lettre du Père Antoine Chevrier à Camille Rambaud

  • il y a 3 ans
L’amour de l’invisible se manifeste par l’amour du visible, du sensible. Soin des corps

Ce jour, je lis donc la lettre N° 18 envoyée à Camille Rambaud alors qu’il se trouve à Rome pour ses études en vue de l’a prêtrise. Antoine écrit depuis la Cité de l’enfant Jésus. Fin février 1859.
Je remercie Dieu de ce qu’il m’a fait un peu comprendre cette vérité que mon devoir principal était de m’occuper plus spécialement des enfants de la maison, que ce devoir était aussi et plus important que tout autre, que ces enfants sont aussi bien les enfants de Dieu que les autres personnes, et que le bien est plus facile et plus réel auprès d’eux qu’auprès des autres, et plus convenable, plus approprié à mon caractère, mon esprit, que tout autre bien en réalité plus difficile et plus infécond : priez s’il vous plaît pour que j’agisse selon la lumière et la grâce de Dieu. Le véritable zèle consiste toujours à chercher ce que les autres ne veulent pas ou semblent dédaigner, et ces pauvres enfants sont bien dignes d’intérêt et d’affection ; je les aime davantage depuis que je suis plus au milieu d’eux et même, si je pouvais, je cesserais tout travail extérieur pour m’y occuper exclusivement, si je croyais que Dieu le demandât.
Il faut passer par le corps pour aller jusqu’aux âmes, il faut être le protecteur, le médecin de leur corps pour leur bien faire comprendre qu’on aime leur âme ; l’amour de l’invisible se manifeste par l’amour du visible, du sensible. Hier soir, assez tard, j’ai fait une infusion à Joseph et à Ménétrier, j’ai compris que cela leur faisait plaisir, il faut s’attirer l’affection par tous les moyens. J’ai établi pour nos malades la lecture spirituelle, ou plutôt conférence spirituelle à 9 h du soir, j’en profite pour leur donner paternellement les petits avis à donner, et le matin à 6 h ½ je vais leur faire la prière et quelques courtes réflexions pour la journée ; il faudra quelque temps pour les habituer à ces petits exercices, mais j’espère en venir à bout, ce n’est pas en quelques jours que l’on peut parvenir à corriger et à redresser ; on peut compter sur Joseph, François et Debouchonnet ; il y a bien à désirer pour les autres. Benoît est un bon garçon qui n’est pas dans l’intention de rester quoiqu’il soit sage. Il ne faudrait être sévère qu’autant que la négligence prolongée des uns nuirait gravement à la sanctification des autres ; j’ai confiance que tout ira bien : grâce, temps et patience, voilà ce qu’il faut.
A. Chevrier

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