Reprise du groupe La Provence : les salariés passent à l’offensive

  • il y a 2 ans
Journée historique, hier, pour les 850 salariés du groupe La Provence. A l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, une assemblée générale de tous les personnels était organisée à la salle des rotatives. A l’ordre du jour:l’impasse dans laquelle l’entreprise se trouve plongée dans le processus de reprise des 89%détenus par le Groupe Bernard Tapie, en liquidation depuis avril 2020. En effet, si deux offres ont été déposées depuis le 30 novembre dernier au tribunal de commerce de Bobigny par l’armateur CMA-CGM (Rodolphe Saadé) et la holding NJJ (Xavier Niel), leur ouverture n’a cessé d’être différée depuis 3 mois.
En effet les deux candidats repreneurs se sont lancé dans une bataille juridique. Xavier Niel disposait d’un droit d’agrément qui lui permettait de bloquer l’arrivée de tout nouvel actionnaire que le tribunal de commerce de Marseille a suspendu le 11 janvier dernier. Décision dont NJJ fait appel devant la cour d’appel d’Aix. Audience prévue le 28 mars.
Dans cet imbroglio judiciaire, les salariés sont mis hors jeu. Aucune information ne leur a été donnée ni sur les critères de choix du repreneur, ni sur le calendrier de la reprise. Aucun processus de consultation du personnel n’a été arrêté. Une situation qualifiée d’ incompréhensible et inacceptable par Mº Elise Brand, l’avocate du CSE de La Provence, spécialisée dans la défense des salariés. "Depuis le lancement de l’appel d’offres par le liquidateur le 26 octobre jusqu’à aujourd’hui 26 janvier, les salariés n’ont aucune info sur l’évolution de ce dossier. Il est hors de question qu’ils soient pris en otage de cette procédure. On ne vend pas La Provence comme on vendrait une machine à laver".
Jeudi, un nouveau liquidateur, Me Sénéchal, a été nommé à la demande du Procureur de la République de Bobigny. Selon Me Brand, il pourrait relancer un nouvel appel d’offres dans les jours qui viennent. Ce serait l’occasion pour les salariés de peser sur son contenu et d’imposer des garanties sociales et économiques qui ne figuraient pas dans l’appel d’offres initial. Cela pourrait aussi permettre à d’autres repreneurs de se positionner.
Dans ce contexte, hier l’ensemble des organisations syndicales (SNJ, CFDT,FO SNPEP, FO Livre,Filpac-CGT et CFE-CGC) ont élaboré un cahier de charges précis de leurs attentes qui sera remis aux liquidateurs.
Parmi les autres actions envisagées, l’interpellation des parlementaires locaux et des ministres concernés, jusque là totalement silencieux sur l’avenir d’un média majeur pour le territoire et de ses 850 salariés. Ceux-ci comptent bien profiter de la venue prochaine du Président de la République à Marseille pour l’alerter sur l’urgence de la situation.
"L’inertie c’est fini" assure Me Brand.


Les syndicats de La Provence


* Le groupe La Provence comprend La Provence, sa régie publicitaire, sa société de portage, sa filiale Corse-Matin.

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