Messiaen : Cinq Rechants (Choeur de Radio France)
  • il y a 2 ans
Le Choeur de Radio France interprète, sous la direction de Martina Batic, les Cinq Rechants d'Olivier Messiaen.


'hayo kapritama la li la li la li la ssaréno'
'ma première fois terre terre l
éventail déployé'
'ma robe d'amour mon amour ma prison d'amour'
'Niokhamâ palalan(e)sou-kî mon bouquet tout défait rayonne'
'mayoma kalimolimo mayoma kalimolimo'
En 1945, Serge Koussevitzky passe commande à Messiaen d’une nouvelle partition pour l’Orchestre symphonique de Boston. En France, le compositeur occupe déjà une place importante dans la vie musicale ; l’ancien cofondateur du groupe Jeune France, organiste titulaire du grand orgue de la Trinité à Paris depuis 1931, a été nommé professeur d’harmonie au Conservatoire ; son catalogue s’est enrichi d’une longue liste de partitions, des cycles pour orgue (La Nativité, Les Corps glorieux…), du Quatuor pour la fin du Temps conçu en captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, et de quelques pièces orchestrales parmi lesquelles L’Ascension et les Trois petites liturgies de la Présence divine.
À cette époque, le compositeur travaille sur Harawi, « Chant d’amour et de mort » pour grand soprano dramatique et piano, qui doit être créé l’année suivante à Mâcon par Marcelle Bunlet. Une incursion dans le domaine des amours profanes s’appuyant sur les aventures péruviennes d’une petite indienne, Piroutcha, d’après un texte écrit par le compositeur lui-même et mêlant onomatopées et réminiscences de la vieille langue quechua. Une œuvre dont la raison d’être repose peut-être sur quelques secrets autobiographiques : Messiaen est en effet confronté à la grave maladie de sa femme, la violoniste et compositrice Claire Delbos. Un martyre qui ne prendra fin qu’en 1959 avec la tragique disparition de la musicienne.
C’est alors que Messiaen rencontre, parmi les élèves du Conservatoire, l’excellente pianiste Yvonne Loriod. Difficile de savoir ce qui, dans un tel cycle de mélodies, est né de ces événements. Biographe d’Olivier Messiaen, Harry Hallbreich raconte simplement : « Pour Messiaen, marié devant Dieu, il n’y avait aucun compromis envisageable, et ce fut donc le début de longues années de solitude, partagées seulement avec son fils. Cet amour impossible se sublima en une grande trilogie d’œuvres, composées de 1945 à 1948, et que Messiaen lui-même appelle ses Tristan et Yseult. » À Harawi succèdent donc la Turangalîla-Symphonie et les Cinq Rechants, formant ensemble une « initiation, par la mort et la séparation d’avec le monde, à un amour plus grand et plus pur ».

Pour les Cinq rechants comme pour Harawi, Messiaen écrit donc son propre poème. Un mélange de français et de langue imaginaire, où les phonèmes se marient avec la puissance symbolique des noms d’amants. Se retrouvent ainsi Tristan et Yseult, Viviane et Merlin, Orphée aussi, chaque couplet insistant sur un portrait différent d’amoureuse magicienne. Ainsi la Ligeia d’Edgard Poe dont le pouvoir dépasse la mort, l’épouse de Barbe-Bleue, sans oublier Yseult et ses
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