'ERN.
00:28 Bruno Le Maire dénonçait hier un attelage clownesque, que lui répondez-vous ce matin ?
00:32 Il devrait cesser le mépris
00:35 monsieur Le Maire et
00:37 regarder la raison pour laquelle
00:40 une très grande partie des groupes et une partie d'ailleurs des LR s'apprêtent à voter cette motion de censure.
00:44 La méthode qui a été utilisée par le gouvernement est inadmissible. Nous sommes
00:48 face à une réforme
00:51 extrêmement importante puisqu'elle va impacter bien entendu des dizaines de millions de français.
00:58 Dans leur vie intime, dans leur avenir, dans la projection qu'ils se font eux-mêmes de leur fin de carrière
01:05 politique et ils ont fait le choix d'utiliser un véhicule législatif qui est tout à fait critiquable et contestable, que nous contesterons d'ailleurs et on ne sera pas les
01:14 seuls devant le conseil constitutionnel,
01:16 et d'empêcher les débats en réalité.
01:20 Vote bloqué au Sénat et enfin 15 9 3.
01:24 Mais ça ne vous gêne pas de voter avec la lupé ? Ce qui est elle aussi
01:26 empêcher en quelque sorte les débats. Vous l'avez d'ailleurs critiqué à plusieurs reprises.
01:31 Mais pourquoi cela me gênerait-il ?
01:33 C'est une motion de censure du gouvernement.
01:36 Donc tous ceux qui veulent censurer le gouvernement votent la motion de censure du gouvernement.
01:40 Si on commence à faire preuve de sectarisme,
01:42 comme le fait d'ailleurs assez régulièrement la France Insoumise, on s'interdit, nous autres oppositions, toute action,
01:49 toute capacité en réalité. Moi je crois que
01:54 tout le monde devrait voter cette motion de censure, y compris un certain nombre de députés en marche d'ailleurs, pour
01:59 dire au gouvernement on ne peut pas utiliser cette méthode là. On ne peut pas utiliser une méthode qui est le 49 3
02:05 alors même que l'on est sur une réforme aussi importante, alors même que trois quarts des français y sont opposés,
02:11 avec cette brutalité. On ne peut pas faire ça. Il faut respecter le jeu démocratique.
02:15 Et le jeu démocratique c'est de dire "bah écoutez sur une réforme,
02:18 quelle qu'elle soit, soit il y a une majorité à l'assemblée, soit il n'y en a pas". Là en l'occurrence il n'y en avait pas.
02:23 Il fallait laisser le jeu démocratique se dérouler.
02:26 Vous disiez en commençant cette interview "une grande partie des députés LR s'apprête à la voter". Vous avez des chiffres Marine Le Pen ?
02:32 Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'une grande partie des députés LR
02:34 devrait la voter.
02:36 Quel que soit d'ailleurs ce qu'ils pensent...
02:38 On sait qu'il faut une trentaine, pardonnez-moi, il faut une trentaine de députés LR à peu près qui la votent pour qu'elle passe.
02:43 Oui mais je voulais...
02:44 ça excusez-moi mais les calculs c'est le travail des journalistes, c'est pas mon travail à moi.
02:50 Moi mon travail c'est de dire aux députés LR, même si vous étiez pour la réforme des retraites,
02:56 la manière dont la démocratie est traitée aujourd'hui,
03:00 le respect que vous devez aux trois quarts des français qui sont pour cette motion de censure parce qu'ils sont opposés à ce fonctionnement
03:07 ou plutôt à ce dysfonctionnement démocratique, doit vous obliger à voter cette motion de censure.
03:13 C'est cela que je viens leur dire parce que encore une fois ils sont, comme tous les députés d'ailleurs,
03:19 dépositaires normalement de l'intérêt supérieur.
03:22 Vous en avez eu certains d'entre eux au téléphone ces derniers jours, ces dernières heures ?
03:25 Non mais je sais très bien...
03:25 Vous échangez ?
03:26 Mais je sais très bien...
03:27 Vous savez on est à une place...
03:29 C'est pour ça que je vous pose la question.
03:30 ...les uns des autres.
03:31 Donc évidemment que les députés du Rassemblement National parlent aux autres députés des autres groupes, d'ailleurs pas seulement de LR.
