Coronavirus : « À Mulhouse, le flot d'hospitalisations ne tarit pas dans un hôpital saturé »
  • il y a 4 ans
Quand le Dr Marc Noizet a pris la « chefferie » du service, en janvier dernier, celui-ci était « à terre » après des années de conflits et de luttes intestines : une vingtaine de médecins avaient rendu leurs blouses en l'espace de quelques mois seulement. L'équipe avait vu défiler sept patrons en neuf ans, tous en étaient repartis « essorés ». Le Dr Marc Noizet était pourtant loin d'imaginer l'ampleur de la crise qui l'attendait. Les urgences de l'hôpital de Mulhouse ont pris la vague du Covid-19 « en pleine gueule », dixit un soignant, et le plus dur est peut-être à venir. Le Haut-Rhin est le département français le plus touché avec 688 cas répertoriés lundi 16 mars à 15 heures, selon le dernier décompte de l'agence régionale de santé du Grand Est (ARS). « Les choses ne s'améliorent pas du tout, le flot d'hospitalisations ne tarit pas dans un hôpital saturé, en réanimation mais pas seulement », soupire le Dr Noizet. Une autre chose l'inquiète, « un phénomène vécu et bien décrit, en Chine et en Italie » : l'épuisement des troupes, ajouté aux infections au sein des équipes. « La troisième semaine est la plus difficile à passer et nous y entrons. Le travail en confinement, avec un équipement de protection contraignant et des services constamment pleins, c'est harassant », avoue-t-il. Avant d’ajouter : « Et puis, il y a la mort, la mort sans personne. Les gens meurent seuls et c'est excessivement éprouvant pour le personnel, constamment sous tension. » Mais il garde espoir : « J'ai découvert des volontés que je n'imaginais pas, des capacités insoupçonnées. On a été capable de mettre en place, en quelques heures, des choses dont on parlait depuis des mois, avec le secteur privé, entre collègues de culture et de spécialités différentes. »
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