L’édito de Guillaume Bigot : immigration et islamisme, la fin d'un tabou
  • il y a 3 ans
Guillaume Bigot était l'invité de Romain Desarbres dans La Matinale de CNEWS. L'editorialiste s'est exprimé sur l'islamisme, et notamment des liens de ce dernier avec l'immigration en France.


Immigration et jhadisme : un tabou ? 
Oui. Dans de grandes tirades dignes du café du commerce, les tenants du système européo-globaliste s’étranglent d’indignation : «Ne mélangeons pas tout, la plupart des auteurs d’actes terroristes sont Français». «Et alors ?», serait-on tenté de répondre. Mais commençons par rétablir les faits.


En France, depuis 2016, près d’une centaine de personnes ont perdu la vie lors d’attaques jihadistes perpétrées par des étrangers. Un Soudanais, un Pakistanais, un Tchétchène, un Marocain et deux Tunisiens ont fait couler le sang. Ces derniers s’étaient maintenus illégalement sur notre territoire ou y avaient été régularisés.


Un autre fait incontestable, c’est qu’aucun des 271 français assassinés par l’islamisme radical depuis 2012 n’aurait perdu la vie, si les flux migratoires avaient été stoppés au début des années 80. Stoppés non parce que les origines des immigrés soulevaient des difficultés en tant que telles, mais stoppées car notre pays s’enfonçait dans le chômage de masse et qu’il était facile de prévoir que l’intégration allait s’avérer redoutable.


Amedy Coulibaly, les frères Kouachi ou Mohamed Merah étaient certes français. Mais, la haine qu’ils vouaient à leur pays manifestait que leur nationalité n’était que de papier. Ces jihadistes étaient nés en France, car leurs parents y avaient immigré quelques décennies plus tôt. Soutenir que l’islamisme n’a aucun lien avec l’immigration, alors qu’il est à 100% un phénomène importé, relève donc d’une totale ineptie.


Un phénomène importé devenu local ? 
L’hyper concentration d’une jeunesse principalement musulmane crée un abcès de fixation local.  Cette hyper concentration, qui a longtemps été occultée mais qui n’est plus contestable, s’est aggravée avec le temps. L’écrivain Renaud Camus parle de grand remplacement. Il a tort sur le plan national mais il a raison au plan local. Dans une commune comme La Courneuve, en Seine-Saint-Denis (93), la proportion d’immigrés ou d’enfants immigrés de moins de 18 ans était inférieure à 30 % en 1980, elle dépasse 80% depuis 2017.


Cette hyper concentration a créée des ghettos musulmans, écosystème idéal pour la diffusion d’une idéologie du ressentiment et du repli communautaire. Il est vrai que si l’islamisme est une idéologie mondiale, elle se nourrit toujours de problématiques locales. Le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique serait impensable sans le ressentiment des touaregs à l’égard des autorités maliennes, par exemple. Or, cette volonté de nier, contre l’évidence, le lien historique, géographique et démographique entre l’immigration et le risque terroriste, contribue à précipiter ce risque.


Refuser d’établir ce lien revient-il à faire le jeu de l’islamisme ? 
Ce refus de relier le djihadisme et l’immigration exprime une forme de gêne chez nos élites.  À chaque fois qu’un dirigeant politique français cherche à dédouaner l’islam à la place de l’islamisme -- alors que personne ne pointe l’islam du doigt --, à chaque fois qu’il prétend lutter contre un amalgame qui n’existe pas, il fait le jeu de l’islamisme qui cherche, par tous les moyens, à persuader les musulmans que leurs compatriotes les détestent.


Au lendemain de chaque attentat, les réactions pavloviennes des autorités, destinées à prévenir l’islamophobie -- alors que ce dernier est un puissant levier de propagande -- frappent avec rage à côté de leur cible. En trahissant notre mollesse et notre mauvaise conscience, elles exposent tous les Français à la vindicte des djihadistes.


Et puis mettons-nous, un instant, à la place de nos compatriotes musulmans, surtout en ce mois de Ramadan. Ce n’est pas suffisant que des fanatiques tuent en leur nom. Il leur faut, en plus, supporter d’entendre les dirigeants apeurés de leur propre pays exprimer leur crainte que la France soit islamophobe.


La question que tous les Français doivent aujourd’hui se poser, musulmans, chrétiens, juifs ou athée, est la suivante : pourquoi nos dirigeants nous prennent à ce point pour des racistes, des islamophobes, des complotistes ou des imbéciles ?
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