03:38 Mais je viens leur dire que, comme je leur avais dit au début de la réforme des retraites,
03:42 même si vous êtes pour, c'est pas le moment et vous devriez vous y opposer.
03:46 Parce qu'au moment où il y a bientôt 25% d'inflation alimentaire,
03:50 où le carburant est à 2 euros, où les TPE-PME sont en train de fermer parce qu'elles n'arrivent pas à faire face au prix considérable de l'énergie,
03:58 au moment où il y a la guerre en Ukraine, il n'y a aucune urgence à faire passer cette réforme des retraites.
04:03 Rien ne justifie cette urgence, même pas, il faut bien le dire, budgétairement.
04:08 Donc même si vous étiez pour, c'était pas le moment.
04:11 Et là aujourd'hui je viens leur dire, même si vous étiez pour, vous devez voter la motion de censure
04:15 parce qu'il en va du respect du peuple français.
04:18 La permanence d'Éric Ciotti a été caillassée, vandalisée hier.
04:21 Éric Ciotti, le président des Républicains, avec ce message tagué sur l'une de ses portes, la motion, vous le pavez, vous condamnez ?
04:26 Bien entendu, je condamne.
04:28 Vous savez, le Rassemblement national est victime très régulièrement de dégradation de ses permanences.
04:32 Je crois que notre permanence de Brest a dû être dégradée 30 fois.
04:38 30 fois ?
04:38 Oui, 30 fois.
04:39 En combien de temps ?
04:41 Oh, en l'espace de 3-4 ans, sans d'ailleurs que ça n'entraîne de condamnation quelconque de la classe politique.
04:46 Donc, moi, que les choses soient très claires, j'ai des principes, je viens souvent le dire.
04:50 Mon principe, c'est qu'on ne fait pas preuve de violence d'une démocratie.
04:56 Voilà. Il y a... On peut manifester, on peut faire grève.
05:00 Tout cela est prévu par la Constitution.
05:03 On peut bien entendu faire confiance à ses députés et bien les choisir parce qu'il en va aussi de cela.
05:09 Mais on ne peut pas faire preuve de violence.
05:12 La manifestation, oui, pas la bordélisation.
05:14 C'est ce que disait Gérald Darmanin à votre place vendredi.
05:16 Oui, d'accord. Il a le sens de la formule.
05:18 Ça vous inquiète, ces manifestations, ces heurts ?
05:21 Ça fait 4 soirs qu'on voit des feux de poubelle, des heurts dans les rues de Paris.
05:24 Il y a eu des incidents dans un certain nombre de villes en région.
05:28 Ça vous inquiète ?
05:29 Bien entendu, je crois que la violence devrait inquiéter tout le monde.
05:33 Mais je suis obligé de constater, si vous voulez, qu'il y avait un bon moyen de sortir de cette situation.
05:38 Ça s'appelait le référendum.
05:40 Ce qu'a non seulement refusé le gouvernement, mais ce qu'a refusé la France insoumise,
05:45 qui parle de référendum, mais qui n'a pas voté la motion référendaire déposée par le RN.
05:49 Si on était allé voir les Français en disant "écoutez, c'est vous qui allez décider"
05:53 parce que, évidemment, ça vous touche en premier lieu,
05:58 si vous êtes d'accord ou en désaccord avec cette réforme de retraite.
06:01 On aurait fait un référendum, il y aurait eu un débat, un échange d'arguments,
06:04 et le peuple aurait tranché.
06:06 Mais on n'a pas fait cela.
06:07 Et le gouvernement joue avec des allumettes dans une station service.
06:11 C'est quoi le risque à un nouvel épisode du type Gilets jaunes ?
06:14 Je me souviens être allé voir Elisabeth Borne en septembre, je vous l'avais dit,
06:19 et je lui avais dit "si vous faites cette réforme de retraite dans la situation actuelle,
06:23 comptez pas sur moi pour jouer les pompiers".
06:25 Parce que je l'ai fait pendant les Gilets jaunes,
06:27 mais là, en l'occurrence, c'est vous qui allez mettre le feu,
06:30 vous le faites volontairement, et bien vous en assumerez les conséquences.
