Julien Bayou : "Il y aura une candidature écolo à la présidentielle"
  • il y a 4 ans
Le secrétaire nationale d'EELV est l'invité de Questions Politiques ce dimanche, une émission présentée par Ali Baddou.

L'élection présidentielle peut sembler encore loin, mais elle a un tel impact dans la vie politique française qu'elle est déjà dans les esprits. Pressé d'en dire plus sur ce que fera EELV, Julien Bayou tranche à moitié : "Nous aurons une candidature, il y aura une candidature écolo à la présidentielle", assure-t-il, avant de préciser : "Il faut une candidature, qu'elle soit ou non EELV, qui soit franchement écolo. En 2017, Yannick Jadot s'était retiré, parce que l'écologie était partout, dans tous les discours, mais finalement elle n'était nulle part. Maintenant, nous disons qu'il faut de la cohérence et des actes, on n'en peut plus des discours verts qui ne sont pas suivis d'effets." Il évoque un choix après les élections régionales.

Il estime que l'enjeu est clair : "éviter un second tour Marine Le Pen / Emmanuel Macron, tout simplement parce que ça n'apporte rien de bon au pays, et parce qu'Emmanuel Macron peut perdre. C'est peut-être même le seul qui peut perdre ce rendez-vous ! Il faut une alternative heureuse pour le pays, centrée sur l'écologie, et ce ne sera pas que EELV qui la portera."

Sur les violences policières, il dénonce "un déni"

Sur les violences policières : "Il y a un déni en France sur les violences racistes et les violences policières", assure Julien Bayou. "Chaque pays a son Histoire, je ne vais pas faire l'exégèse de l'histoire des droits civiques aux États-Unis, mais ces dernières années Trump a mis du sel sur les plaies. En France, même si comparaison n'est pas raison, ça fait 15 ans qu'il y a eu le drame de Zyed et Bouna, morts après une course-poursuite avec la police... Et depuis qu'est-ce qui a changé ? Aujourd'hui, les violences sont filmées, on a pu voir des cas terribles, insupportables, littéralement insoutenables."

La police française est-elle devenue raciste et violente ? "Il y a une partie de l'effectif policier qui l'est", assène le secrétaire national d'EELV. Il évoque un groupe Facebook "qui comptait 8.000 personnes" et où l'on postait des messages, vidéos, montages racistes : "Ça jette l’opprobre sur toute la police, ça fracasse le rapport de confiance. Tout le monde était tombé sur le dos de Camélia Jordana qui disait qu'elle avait peur de la police : la question c'est d'ouvrir les yeux."

"L'enjeu c'est de ne pas être aveugle, ou volontairement aveugle", assure Julien Bayou. "Ce qui percute le modèle français, c'est que des noirs ou des arabes (ou perçus comme tels), aient moins de chances puisque victimes de discriminations. [...] Ça nécessite un débat public, démocratique : ça implique de tenir des propos mesurés, et j'ai besoin que la population ait confiance dans sa police. Si on ne part pas de ça, on arrive à du Christian Jacob qui dit : y'a pas de violences. Quand c'est documenté, filmé, qu'il y a des témoignages, personne ne peut dire qu'il n'y a pas de violences policières."
Sur la question du déconfinement, Julien Bayou rappelle que l'épidémie n'est pas encore sous contrôle partout. "Le baromètre, c'est les terrasses : si on peut aller boire un verre en terrasse, alors les écoles doivent pouvoir fonctionner. Cinq à six mois sans école, ça pose un réel problème d'inégalités."
Il s'inquiète aussi de l'impact de cette crise sanitaire sur nos libertés à long terme. À Bernard-Henri Lévy qui dénonçait une "docilité" des Français, il répond : "Ça m'embête de trouver des points d'accord avec lui, mais en situation de crise, pour nos droits, ça peut déraper très vite : tout ce qui relève de l'état d'urgence se retrouve en général banalisé. Les mesures d'interdiction des manifestations, c'est une marche pour le climat qui en a été la première victime. Nous sommes particulièrement vigilants sur ces questions de libertés individuelles et publiques."
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