Elgar : In the South, Alassio (Gardiner / Philharmonique de Radio France)
  • l’année dernière
John Eliot Gardiner dirige l'Orchestre philharmonique de Radio France dans In the South (Alassio), pièce composée par Edward Elgar. Extrait du concert donné le 4 février 2022 à la Maison de la Radio et de la Musique.



Comme Berlioz, Edward Elgar ne compose pas de la musique italienne mais retranscrit ses anglaises impressions d’Alassio, ville située dans la province de Savone, dans la région de Ligurie. Cette ouverture de concert est d’autant moins une œuvre au caractère ethnomusicologique que certains des thèmes figurent dans des carnets antérieurs au voyage familial d’Elgar en Italie durant l’hiver 1903-1904. Le premier thème de cette ouverture de concert est certes officiellement appelé Joy of life (wine & macaroni) (« Les plaisirs de la vie, vin et macaroni »), mais il figure dans l’album du Dr. Sinclair de 1899. Dans cet album, Elgar a composé quelques thèmes en fonction des « Humeurs de Dan » (le bulldog de l’organiste George Robertson Sinclair) qui ont servi pour The Dream of Gerontius, les Enigma Variations, The Apostles et In the South. Nous y trouvons donc le premier thème de cette ouverture et nous apprenons qu’il s’agissait à l’origine de Dan Triumphant (after a fight) (« Le Triomphe de Dan, après s’être battu »).
Que fait donc ce charmant bulldog en Italie ? En 1903, Elgar est épuisé. Il parcourt toute l’Italie avec Alice à la recherche d’une maison aussi adorable qu’éloignée des agaçants cockneys (sic) qui avaient envahi Bordighera à la frontière française. Nous sommes quatre ans après l’immense succès des Enigma Variations (1899), et toute l’Angleterre attend impatiemment sa première symphonie (1908). Néanmoins, un événement se fait plus pressant : le festival Elgar organisé par son ami Frank Schuster à Londres (honneur unique pour un compositeur anglais encore vivant). Ce seront donc les humeurs les plus joyeuses de Dan le bulldog qui serviront de trame pour ce tableau de l’Italie, conjuguées à celles… du Childe-Harold de Byron : « Une terre qui fut la plus glorieuse dans son ancienne puissance et qui est maintenant la plus belle. Belle Italie, tu es le jardin du monde » (traduction d’Alexis Paulin Pâris, 1830).
L’élan musical, proche des éclats de Richard Strauss, est ponctué par quelques précisions sur la partition : Moglio (Elgar avait visité l’église en ruines de ce village), une citation de Tennyson sur l’écho percussif des éclats passés de l’armée romaine, un canto popolare qu’Elgar admettra avoir composé plutôt que collecté. Les épisodes les plus calmes laissent la place au chant de l’alto soliste (qui valut l’expression Edward in Italy par un des biographes d’Elgar). Edward Elgar admet qu’il envisage son métier comme celui d’un barde ou d’un troubadour : tout à fait capable de produire de grandioses symphonies, il ne s’interdit pas de laisser les complexités de la fugue de côté pour se permettre des miniatures touchantes. C’est le cas de ce Sospiri dédié à son bon ami Reed, violon solo du London Symphony Orchestra et con
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