Bronchiolite, grippe, Covid... les urgences pédiatriques d’Évreux face à la triple épidémie de l’hiver
  • l’année dernière
CRISE DE LA PÉDIATRIE - La mère de la petite Iris n’a pas eu le choix. Faute de médecin disponible, c’est aux urgences pédiatriques d’Évreux, dans l’Eure, qu’elle s’est rendue ce mardi 13 décembre pour faire examiner sa fille qui ne parvient plus à s’alimenter.

Comme elle, 25 000 patients se rendent dans ce service tous les ans. « C’est énorme », relève le docteur Salim Ayache. Épidémie de bronchiolite, pénurie de médicaments, fatigue des soignants... Les difficultés s’enchaînent pour les urgences pédiatriques. « Nous avons été surpris par l’épidémie de bronchiolite qui a été particulièrement violente cette année », raconte le chef de service de pédiatrie et de néonatologie.
« J’ai du mal à avoir des rendez-vous pédiatriques, et même à voir un médecin traitant », explique Diana. Sa fille Tisha souffre d’asthme depuis la naissance, mais elle n’a pas de médecin pour assurer le suivi. « C’est stressant, c’est fatigant aussi psychologiquement parlant, » déplore la mère de l’adolescente de 13 ans. « Il y a un manque de pédiatres dans le département, c’est une réalité. » affirme Dr Salim Ayache. « Donc en plus de faire notre activité hospitalière, on assure des consultations de suivi qui devraient théoriquement être assurées par des médecins de ville. »
« Beaucoup peuvent craquer »
La pédiatrie française est en grande précarité et le milieu hospitalier ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Un collectif de 10 000 professionnels de santé a adressé une lettre ouverte à ce sujet au président de la République le 30 novembre. Depuis, ils ont dénoncé dans un communiqué « l’intolérable absence de réponse » d’Emmanuel Macron.
À Évreux, le plan blanc a été activé le 10 novembre pour faire face à la situation inédite de « triplépidémie », la bronchiolite s’ajoutant à la grippe saisonnière et au Covid. Résultat, les urgences sont sur un fil. Au bout du couloir, un bureau a été installé pour doubler le « box de tri » qui permet d’orienter l’enfant selon la gravité de ses symptômes. « On s’adapte », répète Béatrice, infirmière aux urgences, qui confie que « beaucoup » de ses collègues « peuvent craquer ».

« L’hôpital public a beaucoup d’insuffisances et c’est dans les crises que ces insuffisances se révèlent », explique le chef de service. Il souhaite « une prise de conscience collective et politique » pour avoir des mesures de long terme « à la hauteur de nos difficultés ». Il y a beaucoup de travail pour les assises de la pédiatrie qui sont prévues au printemps 2023.
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