06:33 Comment on sort de là ? La dissolution, c'est ça la solution ?
06:36 Pourquoi pas ? Ça peut être une solution, oui,
06:39 en tout cas c'est une solution qui est prévue par la Constitution.
06:41 Comment est-ce qu'on peut sortir de là ?
06:43 1. Par un référendum.
06:44 2. Par le vote de la motion de censure.
06:47 3. Par la dissolution.
06:49 4. Par la sanction que nous allons réclamer de la part du Conseil constitutionnel.
06:54 Il y a plusieurs moyens de sortir,
06:56 mais en l'occurrence, le gouvernement se grandirait si le moyen utilisé venait de lui.
07:01 Et en cas de dissolution, vous nous le confirmez,
07:03 vous ne mettrez pas de candidat face aux députés LR qui auraient voté cette motion de censure ?
07:07 C'est la proposition qu'a faite Jordane Mardelade.
07:09 Oui, mais il a raison de le faire, parce que parfois, il faut mettre la patrie avant les partis.
07:13 Et nous, nous considérons que cette réforme des retraites
07:16 est une réforme terriblement injuste, terriblement brutale.
07:20 Elle est un élément important dans notre combat politique.
07:23 Donc ceux qui sont capables de s'opposer à cette réforme des retraites avec nous,
07:29 eh bien doivent pouvoir y trouver un intérêt.
07:32 En cas de dissolution Marine Le Pen, de nouvelles élections législatives seront organisées.
07:36 Si le RN arrive en tête, vous vous voyez, vous à Matignon ?
07:39 Non, j'ai dit que moi je n'irai pas à Matignon,
07:42 mais nous avons très largement un nombre de profils pour pouvoir...
07:46 Qui ?
07:47 Nous verrons ça le moment venu, pour être Premier ministre
07:51 et pour pouvoir porter la volonté des Français.
07:54 Pourquoi vous n'irez pas à Matignon ?
07:56 Parce que j'ai été trois fois candidate à la présidentielle,
07:59 peut-être le serais-je d'ailleurs une quatrième fois.
08:01 La décision n'est pas encore prise.
08:03 Risquerez-vous de vous griller, si vous me permettez l'expression ?
08:05 Non, non, non, pas du tout.
08:06 Moi je n'ai absolument pas peur du pouvoir.
08:08 Je l'attends avec impatience.
08:10 Je l'attends avec impatience pour pouvoir démontrer aux Français
08:13 que nous sommes capables de porter les réformes qu'ils attendent
08:16 et que nous pouvons obtenir dans des délais relativement brefs
08:20 des très bons résultats pour le pays et pour eux,
08:23 pour leur sécurité, pour leur prospérité et pour la défense de leur identité.
08:27 Bruno Le Maire disait un coup de proposition de baisser la TVA
08:30 coûterait des milliards d'euros à la France.
08:32 Il redisait ça hier dans l'interview.
08:34 Monsieur Le Maire devrait arrêter de parler de milliards.
08:36 D'accord ? Parce que quand on a 600 milliards d'euros de dettes en un mandat,
08:41 quand on arrive à sortir un budget à 156 milliards d'euros de déficit,
08:46 on s'interdit de dire aux autres qu'ils n'ont pas une gestion correcte
08:53 des deniers publics.
08:55 À vie on s'interdit.
08:57 Toute dernière question, en un mot, est-ce qu'Emmanuel Macron doit prendre la parole ?
09:01 Il doit dire quoi ?
09:03 Prendre la parole, moi je veux bien, mais qu'est-ce qu'il a à dire ?
09:06 C'est ce que réclame un certain nombre.
09:09 D'accord, mais s'il a quelque chose à dire, s'il vient dire,
09:12 écoutez, nous sommes dans une crise politique et comme le disait d'ailleurs
09:16 Monsieur Debré, quand on est dans une crise politique, on revient au peuple
09:21 et je procède à la dissolution de l'Assemblée Nationale
09:24 pour que les Français aient le dernier mot.
09:26 Bien sûr, il faut qu'ils prennent la parole et vite.
09:29 Merci beaucoup Marine Le Pen.
09:30 Merci à vous.
09:31 Je n'ai absolument pas peur.
09:32 [SILENCE]

Recommandations