GAP : les éleveurs déversent des tonnes de déchets devant la préfecture
  • il y a 2 ans
Une centaine d’agriculteurs et d’éleveurs ont manifesté, sans incident, ce vendredi matin devant la préfecture des Hautes-Alpes, à Gap pour empêcher la tenue du comité départemental sécheresse qui encadre l’utilisation de l’eau, notamment en période de sécheresse. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), les Jeunes agriculteurs (JA) et la Confédération paysanne qui ont appelé à cette manifestation ont boycotté la réunion qui ne s’est finalement pas tenue.

Selon la profession, le comité départemental sécheresse prévoit pour la période 2022-2025, une modification, « une diminution », des débits réservés des rivières en fonction des conditions climatiques. Après plusieurs réunions de concertation, les agriculteurs dénoncent « un manque de cohérence entre la réglementation et la réalité du terrain ».

Le seuil des 10 jours

« Quand il a plu nous devons attendre 10 jours avant d’irriguer même s’il y a de l’eau dans les rivières. (Réglementation prévue dans le comité départemental sécheresse NDLR). Mais si le 9e jour, on bascule en seuil d’alerte, on doit de nouveau attendre 10 jours. On demande à prendre l’eau quand elle y est », résume Florian Pellegrin, président des JA pour la région Provence-Alpes-Côte-D’azur. « A l’heure où le gouvernement parle de souveraineté alimentaire, on nous demande de produire plus mais l’état nous coupe l’eau. Un département de montagne sec ne peut pas produire sans eau », s’indigne Sandrine Hauser, secrétaire départementale de la FDSEA.
Une trentaine de tracteurs a déversé plusieurs tonnes de foins, du bois ou encore des pneus et du gravats devant les deux entrées de la préfecture, interdisant ainsi l’accès au public et aux agents. « C’est quand même dommage d’en arriver là », souffle un agriculteur. Plusieurs élus se trouvaient dans la mobilisation, dont le maire de Gap, Roger Didier ainsi que le vice-président du Conseil départemental en charge de l’agriculture et du pastoralisme et maire de Pelleautier, Christian Hubaud. « L’État doit s’adapter aux conditions climatiques pour prendre des décisions », insiste l’élu.

« Nous produisons la totalité des besoins des bêtes pour l’alimentation. Pour le foin, la première coupe se fait naturellement avec l’eau des pluies. Mais nous avons besoins de l’irrigation pour la deuxième et la troisième coupe, chargées en protéines, pour rester indépendant, témoigne par exemple Mathieu Brochier, 34 ans, éleveur de vaches laitières dans le Gapençais depuis 2010. Cela nous permet d’éviter d’importer du colza ou du soja d’autres pays ». Éleveur ovin dans la vallée du Champsaur, Cyril Hugues, 25 ans, craint pour son exploitation : « Il va falloir arrêter d’arroser quand il n’y aura plus assez d’eau dans la rivière, on n’aura plus assez de fourrage pour nourrir les bêtes ».

« Nous contestons le seuil de déclenchement d’alerte sécheresse, on a le sentiment que l’administration se couvre face à la pression des associations environnementales », explique Olivier Bel, élu à la chambre régionale de l’agriculture de Provence-Alpes-Côte-D’azur, et membre de la confédération paysanne des Hautes-Alpes. « Cela pousse les agriculteurs à avoir de grands réservoirs privés dans les exploitations qui nécessitent des infrastructures et des financements publics alors que les systèmes d’irrigation (comme le canal de Provence) existent déjà, soutient-il.

Une délégation de la profession a été reçue en préfecture en fin de matinée. Les manifestants devraient quitter le site de la préfecture en début d’après-midi en fonction de l’avancée des négociations.
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