Agnès Verdier-Molinié: «L’inflation vient de la gestion de la crise»
  • il y a 2 ans
Six nouveaux réacteurs nucléaires bientôt mis en chantier, huit autres à l’étude, beaucoup plus de renouvelable… Voici les annonces du Président, à Belfort, dans ce qui ressemblait à un morceau de programme pour un probable futur candidat. Des projets qui, au bas mot, devraient coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros. Mais la France en a-t-elle le besoin… et les moyens ? «La question est de savoir comment devient-on énergétiquement indépendant, explique Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap. Ce sujet du nucléaire commence à préoccuper énormément les Français et je pense que le Président a eu raison de dire qu’il faut ‘foncer’ vers les EPR. A l’Ifrap, nous avons fait tous les chiffrages (…) Le carénage des centrales existantes et la création de ces six nouveaux EPR, c’est entre 100 et 130 milliards d’euros dans les prochaines années qu’il faudra débourser. Cela paraît cher, mais ceux qui proposent le 100% renouvelable sont tout à fait conscients qu’on est plutôt dans les 500 milliards de coût pour le tout renouvelable. Passer par le nucléaire, c’est finalement moins cher. »

Après les révélations du livre Les Fossoyeurs, les Ehpad lucratifs sont mis en cause. Est-ce que c’est le fait qu’ils soient privés qui pose problème ? «Le sujet, c’est de faire une vraie enquête à la fois dans le public et dans le privé. L’enquête ne concerne qu’une seule chaîne, ne doit-on pas se poser globalement la question sur l’ensemble des Ehpad français ? s’interroge notre invitée. Je ne pense pas du tout que le problème soit le privé par rapport au public. Je suis quasiment persuadée qu’il y a le même genre de problèmes dans les maisons de retraite privées que dans les maisons de retraite publiques. »

A l’approche de la présidentielle, Agnès Verdier-Molinié publie Le vrai état de la France, sorte d’audit chiffré du pays. A la tête de l’Ifrap, notre invitée scrute depuis des années les dépenses, la dette publique… mais la plupart des candidats font l’impasse sur la maîtrise des finances publiques. «Les candidats qui s’en fichent le plus, ceux qui disent que l’on va continuer à raser gratis, à dépenser énormément d’argent public, on va taxer plus… se retrouvent à des niveaux extrêmement faibles dans les sondages, analyse Agnès Verdier-Molinié. »

Elle ajoute: « Quand Emmanuel Macron va entrer en campagne, il va nous annoncer vouloir revenir à une dette à 100% de la richesse nationale à dix ans, un grand plan de baisse de la dépense, qu’on ne s’endettera que pour investir (…) non pas car ça fait plaisir de faire les réformes, mais parce que c’est ce qu’attendent les marchés qui nous prêtent énormément d’argent (…) Si on continue à énormément dépenser sans compter, surtout l’argent public, sans se préoccuper de la suite, la BCE va arrêter de faire des rachats de dette publique ! Et les Français ont compris que leur pouvoir d’achat est entamé par une augmentation des prix qui vient de la gestion de la crise. »
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