"Rester, sans armes, sans munitions, c'est du suicide" : un Français raconte le ardement de la base

  • il y a 2 ans
Alan Berger, 57 ans, venait de rejoindre une armée internationale formée à l'appel du président Volodymyr Zelensky lorsque la Russie a attaqué le camp non loin de la Pologne le matin du 13 mars. Le Monde a recueilli son témoignage.
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Alain Beigel, dans le quartier de Belleville, à Paris, le 18 mars, cinq jours après l’attaque de la base de l’OTAN de Iavoriv, à l’ouest de l'Ukraine, où il était stationné. ED ALCOCK POUR « LE MONDE »

Encore sous le choc, Alain Beigel ne se considère ni comme un « héros », ni comme un « survivant ». Il est pourtant un peu des deux à la fois. Cet homme de 57 ans, cinéaste de profession, a vécu l’enfer lors de son rapide passage dans la légion internationale en cours de constitution en Ukraine. Il fait partie des quelques Français présents sur la base militaire de Iavoriv, lors de son ardement, dimanche 13 mars, par des missiles russes – l’attaque aurait fait 35 morts, d’après les autorités ukrainiennes, 180, selon le ministère russe de la défense.

Alain Beigel est arrivé la veille sur les lieux pour s’engager aux côtés des soldats ukrainiens, en réponse à l’appel du président Volodymyr Zelensky. Portant de fines lunettes rondes et noires, il se dit scandalisé par « l’agression fasciste de Poutine contre un pays souverain, une jeune démocratie en train de s’émanciper d’un passé soviétique très lourd ». Par « romantisme » sans doute, et aussi par « souci d’être utile », ce volontaire a quitté Paris, contre l’avis de ses proches, sur un vol pour Cracovie, avant de rejoindre en train la frontière ukrainienne. Un minibus l’a alors amené sur la base de Iavoriv, en compagnie d’un Anglais, d’un Espagnol et d’un Néo-Zélandais.

Avant l’invasion russe, l’immense site, bien connu de Moscou pour avoir abrité une base soviétique du temps de la guerre froide, était ces dernières années associé à l’OTAN afin d’y entraîner l’armée ukrainienne. Il sert aussi depuis le début de la guerre de centre de recrutement des volontaires étrangers. Avant de signer « pour toute la durée de la guerre », samedi, Alain Beigel avait bien eu quelques hésitations sur sa condition physique ou son aptitude au combat, vite emportées par « la fraternité » perçue dans la journée entre les volontaires, qu’ils soient américains, polonais, britanniques ou français.

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Frappe brutale et inattendue

Ce dimanche 13 mars au matin, Alain Beigel se lève tôt, ses sept compagnons de chambrée dorment encore. Il descend à l’entrée du bâtiment pour fumer. « Aux environs de 5 h 30, j’ai perçu un sifflement qui allait crescendo jusqu’

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