Thierry Pham Hoang : « Le psychopathe, c'est quelqu'un qui est narcissique »

  • il y a 4 ans
Le psychopathe, c’est quelqu’un qui est narcissique, qui est impulsif, qui est antisocial et qui est très froid émotionnellement. Voilà, il y a 4 caractéristiques principales.



Par Thierry Pham Hoang, psychologue et chercheur en psychopathologie.



Nos dirigeants sont-ils des psychopathes ?



On peut réellement faire l’hypothèse que, parmi les dirigeants ou parmi les gens qui ont énormément de pouvoir, qui ont accumulé le pouvoir, nous avons des gens qui ont une dominance, qui savent séduire les autres, qui ont du bagou, qui parfois transforment les liens de la réalité, séduisent les autres, manipulent les autres, arrivent à acheter les autres pour se maintenir potentiellement au pouvoir. On aurait donc une forme de psychopathie plus modérée, plus narcissique, moins violente.



Quelle est la part de psychopathe dans la population en Belgique, où vous travaillez ?



Contrairement à l’idée reçue, tous les criminels ne sont pas des psychopathes, par contre, tous les psychopathes sont quand même assez criminels. Et ça, c’est important, d’après le diagnostic de psychopathie, on pense qu’il y en a beaucoup, mais, en vérité, si on utilise des mesures plus précises, on arrive à des taux de prévalence légèrement inférieurs à 10 % en Belgique.



Peut-on être complètement soigné de la psychopathie ?



Alors, c’est difficile parce que ces gens, principalement, n’en ont pas envie. Faire souffrir les autres, pouvoir accomplir leurs délits, ça leur apporte beaucoup de bénéfices. Ce qu’on peut contribuer à faire, c’est essayer de les raisonner pour mieux les socialiser et contrôler leur tendance au passage à l’acte. Aujourd’hui, on croit moins à l’idée selon laquelle on pourrait transformer de manière complète l’intégralité de leurs troubles de personnalité en remettant en question leur narcissisme ou en remettant en question leur potentielle indifférence aux droits d’autrui.



Peut-on devenir psychopathe du jour au lendemain ?



Il y a quand même des prédispositions qu’on peut identifier chez les jeunes, qui se renforcent à l’adolescence et qui continuent à l’âge adulte, on ne le devient pas du jour au lendemain, certainement pas à l’âge de 18 ans... Ces tendances-là sont repérables déjà durant l’enfance. Durant l’enfance, on a des instruments ou des mesures opérationnelles qui permettent d’identifier des jeunes qui ont une tendance à la témérité, une froideur émotionnelle avérée, des problèmes sérieux de comportements et peut-être déjà des comportements antisociaux précoces.