Heliopolis : du cannabis à la vigne...

  • il y a 5 ans
Dès les années 1920, la culture de cannabis est généralisée dans la partie nord de la Bekaa. Avec la guerre civile et l'érosion de la souveraineté de l'Etat, la région voit l'extension des surfaces de cannabis et la réintroduction des cultures de pavot, transformant le Liban en plaque tournante du trafic de drogues.
A la fin de la guerre civile, les cultures illicites couvrent près de 80 000 ha et rapportent 80 à 100 millions de $ annuels à la région de Baalbek-Hermel. Sous la pression internationale, les autorités mènent des campagnes d'arrachage des plants. Mais aucune culture de substitution n'est proposée aux agriculteurs. En 2000, Sami Rahmé, un chirurgien originaire du village d'Ainata, crée la coopérative des Coteaux d'Heliopolis avec l'aide du département français de l'Oise. L'objectif est de remplacer les cultures illicites par de la vigne et de repeupler la région, qui subit un exode rural important faute de perspectives d'emploi. La région de Deir el-Ahmar était réputée pour sa culture de raisin de table avant que les vignes ne soient attaquées et détruites par le phylloxera dans les années 50. Le terroir est donc particulièrement adapté à la culture de la vigne. Le souffre est la seule substance déposée dans les vignes.
En 2011, le projet est un succès. 250 agriculteurs sont adhérents, repartis sur 11 villages de la région, chrétiens et musulmans, et d'autres sont sur liste d'attente. Nombre d'agriculteurs ont abandonné la culture de cannabis, à l'instar de Walid Habchy, qui gagne dorénavant plus d'argent qu'avec les cultures illicites. D'autres se sont lancés dans l'aventure, séduits par le projet. C'est le cas d'Ibrahim Salameh, qui a acheté une parcelle de terrain (3,5ha) dans la région de Deir el-Ahmar, en 2006, pour occuper sa retraite après avoir travaillé comme employé, notamment en Arabie saoudite. Reportage.