Claire Tesson : "Le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas"
  • il y a 2 ans
La journaliste-réalisatrice signe l'enquête "Déchets : la grande illusion" ce soir dans l'émission Cash Investigation sur France 2

Contrairement aux messages entendus dans les publicités ou campagnes de sensibilisation, mais aussi aux idées reçues ou raccourcis, tous les déchets ou emballages ne se recyclent pas de la même façon. « Aujourd’hui le mot recyclage est sur toutes les lèvres. Les politiques et les industriels nous en parlent comme de la solution miracle à tous nos déchets alors on a voulu savoir si c’était vraiment le cas. Il y a aussi un rapport de la banque mondiale assez alarmant qui dit que d’ici à 2050, si rien ne change, la quantité de déchets sur notre planète augmentera de 70% »

Et c'est ce décalage entre discours officiel et réalité qui a déclenché l'idée de cette enquête, mais aussi un constat nous dit Claire Tesson. « Non tous les emballages ne se recyclent pas. Il y a un vrai décalage entre la communication qui est faite autour du tri et les faits. En France c’est Citeo, une entreprise privée financée par les industriels qui mettent les emballages sur le marché (Danone, Coca, Evian) qui s’occupe de piloter le recyclage en France, elle est missionnée par l’état, c’est une mission de service public. Et cette société communique sur le fait qu’aujourd’hui, dans la majeure partie des communes françaises, on peut mettre tous nos emballages dans la poubelle jaune, la poubelle de tri, pour qu’ensuite ces emballages soient recyclées. Ce qu’on a découvert c’est qu’en fait seulement 28% des emballages plastiques sont réellement recyclés, les autres finissent en décharge ou à l’incinération. »

Pot de yaourt géant

Pour marquer les esprits en début d'enquête avec un objet qui parle à tout le monde, l'équipe de Claire Tesson a décidé de prendre l'exemple du pot de yaourt, produit ultra-consommé en France mais faux ami du tri sélectif. Au point d'en confectionner un géant posé dans la rue pour attirer l'attention des passants. « Avec la simplification du tri le pot de yaourt fait partie de ces nouveaux emballages qu’on nous demande de mettre dans la poubelle jaune mais en réalité en France il n’existe quasiment pas de filière de recyclage. Moins de 3% de nos pots de yaourts en polystyrène sont effectivement recyclés, et ces pots de yaourts recyclés partent le plus souvent après en Espagne ou en Allemagne, donc le bilan carbone de cette opération de recyclage pose problème. »

La deuxième partie du reportage se concentre sur le mastodonte français du recyclage, Paprec, avec notamment l'immersion d'un journaliste de l'émission en caméra cachée sur les ateliers de tri. « Cette immersion en tant qu’agent de tri par Grégoire Huet, un de mes collègues, partait d’une vidéo que nous a envoyé un agent de tri en anonyme qui démontre des conditions de travail très difficiles. On s’est dits que la meilleure solution c’était d’aller voir par nous-mêmes. Grégoire a passé trois semaines en tant qu’intérim dans un centre de tri et il a pu observer de
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