Scandale des frères Philippe: pourquoi les Dominicains n'ont-ils pas réussi à les maîtriser
- l’année dernière
#l'Églisefaceauxabussexuels #affairejeanvanier #dominicains #maîtriser
https://gotopnews.com/post/1621433
En janvier 2020, les dirigeants de l'Arche révélaient les conclusions d'une enquête, affirmant que leur fondateur Jean Vanier et leur aumônier Thomas Philippe avaient depuis années des relations sexuelles avec femmes sous influence spirituelle. Des accusations similaires visaient déjà Marie-Dominique Philippe, fondatrice la communauté Saint-Jean et frère de sang Thomas Philippe. L'historien Tangi Cavalin a été chargé par le prieur provincial la province dominicaine de France faire la lumière sur les liens entre l'ordre des frères prêcheurs et les frères Philippe, tous deux dominicains jusqu'à leur mort. Après trois ans de travail, son rapport est publié ce lundi 30 janvier sous la forme d'un livre aux Éditions du Cerf, une remarquable enquête de 700 pages . La Croix : Quelle a été votre lettre de mission donnée par les dominicains ? Tangi Cavalin : Le prieur provincial la province dominicaine de France, Nicolas Tixier, a voulu éclaircir l'histoire l'ordre, liée à celle des frères Philippe. Ils sont tous deux restés dominicains jusqu'à la fin leur vie, bien qu'ils aient vécu, en pratique, une vie complètement indépendante de leur ordre, à partir 1963 pour Thomas et 1982 pour Marie-Dominique. On m'a donc demandé de déterminer le rôle des chefs de l'ordre dominicain dans les actions des frères Philippe. En tant qu'historien, mon travail n'était pas de désigner responsables et les coupables, mais de comprendre conditions qui ont rendu possible leur cheminement dans l'ordre dominicain et dans l'Église. La Croix : Comment avez-vous travaillé ? T. C. : C'est un métier extraordinaire qui s'enracine sur plusieurs générations. Pour l'aborder, j'ai choisi une approche socio-historique qui se dégage d'une lecture purement psychologique et individuelle des frères, pour replacer leurs actions au cœur de l'histoire de l'institution ecclésiale qu'ils ont su habilement jouer. Les agressions sexuelles des frères Philippe sont incompréhensibles si on les isole de leur contexte familial, historique et ecclésial. Mes principales sources documentaires ont été archives dominicaines, à Paris, les archives la curie générale de l'ordre dominicain, à Rome, celles certains diocèses , et documents que le Vatican a bien voulu nous transmettre. Dans quelles circonstances les frères Philippe sont-ils entrés dans l'ordre des prédicateurs ? T. C. : Les frères Philippe sont entrés dans l'ordre dominicain dans les années 1920. Très vite, l'ordre voit en eux des dominicains exemplaires, et leur confie d'importantes responsabilités dans la formation. Pourtant, dès leur entrée dans la vie religieuse, ils portent un projet subversion et d'instrumentalisation des dominicains pour transmettre à de nouveaux disciples, soigneusement sélectionnés sur le volet, le contenu leur déviance érotico-mystique. Cette d
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En janvier 2020, les dirigeants de l'Arche révélaient les conclusions d'une enquête, affirmant que leur fondateur Jean Vanier et leur aumônier Thomas Philippe avaient depuis années des relations sexuelles avec femmes sous influence spirituelle. Des accusations similaires visaient déjà Marie-Dominique Philippe, fondatrice la communauté Saint-Jean et frère de sang Thomas Philippe. L'historien Tangi Cavalin a été chargé par le prieur provincial la province dominicaine de France faire la lumière sur les liens entre l'ordre des frères prêcheurs et les frères Philippe, tous deux dominicains jusqu'à leur mort. Après trois ans de travail, son rapport est publié ce lundi 30 janvier sous la forme d'un livre aux Éditions du Cerf, une remarquable enquête de 700 pages . La Croix : Quelle a été votre lettre de mission donnée par les dominicains ? Tangi Cavalin : Le prieur provincial la province dominicaine de France, Nicolas Tixier, a voulu éclaircir l'histoire l'ordre, liée à celle des frères Philippe. Ils sont tous deux restés dominicains jusqu'à la fin leur vie, bien qu'ils aient vécu, en pratique, une vie complètement indépendante de leur ordre, à partir 1963 pour Thomas et 1982 pour Marie-Dominique. On m'a donc demandé de déterminer le rôle des chefs de l'ordre dominicain dans les actions des frères Philippe. En tant qu'historien, mon travail n'était pas de désigner responsables et les coupables, mais de comprendre conditions qui ont rendu possible leur cheminement dans l'ordre dominicain et dans l'Église. La Croix : Comment avez-vous travaillé ? T. C. : C'est un métier extraordinaire qui s'enracine sur plusieurs générations. Pour l'aborder, j'ai choisi une approche socio-historique qui se dégage d'une lecture purement psychologique et individuelle des frères, pour replacer leurs actions au cœur de l'histoire de l'institution ecclésiale qu'ils ont su habilement jouer. Les agressions sexuelles des frères Philippe sont incompréhensibles si on les isole de leur contexte familial, historique et ecclésial. Mes principales sources documentaires ont été archives dominicaines, à Paris, les archives la curie générale de l'ordre dominicain, à Rome, celles certains diocèses , et documents que le Vatican a bien voulu nous transmettre. Dans quelles circonstances les frères Philippe sont-ils entrés dans l'ordre des prédicateurs ? T. C. : Les frères Philippe sont entrés dans l'ordre dominicain dans les années 1920. Très vite, l'ordre voit en eux des dominicains exemplaires, et leur confie d'importantes responsabilités dans la formation. Pourtant, dès leur entrée dans la vie religieuse, ils portent un projet subversion et d'instrumentalisation des dominicains pour transmettre à de nouveaux disciples, soigneusement sélectionnés sur le volet, le contenu leur déviance érotico-mystique. Cette d